• Bonjour les amis !
    Nous vous donnons des nouvelles aujourd`hui depuis Tabriz en Iran. Il est assez difficile de trouver un ordinateur et surtout une connection internet rapide avec un Cyber-café qui accepte d`utiliser un genre de petit logiciel qui permette de passer au delà de la censure ici bien présente.

    Voici le récit de notre entrée en Iran. Pour la suite du voyage nous ne savons pas encore par où sortir de ce pays. soit par la chaude ambiance du Pakistan, soit par le froid du Turkmenistan et de l`Ouzbekistan.
    Il est difficile aussi de garantir un approvisionnement régulier du site, mais une chose est sûre, nous aurons des choses à raconter.


    Lundi 1er Septembre (78 km)

    Ca y est, nous entrons en Iran comme dans un moulin. Nous avons lu tout un tas de choses sur l'entrée dans ce pays, notamment les passages de frontières parfois un peu difficile, surtout pour les femmes. Nous avions lu qu'il nous fallait remplir tout un tas de fiches de renseignements avec entre autre la quantité d'argent que nous prévoyons de dépenser en Iran. Nous pensions avoir droit à une fouille des bagages ou au moins un regard approfondi sur les vélos. Mais en fait, rien de tout cela ! Nous avons passé la nuit avec Sylvie, Benjamin et Dimitri, entre les douanes Turques et Iraniennes, puis au petit matin, nous sommes passé sans soucis. A première vue, dans le kurdistan Iranien, pas grand chose ne diffère du Kurdistan Turque, si ce n'est que l'écriture est maintenant en Farsi. Il va falloir s'y faire et apprendre à déchiffrer les mots. Pour les chiffres c'est assez facile, car il y a souvent la double écriture. Aujourd'hui, nous souffrons pas mal de la chaleur. L'air est très chaud et le paysage est désertique. L'après midi, nous nous arrêtons faire une pause à l'ombre d'une bascule pour la pesée des camions. Nous en profitons pour peser les vélos. Bilan : Bagages pour Alice, 35 kg. Bagages pour Cédric, 50 kg. C'est bien plus que ce que nous avions prévu au départ et encore, heureusement que nous nous sommes débarrassé de quelques bricoles. Pendant la pause, des hommes viennent nous voir et nous offrent un thé absolument délicieux. Puis l'un d'eux nous invite à venir derrière le bâtiment. Il nous présente une machine de sa conception avec laquelle il réalise des forages pour l'eau potable. Avec son ouvrier, il fait une démonstration et nous montre comment ils travaillent sans casques, sans lunettes de protection, et en sandalettes. Avant de partir, il tient absolument à nous faire visiter l'endroit où il habite le temps des travaux. En fait, il loge au dessus d'un abattoir industriel de poulets. Nous passons rapidement dans cet immense bâtiment. Complètement abandonné la journée, il doit prendre « vie » la nuit avec une procession de poulets faisant des danses macabres, la tête en bas et subissant toutes les tortures les plus modernes les conduisant, entiers ou en morceaux dans l'emballage plastique final.

    Le monsieur nous a bien proposé de dormir au dessus du poulailler, mais pour nous c'était absolument hors de question. Nous avons continué de rouler sur quelques dizaines de kilomètres et nous nous sommes arrêté à 60 m de la route, cachés derrière des ruines.

     

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    Mardi 2 septembre ( 95 km)

    Un peu de faux plat montant pour commencer, puis de la descente avec le vent dans le dos. Nous roulons vite et avalons rapidement des dizaines de kilomètres dans ce désert Iranien. Nous sommes partis presque trop tard car il faisait déjà jour et le soleil n'a pas perdu une minute pour commencer à nous cuire. C'est le premier jour du ramadan, mais nous réussissons à trouver des magasins d'alimentation ouverts. Dans une petite ville, nous faisons le plein de nourriture. Cédric : « Pendant que tout les autres sont entrés dans les boutiques, je suis resté à surveiller les vélos. Une bonne quinzaine de gamins a commencé à me tourner autour. Certains avec beaucoup de respect, d'autres plus moqueur essayent de toucher à tout. Lorsque le petit chef de la bande, agé d'environ 12 ans, arrive sur sa moto 125cm3, l'ambiance se dégrade. Il se place devant moi, allume une cigarette et fait reculer les autres enfants avec son mégot. Il me parle en Farsi, je ne comprends pas mais les autres enfants rigolent beaucoup. Evidemment, il commence à toucher au vélo et cherche à me faire tomber. Comme il me pose des questions en Farsi, je lui répond en Français et pour mettre un terme à sa trop grande proximité avec le vélo, je lui prend sa main et la pose sur le pédalier et la chaine bien grasse. Il regarde sa main devenue noire et s'en va.

    Le midi, nous trouvons un restaurant pour camionneurs où nous prenons une bonne douche dans les toilettes. En fin d'après midi, nous trouvons une oasis et nous sommes accueillis par 2 jeunes bergers. Nous les écoutons appeler leur troupeau. Ils nous offrent des pommes et des tomates. A la tombée de la nuit, il font un feu et s'installent pour passer la nuit à coté, à la belle étoile. Ils ont une toute petite maison sans eau courante et pour l'électricité, il y a un petit groupe électrogène à l'extérieur de la cabane.

     

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    Mercredi 3 septembre (81 km)

    Pour une fois, nous nous levons tôt (5h30) et nous réussissons à partir à la fraiche. C'est très agréable, mais ça ne dure pas car très vite le soleil apparaît et nous nous retrouvons sur la périphérie de la ville de Marand. L'Iran, c'est le pays du camion, du pétrole pas cher et de la pollution. Nous avons droit à 42 km de côte, 42 km de fumée noire de camion en plein dans les poumons. En plus, comme nous reprenons de l'altitude, l'air se fait plus rare et la combustion du pétrole se fait moins bien. 500 mètres après un poste de contrôle de police, nous retrouvons Bruno qui était parti conquérir le sommet du mont Ararat, avant de quitter la Turquie. Le midi, nous sommes au sommet de la montagne, au pied des pistes de ski. Nous trouvons une table à l'ombre pour manger. Il y a un petit magasin et une station de lavage de camion où nous trouvons de l'eau fraîche et quelques bricoles à nous mettre sous la dent. Juste avant d'entamer la sieste, le ciel se couvre et une tempête pointe son nez. Nous remontons sur les vélos et, le vent dans le dos nous attaquons la grande descente ! Quel Pied ! à 60 km/h de moyenne ça fait plaisir d'avaler ces kilomètres gratuits ! Dans une petite ville, nous nous arrêtons dans une boutique abandonnée avec deux motards locaux car le vent qui souffle en tempête dehors soulève des nuages de sable et de poussière. Quelques gouttes de pluie, un coup de tonnerre et c'est fini, nous pouvons repartir.

    Quelques kilomètres avant Tabriz, nous installons le camp dans un petit verger. Cachés au milieu des arbres nous passons une bonne soirée avec la visite permanente des autochtones qui nous apportent des noix, du pain, des pommes, des tomates... et nous prennent en photo. Ce soir en faisant cuire nos saintes nouilles, notre réchaud multicarburant se casse. En bricolant une réparation de fortune avec un fil de fer cela devrait tenir, mais nous sommes quand même assez stupéfaits que ce matériel si réputé casse aussi facilement, sans raison apparente. Cette même journée, Sylvie et Benjamin ont eu des problèmes avec leur réchaud (le même que le notre).

     

    <o:p> </o:p><o:p>Jeudi 4 septembre (25 km )</o:p>

    Entrée dans Tabriz. C`est excellent nous en prenons un maximum dans les poumons, nous circulons au milieu d`un trafic dense et anarchique complet. Nous nous reposons 2 jours et nous visitons la ville. Alice en profite pour se mettre à la page de la dernière mode en Iran : Le voile !!!

    La nuit dans un petit hôtel pas cher, nous nous faisons piquer partout par des puces. Je me fais incendier par le maitre d`hôtel car je lui achète une bouteille d`eau alors que je suis habillé en cuissard (mon pantalon étant au lavage). Puis je me refais incendier car je mange une tartine dans le hall de l`hôtel, en plein après midi, un jour de ramadan.

    Demain nous quittons Tabriz. Nos chemins vont commencer à se séparer avec les autres voyageurs. De notre coté nous réfléchissons à la route la moins périlleuse pour la suite du voyage.


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  • Enfin, voici le carnet de bord informatisé pour vous. Récit de la mer Noire jusqu'à la frontière de l'Iran.

    Mercredi 13 Août : 45 km

    Nous voici sur le bord de la mer Noire et franchement, on ne s'attendait pas à ça. Les paysages sont vraiment magnifiques. La montagne qui tombe dans la mer, c'est vraiment très beau ! mais pour ce qui est de suivre une route plate qui longe la côte, il faut oublier. Nous passons de la plage aux nuages accrochés aux sommets de plus de 900 mètres d'altitude. Les montées ne sont pas très longues (rarement plus de 5 km), mais vraiment très très raides. A la tombée du jour, à bout de force, en haut d'un col, nous décidons de nous arrêter dans un village pour demander de l'eau et un endroit plat pour poser la tente. A la première maison où nous nous arrêtons, nous sommes accueillis, invités à boire le thé, à manger, puis à dormir dans un vrai lit !!! C'est une famille de paysans producteurs de noisettes. La Turquie en est le plus gros producteur au monde. 75% des noisettes des tablettes de chocolats ou pâtes à tartiner viennent d'ici...

    Un homme de la maison nous raconte qu'il a travaillé pendant 6 ans dans la construction de la ville de Dubaï, puis, lorsque sa maison a été détruite à Karachi au Pakistan, il est revenu vivre dans son village d'origine. Nous l'avons rencontré au fin fond de la Turquie, nous avons mangé avec un de ceux qui ont été utilisés pour réaliser le plus fou mais surtout le plus absurde des rêves humains: Dubaï!!!

    Jeudi 14 août (30 km)

    Nous nous sommes levé tôt et nos hôtes en on fait autant pour nous offrir un petit déjeuner de roi. Au moment de partir, nous avons été obligé d'accepter les 2 kg de prunes et le kg de noisettes, ce qui ne nous a pas vraiment aidé à avancer dans les grosses montées du matin. Notre notion du plat est complètement altérée, il y a des côtes dans les côtes, parfois on croit que ça redescend mais ça n'en fini jamais de monter. Les pieds dans l'eau de la mer Noire, pliés en deux sur nos vélos, nous les poussons pour rejoindre le sommet. Les 3 premières côtes ont été très dures et le soleil trop chaud ! Il n'est pas encore 11h mais nous sommes déjà trempés de sueur comme jamais !!! Nous finissons par lever le pouce et c'est un Bus qui nous prendra en stop pour une vingtaine de km. Après nous être bien renseignés, ces montagnes russes continuent pendant plus de 200 km. Nous décidons de prendre un mini Bus pour nous épargné 100 km de torture. Prendre le Bus en Turquie avec les vélos et les sacoches ficelées sur le toit est une expérience assez incroyable. Le chauffeur (ou plutôt le pilote) se charge lui même de fixer les sacs sur le toit. « Turkisch problème, Turkisch problème... » répète t-il sans cesse pour nous rassurer. Quand le Bus démarre, nous avons l'impression que l'arrière frotte sur la route, des gens sont debout et nous nous arrêtons encore prendre des passagers. Le pilote appuie sur le champignon comme un fou !!! Nous sommes sur des routes de montagne, ça tourne, ça grimpe, ça descend, les vélos sont sur le toit !!! on se fait un sang d'encre.

    Finalement nous arrivons à Inebolu sans soucis, juste quelques frayeurs. Nous rencontrons Fred, un Turque d'Ankara qui voyage en sac à dos. Nous passons une agréable soirée avec lui et allons camper sur la plage, à coté de la tente d'un Imam.

    Vendredi 15 août (57 km)

    Réveillé au son du minaret en panne (à la place de l'appel à la prière, nous avons eu une espèce de grésillement très bruyant)à 5h du matin. Nous avons discuté tard la veille et la fatigue nous ralentit. Nous décollons tard de la plage et la chaleur est difficile à supporter. Alice : « Nous nous arrêtons faire quelques courses en ville et pendant que je suis dans la boutique, Cédric se fait harceler par un groupe d'enfants qui touchent à tout sur les vélos. Impossible de tout surveiller, nous partons le plus vite possible . Le soir, alors que nous pensons dormir sur le toit d'une fontaine à flanc de montagne, une famille vient faire le plein d'eau potable. La voiture est immatriculée en Allemagne mais la dame qui est dedans parle Français. Elle est originaire de Montpellier, mariée à un Allemand, 3 filles et toute la famille est Turque. Nous discutons un peu et après les présentations, ils nous invitent à dormir dans leur maison de vacances. nous avons droit à une bonne douche et à un succulent repas. Après mangé, la famille et les cousins qui étaient là nous ont invité à faire un tour dans la fête foraine. A la demande des filles, Cédric à fait un tour de bateau pirate (manège à sensation). Il est resté figé, blanc, pendant toute la durée du tour de manège. Après, il nous racontera que le système de sécurité était très peu fiable et qu'il était facile de passer par dessus la barrière. »

    Samedi 16 août (8 km)

    Il n'y a pas d'erreur dans le kilomètrage, c'est bien 8 km que nous avons parcouru ce samedi. Après s'être levés tard et avoir pris un énorme petit déjeuner Germano-Turque, nous avons remercié la famille et repris la route à 11h30.

    Alice : « La chaleur est insupportable, nous dégoulinons de sueur et nous commençons par une grosse côte. Cédric à un mal de tête qui couve depuis ce matin (probablement les conséquences du manège de la veille). Nous nous arrêtons en haut de la côte pour nous reposer dans le jardin d'une maison abandonnée, à l'ombre des pins. Cédric prend un cachet et s'endort tout de suite. Un courant ascendant très chaud nous dessèche complètement et pour complèter sa migraine il fait un genre d'insolation. Envie de vomir, chaleur, frissons, il n'est pas bien. je lui donne de l'essence de menthe sur un morceau de sucre, le rafraîchit avec de l'eau. il boit tout ce qu'il peut. Nous restons tout l'après midi assis sur une pierre et en fin de journée lorsqu'il se sent mieux nous reprenons la route jusqu'au village d'après à 3 km ».

    Nous nous installons sur la plage et tout de suite les invitations à boire le thé commencent à fuser. Nous allons chez un Franco-Turque qui nous explique autour d'un verre de calva (pendant que sa femme, plus croyante que lui, est partie à la mosquée) que selon lui, la religion musulmane interdit le cochon car cette religion vient de pays trop chauds où la viande de porc (qui contient énormément de germes), ne peut pas être conservée. Il nous explique aussi que manger du cheval est interdit car autrefois c'était le seul moyen de transport. Attention sa femme revient de la mosquée, il range vite la bouteille et les verres et nous en revenons au thé. Plus tard sur la plage, nous retrouvons une famille plus modeste avec qui nous passons un moment incroyable. Ils sont tellement gentils. Nous faisons sauter la barrière de la langue avec des mimes et des dessins et nous arrivons à communiquer jusqu'à très tard dans la nuit. Nous arrivons même à faire un peu d'astronomie. La grande ourse ou grande casserole devient, mimée en turque, la grande raquette de tennis. Et comme nous avons énormément de chance, nous avons droit ce soir à une éclipse totale de la lune.

    Dimanche 17 août (80 km)

    Pour une fois nous réussissons à partir tôt. Ce matin nous croisons beaucoup de gros chiens qui nous courent après. Le mieux est de les affronter et de descendre du vélo, sinon, on peut leur lancer des cailloux ou utiliser le bâton qui sert de béquille de vélo.

    Cédric : « Nous roulons pendant 2 heures à l'ombre des montagnes jusqu'à ce qu'une gigantesque explosion retentisse juste derrière mes oreilles ! dans un champs à 20 mètres, le cri de frayeur d'une femme. Mon vélo s'arrête, ma chambre à air arrière vient d'exploser. Un vieux monsieur nous fait signe d'entrer dans sa cour de ferme, ce n'est pas de refus car il va falloir réparer. Je change donc la chambre à air par une autre qui est poreuse à cause des bandes anti-crevaisons en kevelar (mais ceci est une autre histoire, ça suffira pour aujourd'hui). Une fois réparé nous demandons s'il est possible de se laver les mains. En passant devant l'étable, j'entends qu'on est en train de traire la vache, je mime les gestes de la traite au grand père qui me prend par le cou et rigole. Il nous emmène à une table à l'ombre de la maison, part et revient avec des plateaux garnis de confitures, de thé, de pain, de fromages ET de lait chaud fraîchement tiré du pis de la vache !!! Il appelle sa femme, la soeur de sa femme et sa mère de 82 ans qui travaille encore sur la ferme. Le monsieur nous explique qu'il est Tchetchen et que sa femme est Georgienne. Nous passons un très bon moment avec eux. On à l'impression que les gens dans les campagnes sont plus simples et plus tolérants vis à vis de nous que dans les villes. Ils accèptent volontiers que l'on ait pas les mêmes moeurs vestimentaires (surtout pour Alice). Au moment de repartir le soleil est déjà haut dans le ciel et ça y est il chauffe à fond !!! Nous roulons 15 km avant que mon pneu arrière ne se dégonfle et soit à plat. Je Redémonte la roue et découvre un trou dans la chambre en plus de la porosité. Nous nous sommes arrêté devant l'entrée d'une maison et des jeunes sont venus avec le désir de nous aider. Ils nous offrent du jus d'orange et essayent de réparer le vélo à ma place. c'est pas facile de repousser des mains de bonnes volonté mais pourtant je préfère réparer mon vélo moi même. Au moment de remettre le pneu, je découvre que la chambre à air est pincée. Trop tard, deux secondes après c'est la deuxième explosion de la journée ! Je REREdémonte la roue arrière et utilise la seule chambre à air qui nous reste, une chambre rayée sur tout le long et qu'il va falloir regonfler tous les 5 kms ».

    La journée se complique : Le soleil est brûlant et il faut sans cesse s'arrêter pomper. Epuisés nous nous rafraichissons à coté d'une mosquée pendant la prière du midi. 15 minutes plus tard, les hommes sortent et l'Imam nous invite chez lui. Nous acceptons volontiers car de toute manière rouler sous le soleil est impossible. Nous n'avons même pas digéré le repas du matin chez les paysans, que l'Imam remet la table pour nous avec sa femme, ses filles et la grand mère.

    Ils nous gavent et à chaque fois que l'on croit que c'est fini, ils nous ramènent autre chose à manger. On ne peut presque plus bouger. L'expression « avoir les dents du fond qui baignent », nous convient parfaitement.

    A 17h nous repartons et nous arrivons enfin à la tombée de la nuit à ECOTOPIA, un village autogéré par des écolos hippies tous mobilisés contre le projet de centrale nucléaire à Sinop.

    18 et 19 août

    2 jours à Sinop à Ecotopia où nous découvrons pleins de gens très sympas mobilisés contre le nucléaire Turque. La majorité des participants pour ne pas dire tous, sont venus en vélos, en Stop, en train ou en Bus. Comme le village Ecotopia est autogéré et que nous n'avons pas vraiment trouvé qu'il y avait de coordinateur, le « Morning Circle » (réunion matinale de tous les participants) est censé organiser la journée (pas toujours facile et parfois un peu long). En tout cas, les Turques locaux sont très contents de voir que des gens de tous pays se mobilisent pour les soutenir car, de ces centrales nucléaires, ils n'en veulent vraiment pas. De tous les Turques que nous avons croisé et avec qui nous avons discuté de ce projet, aucun ne veut voir de centrale dans son pays, mais il semble assez difficile pour eux de ce mobiliser car la répression est assez forte.

    Cédric : « Un matin, je pars en stop pour Sinop (25 km) afin de trouver une chambre à air. Une voiture s'arrête assez rapidement mais elle est déjà pleine à craquer avec 6 jeunes gens entassés dedans. Peu importe, ils me font monter et nous voilà 7 dans la Renault 12. 5 km avant Sinop, chose peu étonnante, la voiture tombe en panne. Je lève le pouce et la première voiture qui passe s'arrête et m'emmène chez un réparateur de cycles. Pour le retour, une camionnette s'arrête et je parcours les 5 derniers kilomètres sur le scooter d'un vacher. L'après midi nous rencontrons un turque qui s'appelle Cédric aussi (mais ça ne s'écrit pas pareil). Il nous promène sur la mer Noire avec son petit bateau et s'arrête au dessus d'une épave de navire de guerre Russe. Je fais un peu de plongée au milieu de la ferraille en espérant qu'il n'y a pas de restes de missiles nucléaires.>>

    20 août (54 km)

    Nous repartons de bonne heure avec Dimitri et Youcef vers l'Est de la Turquie. Ils roulent plus vite que nous avec leur vélos droits mais nous attendent en faisant des pauses « Ice cream ». Vers midi, nous arrivons dans la ville étape du jour. Nous pédalons tous ensembles sur la rue principale quand soudain, à 100 m devant nous, une moto déboulant d'une rue à droite percute un minibus arrivant vite d'en face et au milieu de la route. La grosse moto fait un looping et dépasse le toit du minibus ! le motard est projeté directement sur l'asphalte. Il est étalé par terre, nous croyons qu'il est mort. En arrivant à coté nous voyons qu'il bouge encore, mais pour combien de temps ? Des dizaines d'hommes viennent autour et nous devons leur faire comprendre qu'ils doivent appeler une ambulance de toute urgence car ils n'y pensent même pas.

    Nous avons les jambes coupées et nous nous arrêtons boire un coup dans le premier bistrot.

    L'après midi, nous faisons une bonne sieste à coté du port, puis nous rencontrons 2 jeunes Turques qui nous trouvent une terrasse de bar tranquille pour passer la nuit. Le bar nous donne accès aux WC et nous pouvons facilement nous doucher au dessus des toilettes Turques à l'aide d'un tuyau d'arrosage.

    21 août (13 km)

    Encore peu de km aujourd'hui. Après 2 grosses montées nous prenons un Bus et nos routes se séparent avec Youcef qui prend la route pour le Sud de la Turquie, et nous nous prenons un bus pour Erzorum où nous devons absolument retrouver Bruno, Sylvie et Benjamin pour tenter d'obtenir nos visas Iraniens. En attendant notre Bus de nuit, une navette nous emmène dans le centre de Samsun. Alice : « Cédric sort sa petite flûte Irlandaise juste en face d'un marchand de glace. Bien joué, en moins de 5 minutes on nous apporte une glace (goût chewing-gum) ». Juste avant le départ nous prenons une douche dans la Gare de Bus. Cédric : « Alice est un peu malade, elle a vomit une fois et est un peu drillouse comme on dit dans le Berry. J'espère que le voyage va bien se passer ».

    22, 23 et 24 août : ERZORUM

    Après une nuit dans le bus où nous prenons conscience du chemin que nous aurions dû effectuer à vélo, nous ne regrettons pas beaucoup le Bus car même si la route est plus plate, il y a quand même des cols à plus de 2000 mètres et surtout de dangereux tunnels, notamment un de 4 km. Au petit matin, ça y est nous sommes à Erzorum et nous retrouvons rapidement Bruno, Sylvie et Ben. Nous effectuons les démarches nécessaires à l'obtention de nos visas.

    Nous passons de bons moments entre Français. Comme nous avons négocié une chambre par cher mais sans douche et sans lavabo, nous allons nous décrasser dans un hamam traditionnel. Du coté des filles, il n'y a presque rien et tout est très vétuste. Du coté des hommes, tout est propre, grand, le service est remarquable, on se fait servir le thé, on est massé, lavé...

    Cédric : « Alice est toujours malade et voilà que ça me prend au matin de partir. Comme elle est malade depuis 4 jours, nous décidons d'aller voir un médecin à l'Hôpital où l'on veut la piquer. Mais vu l'état de saleté de l'hôpital, nous leur faisons comprendre que l'on a juste besoin de médicaments contre la diarrhée. Un médecin nous fait une ordonnance et nous trouvons la pharmacie de garde.>>

    Sur nos petits vélos nous reprenons quand même la route aujourd'hui vers l'Iran car nous n'avons vraiment plus beaucoup d'argent et nous n'avons plus de quoi payer une nuit d'hôtel. Erzorum se situe à près de 2000 mètres d'altitude et nous sommes vite essoufflés par le manque d'oxygène. Nous prévoyons de rouler tranquille. La route est plate voire descendante, c'est une vraie partie de plaisir. Dimitri est devant, il règle l'allure. Derrière lui se sont les 4 vélos couchés avec Bruno qui ferme le convoi. Le soir nous trouvons une station service pour passer la nuit. On met à notre disposition une  ancienne salle de restaurant où il y a encore de la lumière, ce qui est très appréciable car la nuit tombe de plus en plus tôt quand on s'éloigne de l'occident (à 19h il fait nuit). nous en profitons pour faire une petite révision des vélos et un petit nettoyage-graissage complet. Nous rencontrons Aboubaker, un instituteur Turque en vacances dans le coin. Il passe un bon moment à discuter avec nous et est toujours en train de nous proposer son aide. Il nous demande si nous avons faim, si nous avons soifet si nous avons besoin d'aide pour les vélos... Il nous apporte des biscuits et du café. Nous dormons tous sur le sol du restaurant et restons une curiosité pour tous les gens de passage à la station service.

    25, 26, 27 août

    3 jours sur mars. Après avoir roulé sur les bords verdoyants de la mer Noire, nous voici pédalant en pleine zone désertique. Les paysages sont magnifiques et grandioses. Tout est cahos, montagnes au sommets déchiquetés ou arrondis, il y a autant de formes et de couleurs qu'il y a de roches différentes. Parfois, la couleur rouge brique nous rappelle des images de mars. Nous pédalons sur une route longeant une rivière boueuse qui s'enfonce dans des gorges. De temps en temps, au milieu de tout ce paysage minéral, un village, des vergers et des prés verdoyants nous montrent qu'ici aussi il peut-y avoir de la vie. Mais attention, même si le climat est rude avec un hiver très froid, il est hors de question de couper le peu d'arbres. Ici on se chauffe à la bouse de vache séchée. Devant chaque maison, des stères de briques de bouses sont en train de sécher, empilées sous forme de pyramides. Le premier soir nous installons le camp à 4OO mètres de la route, près de la rivière. Nous sommes complètement fous car nous sommes entrés depuis hier dans la zones où de dangereux terroristes sévissent. mais il aurait été sûrement plus fou de continuer à rouler de nuit sur la route, en attendant le prochain village. D'ailleurs le lendemain nous avons essayé de camper chez des gens très accueillants dans un petit village, mais une fois la tente montée et la nuit bien tombée, la femme de la maison est venue très gentiment nous demander de partir 200 mètres plus loin derrière une station service. Elle redoutait les terroristes kurdes, mais nous ne savons pas vraiment si elle avait plus peur pour elle que pour nous. Finalement nous nous installons derrière la station service à coté de la mosquée. S'il fallait être discret pour ne pas être repéré c'est bien raté car pour nous faire plaisir, l'Imam de la mosquée nous a allumé vers les tentes, les spots hallogène du minaret.

    Le dernier jours vers Igdir, nous finissons la journée avec un énorme vent dans le dos qui nous pousse à 30 km/h sur du faux plat montant. c'est un vrai régal, nous nous  sentons forts. Après ce gros vent, la journée s'achève logiquement sous l'orage. A Igdir, nous essayons de retirer de l'argent car en Iran, cartes bleues et travellers- chèques ne fonctionnent pas. Tout se que nous pouvons faire, c'est échanger des euros ou des dollars. Le problème, c'est qu'aucune de nos cartes ne fonctionne. En plein Igdir, il est difficile de camper ou de trouver des âmes charitables pour nous héberger. Nous allons donc à l'hôtel et nous prenons une chambre pour 4, avec Sylvie et Benjamin.

    Jeudi 28 août

    Debout à 5 h du matin, nous prenons un bus pour retourner à Erzorum chercher nos visas. Pour une fois le chauffeur de bus est cool et ne roule pas comme un fou. c'est presque dommage car si nous arrivons trop tard, nous ne pourrons pas avoir nos visas dans la journée et nous serons obligés de rester encore une nuit à Erzorum. A peine arrivés, alors que nous roulons le plus vite possible vers le consulat Iranien, une voiture nous arrête. C'est la télé turque qui veut faire un reportage sur nous. Nous leur expliquons que l'on a pas le temps, que nous allons chercher des visas pour l'Iran. Arrivée au consulat à 11h45, nous commençons les démarches. Les fonctionnaires n'ont pas l'air pressé, nous respectons leur rythme ralenti car nous savons que si nous les poussons un peu, ils peuvent aller encore moins vite. Le policier qui surveille l'entrée du consulat rentre pour nous informer que la télévision nous a retrouvé et nous attend à l'extérieur. 12h30, nous sortons du consulat et nous nous faisons attraper par la télé. Ils nous payent le restaurant et nous questionnent sur le voyage. Le policier du consulat parlant anglais, fait l'interprète. Il ferme sa guérite et nous accompagne au resto (quelle conscience professionnelle, maintenant, on peut rentrer dans le consulat comme dans un moulin). Après le restaurant, nous devons impérativement aller dans une banque pour payer nos visas, mais nos journalistes veulent absolument des images de nous et nos vélos. S'en suit alors un reportage complètement trafiqué où tout est faut, tout est préparé d'avance. Le journaliste nous questionne toujours par l'intermédiaire de notre policier temporairement interprète. Comment trouvez vous la Turquie ? Comment trouvez vous les Turques ? Puis ils nous promènent en ville. Nous sommes à vélo et eux en voiture. Ils nous filment, nous demandent de chanter sur le vélo, de faire des signes comme quoi la Turquie est très belle, de dire bonjour aux passants. Pendant un temps, nous avons l'impression de participer à la réalisation d'un film de propagande. 14h30, nous sommes enfin dans la banque. 15h, de retour au consulat, le policier à repris son poste et nous retrouvons Dimitri qui attend son visa. Nous redonnons les formulaires, photos et justificatifs de paiement et on nous promet des visas pour 17h. Pendant ce temps, nous allons surfer dans un cyber-café. Nous avons pris rendez-vous avec les parents sur skype. Le gérant se débrouille pour nous trouver une webcam et nous autorise à installer skype en Français. 16h30, de retour au consulat, nous attendons nos visas qui arrivent    ENFIN !!!

    Nous trouvons un Bus à minuit pour retourner à Igdir et même un peu plus loin au pied du mont Ararat. Le trajet est effrayant, le pilote de bus roule comme un fou !!!! le pare brise est fissuré de partout, après chaque virage on se demande comment se fait-il que l'on soit toujours sur la route. Certaines secousses nous font carrément décoller du siège. On entend que ça vomit un peu partout dans le bus. Ca balance dur dur, et dire que les gens payent pour aller dans des manèges.

    Vendredi 29 août (10 km)

    Arrivés bien fatigués par le trajet en bus, nous trouvons un genre de camping vraiment sympa. Nous y retrouvons une famille de français qui voyage en camion. Ainsi qu'un autre français véritable nomade depuis plus de trente ans, avec ses chèvres, ses chameaux, ses poules et son camion.

    Demain nous passons la frontière avec l'Iran et en même temps ce sera le début du ramadan.


    1 commentaire
  • Nous voici depuis 2 semaines en Turquie. Le pays est magnifique, les gens sont extras et nous faisons tellement de belles rencontres qu'il est difficile de refuser une tasse de thé et du coup nous manquons de temps pour mettre les nouvelles rapidement sur le site.

    Voici quand même le récit d'İstanbul, la suite viendra très bientôt.


    du 07 au 12 août : Istanbul

    L'arrivée à la gare routière nous impressionne. Des centaines de Bus stationnent dans un parking souterrain, aérien... nous sommes paumés. Nous demandons à tous ceux que nous croisons la route la plus tranquille pour rejoindre le centre d'Istanbul à vélo. Tous nous indiquent l'autoroute. On a un peu hésité, un peu eu peur aussi, puis nous nous sommes lancés ! File de droite, file de gauche ! attention à l'autobus, Oups ! ça freine devant, ça accélère derrière !!! Quand la circulation est complètement bouchée, on est plus tranquille. Mais quand ça devient fluide et qu'il faut traverser une 3 voies où les voitures roulent à 130 km/h, ça se complique et ça devient périlleux !!! Mais on y est arrivé ! quelques sueurs froides ont perlé sur nos tempes, mais nous sommes à l'heure à notre rendez-vous avec Eren Eden, représentant local de l'association « Abolition 2000 », une association pour le désarmement nucléaire mondiale. Eren nous emmène jusqu'à une petite chambre d'hôtel qu'il a trouvé non loin. Enfin, un hôtel... pas vraiment. A l'origine c'est plutôt une caverne d'Ali-baba dans laquelle nous pénètrons depuis la petite rue principale, par un couloir étroit entre deux murs. Puis dans la caverne nous montons 2 étages et nous arrivons dans les chambres. Puis au dessus des chambres, si l'on veut, il y a un toit terrasse pour dormir à la belle étoile.

    Le soir Eren nous donne rendez-vous au port pour aller passer une soirée chez lui sur une île dans la mer de Marmara. Nous arrivons au port, Eren doit nous attendre sur le quai, mais le jeune homme qui vend les tickets est complètement bourré. On arrive pas à s'expliquer, le bateau s'en va. Nous contactons Eren pour s'excuser et nous nous donnons rendez vous le lendemain.

    Le lendemain donc, (samedi 09 aout) après une longue ballade dans la ville, une visite au consulat français, une bonne sieste et Bruno que nous avons retrouvé, nous allons au rendez-vous d'Eren. la rencontre se passe dans les locaux fraîchement inaugurés du parti politique des verts Turques. Autour du thé, une poignée d'écologistes fait un dernier point sur la préparation de la grande manifestation nationale du lendemain, au Sud du pays. Car c'est là-bas que depuis 10 ans, le gouvernement Turque souhaite implanter la première centrale nucléaire. Evidemment en tant que Français, nous sommes harcelés de questions sur le nucléaire et on nous fait des remarques du genre : « En France, vous avez un super VRP du nucléaire mais il vous manque un Président ». Un journaliste Turque est présent pour rédiger un article sur nous et les objectifs du projet portrait de planète, mais la discussion dérive vite sur ce qui se passe en France au sein de la filière de l'atome : accident au Tricastin, contamination des ouvriers, recherche désespérée pour enfouir des déchets, état du parc nucléaire Français, le rêve d'Iter, le cauchemar d'EPR... A la fin de cet entretien nous rencontrons Umut. Un jeune comme nous avec qui nous sympathisons tout de suite. Nous finissons la journée par manger tous les trois et nous nous donnons rendez-vous le lendemain sur une île pour une ballade à vélo dont le but de promouvoir des alternatives énergétiques.

    Troisième jour en Turquie, nous commençons la journée par une visite de Sainte Sophie, puis nous allons retrouver Bruno et ensemble nous partons sur la fameuse île. Quitter la ville en bateau c'est vraiment agréable, surtout pour aller se promener sur une terre où la voiture est interdite. La rencontre avec d'autres cyclosturques est vraiment super, nous repartons avec le drapeau de la Turquie et le drapeau du club cyclo d'Istanbul. Le soir nous allons chez Umut où nous passons une bonne soirée tous les 5 (Umut, son colloc', Bruno et nous). Le lendemain matin, Bruno part de très bonne heure pour tenter de rejoindre la côte Nord pendant que le trafic n'est pas trop dense. Nous passons la journée dans Istanbul avec Umut comme guide. Nous sommes le 10 août et sans que personne s'en rende compte à part elle, c'est l'anniversaire d'Alice. ''JOYEUX ANNIVERSAIRE'' On découvre le Istanbul Turque. Au bord des grands sites touristiques, il y a des grands parcs où les gens viennent en famille. Puis nous essayons le nargilé dans une fameuse place. Il nous fait sortir des rues du Istanbul pour touristes et en moins de 200 mètres, nous entrons dans une autre ville, le Istanbul pour pauvres, une mosquée à moitié en ruine, des maisons qui tombent sur leurs habitants, des enfants qui jouent au milieu des ruines. Ils viennent nous voir, nous disent Hello ! parfois nous demandent de l'argent, parfois veulent simplement être pris en photo.

    Après ces quartiers que nous n'aurions jamais osé fréquenter seuls, nous sommes retournés tranquillement chez Umut où nous nous sommes partagé tous les 3 le gâteau d'anniversaire d'Alice.

    Pour notre dernière journée à Istanbul, nous allons faire un tour dans le grand bazar. Avant de retrouver Umut à la sortie de son travail. Nous connaissons maintenant certains quartiers du centre de la ville et nous y retournons comme de vieux habitués. En passant, nous saluons les commençants à qui nous avons eu à faire (le marchand de jus d'orange, le cuisinier de riz pilaf, le maître d'hôtel...)

    Quand nous nous  balladons dans ces beaux quartiers, il est assez difficile d'admettre que la moitié de la population d'Itanbul est considérée comme très pauvre soit 7,5 million de personnes.

    Mardi 12 août, Après une mise à jour du site Internet le matin et la consultation de nos mails, nous avons été à la poste l'après midi pour l'envoi de courrier et de cartes postales. Nous nous sommes arretés dans une boulangerie où l'on a essayé de nous arnaquer, mais nous ne nous sommes pas laissé faire et nous sommes restés jusqu'à ce qu'ils nous rendent la monnaie (malgré le prix affiché en gros sur la vitrine, ils voulaient nous faire payer 2 euro de plus les pâtisseries). De retour chez Umut nous avons préparé les vélos pour le départ en Bus de cette nuit : direction Bartim, pour suivre la route au bord de la mer Noire.


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    Dimanche 03 Août (95 km)

    Le matin, à la fraîche, rouler est un plaisir. Mais très vite, le soleil se place au dessus de nos tête, l'ombre se fait  rare, la chaleur devient insupportable. Heureusement il y a un vent frais qui nous vient droit de la Mer Noire dans la face. La Bulgarie est bien différente de la Roumanie. Les gens surtout sont différents. Peut-être un peu moins curieux et le contact moins rapide que les roumains, les Bulgares ne sont pas moins gentils. Toutefois nous restons méfiants car en Roumanie nous avions entendu toute une série d'histoires sur des bandits Bulgares. Soit-disant que des autocars ont été braqués, de faux policiers pillent les gens et volent leur passeport. Même la police des frontières Roumaine nous avait conseillé d'éviter à tout prix la Bulgarie. Après nous être renseigné auprès de la diplomatie Française, aucune attaque d'étrangers n'a été révélée. Donc nous y allons tranquille en suivant les grands axes. Les gens roulent comme des tarés. Ils doublent n'importe quand et de nombreuses stèles ornent les bords de route. La religion change aussi. Le christianisme est toujours dominant mais des mosquées et des tombes musulmanes apparaissent (restes de l'occupation Turque).
    Au moment le plus chaud de la journée, nous trouvons refuge sous un bel arbre à quelques mètres en contrebas de la route. On y mange et on y fait une bonne grosse sieste de quelques heures (faut dire qu'on est un peu crevés).
    Le soir nous arrivons à Dobrich et la ville est bien plus grande que ce que nous pensions. Il n'y a pas de camping, il est assez tard et bivouaquer s'annonce difficile. Trouver un hôtel n'est pas simple non plus et il faut déchiffrer l'écriture cyrillique. Nous trouvons d'abord un grand hôtel *** trop luxueux pour nous, puis un autre, encore assez cher mais nous espérons pouvoir négocier le prix. Finalement nous avons une très belle chambre au premier étage, un très grand lit super confortable, un balcon, internet, la télé (avec arte en français), le petit déjeuner compris, le tout 25 euros pour nous deux. Bogdan, le gérant de l'hôtel est très sympa et parle anglais. Il a ouvert son hôtel il y a seulement 3 mois et dès l'an prochain, il espère offrir à ses hôtes de l'eau chaude solaire. Nous discutons une bonne partie de la soirée. Bogdan se renseigne pour nous et téléphone pour savoir s'il existe des bateaux entre la Bulgarie et la Turquie (ce qui nous éviterait le passage périlleux de la frontière avec toutes les voitures.

    Lundi 04 août (95 km)
    Bogdan la veille au soir nous a invité à passer par Albena, une grosse station Balnéaire qui a la réputation de posséder les plus belles plages de la Mer Noire. Son père y tient un restaurant en face la plage. Il nous donne l'adresse, au cas ou nous aurions envie d'un petit resto. Après le délicieux petit déjeuner à l'hôtel, la jeune employée, bien sympa, nous annonce que Bogdan nous offre la nuit dans son hôtel. Ca nous a tellement touché qu'on a oublié de rendre les clefs de la chambre. Heureusement, son retrouvons son père à Albena à qui nous les rendons. Albena c'est la belle plage. Effectivement c'est la grosse station Balnéaire. La plage est recouverte de parasols (jusqu'à moins de 3 mètres de l'eau, les bars s'installent sur le sable, des surveillants de baignade empêchent les baigneurs d'aller dans l'eau devant les transats des gens qui payent.
    C'est notre premier contact avec la Mer Noire et franchement, nous ne pensions pas nous retrouver sur une copie de la Croisette de Cannes. Et puis comme à chaque fois que la zone est infestée de touristes étrangers, les prix grimpent, les arnaques augmentent et la culture locale devient l'ombre d'elle même. De pseudo traditions culinaires, vestimentaires et musicales apparaissent. Tout est faux, tout est bétonné : on aime pas !
    Après une sieste sous un arbre et un nettoyage des chaines des vélos, on repart vers Varna, la ville la plus importante sur le littoral Bulgare. On y arrive un peu tard et surprise ! le camping n'existe pas ! on essaye de trouver une place pour camper, mais on ne trouve rien de bien convenable, puis lorsque la nuit arrive, tout devient plus difficile. Finalement, après avoir fait le tour d'un bon paquet d'hôtels, on trouve le moins cher (35 euros quand même !!!). Il y a Internet dans l'hôtel et pour la première fois, nous expérimentons avec succès Skype pour communiquer avec la famille.


    Mardi 05 août (86 km)
    Nous commençons la journée par craquer devant les fonctionnaires les plus molles qu'on ait jamais vu !!!! Ca se passe dans la gare de Varna, nous voulons savoir s'il y a des trains qui passent de Bulgarie en Turquie. Les fonctionnaires que nous avons en face n'ont rien à foutre de notre demande, elles nous montrent un tableau pourrit, tout écrit en cyrillique. Pour nous, tout ça c'est du chinois. Elles font de grands soupirs forcés lorsqu'elles doivent se lever pour aller chercher un papier de renseignement. Elles nous parlent en Bulgare alors qu'elles comprennent fort bien l'Anglais. Finalement nous partons en leur promettant de ne pas faire une bonne pub pour les trains Bulgares. Voilà qui est fait.
    Heureusement, dehors, un homme très gentil nous propose son aide. Il nous donne beaucoup de renseignements, nous accompagne vers la bonne route, nous explique où dormir et il nous achète une carte de la Bulgarie (en remplacement du petit atlas que nous avions perdu la veille).
    On reprend la route assez tard, mais nous avançons bien, surtout sur l'autoroute après Varna. En fait, l'autoroute en Bulgarie, c'est très bien pour les vélos car il y a parfois des bandes d'arrêt d'urgence assez large et les véhicules ont généralement un bonne place pour nous doubler. ET SURTOUT !! il ne peut pas y avoir de fous venant d'en face car c'est ce que nous avons craint le plus.
    La route qui relie Varna à Burgas est assez importante et tout le long nous avons droit à d'énormes panneaux publicitaires, mais aussi beaucoup de prostituées et de clients.
    Le soir nous trouvons un lieu de campement assez tranquille, au pied d'un immeuble pour touristes en construction. A 500 mètres, c'est la grosse station balnéaire. Beaucoup de bruit, beaucoup de lumière et de gaspillage. Nous allons au milieu des piscines des grands hôtels et nous prenons une douche incognito.


    Mercredi 6 août (85 km)
    Vivement le pétrole à 5 euros le litre et la taxe sur le kérosène.
    Même en partant à 7h du matin, la chaleur devient vite insupportable surtout pendant les grosses montées. En ½ heure, Alice a compté 100 4x4. Les gens roulent toujours comme des fous. Nous croisons une dizaine de grosses jeeps pleines de touristes. Pour même pas 40 euros, les gens peuvent passer la journée dans un 4x4. Au programme du Safari, tour dans les montagnes, ballade hors pistes au milieu de la nature, jeux pour tout le monde. Le transport est compris ainsi que le repas, les jeux, le guide etc...
    Nous nous arrêtons sur un site historique classé par l'UNESCO, mais finalement sans aucun intérêt car le tourisme de masse a tout englobé. Le littoral est bétonné, les prix ont plus que doublé et la règle ici, c'est de consommer consommer consommer.
    Quelques kilomètres avant Burgas, nous passons devant des panneaux publicitaires les pires que nous ayons vu. D'un goût mais d'un goût !!! Imaginez la première pub pour une armurerie : Une blonde à très forte poitrine lèche sauvagement un gros canon de fusil. Derrière elle, un paysage de soleil couchant au dessus d'un lac et des oiseaux qui tombent au bout du canon.
    Une deuxième pub dans le même état d'esprit : Une Brune avec des seins comme des pastèques, en tient justement une entre les jambes. Un petit trou triangulaire dans la pastèque est censé rappeler le sien. En Bulgarie, femmes et pastèques sont à vendre au bord des routes.
    Burgas ! plus accueillant que Varna, un grand parc longe la côte et nous pouvons rejoindre le centre ville par le bord de mer. Nous trouvons un Bus pour nous faire traverser la frontière Turque. Le départ est à 1h30 du matin. En attendant, nous rencontrons Philippe et Aurélien, 2 français très sympas avec qui nous passons une agréable soirée. Il nous ont emmené dans un petit resto proposant des plats traditionnels Bulgares et nous offrent en plus du resto, la seule bière Bulgare que nous consommerons dans ce pays.
    1h30 du matin, nous prenons le Bus, l'équipage est Turque. Il est difficile de dormir car le chauffeur a une conduite un peu sportive. C'est peut-être à cause des canettes de Redbull qu'il s'est enfilé avant. Passage de la Douane a 2h30 du matin, nous avons droit au tampon Turque sur nos passeports. Les informations du super passeport biométrique de Cédric sont collectées. Ca y est, nous sommes en Turquie. La route est défoncée et puis ce sont des montagnes Russes. Ca monte, ça descend, ça monte, ça descend... Au petit matin, nous entrons dans la périphérie d'Istanbul. La circulation est très dense et on a du mal à s'imaginer en vélo au milieu de toutes ces voitures, ces camions, ces autocars, qui déboîtent n'importe comment, sans clignotants. Les véhicules se font une place dans le trafic à coup de klaxons ! Nous nous préparons à affronter cette circulation.

    Ca y est, on y est, c'est la Turquie !


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