• Du 20 au 24 septembre (191 km)

    Malgré la grosse fatigue qui succède à cette nuit blanche sous la tempête, nous décidons de continuer à pédaler vers le Nord. Au cours de l'après midi, nous nous arrêtons dans un grand magasin, faire le plein de nourriture et de batteries pour nos lampes frontales et notre petit ordinateur. Alors que nous sommes assis dans l'espace détente du magasin et que nous regardons notre carte pour préparer notre itinéraire, un allemand vêtu d'un cuissard et tee-shirt de cycliste vient à notre rencontre. Il se nomme Swen et adore le Japon. Il nous conseille sur la route et les beaux endroits à ne pas louper. La nuit dernière, il a aussi entendu le vent souffler, mais ce chanceux avait trouvé un toit. Pour la nuit, il nous oriente vers une plage à quelques kilomètres de la, où le camping est libre. Le vent à cessé et le ciel est clair, nous décidons de pédaler vers le camping gratuit, de toute façon l'hôtel est hors de prix et le camping sauvage tellement agréable (quand il n'y a pas de tempête). Sur la plage indiquée, nous retrouvons une foule de vacanciers japonais venus profiter des couleurs du début d'automne. Il faut dire qu'à ce moment précis de la journée, lorsque le soleil pointe son nez au dessus des montagnes à l'Ouest et qu'il éclaire de sa lumière orangée, le lac, les fleurs, les sous-bois et les montagnes émergeant dans la brume à l'Est du lac, c'est tout simplement extraordinaire. Ca nous fout des frissons partout et on a les poils qui se dressent sur les bras et la tête. C'est ça l'effet Japon, quand on est au bon endroit au bon moment et qu'on a conscience de sa chance.

    Pour en revenir au camping gratuit, si le paysage est à couper le souffle, les WC le sont aussi. Sales comme nous n'en avons encore jamais vu dans ce pays ! Après avoir fait quelques réserves d'eau potable, nous décidons de tenter notre chance plus loin. Il ne nous faut pas longtemps pour trouver LA plage de rêve avec vue imprenable, tables, bancs, abris sous les arbres et toilettes de luxes très propres et même équipées d'un système de douche pour les handicapés. Il ne manque que l'eau chaude ! Avant de monter la tente, nous demandons la permission à deux pêcheurs. La réponse n'est pas ce que nous espérions. ''Tento damé'', nous disent-ils en pointant du doigt un panneaux d'information sur lequel il est écrit que presque tout est interdit sur cette plage. Nous sommes fatigués et nous nous sommes déjà fait virer hier alors, nous rappelant soudain que lorsqu'il nous manque le droit, nous avons toujours le gauche, nous décidons d'attendre la nuit et de nous installer discrètement, cachés sous les branches basses d'un vieux pin. Nous passons une nuit des plus agréables, bercés par le chant des grenouilles, chouettes et autres insectes, le tout sur fond de clapotis des vaguelettes de l'eau du lac. Une ambiance sonore et une tranquillité tellement agréable que malgré la fatigue nous cherchons à profiter le plus longtemps possible de cette paix et personne ne viendra troubler notre repos.

    Au petit matin, le soleil nous sort du lit peu de temps avant la sonnerie du réveil. Bien vite, nous plions la tente et nous nous installons pour un bon petit déjeuner.

    En jetant un dernier coup d'oeil sur la carte, à la recherche de la route secondaire vers le Japon sauvage des Tanoukis, ours noirs et autres bestioles, un cycliste japonais nous croise et s'arrête quelques dizaines de mètres plus loin (car il roule très vite). Il fait demi-tour et vient à notre rencontre. C'est un sacré sportif ce gars là. Il revient de l'île Hokkaïdo à vélo et s'est arrêté de temps en temps pour escalader les plus hauts sommets de l'archipel. Il est en grande forme physique et rentre aujourd'hui chez lui à Osaka en une seule étape de plus de 200 km. Bravo ! De notre coté, comme tous les jours, c'est plutôt la ballade du dimanche. Nous prenons le temps de voir le paysage, discuter ou au moins essayer de communiquer avec les gens que l'on croise. Nous nous arrêtons regarder les arbres, les maisons, les gens qui ramassent les châtaignes, les ruisseaux de montagnes, les fleurs, les oiseaux... Arrivés avec un tel plaisir au sommet de la montagne qu'on en oublie complètement la difficulté, nous nous laissons griser par la longue et interminable descente qui doit nous déposer à l'entrée de la ville de Tsuruga. Manque de chance, nous nous sommes laissé distraire par la beauté du paysage et au lieu de redescendre la montagne par une petite route au Nord, nous avons pris un autre chemin qui nous à conduit à l'Est. Qu'à cela ne tienne, nous rejoignons une route plus importante et nous escaladons à nouveau la montagne jusqu'aux stations de ski avant de redescendre à 70 km/h vers Tsuruga. En d'autres circonstances, une erreur de navigation comme celle-ci aurait pu entamer sérieusement notre enthousiasme, mais dans le cas présent nous sommes presque contents de nous être trompé, prolongeant ainsi le plaisir du déplacement à vélo.

    Dans la soirée, nous sommes enfin à Tsuruga. Nous cherchons un endroit idyllique pour camper. Voyons voir, qu'est ce qui nous ferait plaisir ? un endroit avec vue sur la mer ? Abrité du vent, tranquille, proche de la nature et proche de toilettes propres et équipées d'une douche dans les WC pour  handicapés ? Et bien cet endroit, nous le trouvons entre la mer et le parc des pins sylvestres de la ville.

    Nous passons de nouveau une nuit douce et paisible au rythme des vagues. Au petit matin, le ciel s'est couvert et ça sent la pluie. Nous longeons la mer sur une route accrochée à la montagne. Ou plus exactement, nous pédalons tantôt sur un pont au dessus des vagues qui se brisent sur les rochers, tantôt nous traversons des tunnels plus ou moins longs et plus ou moins éclairés. Les villages de bord de mer sont étranges. Des dizaines de boutiques sont fermées. Un restaurant sur deux est abandonné et il semble peu probable qu'ils fonctionnent en été à la belle saison touristique. Seul subsistent quelques marchands de poissons et crabes ainsi que quelques clubs de plongée. Il faut dire que l'eau est très poissonneuse et d'une transparence remarquable. Le temps est frais et humide. En conséquence, nous nous arrêtons souvent boire du thé et manger quelques biscuits. Nous avons de l'eau chaude à volonté et gratuite dans toutes les épiceries. En soirée, nous décidons de nous arrêter dans une petite ville. Nous repérons des toilettes, un bel espace vert, des tables abritées et en prime un onsen (bain public) où pour 3 euros par personne, nous allons nous relaxer et nous réchauffer dans l'eau bouillante d'un bassin avec vue sur la mer. Lorsque l'on ressort du bain, nous avons chaud et nous sommes propres comme rarement nous l'avons été. Il fallait bien cela pour nous préparer à affronter une mauvaise nuit sous la pluie avec une tente qui a perdu 100 % de son étanchéité. En catastrophe, nous avons transféré tout le campement sous l'abris des tables de pique-nique. Désormais nous savons qu'un nouveau problème se pose pour camper en cas de mauvais temps. Il nous faudra absolument trouver un toit pour mettre notre tente. Heureusement que nous sommes au Japon. Pendant la nuit la pluie cesse et le vent se lève, séchant le tout pour l'heure du petit déjeuner. Nous consacrons néanmoins notre matinée à la révision des vélos et à la réparation de la bâche qui a été toute déchirée lors de la tempête au bord du lac Biwako. Cette nouvelle journée de pédalage est souvent interrompue par de courtes giboulées que nous transformons en ''tea time''. Le problème, c'est que bien vite les boissons diurétiques font leur effet et la fréquence des pauses pipi augmente à un rythme effrayant. Deux des WC publics que nous avons visité ont retenu notre attention. Le premier parce qu'il y avait à l'intérieur des nids d'hirondelles préservés. En France c'est certain, l'oiseau qui aurait osé squatter des toilettes et salir les murs de ses fientes aurait reçu illico presto un coup de balai. Mais ici au Japon, les salissures provenant du nid du fragile animal sont recueillies dans un carton fixé sur le mur et serviront d'engrais. Les deuxièmes toilettes surprenant sont situés près de la côte. Ce sont des toilettes à économie d'eau. Ils fonctionnent en circuit presque fermé. L'eau est recyclée au maximum et un ruisseau de couleur marron mais sans odeur, coule en permanence au fond de la cuvette. Un peu hésitant à nous laver les mains en sachant le fonctionnement de ces étranges WC, l'agent d'entretien nous rassure tout de suite, l'eau du robinet n'est pas issue du recyclage. Ce système de toilettes à l'avantage de réduire la quantité de déchets puisqu'il évacue en priorité les matières solides. Il ne manque plus qu'une station biogaz pour produire de l'électricité et nous aurions ainsi des WC ultramodernes écologiques et autonomes !

    Fin de journée, le ciel se dégage nous offrant un merveilleux spectacle de soleil couchant sur la mer tranquille s'étalant derrière la célèbre côte de granit de Tonjinbo. C'est un lieu très prisé des japonais qui viennent en masse voir ce qui ressemble à certains coins de la côte bretonne française. Même si ça n'a rien voir avec la côte de granit rose, c'est quand même très beau et le paysage revêt une fois de plus ses couleurs irréelles. Nous installons le campement là où c'est le mieux. Pour cette nuit nous sommes perchés au bord d'une falaise. Les vagues s'écrasent en contrebas, la lune fait son apparition, cette nuit pas de pluie, tout baigne, nous sommes bien. Nous nous disons que nous n'avons toujours pas rencontré d'espérantistes Japonais. Cela ne saurait tarder. Nous sortons de notre sacoche un téléphone portable. OUI ! Pour ceux qui nous connaissent et savent notre dégout pour ce petit objet de consommation qui détruit l'Afrique, le Tibet, l'Inde, la communication entre les hommes, la santé des utilisateurs actifs et passifs et détruit les libertés, oui, nous avons un téléphone portable. Rassurez-vous, ce n'est que temporaire. En effet, Arisa avait peur que nous ne puissions nous en passer pendant notre virée au Japon. Comme le portable a supprimé les cabines téléphoniques ainsi que les capacités d'organisation des hommes et leur ponctualité, nous avons à notre disposition un téléphone portable qui nous permet d'envoyer des messages internet gratuit partout dans le monde et de donner des rendez-vous aux espérantistes sur notre route. Nous pouvons aussi utiliser l'option réveil (encore faut-il réussir à le configurer correctement). Toujours est-il que nous lançons à tout hasard un message à Monsieur Kitagawa de la ville d'Obama, pour savoir si nous pourrions le rencontrer, lui ou d'autres espérantistes du Japon.

    La matinée déjà bien entamée, nous nous installons sur nos fauteuil de plage roulant. Il est difficile d'avoir une vitesse moyenne régulière car nous aimons flâner en chemin. Nous nous arrêtons à plusieurs reprises regarder la mer, les poissons, les rochers, les oiseaux... Sur la petite route qui nous mène à Kanazawa, nous traversons une zone replantée de divers essences d'arbres et arbustes pour stopper l'érosion des sols littoraux et protéger les habitations du vent. En nous éloignant à peine du bord de mer, nous retrouvons un petit chemin longeant un lac. C'est très tranquille et reposant de pédaler juste au bord de l'eau. Une vingtaine de kilomètres après Tonjinbo, nous trouvons une petite bourgade déserte où il y a un vieux temple, un beau parc avec un gazon tondu raz et des toilettes luxueuses autant que spacieuses. Nous nous arrêtons ici pour le déjeuner. La popote et toutes les sacoches à peine rangées, un vieux monsieur nous invite à remanger au resto. Il est très curieux de savoir qui nous sommes et d'où nous venons avec nos étranges montures. Il parle quelques mots d'anglais, presque autant que nous parlons le japonais. Il s'assied avec nous et invite ses trois copains à se joindre à la tablée mais ces derniers refusent de s'assoir avec des étrangers. Notre nouvel ami nous fait découvrir le soba. C'est un plat de nouilles froides préparées à base de farine de sarrasin. Les nouilles sont posées sur un petit caillebotis en bambou. Dans une petite assiette, nous avons du wasabi en purée, des fines herbes et des rondelles fines d'oignon. Nous vidons cette petite assiette dans une tasse moitié remplie de ce qui semble être de la sauce de soja. On touille, on touille, puis on vient tremper quelques nouilles attrapées à la baguette avant de porter à la bouche. C'est un plat simple, énergétique, vraiment très très bon et pas cher. Nous savons d'ores et déjà que soba sera l'un de nos mets favoris au Japon. A peine le repas terminé, notre vieil ami nous remercie et nous fait comprendre que nous pouvons disposer. Voilà une bien étrange coutume que nous avons du mal à intégrer. Au Japon, les rencontres peuvent être très amicales, elle n'en sont pas moins expéditives. De retour à nos vélos laissés à proximité des WC publics, nous décidons de vérifier si monsieur Kitagawa nous a répondu. ''Bip Bip, un nouveau message dans votre boîte aux lettres''. C'est lui. Il nous attend après-demain à l'intersection d'un pont et d'une célèbre allée de vieux cerisiers à Fukui. Nous regardons notre carte pour situé la ville de rendez-vous. Catastrophe, Il faut que nous retournions plein Sud ! Comme l'endroit où nous sommes est très confortable, nous décidons d'y rester camper et demain, nous ferons demi-tour. Après 16h00, Le village est complètement vide de ses habitants, les magasins sont tous fermés. Il n'y a même plus de circulation. L'ambiance est fantomatique. Au crépuscule, nous installons la tente et nous nous attendons à voir apparaître des spectres. Au lieu de cela, c'est l'invasion des crabes. Des crabes par centaines viennent courir dans l'herbe et grimper sur notre tente. C'est affreux ! viennent-ils nous dévorer ? Nous fermons bien nos sacoches et mettons les chaussures dans la tente. Nous comprenons maintenant pourquoi dans les toilettes il y avait des carreaux de faïence décorés de dessins de crabes. Tant que nous sommes enfermés dans la tente, nous ne risquons pas grand chose, mais lorsque le besoin d'aller au petit coin se fait ressentir, que faire ? Nous décidons d'affronter cet envahisseur nocturne. D'un bond nous sortons de la tente, puis nous courrons jusqu'aux toilettes où les crabes sont aussi nombreux que dehors, à la recherche de quelques restes à se mettre sous les pinces. Nous vivons une expérience digne du film ''les oiseaux'' d'hitchcock. De retour à la tente, nous ne pouvons éviter d'écraser sous nos chaussures quelques crustacés. Pendant la nuit nous écoutons ces bestioles se glisser entre nos saccoches, s'insérer sous notre tapis de tente, jouer de la harpe avec les rayons de nos roues de vélos. Il y en a même qui s'amusent à se pendre à la fermeture éclair de notre tente. Tard dans la nuit, le sommeil prend le dessus et nous nous laissons tomber dans les pinces géantes de Morphée. Drôle de nuit !

     


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  • Du 17 au 19 septembre 2009 (154 km)

    Nous voici de nouveau les pieds sur les pédales. Après ce long repos, nos muscles se sont tout engourdis et ramollis, mais quel plaisir d'avancer librement sans dépendre du prix du litre de carburant. Tout d'abord, nous prenons direction plein Nord / Nord-est, direction Kyoto. Nous traversons tout Osaka. Ce n'est pas une vraie partie de plaisir tout simplement à cause du trafic automobile. Finalement, nous cédons la route aux assassins. Cette maudite voiture qu'on appel ''grande reine'' a gagné une bataille, nous préférons nous ranger aux cotés des piétons, beaucoup moins dangereux. Les trottoirs sont assez larges et une bande est prévue pour les vélos. Malgré tout, les inconvénients du trottoir sont nombreux. A chaque carrefour nous devons sauter les caniveaux, puis faire attention aux piétons qui sortent des magasins et puis surtout, trouver notre route lorsque brusquement le trottoir s'arrête, ou bien lorsque commencent les escaliers. Dans cette ville comme partout au Japon, la vie est rythmée par des bruits et des voix d'ordinateurs. Par exemple, pour aider les aveugles à traverser, les passages piétons sont rythmés par des bruits d'oiseaux (le coucou et le moineau). Des bornes indiquent également le nom des rues en braye. Une petite voix sort des bus pour signaler le numéro de ligne, la destination et sans oublier de saluer et remercier les usagers. Les camions possèdent aussi une petite voix en plus des clignotants : ''attention, je vais tourner, excusez moi !''. Les signaux sonores à l'entrée des magasins, et puis tous les employés qui nous saluent dès que l'on franchi la porte. La petite voix à l'entrée des parkings, etc.

    Quittant le coeur de la ville pour pédaler sur les bords d'une rivière peuplée de nouveaux sans abris victimes de la crise économique. Nous pensions trouver une piste cyclable tranquille et permanente sur les berges, au lieu de cela, nous avons lutté pour passer les vélos à travers des systèmes très mal foutus censés empêcher les motos sur la piste cyclable. Résultat, ça saoule tous les cyclistes qui passent non sans mal. Les sportifs voient leur rythme coupé tous les kilomètres. Les vieux s'emmêlent les pédales dans les barrières. Les écoliers, leur cartable sur le dos, coincent ces barres métalliques dans les rayons de leurs roues de vélo. Et puis nous, avec nos grosses sacoches, nous devons tout décharger ou bien tout soulever pour passer ces barrages. Finalement, nous avons rejoint le monde des voitures, puis navigué à la boussole dans des lotissements aux ruelles très étroites. Au Japon, on ne gaspille pas l'espace. Petites maisons, petits jardins et toutes petites rues. Et qui dit petites rues dit petites voitures. Donc, moins de pollution et économie de carburant. Autre bonne nouvelle, le nombre d'installations solaires sur les toits. L'ensoleillement est bien moins important qu'aux Émirats Arabes Unis et pourtant, beaucoup de maisons chauffent leur eau grâce au soleil et quelques uns produisent de l'électricité. Notre première étape de 68 km nous conduit sur le bords de la rivière, dans un parc de loisirs. L'herbe est bien tondue. Il fait beau. Il y a des robinets d'eau potable, des toilettes, des bancs, des arbres et des buissons. C'est vraiment l'endroit idéal pour un camping de luxe. Nous attendons le couché de soleil et nous choisissons un emplacement suffisamment loin de la cabane du gardien. Au moment où nous déballons la tente. Le vieux gardien en uniforme se dirige vers nous avec son vélo. C'est sûr et certain, pour venir aussi rapidement et droit sur nous, il vient nous virer. Il nous parle un japonais que l'on ne comprend encore pas du tout. Finalement, il nous donne une carte de la région et nous souhaite ''oyassumi nassaï, Kiotskété'' autrement dit : Bonne nuit, soyez prudent.

    Le voyage au Japon s'annonce très bien. Les gens sont gentils, le camping confortable et le climat agréable.

    Notre arrivée au centre de Kyoto se fait par des petites rues tranquilles. Nous découvrons les vieux quartiers et les temples de cette ville avec nos vélos. Bien sur, nous ne pouvions traverser cette ancienne capitale sans voir la salle des conférences, où a été rédigé le fameux protocole de Kyoto contre les gaz à effet de serre et les changements climatiques. C'est un grand bâtiment en béton, gris, pas beau et pour dire la vérité, très laid. Par contre, le hall de conférence se situe dans un parc magnifique très vert et sauvage représentant une belle bulle de nature pour les habitants de Kyoto. La configuration de ces deux éléments dans l'espace nous fait penser aux grands rassemblements qui ont lieu à notre époque pour tenter de sauver l'espèce humaine coupable de la destruction de sa planète. A chaque sommet mondial sur les changements climatiques, il y a toujours au centre, des hommes politiques véreux qui s'agitent comme des marionnettes commandées par les lobbies industriels et banquiers de la planète, illustrés sous nos yeux par ce bâtiment massif en béton et ferraille. Puis autour de ces hommes politiques, il y a toujours à l'extérieur (illustré ici par le parc), des citoyens de base et quelques associations soucieux de laisser un monde vivable à leurs enfants et désireux de partager cette planète avec tous les êtres vivants aussi longtemps que possible.
    Évidemment, ceci n'est qu'une image et nous n'avons pas dit qu'il n'y avait pas quelques belles plantes vertes à l'intérieur du hall de conférences et quelques verrues de béton au milieu du parc.

    La ballade dans Kyoto prend du temps et nous décidons de dormir quelque part dans la ville. Dans bien des pays, camper tranquille en plein coeur d'une grande cité relèverait de l'exploit. Mais ici au Japon, à partir du moment où nous nous faisons discrets et que nous nous installons une fois le soleil couché, nous pouvons planter la tente presque partout. Nous trouvons un beau parc près d'un vieux temple et nous nous installons à proximité des toilettes. Cette nuit, nous dormons en compagnie de quelques sans logis. Les pauvres gens sont de plus en plus nombreux au Japon et ils ont de plus en plus de mal à se cacher. Au petit matin, nos voisins ont déjà remballé leurs affaires et ont disparu. Nous nous sentons si bien dans ce pays où tout semble si facile que nous n'avançons pas très vite. Petit déjeuner copieux et luxueux dans le parc. Un vieux japonais donne quelques morceaux de pains à des canards et à une tortue. Puis il se plonge dans la contemplation de ce reptile. On dirait que l'homme et l'animal sont en train de se regarder vieillir. De notre coté, nous nous décidons enfin à jeter un oeil sur notre carte et nous pensons rejoindre le grand lac Biwako dans la soirée. Mais tout d'abord, nous devons franchir une petite montagne. Petite pause dans deux boulangeries à la française où nous faisons le plein de bon pain puis nous nous attaquons à la grosse montée. Tranquillement pas vite, nous avançons. La ville s'arrête brusquement et nous nous retrouvons dans une belle forêt. Les insectes et les oiseaux font du bruit et ça nous donne du courage. La difficile ascension devient une partie de plaisir. En plus le temps est vraiment formidable, le soleil agréable et la température irréelle tellement elle est idéale. A quelques centaines de mètres du sommet, nous voyons une pancarte indiquant ''ferme ouverte''. Sans hésiter nous allons y faire un tour. Quelle étrangeté ! Tout d'abord, une poignée de fausses vaches nous accueille. Fausses car ce sont des primes Holstein, une espèce de vache issue d'une sélection génétique très sévère dans le seul but d'en faire une usine à lait. Ensuite, nous voyons des ''paysans'' en tenue de chirurgiens. Blouse verte, masque sur la figure, gants et bottes de caoutchouc blancs et protection des cheveux (des fois qu'un poil tombe dans une mangeoire). Des familles avec des enfants viennent se promener dans cette ferme. Après l'accueil par les fausses vaches et les paysans chirurgiens, le spectacle continue. Nous passons devant des boxes où sont exposés Bouc, verra, truie, lapins, chèvres, et dans un petit enclos sans herbe, quelques moutons et un petit poney. Le clou du spectacle, deux grandes cages en béton et grillage avec en tout une vingtaine de macaques effrayés par le nettoyeur haute pression qui décape le béton de leur prison.
    Nous qui pensions peut-être demander un coin d'herbe pour planter la tente chez de sympathiques paysans, nous préférons fuir cet espèce de zoo.

    Une longue longue descente nous conduit sur les rives plus ou moins accessibles du lac Biwako. Nous pensions trouver une piste cyclable continue ; et bien nous avons mal pensé. Les riches de ce pays ont acheté des terrains au bord de l'eau. On a construit des hôtels de luxes, des discothèques, des garages à bateau et des clubs de scooter de mer. Nous nous retrouvons à pédaler sur une route très passante et étroite, pas du tout agréable. En plus le vent se lève brusquement et devient vite très violent. Nous avons du mal à rester couché sur les vélos. La tempête fini par soulever des tonnes de poussières et de sable. Malgré les lunettes et le tee-shirt remonté sur le nez, nous en avons plein les yeux et ça croustille quand on serre des dents. Nous décidons de nous arrêter dans une petite impasse qui donne sur une plage. Abrité par des maisons et quelques sapins, nous décidons de monter la tente, sous réserve qu'elle supporte les rafales de vent. Dans le pire des cas, il y a des toilettes à coté où nous pourrons toujours nous réfugier. Notre maison planté dans le sable et amarrée par de grosses pierres, un vieux monsieur vient nous voir et nous dit sans plaisanter : ''tento damé ! '' Et quand un vieux japonais dit ''damé'', il n'y a rien à faire, pas de négociation possible. Tente interdite devant chez lui, point final. C'est la première fois qu'un japonais nous fait ce coup là. A quelques centaines de mètres de nous un nuage doré de poussières éclairé par le soleil couchant, vole au dessus du lac. C'est à la fois très beau, magique, impressionnant et surtout peu rassurant. Nous plions la tente sous la surveillance du vieux qui s'est bien vite réfugié derrière les vitres de sa maison. Le soleil se couche et nous repartons en quête d'un endroit abrité pour passer la nuit. Nous demandons en plusieurs endroits. Toujours on nous déconseille de dormir dehors cette nuit, mais jamais on nous invite. Finalement, nous trouvons un sous bois de pins au bord du lac, mais le vent s'engouffre sous la pinède. Il est impossible de nous installer ici, en plus il y a le risque de se prendre une branche ou carrément un arbre sur la tête. Que faire ? il fait maintenant bien nuit, nous n'avons toujours pas mangé, nous ne savons pas où dormir et le vent souffle en tempête ! En désespoir de cause nous remontons sur les vélos, prêts à pédaler jusqu'à ce que la chance du voyageur nous vienne en aide. Nous ne faisons pas 3 km dans le noir que nous voyons sur notre gauche une petite lumière. Nous nous y dirigeons comme deux papillons de nuit et nous voici dans des WC publics, sans portes et trop petits pour que l'on puisse y dormir, mais suffisamment abrités pour que l'on puisse manger et nous laver. Nos estomacs remplis, c'est un problème de résolu. Reste à savoir où dormir ? En faisant le tour des toilettes, nous remarquons qu'il y a un grand étang à proximité et une bonne partie du plan d'eau est recouvert d'une épaisse roselière. En y regardant de plus près, Les phragmites se plies sous la force du vent, mais elles protègent une partie des berges sur un peu plus d'un mètre de hauteur. Sans plus tarder nous installons la tente à l'abris de la roselière en priant pour que le vent ne tourne pas. Les vélos n'ont pas arrêté de tomber, si bien qu'on a fini par les laisser couchés (ce qu'on aurait du faire dès le début) et nous n'avons pas fermé l'oeil de la nuit, passant notre temps à attendre la grosse rafale, celle qui déchirerait et ferait s'envoler notre abris de fortune. De temps en temps la toile de tente se gonflait jusqu'à arracher les sardines, les arceaux hyper tendus bougeaient dans tous les sens. Une nuit très riche en émotion mais finalement tout le monde à survécu, à part la bâche des vélos.

     


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  • Du 10 au 16 septembre 2009 (52 km)

    Depuis l'île de Kyushu jusqu'à Osaka le terminal du ferry, il y a une nuit de navigation entre les îles de Shikoku et Onshu.

    Nos Premières visions, nos premières impressions : Tout d'abord, ça semble très montagneux. Le Japon est un ensemble d'îles, certes, mais c'est un ensemble volcanique. Deuxièmement, le littoral est très urbanisé. Le soleil couchant et l'éclairage public met en évidence les reliefs et les zones peuplées. Nous voyons très clairement que le bord de mer et toutes les zones plates sont éclairées. Par contre, dès qu'il y a de la pente, plus un seul lampadaire. Une immense forêt recouvre les flancs de montagnes jusqu'aux lignes de crêtes. Conclusion, oui le Japon est très urbanisé, mais non ce n'est pas que de la ville. Il suffira d'escalader les montagnes pour arriver rapidement dans une nature qui, vue du bateau nous semble déjà belle et sauvage.

    Jeudi 10 septembre au matin, après un petit déjeuner sur le bateau en compagnie d'Etienne, un français qui vient travailler quelques mois au Japon dans des fermes Bio de Hokkaïdo, nous débarquons. Les douaniers très gentils nous redonnent nos vélos et nous prennent tout de même les empreintes digitales et la biométrie des yeux.

    Cédric : ''Enfin nous sortons de la Douane. SURPRISE !!! Arisa est là avec sa maman Kimiko et une pancarte ''Bienvenue Alice''. Première grosse émotion due à la réalisation d'un rêve de jeune fille. Alice qui avait toujours rêvé de revoir son amie d'enfance dans son pays si lointain qu'il paraissait presque imaginaire. Et voilà les deux copines qui se retrouvent après plus de 16 ans de séparation.''


    Premiers coups de pédales au Japon, nous suivons Arisa et Kimiko. Nous sommes au Sud de Osaka. Il y a des routes aériennes, beaucoup de voitures, des industries, des commerces. C'est pas encore le top mais déjà nous constatons une propreté flagrante par rapport à la Chine et à peu près tous les pays que nous avons traversé. Attention, cela ne veut pas dire que le Japon est champion du tri et du recyclage des déchets, loin de là. Nous découvrirons cela plus tard. En attendant, Arisa et Kimiko nous guident vers Izhumi Shi, une ville phagocytée par Osaka. Première fois depuis si longtemps, nous nous retrouvons dans un lotissement composé de maisons individuelles souvent petites et entourées de petits jardins de style plus japonais que jamais. Un pin et quelques arbustes taillés en nuages. quelques gros cailloux couverts de mousse. Tout est très ordonné, mais on distingue à l'entrée de certaines maisons et au travers de quelques fenêtres un amoncellement d'objets de surconsommation qui n'ont rien à voir avec la pureté de la pensée zen.

    Après une bonne douche et notre installation chez Arisa, nous sommes invités au restaurant. En entrant dans ce dernier, nous devons poser nos chaussures. C'est étrange et pour nous en tout cas, nouveau. Mais ce n'est pas fini ! Nous sommes salués et accueillis par toute l'équipe du restaurant, des serveuses aux cuisiniers en passant par l'agent d'entretien. On nous installe à une table basse sous laquelle il y a un trou pour étendre nos jambes. Un robinet d'eau chaude sort de la table. Nous pouvons ainsi nous servir à volonté du thé vert amer. Mais le plus étrange et nouveau, c'est sans aucun doute ce tapis roulant qui passe en bout de table et qui présente sous nos yeux ébahis des assiettes de sushis et de préparations culinaires qui semblent sans limites. Après s'être rassasiés avec une bonne dizaine d'espèces différentes de poissons crus, nous partons en ballade dans Osaka. Visite du château où nous découvrons les costumes traditionnels de guerriers samouraï. Rien à voir avec les armures de nos pays occidentaux. Ici par exemple, le casque du samouraï est décoré de grandes cornes de buffles, de longs cheveux blonds et de grandes moustaches de chat. Dans le parc du château, un couple promène en laisse d'étranges bestioles, des iguanes. Bienvenu au pays de godzilla. Les japonais adorent les dinosaures, alors forcément, se promener avec de gros lézards en laisse, c'est la classe. 18h00 sonne, le parc va bientôt fermer ses portes et pour le signaler aux promeneurs, l'annonce est faite en musique. Pendant la demie heure avant la fermeture, de la musique classique invite les promeneurs à se diriger vers la sortie.

    Nos premiers jours au Japon sont pleins de découvertes en tout genre. Raconter tout ce qui nous a surpris ou semblé bizarre serait très long, car la nouveauté et les différences culturelles se retrouvent non seulement dans le comportement, mais aussi dans le détail des objets de la vie quotidienne. Ainsi, notre plongeon fracassant dans la culture nipponne sera raconté progressivement au cours d'anecdotes au sein du récit.

    Commençons par le commencement, notre arrivée chez Arisa. Nos vélos sont garés dans la rue. Pas besoin de cadenas. Dans à peu près tous les autres pays, l'espérance de ''non-vol'' aurait été de 3 minutes à quelques heures. Record battu largement ici, puisque nous laissons nos vélos dans la rue pendant une semaine jour et nuit. Arisa et Kimiko nous font visiter l'ancienne capitale du Japon, Nara. Des daims se promènent en liberté et harcèlent les promeneurs qui les nourrissent de biscuits spécialement achetés pour eux. De temps en temps, ces petits cervidés fouinent dans le sac des touristes qui regardent ailleurs. De vrais pickpockets ces daims ! Le temple de Nara est une gigantesque construction en bois abritant un Bouddha géant. Bâtir un monument comme cela aujourd'hui est devenu quasiment impossible car nulle part dans le monde, on ne laisse vieillir les arbres suffisamment pour devenir si grands et si gros. Dans le parc de Nara, nous prenons un plaisir immense à redécouvrir les odeurs et la fraicheur d'une forêt de climat tempéré en fin d'été. Le dernier automne que nous avons connu, c'était en France en 2007. Après cela il y a eu le voyage et la jungle indienne et népalaise en 2008. Puis les tout petits confettis de forêts tropicales du Sud-est asiatique et surtout les immenses plantations de palmiers à huile, hévéas et cannes à sucre. Après cette belle promenade, nous sommes invités au restaurant pour découvrir une spécialité japonaise : la tempura ! Installés au comptoir autour du cuisinier, les brochettes de légumes, poissons et fruits de mer préparés sous nos yeux, défilent dans nos assiettes. C'est bon ! C'est même très bon ! Et le chef est vraiment doué car il ne se contente pas de faire la cuisine. Il est avec nous comme un chef d'orchestre sauf qu'il à plusieurs orchestres à gérer en même temps. Pour être plus clair, les brochettes défilent dans un ordre chronologique bien précis comme une partition de musique. Sauf que les clients du restaurant n'arrivent pas tous en même temps. Nous en sommes déjà à la quatrième mesure, lorsque le chef doit reprendre à zéro avec d'autres clients tout en continuant sans interruption sa musique pour nous. Le repas se termine quand on ne peut plus rien avaler. L'artiste cuisinier n'avait pas encore épuisé tout son stock de saveurs. Nous repartons tout étourdis sans plus savoir si l'on vient d'un restaurant, d'un concert ou d'un spectacle de magie.

    Le changement d'air, de climat, de culture, bref de tout, nous fatigue énormément. Probablement le contrecoup de plusieurs mois de stress et de chaleur tropicale, nous ne faisons que dormir. Les journées sont courtes puisque les matinées n'existent plus. Nous nous levons à midi. Kimiko veille sur nous comme une mère et nous prépare tout les jours à manger. On dort, on mange, on dort, on mange et nous reprenons bien vite du poil de la bête, des joues et du ventre, avant d'entamer notre petite escapade sur les routes montagneuses du Japon. Mais avant de partir, nous devons changer quelques pièces usées de nos vélos. les cales des chaussures, un pneu, les gaines de freins et de dérailleurs du Challenge, le dérailleur avant qui avait cassé au Vietnam et les patins de frein du Nazca, plus quelques écrous qui manquent. Nous achetons tout ce dont nous avons besoin chez un marchand de cycle super sympa et très très bien fournis qui nous vérifie le serrage des jeux de direction et de pédalier.

     


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  • Du 31 aout au 08 Septembre (44km)

    Nous Arrivons à Shanghai dans la soirée du Lundi. Fabiola, la mexicaine que nous avions rencontré au Cambodge nous attend dans son appartement au Nord de la ville. Mais d'abord, nous devons retrouver nos vélos. Ce n'est pas une mince affaire. La gare du Sud de Shanghai est grande et peu de monde pour nous aider. Lorsque enfin nous retrouvons nos chers compagnons de voyage, il manque des morceaux et visiblement ils n'ont pas apprécié du tout le transport. Nous sommes très en colère et nous le faisons savoir aux employés qui s'en foutent royalement. Il nous faut près d'une heure pour redresser le tout, régler les dérailleurs, les freins, etc. Finalement nous apprenons que nos vélos ont été acheminés par camion ! Il eut été probablement trop simple et écologique de rajouter un wagon pour les bagages. Il fait maintenant bien nuit, le temps est plus frais que dans le Sud et en plus il pleut quelques gouttes. Nous avons encore tout Shanghai à traverser et Fabiola doit nous attendre. En chemin, nous n'arrêtons pas de nous perdre. Contrairement à de nombreuses grandes villes comme Bangkok, Kuala Lampur ou Dubaï, ici à Shanghai, il existe de vrais pistes cyclables. Toutefois, avec les scooters électriques, on voit peu de gens pédaler.

    Nous avons remarqué que sous les grandes routes express aériennes, il y a presque toujours une belle piste cyclable tranquille. Nous essayons d'en profiter mais à chaque fois que l'on doit passer une rivière, une autre grande route, ou une voie de chemin de fer, la piste cyclable s'arrête au pied d'un mur et nous devons faire des détours invraisemblables qui nous paume un peu plus à chaque fois. Epuisés et sales nous finissons par retrouver Fabiola. Elle met à notre disposition une vraie chambre avec un vrai lit. Le top du confort ! Dès le lendemain, nous partons à la recherche d'un endroit où faire réparer notre appareil photo.

    Cédric : '' En utilisant le métro hyper climatisé contrastant avec la chaleur de dehors, je suis tombé bien malade. Une bonne angine qui aura duré plus de 5 jours avec de la fièvre et des maux de tête. Comme nous n'avons plus de médicaments et que nous ne comprenons rien à la pharmacie chinoise. Je décide d'aller voir un médecin, mais pour être rembourser par notre assurance, il faut aller dans un hôpital spécifique. Le problème, c'est que pour voir un médecin, il faut être inscrit à l'hôpital. Pour être inscrit à l'hôpital, il faut remplir impérativement TOUS les champs du formulaire. Nom, prénom, adresse ET téléphone portable. Le téléphone fixe des parents ne fonctionne pas. Pour être soigné, désormais, il est OBLIGATOIRE d'avoir en sa possession un téléphone portable. Heureusement, Alice a dans sa poche le numéro de téléphone de Fabiola. Toutes ces démarches coutent très cher. Inscription à l'hôpital : 85 euro ! Consultation du médecin plus diagnostic et prescription : 35 euro ! Médicaments contre la fièvre et pastilles pour la gorge : à peine une dizaine d'euro. Au Total, pas loin de 130 euro que je dois avancer de ma poche pour des bonbons aux plantes et une boite de comprimés. Tout ça pour une angine. C'est ce qui s'appelle déplacer un grain de sable avec une grue.''

    En allant chercher notre appareil photo réparé, nous trouvons un magasin Bio pour bourgeois et chinois nouveaux riches. Les prix sont fous et souvent plus chers qu'en France et les produits sur-emballés. Néanmoins, nous décidons d'y faire quelques courses de produits frais et de céréales. Ce qui n'est pas dans cette boutique bio nous devons l'acheter chez Wall Mart, le géant de la grande distribution, l'assassin des petits commerces, l'épandeur mondial de malbouffe.

    Plus tard, nous rencontrons Monsieur Wang, espérantiste très sympathique de Shanghai qui nous aide à réserver nos billets de bateau pour le Japon. Il fallait s'y prendre quand même à l'avance car il n'y a qu'un bateau par semaine. Le prochain départ est prévu pour le 8 septembre. Nous sommes surexcités à l'idée de découvrir enfin cet archipel du bout du monde. Nous avons entendu tellement d'histoires sur le Japon et les japonais et nous sommes maintenant si proches de les découvrir par nous mêmes.

    La veille du grand départ, nous vérifions nos messages internet et nous recevons une nouvelle surprenante. les Frogsonbent, Ben et Sylvie avec qui nous avions pédalé en Turquie puis en Iran écrivent dans leur lettre d'info. ''Nous sommes à Shanghai et demain nous prenons le bateau direction LE JAPON'' !

    Hasard des hasards, après avoir eu des chemins complètement différends à vélos couchés autour du monde, nous nous retrouvons le même jour au même endroit pour une traversée sur le même bateau. Il y a des choses qui ne s'expliquent pas. Toujours est-il qu'au moment de l'embarcation, quelle surprise de voir deux français aux visages familiers. Une chose est certaine, on ne va pas s'ennuyer pendant la traversée.

    Déjà nous sommes sur le pont, les vélos en fond de cale. Le bateau donne quelques coups de cornes de brumes qui font trembler les gratte-ciels. Nous quittons Shanghai cet énorme port de commerce d'ou partent tant d'objets de mauvaise qualité qui rempliront les magasins du monde entier avant de remplir les maisons de tout à chacun. Entre les dépôts de charbon, nous regardons les immenses dépôts de conteneurs que l'on imagine rempli de presse purée en plastique, de chaussettes, de télévisions, de portables, de porcelaine, de chaises de jardin en bois exotique, de jouets Disney, de pots de peintures, d'étendoirs à linge, de lampes basse consommation fluo-compactes... .... ....

    En s'éloignant de la Chine, la mer redevient bleue mais elle commence à s'agiter comme une barrière naturelle de protection rendant le Japon accessible seulement aux plus téméraires. La première nuit sur le bateau n'est pas facile et le monstre vert que l'on appelle ''mal de mer'' vient nous remuer les tripes et nous tire sur l'oesophage à chaque fois que le bateau redescend d'une vague.

    Cédric : '' je résiste aussi longtemps que possible mais en allant prendre l'air frais du large je finis par laisser le contenu de mon estomac en nourriture aux poissons. Manque de pot, la bouche grande ouverte, j'avais le vent de face.''

    Deuxième jour de bateau, la mer s'est calmée, le soleil brille. Il commence à faire plus frais. Nous observons les poissons volants et les méduses. Mais déjà commencent à apparaître quelques rochers Japonais et ceci est une nouvelle aventure.

     


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