• Avec beaucoup de retard, nous mettons en ligne le récit de notre passage au Laos. N'oubliez pas de commencer par l'épisode 1.

    Voici les photos du Vietnam. Très bientôt celles de la Chine et tout ce que l'on a à vous raconter.

    Vidu bildojn de Vjetnamio cxi tie ! Kaj vi povos frue vidi bildojn de Cxinio !
    Kaj ne forgesu viziti la retpagxo de VEA (Vjetnama Esperanto Asocio)


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  • du 22 au 27 juillet (140 km)

    Nous quittons Louang Prabang pour nous lancer à l'assaut des montagnes avec Anne qui prend des pauses ''smecta'' car elle souffre de petits problèmes intestinaux suite à la mauvaise soupe de nouille. Elle n'est d'ailleurs pas toute seule à subir les effets secondaires des légumes mal lavés. La route est difficile car montagneuse et il fait assez chaud. Par contre les paysages sont absolument magnifiques ! Exactement ce qu'il nous fallait !!! De la nature !!! De vraies forêts encore sur pied, de la chlorophylle à 360° ! On ne sait pas pour combien de temps encore, mais on ose espérer que compte tenu de la difficulté d'accès, la nature a encore quelques années devant elle. Dans les villages que nous traversons, les gens sont gentils et souriants. Les enfants nous saluent en nous disant sabaïdi. La maison de béton à fait son apparition et se développe vite, mais la plupart des habitations sont encore en bambou et en toit de chaume. Par contre, la télé est absolument partout ! La moindre cabane est équipée d'une antenne parabolique dirigée droit vers les satellites de la télé thaïlandaise.

    Un début d'après midi, nous sommes épuisés et il n'y a aucun endroit où nous poser. Nous nous installons dans un village et commençons à sortir nos quelques affaires à manger. Les habitants d'une maison nous invitent tout de suite à entrer chez eux. Ils nous installent un ventilateur et nous servent du riz gluant, des plats de poissons hyper épicés et des bouts d'ananas. La communication est principalement gestuelle, mais en sortant notre vieux guide du pays, nous trouvons un alphabet. Un jeu débute alors, consistant à écrire nos prénoms pour qu'ils puissent le lire. Anne est douée pour ce jeu (faut dire qu'elle a le prénom le plus facile). Au bout d'une heure de cette sympathique rencontre, un jeune homme, se présentant comme un voisin (du village d'à coté) et guide touristique, nous explique (car il parle bien anglais) que l'on peut dormir ici cette nuit, mais que lui aussi nous invite dans la maison de sa famille qui vit à 4 kilomètres. Il nous raconte des histoires que nous avons déjà entendu à propos du Laos, comme quoi, lorsque l'on est accueilli dans une maison au Laos, il faut que l'on paye une petite somme pour tout ce que les gens mettent à notre disposition et qu'ensuite, l'argent est reversé au chef du village qui l'utilisera pour réaliser une nouvelle fontaine ou améliorer les voies de communication, blablabla...

    Apparemment, dormir chez les gens, c'est une activité touristique comme une autre dans ce secteur, au même titre que l'escalade ou le kayak. Son discours nous semble suspect et il parle avec les habitants de la maison. Soudain, nous réalisons que le riz offert si généreusement par nos hôtes était peut-être tout à fait intéressé et que nous allons devoir le payer. Comme il insiste un peu, nous finissons par le suivre chez son frère où il nous promet un endroit où dormir avec des moustiquaires, un repas, une douche, etc...

    Arrivés chez lui, l'accueil est plutôt glacial. La grand-mère fait la gueule et visiblement, elle n'a pas envie de recevoir des étrangers. Notre guide disparaît après nous avoir montré la douche, qui se situe à 150 m de la maison, sur le bord de la route. Des blancs au bronzage de cyclistes qui se douchent dans le village, voilà une attraction peu commune. La toilette n'est donc pas un moment d'intimité (Après tout, on aurait peut-être dû faire payer le spectacle).

    Après nous être exhibés sur le bord de la route, nous avons du attendre que notre guide revienne. Pas de communication possible avec nos hôtes, seule la télé a le droit de parler. L'heure tourne, la nuit avance et nous sommes fatigués et affamés. Des voisins viennent discuter autour de nous et à propos de nous. Ce qu'ils disent ne doit pas être très gentil. Nous comprenons qu'ils parlent de la guerre et de l'histoire. L'un d'eux répète tout le temps ''barang, barang'' (français/étrangers). En disant cela, il a la même expression sur le visage que les français ruraux racistes qui ne voient des ''maudits'' arabes que pendant le journal de TF1.

    Finalement, sans savoir qui nous mangera le premier, nous allons faire cuire nos nouilles dans la cuisine de la maison, toujours sous l'étroite surveillance de la grand-mère hostile.

    Nous ne voyons que très peu le pseudo-guide car il doit réparer sa moto cassée un peu plus loin près de la rivière. Il nous apprend quand même quelques choses sur l'histoire de son village et sur l'évolution sociale du peuple du Laos.

    Tout d'abord, son village n'a pas toujours été de ce coté de la rivière. Il y a même pas 10 ans, ils vivaient presque inaccessibles. Nous constatons que les hommes de plus de 35 ans portent encore des tatouages comme des shorts. Avec un cache sexe, ces décorations devaient être leurs seuls habits. Il y a seulement quelques années, lorsque la ligne électrique et la route ont été aménagés, le gouvernement les a tous fait déménager. Dès qu'ils ont eu l'électricité, ils ont voulu avoir une télé, puis un téléphone portable, puis en troisième, un réfrigérateur. Le problème, c'est que pour tous ces nouveaux objets de consommation, et ces abonnements, il faut de l'argent. Les gens étaient autrefois généreux, comme nous l'explique le guide, ils faisaient des fêtes, invitaient les villages voisins et tuaient des buffles pour rassasier tout le monde. Lorsque quelqu'un attrapait de gros poissons, c'était encore l'occasion d'un banquet et on les mangeait tous ensemble. Maintenant, il n'y a plus du tout de fête ! Quand on a un beau régime de banane, on le vend. Quand on fait une belle pêche, on la vend. Quand on a une bonne récolte, on la vend. Le frère de notre ''guide'' à soit disant fait sa fortune avec l'or de la rivière. L'objectif premier des villageois n'est plus de s'amuser ou de vivre en harmonie avec la nature mais de s'enrichir au maximum, pour vivre seul ou plutôt oublier de vivre à rester devant la télé thaïlandaise.

    Bref, ce soir là, dans notre première expérience chez l'habitant au Laos, nous nous couchons très tard, car il faut attendre que nos hôtes aient pris leur dose d'écran et soit suffisamment fatigués pour nous laisser installer nos moustiquaires et dormir au pied de la sainte télé.

    Le lendemain matin, malgré la courte nuit nous sommes debout de bonne heure et nous payons le chef de la maison et nous remercions le pseudo-guide pour la nourriture, la douche, la moustiquaire et tout le confort qu'il avait promis de nous mettre à disposition. C'est sans doute le pire accueil qu'on n'ait jamais eu !

    De nouveau sur la route, les montées sont très difficiles et la pluie fait son apparition. Nous avançons lentement et nous commençons à avoir froid. Après une pause tisane pendant les grosses averses, nous repartons en pleine montée et il se remet à pleuvoir. Nous sommes fatigués et Anne qui n'est pas très habituée à ce mode de vie va nous claquer dans les doigts. Nous arrêtons un véhicule qui veut nous arnaquer encore et encore. Le prix divisé par 5 est encore trop cher mais nous acceptons quand même.

    Une heure plus tard nous sommes à Pakmong, une petite ville décrite souvent comme un carrefour, et c'est vrai ! Ce n'est rien d'autre qu'un carrefour plein de commerces et de restos routiers. Nous mangeons une assiette de légumes et de riz juste avant de voir que des rats sont enfermés dans une cage et que certains se baladent dans le restaurant et notamment un de ces rongeurs grattant dans les légumes dans le bas du réfrigérateur... Hmmm !!! Ca aide bien à la digestion tout ça ! En tout cas l'odeur de cuisson des rats est très forte et désagréable, mais pas autant que la cage où ils sont entassés. Certains rats sont morts étouffés, leur pisse et excréments coulent sur le carrelage. Beurk !

    On reprend vite fait la route vers le Vietnam. A Pakmong, ainsi que dans plusieurs villages du Nord du Laos, il y a un sérieux problème d'eau. Tout simplement, elle manque. De plus en plus de monde et de plus en plus de gaspillage. Alors parfois la source ne coule plus et les réservoirs se vident. C'est très dur lorsqu'il fait très chaud, que l'on sue beaucoup et que l'on ne peut même pas se rincer.

    Sur la route qui nous mène à Nong Khiaw, on ne croise presque aucun véhicule. C'est un plaisir incroyable. Les gens que l'on croise sont encore plus tranquilles. Ils s'occupent de leur buffles, taillent des bambous, fabriquent du tissu pour leurs vêtements. Nous sommes vraiment frustrés à l'idée de terminer notre voyage au Laos en bus mais il ne nous reste que deux jours sur nos visas.

    A Nong Khiaw, petite ville touristique au milieu de nulle part, dans un paysage de montagnes magnifiques, nous nous trouvons un petit bungalow en bambou, super agréable pour passer la nuit au bord de la rivière. Encore frustrés de ne pas pouvoir rester quelques jours supplémentaires dans ce décor, nous attendons un hypothétique bus pour nous emmener au Vietnam. Nous attendons une journée entière au bord de la route : Rien.
    Notre inquiétude grandit en même temps que notre impatience. A 23h, alors que nous avions perdu tout espoir, le car arrive ! Il y a déjà tout un chargement de vélo sur le toit, des sacs de riz et de sucre sont entassés dans l'allée centrale. Avec nos sacs et d'autres cartons, nous essayons de nous installer dans l'allée, prêts à passer la nuit dans ce bus. Le chauffeur nous épate, mais vraiment il est incroyable. Jeune homme sympathique, il est très prudent, roule doucement, reste calme et il s'arrête dès que quelqu'un le demande. Pendant 12h sans repos ni red bull (on l'a vu boire juste des canettes de nescafé), ce surhomme de chauffeur nous emmène jusqu'à la ville la plus proche de la frontière vietnamienne. Dans le car, nous avons sympathisé avec une étudiante et sa petite soeur, et puis lorsque nous avons pu nous asseoir, nous avons pu échanger quelques sourires polis avec le jeune homme du siège de derrière qui n'a fait qu'alterner entre jouer avec son portable et vomir par la seul fenêtre ouverte où l'on cherchait l'air frais.

    Arrivés à destination, notre course contre la montre ne s'arrête pas. Il nous faut trouver une autre station de bus qui pourra nous emmener au poste de frontière à une soixantaine de kilomètres. Les gens nous orientent un peu à l'extérieur de la ville et à 19h00, il fait nuit noire, nous trouvons enfin la station de car. Le gardien essaye de nous expliquer qu'il n'y a qu'un bus qui partira demain matin. En attendant, il nous invite à manger avec sa femme et son bébé. Ils vivent tous les trois dans une pièce sans fenêtre, à peine plus grande qu'un placard à balais. Il serait très mal poli de refuser cette invitation et peut-être encore plus mal de ne rien manger. L'odeur n'est pas des plus attrayante mais enfin nous nous lançons. Et c'est Anne qui commence avec les scarabées grillés. A part la tête, nous mangeons tout le reste bien entendu. Ensuite au menu, beaucoup plus difficile à avaler, la soupe de grenouilles entières, bouillies et plus ou moins déchiquetées. Nous faisons passer tout ça avec des boulettes de riz gluant et une sauce de piment hyper forte qui semble désinfecter le tout. Nous remercions vivement la cuisinière et notre ami, puis nous rentrons en ville manger autre chose qui puisse nous faire oublier l'arrière goût tenace des scarabées. Décidemment, nous ne sommes pas éduqués à de tels goûts et c'est assez difficile à apprécier.


    Le 27 juillet au petit matin, nous installons nos vélos sur le toit d'un Stung treng (genre de petit camion ou pick-up donc l'arrière est aménagé avec deux bancs pour les passagers). Cs n'est pas très grand et nous sommes nombreux, tous coincés sous des cartons, des cages de volailles, des bidons de pesticides et d'autres sacs de marchandise que les villageois rapportent de la ville. Même pour ce véhicule motorisé, les montées sont difficiles et s'il ne fumait pas tant, nous serions bien descendus pousser. En tout cas, nous avons toujours un petit pincement au coeur à l'idée que notre visa est terminé. Cette petite route de montagne aurait été si agréable en vélo. En plus, l'altitude rend l'air un peu plus frais et donc supportable.
    Enfin, vers midi, nous arrivons au poste de frontière. Aucun problème avec les douaniers qui ne nous demandent pas un dollars. Par contre, au poste de contrôle de santé tenue par une jeune femme désagréable, nous devons payer pour un reçu signifiant que dans notre groupe de trois cyclistes, personne n'est atteint de la grippe du cochon. Nous essayons de comprendre, mais la fille est vraiment mal embouchée et ne veut rien nous dire à part que nous sommes des étrangers et que par conséquent, nous sommes potentiellement dangereux.

    Finalement, nous quittons le Laos comme nous y sommes entrés, avec des fonctionnaires désagréables. Par contre, nous garderons de ce pays une belle image d'une nature encore bien présente (même si on ne sait pas encore pour combien de temps). Les gens ont été agréables et tranquilles, ce qui nous a reposé. Et puis bien sûr il y a eu l'arrivée d'Anne qui nous a raconté tous les derniers potins de ce qui se passe dans notre petite région de France. Elle nous a bien fait rire et nous a rappelés des plaisirs simples tels que la saveur unique du mélange entre une bouchée de pyramide de chèvre et une goulée de Reuilly.

    Nous voici presque au Vietnam où nous sommes pressés de rencontrer les espérantistes d'Hanoï.

     


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  • Du 14 au 21 juillet (103 km)

    Nous allons chercher Anne à l'aéroport et nous la ramenons sur le porte bagage, sous une pluie battante. Son sac est extrêmement lourd ! Nous lui faisons remarquer que nous l'avions prévenue, à plusieurs reprises, qu'il lui fallait prendre un minimum d'affaires! Et oui, lorsqu'il faut pédaler fort pour trainer des babioles inutiles, c'est assez déprimant et décourageant.

    Dans notre petite chambre, elle se met à déballer son sac qui est en fait rempli de tout un tas de produits délicieux de chez nous. Nous ne savons pas comment la remercier, ni si elle se rend compte elle même, de l'immense plaisir que cela nous procure ! Devant le saucisson sec, nous oublions que nous sommes devenus végétariens. Dans sa serviette de toilette et dans son étui de moustiquaire, elle nous sort une bouteille de Reuilly et une de Montbazillac. Le rouge accompagne à merveille la pyramide et la bûche de chèvre du Berry. Dans le sac de tisane Bio élaborée par Serge Guza (Phytobrenne), ça sent bon la campagne française. Il y a également de la confiture maison, de la pâte à tartiner à la noisette, du pain d'épices, des biscuits, du savon d'alep, etc.

    Tout le long de notre séjour à Ventiane, il y aura comme ça un doux parfum de la marche berrichonne.

    Avant de partir pour le baptème de l'aventure à vélo pour Anne, nous lui trouvons un vélo d'occasion. Une belle bicyclette bleue pour la grande blonde.

    Cédric : ''Et puis je refais faire chez un petit artisan, ma housse de siège de vélo qui était lambeaux. Une belle housse en skie de siège de moto, facile à nettoyer, séchage rapide et ne tâche pas mon dos. Cela va être plus agréable de pédaler maintenant. Même si j'ai du mal à atténuer le grincement stressant de l'aluminium cassé sous le siège, j'envisage de continuer le voyage sur cette monture.''


    Le 17 juillet au matin, nous plions nos sacoches et nous payons la chambre. Manque de bol, depuis la veille, il pleut. Pour une fois, ce n'est pas une simple averse. De toute manière, depuis qu'Anne est arrivée, il pleut plus que d'habitude, à croire qu'elle a rapporté la pluie dans ses valises. Elle aurait du sang normand que ça ne nous étonnerait même pas! Nous attendons que les nuages se vident et à 13h nous décollons. Enfin. Première étape de 32 km. On démarre doucement car Anne nous avoue qu'elle n'a fait un entraînement que de 16 kilomètres!
    Pour une première nuit, nous trouvons un genre de resort qui semble abandonné. Un gars nous fait visiter une chambre dans une cabane. Il y a des posters de pin-up sur les murs. On se doute que l'endroit doit être prisé des consommateurs de ''filles de joie''. Comme nous sommes blancs, le tarif augmente indubitablement. Nous prenons donc une chambre avec un lit immense pour 3. La nuit est très mauvaise. Le lit s'écroule à plusieurs reprises et nous finissons la tête en bas. Le resort qui semblait sans vie s'anime à la nuit tombée et se transforme en karaoké. Au petit matin, alors que nous commençons à peine à fermer l'oeil, des gars tapent à grands coups de marteau sur une tondeuse en bois. Nous repartons la tête dans le brouillard.

    Comme nous sommes assez pressés par nos jours de visas qui filent à tout allure, et que notre vitesse moyenne diminue au fur et à mesure que nous entrons dans les paysages montagneux du Nord du Laos, nous devons mettre les vélos sur un bus. Nous passons ainsi des cols qui nous auraient pris des journées entières.

    A Luang Prabang, Anne nous impose des vacances. Considérant que passer son temps à chercher où manger, préparer un itinéraire, chercher un endroit pour dormir etc, n'est pas de tout repos. En plus, à vouloir toujours économiser, nous avons mangé une soupe de nouille avec des herbes fraîches mal lavées. Effets secondaires radicales : Où sont les toilettes ? Nous restons donc deux jours à Luang Prabang, l'ancienne capitale du Laos. Avec des petits déjeuners à la française (café, thé, croissants, pains, beurre et confiture maison), puis des restaurants le soir, nous vivons complètement au dessus de nos moyens. La ville très jolie, à nos yeux en tout cas, parce que les vieilles demeures coloniales sont intactes et nous rappellent la France. Au milieu de ces maisons reconverties pour la plupart en hôtels ou en restaurants, il y a des temples plus ou moins vieux, pleins de bouddhas dorés et de bas reliefs de dragons. En plus, la ville est posée dans un décor montagneux splendide le long du Mékong. Nous rencontrons d'autres français avec qui nous passons de bons moments et notamment une soirée au resto en compagnie de Steph et Serge. La visite du marché nocturne nous fait bien rire et nous impressionne. On y vend une quantité astronomique d'objets artisanaux traditionnels du Laos, qu'on ne voit qu'ici. Par exemple, nous n'avons jamais vu les gens d'ici mettre des charantaises, pourtant, il y en a plein le marché. Et puis tous ces habits, on trouve les mêmes à Katmandou, Bangkok ou New Delhi. Ce qui est moins marrant, c'est de voir que les touristes adorent rapporter des bouteilles d'alcool avec des scorpions ou des serpents noyés dedans. La chasse de ces animaux pour ce commerce va finir par les éliminer définitivement. Il serait plus judicieux de mettre une espèce animale qui pullule à cause des hommes. Des blattes dans les bouteilles d'alcool, par exemple, ça ce serait bien. Et c'est Anne qui serait contente de voir les blattes dans des bouteilles plutôt que grimpées sur son dos quand elle dort !

    C'est d'ailleurs après une nuit à lutter contre ces bestioles venues dans son lit que nous reprenons la route vers le Vietnam, car mine de rien le temps passe très vite et nos visas sont bientôt terminés.

     

     


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  • Du 04 au 13 juillet (471 km)

    Le matin du troisième jour après la coupure du genou, nous constatons que la plaie est déjà bien cicatrisée. Nous décidons de ne pas perdre plus de temps car il faut que l'on soit à Ventiane, la capitale, un peu avant le 14 juillet, pour accueillir un morceau de notre Berry de départ en France, incarné dans la peau d'Anne, une amie clown.

    Le genou bien bandé, nous reprenons la route. La première journée se déroule sous un soleil franc et cuisant. Aucun souci avec le genou blessé. La deuxième journée, le relief est un peu plus marqué et au sommet d'une haute colline, un vent de tempête annonce le déluge. Le soleil a disparu depuis ce matin et nous nous sommes déjà pris une saucée entre deux villages. En vitesse nous nous réfugions dans un resto routier où la famille gérante est aussi souriante et agréable qu'une porte de prison. Le déluge commence. Jusqu'au fond du restaurant pourtant bien abrités nous sommes éclaboussés et le vent nous refroidit. Il nous arrive alors une chose incroyable que nous avions complètement oubliée : la sensation de froid, la chair de poule, les dents qui claquent. Nous sommes gelés. Au bout de 4h00 de pluie diluvienne (heureusement que nous nous sommes arrêtés sur les hauteurs pour ne pas être inondés), nous repartons sous un ciel qui essore ses dernières gouttes. Après 107 km, nous sommes épuisés et toujours trempés. Nous nous précipitons sur le premier et peut-être unique hôtel au bord de la route. Certaines de nos sacoches ont fini par prendre l'eau, notamment les habits et l'appareil photo. Nous ne faisons donc pas les difficiles du moment qu'il y ait un ventilateur pour sécher nos affaires. La chambre est quand même vraiment dégueulasse !!! Tout d'abord il y a les draps tachés qui ont déjà servi à accueillir une ou plusieurs prostituées. Les préservatifs séchés témoignent de la dernière utilité de cette chambre. Le pire étant le flot continu d'énormes blattes qui remonte dans la chambre par plusieurs trous dans la salle de bain. Le plus extraordinaire avec ces bestioles, c'est que même écrasées ou explosées à grand coup de sandale de vélo, elles peuvent continuer de vivre des heures voire des jours entiers ! En témoigne cette blatte que nous avions réduite en purée la veille et qui c'était traînée malgré tout sur plus d'un mètre pendant toute la nuit. Au petit matin elle bougeait encore !!! Comment fait-on pour tuer ces bêtes ?

    Au petit matin, nous repartons pour une étape théoriquement de moins de 70 km jusqu'à la ville de Savannakhet. En réalité nous faisons 82 kilomètres car les bornes sont complètement fausses dans ce pays. A chaque kilomètre, elles rajoutent entre 20 et 80 mètres, alors au bout du compte ça fait beaucoup. Heureusement que la route vallonnée est agréable. A Savannakhet nous nous reposons deux jours dans cette ville où les belles maisons coloniales sont toutes, plus où moins volontairement, non entretenues. On dirait que les gens souhaitent que ces traces du passé colonial français, s'effacent le plus vite possible. Dans les quartiers plus récents se dressent des maisons de style chinois moderne, en béton affreux, de forme carrée avec des décorations de mauvais goût et du mobilier en bois énorme gaspillant les derniers arbres de la forêt primaire.

    Dernier soir à Savannakhet, en nous baladant dans la ville, nous traversons le temple où il semblerait qu'il y ait une fête. Nous ne connaissons pas la raison de cet événement religieux mais nous constatons que beaucoup de fidèles sont venus acheter des petits bouquets de fleurs et de l'encens. Mais surtout, ils sont venus claquer leur argent dans des vieux jeux de hasard où il n'y a pas grand chose à gagner. Jeux de dés, de cartes ou vieux jeux d'adresse en carton fait maison. Tout le monde participe dans la joie et la bonne humeur.

    Le 8 juillet 2009, nous faisons ce qui s'appelle, une journée Bruno Saulet. En hommage à notre camarade cycliste avec qui nous avons voyagé de la Roumanie à l'Iran. Pour Bruno, une journée de 141 km serait quelque chose de banal, mais pour nous, c'est un exploit et même un record de distance, surtout que nous avons perdu du temps à jouer à cache-cache avec les orages !!! Il nous faudra une journée complète pour nous en remettre. Dans la ville où nous arrivons, à Thakhet, nous trouvons l'hôtel le moins cher mais aussi le plus crasseux. Nous y passons plusieurs nuits car nous sommes à coté du Khammouane, une région magnifique où des montagnes très découpées et couvertes de forêt, cachent grottes et cascades. Malheureusement pour nous, ce n'est pas la bonne saison pour visiter le coin et toutes nos tentatives d'exploration, en dehors de la route principale, se terminent par des bains de boue.

    Le dernier soir dans cet hôtel miteux, en entrant dans notre chambre, nous découvrons un fait anodin mais tout de même étrange. Les petites boulettes de scotch double face que nous avions décollées du mur, pour boucher deux petits trous dans la porte, étaient retombés sur le sol de notre chambre. Craignant d'être observés, nous rebouchons bien vite les trous avec deux morceaux d'autocollant. Dans la soirée, nos regards se portent par hasard sur la porte et QUE VOIT-ON ? Non nous ne rêvons pas !!! Les autocollants bougent, on dirait que quelqu'un les poussent depuis le couloir. Ce que nous n'avons pas encore expliqué, c'est que compte tenu de la chaleur permanente dans ce pays à cette période, nous sommes rarement habillés lorsque nous sommes enfermés dans notre chambre. Donc rapidement et sans faire de bruit nous nous habillons et nous dirigeons vers la porte. BLAMM !!! Nous ouvrons d'un coup sec : personne dans le couloir ! Nous n'avons pourtant pas rêvé, nous les avons bien vus bouger ces autocollants !!!

    Cédric : ''Quelques minutes plus tard, un pressentiment me fait dire qu'il vaudrait mieux nous habiller. Sans arrêter de parler comme si de rien était, je me dirige doucement vers la porte et l'ouvre violemment. Le garçon de l'hôtel, pris en flagrant délit, se relève et cherche ses mots: ''Désolé! » Qu'il me dit, « Il faudrait que vous alliez à la réception!'' Puis, un peu conscient que son argument ne tiendrait pas si j'allais voir la réception et leur demandais pourquoi ils veulent me voir, il me demande si nous n'avons pas vu deux jeunes garçons se balader dans le couloir. Je lui réponds que renfermés dans notre chambre, il est difficile de voir dans le couloir, par contre lui, du couloir, peut voir dans notre chambre. Extrêmement en colère, pour ne pas lui taper dessus, je lui claque la porte au nez. En lui promettant qu'il y aurait une explication demain.''

    Le matin de bonne heure, nous nous préparons pour repartir et bouclons nos sacoches sur les vélos. Au moment de payer, nous demandons à la jeune réceptionniste où est le garçon de l'hôtel ? Le « fumier », il est parti pour son jour de congé. Refusant de payer l'hôtel nous montrons à la fille les trous dans la porte. Nous la faisons regarder au travers et nous lui expliquons ce qui s'est passé. Elle n'en revient pas et reste très choquée, nous laissant partir sans payer. Ce n'est pas la première fois que nous voyons des petits trous dans les portes ou les murs des hôtels miteux du Laos. A l'avenir, nous serons plus prudents.

    Très en retard sur notre programme, nous n'avons plus le temps de rejoindre Ventiane en vélo, même en faisant deux jours de ''Bruno Saulet''. Nous profitons de ce qu'il y ait une station de bus, pour rattraper notre retard. Les vélos installés dans l'allée centrale, nous voilà partis pour Ventiane dans un bus qui roule à 10km/h de moyenne pendant les 10 premiers kilomètres. Puis d'un coup d'un seul, part en flèche, ne pouvant s'arrêter, sous peine de caler le moteur. Les arrêts sont fréquents au début du trajet, mais toujours de courtes durées. Juste le temps pour que le chauffeur et son équipage mangent, puis un autre arrêt pour charger 3 stères de bois dans les soutes et l'allée centrale. Les amortisseurs n'amortissant plus rien, le bus file à toute vitesse vers la capitale avec une réparation du moteur en cours de route, à coups de marteau au travers de la trappe à l'arrière du véhicule. Pendant le voyage, il n'y a qu'un accident mortel entre un 4x4 et un scooter (devinez qui est mort ?) qui fait ralentir notre chauffeur.

    Enfin, dans l'après-midi, nous sommes à Ventiane. Nous y sommes même en avance pour préparer l'arrivée de notre amie Anne. Il faut notamment qu'on lui trouve un vélo pour qu'elle puisse nous accompagner dans le Nord du pays. Cette tâche s'avère assez difficile car même si le Laos est soit disant un pays pauvre économiquement, se déplacer en vélo est devenu trop fatigant et carrément ringard. On trouve par contre sans difficulté, des revendeurs de petites motos. Ahhh ! Se déplacer en moto, devenir obèse, polluer l'air, faire du bruit, être dangereux et être en danger, mourir de maladies liées à l'immobilisme du corps et à la pollution si on ne meurt pas d'accident de la route... Ca, c'est la vraie classe !!! Reste à savoir combien de temps la planète va pouvoir supporter le bruit des moteurs et leur pot d'échappement.

     


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