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    07 avril 2009 (68km)
    Ce matin, Boom nous conduit vers la grande route. Au revoir et en route. Sans nous retourner nous pédalons vite. Plus nous avançons vers Pattani, plus il y a de patrouilles militaires. Quelques kilomètres avant la ville, un 4x4 de police nous escorte. Arrivés, nous nous arrêtons faire des courses dans un supermarché. Ca ne rigole pas, tous les véhicules sont fouillés, scooter aussi! A l'entrée du magasin, nous sommes encore contrôlés! Ceci dit, en tant qu'étranger nous n'avons pas été embêtés, nous avons garé nos vélos avec dans une sacoche un réchaud et une bouteille d'essence, et dans le magasin, l'opinel dans la poche.
    A midi, nous sommes dans la chambre d'un grand hôtel où les clients ne semblent pas ou plus affluer. Cette espèce de guerre civile au dehors à dû réduire considérablement le tourisme. Nous pourrions nous dire ''chouette'' pas de gros touristes pervers qui viennent exploiter le corps des femmes. Malheureusement il n'en n'est rien, les locaux s'en charge.

    Imaginez un peu. Nous sommes à Pattani en pleine guerre civile. Nous nous sommes réfugiés dans une petite chambre au dernier étage de l'hôtel. Dehors des patrouilles de l'armée, des mitraillettes partout. Nous restons dans notre chambre et nous n'en sortons jamais. Nous préférons rester discrets.
    A 20h30, nous finissons à peine de dîner. Un bruit vient du couloir. On dirait un enfant qui pleure. Nous nous habillons rapidement et nous sortons. Tout au bout du couloir près des escaliers, une jeune fille avec un voile musulman rose et un ensemble jogging de la même couleur, une enfant de 13 ans tout au plus est couchée devant la porte ouverte d'une chambre. Elle pleure toutes les larmes de son corps. Dans la chambre, il n'y a plus personne. Elle pleure, elle pleure, elle pleure les bras tendus, les mains entre les jambes... et nous sommes là impuissants à ne pas savoir comment la réconforter. C'est une évidence, elle vient très probablement de se faire violer par un gros dégueulasse de pervers. Cette gamine est tellement innocente !!! Est-ce qu'elle s'en remettra ?! Elle subit un traumatisme dont elle gardera des séquelles à vie et demain il y aura un criminel libre qui se baladera dans la rue et aura tout oublié ?
    Dans ce couloir de l'enfer, nous cherchons de l'aide. Une porte de chambre s'ouvre, un couple de Thaïlandais en sort et vient regarder le spectacle. Un jeune homme arrive torse nu, mégot brillant de cigarette dans une main, pantalon treillis de militaire et sur sa chaîne en argent le pendentif est une balle de mitraillette. Il s'accroupi près de la petite et pose sa main sur son épaule. La fille chasse la sale patte de ce branleur qui repart en sens inverse dans le couloir et sort son téléphone portable. Quelques minutes plus tard, un flic, un gars de l'hôtel et un troisième type avec un sac de bouffe viennent et font rentrer la jeune fille dans la chambre. Nous repartons dans nos quartiers inquiets et en colère et nous restons vigilants, la porte entre-ouverte à guetter au bout du couloir. Une équipe de 3 personnes en blouses blanches composée de 2 hommes dont un avec une seringue (de contraceptif peut-être) et une femme musulmane avec un voile blanc.
    Dans ces moments là, nous repensons à l'émission de radio ''là bas si j'y suis'' de Daniel Mermet lorsqu'il s'était rendu dans cette même ville de Pattani en Thailande en 1992. Une émission intitulée : ''la petite pute de Bangkok'' (disponible à l'écoute sur le site internet http://www.la-bas.org ). A la suite de ce reportage, Daniel Mermet s'est vu interdit d'entrée sur le territoire de la Thaïlande. En 2005, les chiffres de la prostitution n'avaient quasiment pas bougé et c'était toujours 2 millions de travailleurs du sexe en Thaïlande dont 800 000 enfants (source UNICEF) enlevés et prostitués dans les hôtels plus ou moins chics du pays. Selon l'OIT (l'organisation Internationale du Travail), 75% des 4 milliards de dollars qui constituent les revenus du tourisme proviennent de la prostitution.
    Voilà de quoi ternir l'image de ce pays avec ses cocotiers penchés vers la mer sur les plages de sable blanc.
    Pour finir notre soirée de témoins de l'horreur, Le jeune homme torse nu nous invite avec son copain à une soirée en discothèque. Ils sont tous les deux musulmans, en vacances, et fument du haschisch. Naturellement méfiants, nous refusons de les suivre et bizarrement, nous sommes presque certains que si nous les avions suivi, nous ne serions jamais rentrés de ''leur discothèque''.


    8 avril (102 km)
    Dans les rues de Pattani, au petit matin, tout est calme. Il n'y a que les gens qui font naturellement la gueule. Nous pédalons sans nous arrêter, peu rassurés au milieu de toutes ces armes. Souvent au passage des Check-point, nous constatons que les militaires prennent leur boulot très au sérieux. Etalés sur des chaises, lunettes de soleil au bout du nez et musique rock diffusée derrière les barricades en sacs de sables, ils regardent passer les voitures.
    A midi, nous nous arrêtons manger à l'écart d'un village. Le repas nous est offert par des hommes en cravates qui nous disent être un groupe de leaders locaux. On aurait plutôt dit une bande de maffieux. Maffieux peut-être mais généreux!
    En reprenant le vélo, des coups de feu éclatent derrière un bâtiment gardé par l'armée. On accélère encore jusqu'à Narathiwat où nous trouvons un premier hôtel d'où nous partons tout de suite voyant la serveuse en mini short et décolleté avec de gros hématomes sur le visage. Sans aucun doute, elle à dû tomber de mobylette. Un peu plus loin, nous trouvons un autre hôtel de prostituées. Visiblement nous n'avons pas le choix. Dans cette région musulmane, on passe du viol au voile en une lettre!


    9 avril (40 km)
    Le jour se lève à peine et nous sommes réveillés par les mêmes inconsolables sanglots d'une jeune fille dans la chambre d'à coté. Nous sortons de notre chambre et nous trouvons sur le pallier, une jeune femme qui fait le ménage. Elle entend aussi les pleures et nous lui demandons si elle sait ce qui se passe. Elle nous dit qu'elle ne sait pas mais nous la voyons prête à fondre en larme aussi. Nous lui faisons comprendre que nous savons ce qui se passe ici comme dans le reste de la Thaïlande et que cela nous déplait énormément aussi. Au passage, nous en touchons deux mots à la réceptionniste.
    Nous arrivons un peu tard à la frontière et nous préférons rester une dernière nuit en Thaïlande, ce pays que nous aimons tant. Bizarrement, à la frontière, l'ambiance est plus détendue et les gens rigolent plus facilement. Nous allons dans le seul hôtel encore ouvert. A la réception, un tableau d'affichage avec des photos de femmes souriantes, parfois elles semblent très jeunes avec de grosses peluches Winnie l'ourson dans les bras. Dans la salle de restaurant karaoké, le décor est kitsch, très rose et brillant!
    Pour aller manger ce soir, nous utilisons le petit papier que nous a écrit Boom. C'est très efficace et l'on nous sert que des plats végétariens.

    Demain matin, nous passerons en Malaisie. Après presque un mois en Thaïlande.


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    6 avril (50km)

    Nous ne perdons pas de temps dans la ville et à peine la petite pluie matinale tombée, nous prenons la petite route du bord de mer. Sous des arbres sur la plage, des militaires armés gardent un camion sur lequel tourne des radars de toutes tailles. Nous nous faisons la réflexion que c'est idiot de faire des véhicules blindés avec un camouflage vert, si c'est pour faire tourner des gros radars bancs sur le toit.

    Plus loin la route longe vraiment la mer. Est-ce que ça a toujours été le cas ? Sûrement pas à en voir les souches d'arbres sur la plage et la route à moitié effondrée en de nombreux endroits malgré la protection d'une digue à 300 mètres au large. La mer semble gagner du terrain. Encore une fois, ne sommes nous pas en face d'un effet concret du réchauffement global de la planète ??!
    En tout cas, ce n'est pas auprès des habitants du coin que nous pourrons avoir plus de renseignements. Déjà la religion a changé. Le Sud de la Thaïlande est à grosse majorité musulmane et sans savoir pourquoi, nous remarquons que les gens que l'on croise sont beaucoup moins souriants. En nous arrêtant manger le midi à coté d'une mosquée, un jeune musulman parlant très bien l'anglais, vient enfin nous expliquer la raison de ces non-sourires. Tout d'abord il nous demande ce que nous faisons dans son village, ensuite il nous demande où l'on va. Il nous déconseille de reprendre notre route vers le Sud, disant simplement que cela pourrait être dangereux pour nous. Insistant pour qu'il nous donne plus d'explications, il fini par nous dire qu'il y a des gens dangereux qui font sauter des bombes dans les villes et que s'ils trouvent deux touristes sur les petites routes, ils ne se gêneront sûrement pas pour nous éliminer ou nous prendre en otage. A la fin du repas nous demandons des explications à un couple de bouddhistes qui nous répètent que la région est très dangereuse. Ils parlent avec beaucoup de difficulté et visiblement la peur au ventre (d'où peut-être ce manque de sourires). Ils nous conseillent de faire simplement demi-tour. Nous les remercions pour leurs infos et nous leur demandons s'il est possible sans trop de dangers de rejoindre la petite ville de Chana à un peu plus de 10km. Ils nous demandent de rejoindre la route principale le plus vite possible car là-bas, il y a des patrouilles militaires. Nous nous mettons en route sans tarder et de jeunes motards de 8 à 12 ans, nous escortent une bonne partie du trajet (et oui, on commence ses déplacements motorisés de plus en plus tôt ici aussi!) Dans la ville nous recherchons tout de suite un cybercafé pour rechercher plus d'informations sur le Sud de la Thaïlande. Nous commençons nos recherches quand soudain BOOM ! BOOM n'est pas une explosion, mais c'est le prénom d'une jeune fille très gentille qui nous explique enfin concrètement ce qui se passe ici. Elle confirme ce que disent nos recherches. Un groupe d'extrémistes musulmans réclame l'indépendance de 3 ou 4 départements au sud du pays. Alors, chose logique, ils sèment la terreur en faisant sauter des bombes dans les villes. Voitures piégées devant les bâtiments publics, les hôpitaux, les hôtels, etc
    Boom a peur pour nous et elle nous conseille de rouler seulement sur la grande route, là où patrouillent les militaires, puis de ne pas nous promener dans les villes, mais de rester dans l'hôtel. Surtout, elle ne veut pas que l'on dorme dans la tente. Pour cette nuit, Boom nous invite chez elle. Nous acceptons avec plaisir d'autant plus que c'est notre premier accueil dans une famille thaïlandaise. Dans la maison de Boom, nous rencontrons le reste de la famille, ses parents et son frère! Ils sont très gentils mais nous remarquons que la vie de famille est un peu absente. Personne ne mange en même temps et la télévision est la seule à prendre la parole. Du coup chacun a ses activités et personne ne s'intéresse à l'autre. Pendant que la maman fait la cuisine et Boom le ménage, on nous installe devant le téléviseur et plus spécifiquement "Question pour un champion". Nous nous disons de Julien Lepers a toujours la même voix mais qu'il a pris un coup de vieux quand même. Il faut dire que ces dernières années en France, nous avions renoncé à la télé que  le chanteur Eric Toulis nomme à juste titre "la lucarne à blaireaux". De toute façon, "Question pour un champion" n'a jamais été notre émission favorite (peut-être que nous n'avons pas encore l'âge). Après un délicieux repas, nous discutons encore un peu, puis nous allons nous coucher dans la chambre de Boom, sous le toit. Il y fait très chaud et il n'y a pas de fenêtre mais le ronronnement du ventilateur à nos pieds fini par nous endormir et nous oublions les mitraillettes de dehors.  

     


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    30 mars (74 km)
    Décidément, il fait très chaud quand on dort sous la tente. Nous avons passé la nuit dans un bain de sueur. Nous prenons le petit déjeuner assis sur la plage face au soleil levant. Dernier moment tranquille avant d'attaquer la journée sur l'axe principal. Pas vraiment de plaisir à rouler à coté des camions et 4x4. En fin de matinée, nous nous arrêtons boire un café glacé à coté d'un mécano, réparateur de scooters. Le mécanicien aux dents pourries nous présente son style de vie pas très enviable. Il ne travaille pas beaucoup alors, pour tenir le coup et ne pas s'endormir sur la table du bistrot, il passe sa journée à boire du red-bull. Lorsqu'il est un peu trop énervé, il prend du cannabis qu'il cache sur son toit en taule ondulée et se fume un pétard pour se calmer. Lorsqu'enfin il est stone, il se reboit un Red-bull pour se réveiller. Comme il est très occupé, il n'a pas le temps de prendre soin de son petit garçon d'un an qui joue dans le cambouis et nettoie les tournevis ... avec sa bouche!

    Alice ''enfin nous arrivons à Nakon si Thammarat. Nous faisons une pause de plusieurs jours ici, d'une part parce que Cédric doit remplacer son tee-shirt usé et troué à l'épaule droite, et d'autre part, il me faut des tongues! Nous achetons tout cela au carrefour du coin. Merci la mondialisation car maintenant, toutes les villes du monde se ressemblent. Nous profitons de cette pause pour envoyer quelques mails concernant le vélo de Cédric car cela est difficile de continuer sur son engin tout rafistolé. La différence est flagrante entre nos deux vélos. Sur le miens, je n'ai eu que des ennuis ''normaux'' dues à l'usure normale, mais sur celui de Cédric, tout est plus compliqué et chaque soucis est plus grave (casse, pièces introuvables ou irréparables)!''

    En retournant à carrefour à la recherche d'un hypothétique rayon de produits Bio nous assistons à un spectacle absolument incroyable. A peine nous passons les portes battantes du magasin que TOUS les employés se mettent en rang au bord de l'allée principale et nous accueillent avec une chorégraphie super ringarde et une musique de monde merveilleux diffusée dans tout le magasin. Pensant que cet accueil nous est spécialement réservé nous nous avançons dans l'allée principale et nous saluons en retour tous les employés qui tentent de garder leur sérieux et continuent leur danse sous l'oeil des caméras de surveillance. Après cette mascarade forcée, nous posons des questions aux employés qui nous répondent qu'ils sont obligés de faire ce cinéma 2 fois par jours! Matin et soir, quand vient le moment de la danse, ils doivent tous se diriger vers l'allée centrale et commencent le spectacle pendant que les clients continuent de pousser les chariots.
    Nous ne demandons qu'une chose. Que carrefour en France aie le courage d'imposer la même chose! Un peu plus ou un peu moins de dégradation de la dignité humaine...
    Finalement, aller dans un carrefour au fin fond de la Thaïlande, ce n'est pas le meilleur parfum de France qu'on pouvait avoir.
    Après ce spectacle de marionnettes modernes, nous allons rendre visite à un théâtre d'ombres traditionnelles. Ca c'est de la culture et les marionnettes racontent des histoires beaucoup pus belles et intéressantes que le monde merveilleux de carrefour. Il y en a de tous les pays et de toutes les époques, fabriquées dans des plaques de métal ou de la peau. Une femme nous guide dans son univers et nous montre comment se passe le spectacle derrière le rideau. Quelles sont les histoires racontées en Thaïlande et enfin comment fabrique t-on les marionnettes aujourd'hui? Une petite démonstration nous fait rouvrir nos yeux d'enfants.
    La veille au soir du premier avril, nous tombons par hasard sur un spectacle d'ouverture du festival de l'eau. Nous sommes invités et les amuses gueules et boissons chimiques sont offerts par la municipalité. Il y a des discours politiques qui fatiguent tout le monde et le spectacle est fait de paillettes, de grandes mises en scène et de danses bien répétées. Une reproduction grandeur nature de rituels religieux nous fait penser à une incantation pour que tombe la pluie. Pur hasard ou véritable magie, 2 heures après le spectacle, un déluge qui va durer plusieurs jours commence.

    Le 2 avril, la pluie menace toujours, le ciel est bas mais nous nous disons qu'il faut qu'on avance. Nous nous décidons à partir mais au bout de 4 km, le ciel nous tombe sur la tête et nous trouvons refuge chez des cowboys. Des vrais cowboys Thaïlandais qui vivent à l'américaine. Le propriétaire du saloon est très sympa, il nous offre des beignets, des cafés glacés et des litres de thé au jasmin. Il nous parle de son ranch, de ses amis et de ses virées à cheval dans le far ouest Thaïlandais. On fait une photo de groupe et nous décidons de retourner à l'hôtel, voyant que la pluie ne veut pas s'arrêter de tomber.


    3 avril (40 km)
    Dur dur ! Le matin nous nous dépêchons de rouler avant la pluie. A presque 40 km, nous nous réfugions sous une station service où l'on procède au sauvetage d'une dizaine de crapauds piégés dans la fosse à vidange. Une légère accalmie et nous fonçons droit dans la ville où il se remet à pleuvoir pour de bon. Nous mangeons un peu et un homme nous explique que nous pouvons aller dans un hôtel pas cher en attendant la fin du déluge. Nous prenons un bateau pour traverser une rivière et rejoindre l'autre partie de la ville. Malgré le fait que nous soyons déjà trempés jusqu'aux os, la taille et la violence des gouttes nous obligent à trouver refuge. Nous nous arrêtons dans une papeterie tenue par des chinois.
    En fin d'après-midi, sur la route par endroits bien inondés, nous rejoignons l'hôtel en "pédalo"!


    4 avril (80 km)
    Il peut toujours, on sort de l'hôtel seulement pour aller manger des nouilles. Nous rencontrons un Ecossais (seul occidental à pouvoir supporter ce climat) il est prof d'anglais dans cette petite ville qu'il aime même si la vie lui semble parfois un peu ennuyeuse.
    Nous hésitons à partir et puis finalement on se décide. Mouillés pour mouillés autant pédaler. Alors on y va à fond et sans regarder le paysage. 80 longs kilomètres plus loin, enfin sous le soleil couchant, nous nous arrêtons dans une guest house pour faire sécher nos habits.


    5 avril (77 km)
    Aujourd'hui, pas de pluie, juste quelques menaces. Pour le petit déjeuner nous nous arrêtons dans un magasin de fringues à la mode où la gérante a installé sa cuisine au milieu des tee-shirts et débardeurs à paillettes. Elle nous cuisine un bon Kao-path (nouilles à la poêle avec des légumes) mais malgré nos explications claires et en partie en Thaïlandais, elle nous sert des crevettes et du poulet. Car forcément on ne peut pas ne pas manger de viande ! La viande c'est comme l'eau, si on n'en avale pas, on meurt ! En parlant de viande, tout le monde en Thaïlande en mange, que ce soit crevettes, poulets ou porc! Depuis que nous sommes ici, nous voyons ici et là quelques porcs dans les cours de fermes et des poulets grands et maigres sur les bords de routes, mais ce ne sont pas ces bêtes qui nourrissent le pays. La viande provient surtout des quelques usines que nous avons croisé. Sur le même modèle qu'en France, sauf qu'ici, ils ont en plus la crevette. Et la production industrielle de crevettes en Thaïlande se fait sur des kilomètres et des kilomètres carrés de bassins artificiels hyper polluants. A grand renfort d'intrants chimiques et d'oxygénation artificielle de l'eau, on produit ici une crevette pour la consommation nationale et surtout pour l'export dans le reste du monde. Sur le littoral du pays, ces bassins ont tout pollué y compris la mer. Notre vendeuse d'habits est contente de nous voir et nous fait découvrir la saveur des graines de lotus.
    En pédalant sous cette chaleur d'enfer, le vent de notre déplacement dans l'air fait doucement sécher la sueur salée sur nos jambes. Principe des marais salants, nous pourrions nous aussi récolter le sel qui cristallise sur notre peau. Quelques kilomètres avant Songhla, nous nous arrêtons dans un commissariat. 2 policiers gentils mais un peu trop curieux et autoritaires (c'est normal, c'est leur métier) nous offrent à boire et à manger. Pour arriver à Songhla, nous prenons un bateau et nous nous rendons compte que nous sommes les seuls à fournir un effort pour nous déplacer. Tous les passagers de ce bac sont en voiture ou en scooter. Il y a même une fille sur un scooter qui porte un tee shirt avec écrit dessus, ''STOP GOBAL WARMING''! Quelle blague !!!
    Nous voici dans cette ville riche et un peu touristique. Le soir nous allons manger dans un petit restaurant local dans la rue, à coté des bars à strip-tease, restos occidentaux, nous y voyons un bâtiment neuf dont les portes ouvertes laissent entrevoir un couloir avec au dessus de chaque porte un petit néon rose! C'est pourquoi faire ?
    La journée a été chaude et se termine avec un bon mal de tête! On a perdu beaucoup d'eau... et de sel!


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    23 mars (60km)
    Comparée à la veille c'est une petite journée. Tous ces problèmes de vélos finissent par nous énerver et l'ambiance est tendue ce matin. Même la traversée à vélo d'une piste d'atterrissage d'avion ne nous fait pas décrocher un sourire. Nous cherchons la route la plus proche du bord de mer et nous nous retrouvons parfois dans des chemins de terre au milieu des plantations de cocotiers. Après un petit verre dans un bar de pécheurs sur une belle plage, nous décidons de faire ce qu'il y a de mieux quand on a des soucis et qu'on est dans un pays chaud. La sieste tout l'après midi !!!


    24 mars (94km)
    Voici un truc qui a dû arriver à beaucoup de monde au moins une fois dans sa vie! Debout à 4h30 du matin à cause d'une erreur de réveil, nous nous sommes aperçus de notre avance après le petit dej, une fois les sacoches sur les vélos, prêts à partir. Dégouttés, nous nous recouchons pour une vingtaine de minutes et nous finissons par nous ré-endormir au moment où le réveil se remet à sonner !!! GRRRrr
    Le début de journée est pathétique, en cherchant la route qui longe la mer, nous nous retrouvons à plusieurs reprises dans des culs de sac. Le cumul de fatigue, vélo cassé, réveil trop tôt et culs de sacs commence à nous atteindre. Par chance, en passant dans une cocoteraie, un spectacle vient nous changer les idées. Il s'agit en fait d'un singe ouvrier, élevé spécifiquement pour cueillir les noix de coco. Au début nous n'avons vu qu'un homme au pied du cocotier qui parlait en regardant la cime de l'arbre. En levant les yeux, nous avons vu à qui parlait le paysan. Le singe, seule ''personne'' capable de monter sans peine au cocotier est utilisé pour sélectionner les noix de coco les plus mures et les décrocher de l'arbre. C'est assez impressionnant de le voir regarder attentivement chaque noix, puis lorsqu'il en trouve une à son goût, il l'a fait tourner à sa base jusqu'à ce qu'elle se décroche.
    Le midi, nous mangeons dans un bouiboui, où il semblerait que la femme mal aimable qui nous sert s'est elle aussi réveillée une heure trop tôt.
    Dans l'après midi, l'orage qui gronde au loin nous rattrape et on se retrouve arrosés jusqu'aux os. Le soir, nous n'arrivons pas à trouver où dormir, les hôtels de la côte sont tous très chers. Finalement, un sympathique couple franco-thaïlandais gérant un hôtel, fini par accepter de nous laisser camper sur la pelouse de l'hôtel.


    25 mars (88km)
    Aujourd'hui, nous pédalons dans une horrible chaleur moite. Le midi, nous nous arrêtons manger sur la plage à l'ombre des cocotiers. C'est assez difficile physiquement de rouler sous cette chaleur!
    Alice '' En voulant regonfler mon pneu arrière, Cédric explose la valve. Bravo, joli coup ! Heureusement, il nous reste une dernière chambre à air.''
    Nous réparons le vélo en vitesse car de gros nuages d'orage menacent. Finalement nous sommes chanceux car peut-être que la crevaison nous a évité de nous faire mouiller. Quelques kilomètres après la pause, la route est toute mouillée, il vient juste de pleuvoir. Sur cette route qui sèche vite, les flaques s'évaporent mais pas les cadavres de chiens, chats, serpents, varans, oiseaux en tous genres butés en masse par les pares-buffles des 4x4 qui ont envahi le pays en quelques années. Ce soir, nous arrivons dans une ville moche. Nous mangeons un plat avec une dose d'épices complètement intolérable et nous allons nous coucher dans un hôtel de passe.

     

    26 mars (65 km)
    Le parcours d'aujourd'hui n'a rien de bien remarquable! Des plantations de palmiers à huile partout! Nous restons sur la route principale ou circulent tous les camions et 4x4 et où nous avons le double privilège de respirer les pots d'échappements et l'odeur des cadavres d'animaux qui jonchent la route. C'est fou ça quand même, autant de chiens écrasés sur les routes, soit c'est une espèce considérée comme nuisible, soit les gens n'ont aucune sensibilité ni lien affectif avec leurs animaux de compagnie! Quelques kilomètres avant la fin de journée, nous perdons de vue Emilie et Jean-Christian. On se dit que ce soir on pourrait bien camper mais finalement la pluie arrive et nous fait réfugier dans un petit hôtel au bord de la route. En allant en ville manger nos assiettes de nouilles quotidiennes nous n'arrivons pas à croire ce que nous voyons ! Un pick-up chargé de noix de coco démarre à un feu et accrochés derrière, comme deux rippers derrières un camion benne, deux macaques nous regardent avec un regard tellement humain et professionnel qu'on en reste bouche bée! Leur expression est exactement la même que celle d'un homme qui serait en train de finir sa journée de travail et qui se dirait "Dans 5 min : je débauche!". Ce comportement professionnel nous perturbe profondément et la barrière entre espèces s'effondre un instant!.


    27 mars (80 km)
    Réveil loupé ! C'est bien dommage pour nous car, qui dit départ tard dit chaud tôt ! Au lieu de 6h nous décollons à 7h25 et la journée est particulièrement chaude sans un seul point d'ombre puisque nous pédalons au milieu des plantations de palmiers à huiles transgéniques nains. En fin de matinée, complètement terrassés par la chaleur, nous trouvons enfin un endroit pour nous poser et nous rafraîchir un peu à l'ombre. C'est une maison d'habitation où vit un vieil homme. Il habite au milieu des plantations et vends quelques bouteilles de soda et des chips. Morts de soif et de faim, nous nous payons un suicide au Sprite et aux chips à l'huile de palme. Le vieux voyant nos têtes complètement dégoulinantes et cuites, nous offre le tout. C'est très gentil à lui! Quelques kilomètres plus loin, assis devant un ventilateur et une boisson fraiche, nous nous retrouvons les cyclo-cools! C'est assez marrant car nous avons des rythmes différents mais nous avançons à peu près à la même vitesse, ce qui fait que nous nous perdons puis nous retrouvons toujours. Ce soir dans le village nous allons faire un tour dans un cybercafé. Et comme tous les cybercafés de la campagne thaïlandaise, c'est surtout une salle de jeux pour les jeunes. Nous les voyons tous jouer au même jeu de guerre. Ils sont tous en réseau et au lieu de mettre un casque, chaque ordinateur est équipé de hauts parleurs, ce qui fait que pendant une heure d'Internet, nous sommes plongés dans la guerre. Rafales de mitraillettes, grenades, pistolets, sang, explosions et cris d'enfants qui s'insultent en thaïlandais!


    28 mars (91km)
    Malgré la courte nuit à cause des voisins ''couches tard'' et des coqs déréglés sous la fenêtre, il nous faut pédaler toujours sous la chaleur. Le paysage est encore couvert de palmiers à huile mais cette fois ci nous voyons apparaître des lambeaux de forêts tropicales sur des collines massacrées par de gros bulldozers qui ont entrepris de raser ces reliefs trop marqués, seuls endroits où la nature avait pu trouver refuge! Maintenant à la place de la forêt, il n'y a qu'une terre stérile rouge comme du sang.
    Cédric ''En pédalant plus près de la mer dans des zones plus marécageuses où pour cultiver le palmier à huile, il faut creuser de larges fossés de drainage, Alice a fait détaler un énorme varan de près de 2 mètres! Je ne l'ai pas vu, mais j'ai entendu le bruit dans les broussailles, un bruit suffisamment lourd pour croire qu'il s'agissait d'une grosse bête!''
    En début d'après midi, nous arrivons tous les 4 à Surat Thani! Dans la ville nous croisons un groupe d'une dizaine de rickshaws-vélos encadrés par deux gros 4x4 qui diffusent des messages et des affiches représentant la Terre avec le chiffre 60! Ca y est, nous avons compris, la ville participe à l'action mondiale 60 minutes pour la planète! Ce soir entre 8h et 9h tout le monde devra éteindre la lumière, signifiant ainsi que l'on a conscience que les enjeux énergétiques et climatiques sont majeurs et que nous sommes près à agir. Un peu avant 8h, nous sommes en ville dans un petit restaurant de rue. Nous montrons l'affiche à la cuisinière qui nous dit qu'elle est au courant et qu'elle n'oubliera pas d'éteindre son néon. Arrive 8h, notre cuisinière éteint le petit néon au dessus d'elle. Autour, il y en a encore une dizaine d'allumés et dans le restaurant d'à coté, on est en train de regarder un film de guerre, alors pas question de débrancher  malgré la demande de notre cuisinière!!! ''Les changements climatiques nous on s'en tape, cela ne nous concerne pas !'' mais bien sûr !
    De notre coté, on se dit que ce qu'il faudrait en Thaïlande, c'est une action du genre, 60 minutes sans ma bagnole, ou bien encore pus fort, 300 mètres à pied ou à vélo ! Mais là, c'est sûr, une action comme celle là ferait un flop incroyable étant donné qu'ici on en est seulement au stade des 30 glorieuses et que la conscience écologique est loin, très loin d'entrer dans les esprits!
    De retour dans notre hôtel, nous sommes accueillis par une rangée d'une dizaine de prostituées en attente de clients pervers!


    29 mars (86 km)
    Encore du palmier, mais il laisse cette fois ci (le relief aidant) plus de place à la forêt, la vraie. Nous nous arrêtons visiter un joli jardin très riche en orchidées et nous nous remontons le moral en nous laissant aller dans la contemplation de la beauté de ces fleurs. Sur le bord de la route il y a souvent des marchands de fruits. Parfois nous nous arrêtons pour faire de nouvelles expériences culinaires comme ces gros pamplemousses verts qui s'avèrent être délicieux mais surtout riches en peaux intérieure.
    Nous nous arrêtons au bord de la mer et après négociation avec les resorts trop chers de la plage nous obtenons le droit de dormir gratuitement sur une belle pelouse à l'ombre toutefois de dangereux cocotiers dont les noix se laissant tomber de plus de 10 mètres au dessus de nos têtes pourraient nous tuer d'un coup d'un seul. Pour la première fois depuis notre arrivée en Thaïlande nous allons enfin nous baigner dans cette mer chaude et salée. En sortant de l'eau, les moustiques passent à l'attaque et ils sont d'une agressivité incroyable. Nous finissons par perdre la tête et nous courrons nous réfugier dans la tente en gesticulant dans tous les sens pour ne pas qu'ils nous atteignent ! Au cours du repas de ce soir, Jean-Christian a tenté une expérience culinaire catastrophique! Il s'est brûlé les lèvres et tout le gosier avec le plat le plus épicé du Sud Est asiatique. Un truc absolument immangeable que les gros mâles virils tentent d'ingurgiter lorsqu'ils ont envie de relever des défis et montrer qu'ils sont très forts.


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