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    Du 2 au 4 aout 2009.

    Pour ne pas rester dans la pollution et le stress de la capitale et découvrir le pays pendant qu'Anne est avec nous, nous décidons de partir visiter la baie d'Halong, cette sois-disant merveille du monde. Pour aller dans cette baie, nous n'avons aucun contact de personnes pouvant nous aider à avoir des tarifs avantageux, ou nous permettant d'échapper à l'industrie touristique. Nous faisons donc confiance à l'agence de voyage de l'hôtel même si le gars qui nous vend le séjour à une vraie tête d'arnaqueur. De toute manière, dans ce pays, dès que nous devons sortir le porte monnaie, c'est pour nous faire arnaquer alors...

    Nous négocions 10 dollars de réduction par personnes pour une visite de 3 jours et deux nuits dont une sur un bateau. Pour 45 dollars par personne nous nous engageons à suivre le programme touristique proposé, même si nous nous doutons que cela n'aura rien de très excitant d'être dans un groupe compact agglutiné derrière un guide probablement grotesque qui ne pourra s'empêcher de faire le beau et le monsieur ''je sais tout''. Au moins nous nous disons que pour une fois, nous pourrons nous reposer car nous n'aurons pas à chercher un endroit pour dormir ou pour manger. Nous allons faire les moutons dociles et suivre le groupe bêtement en prenant des photos quand le guide nous dira de prendre des photos.

    Départ pour la baie d'Halong le dimanche 02 août 2009. Le bus est plein de touristes en short, comme nous. C'est parti pour être une expérience inoubliable !
    Première pause pendant le trajet en bus. Nous nous arrêtons dans une station pleine de touristes blancs, uniquement des occidentaux dont plus de 99% ont traversé la planète en avion pour venir faire du bus et du bateau au Vietnam et acheter des souvenirs du pays fabriqués dans des industries locales ou chinoises. Il faut préciser, quand même, que la plupart de ces objets, nous les voyons vendus uniquement dans ces boutiques à touristes et nous ne les voyons jamais utilisés traditionnellement dans le pays.

    Arrivés à Halong vers midi, nous commençons à attendre le guide qui nous emmènera sur le bateau. Nous allons probablement abréger le récit de cette visite touristique car racontée dans les détails, ce serait lassant pour le lecteur et puis cela nous ferait remonter une boule de stress que nous essayons encore d'évacuer. Autant le dire tout net, ce qui devait être pour nous 3 jours de repos, ont été 3 jours de cauchemar!

    Nous avons été déshumanisés par l'industrie touristique qui nous a considérés comme du bétail à transporter en échange de l'essorage forcé de nos porte-monnaies. Rien du programme, que nous avons payé, ne s'est déroulé comme prévu. Le premier jour, nous avons été trimbalés de bateau en bateau au lieu de nous reposer et faire les visites prévues. La première nuit, au lieu de la passer sur le bateau, nous avons été déposés dans un autre hôtel que celui décrit par le programme. Le deuxième jour, nous avons fait du bus et attendu toute la matinée au lieu de visiter le parc naturel national de l'île de Cat Ba. Vers 11h00, enfin, un bus nous dépose à l'entrée du parc. Nous avons moins d'une heure pour la visite. Vite, vite !! Comme des centaines de touristes nous marchons dans la boue sur un sentier pas du tout entretenu jusqu'au sommet d'un rocher, surmonter d'une tour métallique rouillée prête à tomber sous le poids d'une demie douzaine de touristes. Aucun entretien ne semble être effectué et les bords du sentiers sont de vraies décharges de bouteilles en plastique, d'emballages divers et de piles (mais où vont les milliards de dollars que rapporte cette industrie touristique). Les gens glissent, tombent, et reviennent maculés de boue. Pas le temps de rester dans le parc, vite vite il faut aller manger puis retourner au port prendre le bateau pour visiter l'île aux singes. En début d'après midi, nous sommes tous prêts à embarquer. Le bateau, lui, arrive au crépuscule. Nous avons passé la journée à l'attendre, harcelés par de pauvres femmes qui ne savent parler anglais que pour vendre des bouteilles d'eau, des boites de chips et des cigarettes.

    Le soleil se couche et le bateau arrive. Le guide ment comme il respire en disant que le bateau est tombé en panne. Les touristes qui débarquent nous donnent une toute autre version. Tout le monde est à bout de nerf. De nombreux touristes du groupe craquent et nous ne sommes pas les derniers. L'ambiance est plus que chaude. A chaque instant, nous craignons que la situation n'en vienne au poing. Heureusement le jeune punk anglais avec ses tatouages et ses piercings n'est pas aussi méchant qu'il en a l'air. Notre cabine sur le bateau est très belle, toute en bois, avec une belle petite fenêtre. En sortant, tout nu de la salle de bain, une femme fait son apparition par la fenêtre. Elle a abordé notre bateau avec son petit radeau puis, escaladé la coque pour venir nous harceler et nous vendre des bouteilles de vin bon marché. Nous la renvoyons dans son radeau gentiment mais elle continue son harcèlement pour tenter de nous revendre des bouteilles d'eau, des chips, des cigarettes ou de la bière chaude. Au moment de dormir, nous demandons s'il est possible d'éteindre la musique du bar et le moteur du bateau. C'est que notre chambre se situe exactement au dessus du moteur et que celui-ci va rester en marche toute la nuit pour alimenter en électricité tout notre bateau plus un autre qui s'est branché dessus. En plus de vibrer au rythme du moteur à explosion, nous respirons les gaz d'échappements. Cette fois-ci s'en est trop, malgré l'opposition et les tentatives du guide pour nous en empêcher, nous déménageons la chambre et nous l'installons sur le toit du bateau, plus tranquille. Au petit matin, tout le groupe de touristes ronfle sur le toit à l'exception d'Anne qui est restée sagement toute la nuit dans sa cabine sans pouvoir fermer l'oeil tellement il y faisait chaud et qu'il y avait de bruit.

    Troisième et dernier jour, Pas le temps de prendre un petit déjeuner. A 6h30 du matin, on nous débarque pour faire une heure de canoé kayak. L'équipage nous envoi ramer avec le risque de provoquer chez certains des malaises et des crises d'hypoglycémie. Anne préfère rester sur la bateau, mais nous deux, nous partons ramer le plus loin possible dans des coins tranquilles, près de la nature. Un peu d'exercice physique matinal nous fait énormément de bien et libère un peu de tension.

    Ces trois jours de ''repos'' nous ont énormément fatigués, physiquement et surtout moralement. Autant le dire tout net, c'est la grosse déprime. Heureusement que les autres touristes qui ont souffert comme nous, sont très sympas. Nous faisons plus ample connaissance avec Lili et Reiku, deux japonaises à qui nous ne manquerons pas de rendre visite lors de notre passage au Japon. Il y a aussi l'américain, professeurs de socio qui tente d'étancher sa soif intense avec de la bière quand l'équipage coupe la ventilation pour nous faire consommer plus. Puis il y a aussi Richard le hollandais tranquille et le jeune couple d'anglais avec leurs jambes couvertes de brûlures de méduses.

    Si nous devons faire un rapide bilan de notre visite de la baie d'Halong, nous pouvons considérer qu'effectivement d'un point de vue paysage et naturel, c'est vraiment remarquable. Le seul et unique grand problème qui gâche toute la beauté des lieux, c'est l'industrie touristique ! Avec ces milliers de touristes sur des bateaux souvent en mauvais état, la baie est très polluée et appauvrie. En plus de l'huile de moteur, il y a les vidanges de WC dans l'eau et les plastiques qui flottent. Les embouteillages de bateaux et les klaxons. L'éclairage des grottes qui assèche l'air et les parois, modifiant ainsi complètement la dynamique naturelle des lieux comme la fabrication des stalactites. Sur l'île de Cat Ba, la production industrielle de déchets par les touristes est gérée simplement par l'incinération d'une montagne de plastique en plein coeur de l'île et de la forêt tropicale. Sur cette même île, l'eau douce est pompée par les hôtels pour les douches des touristes. L'eau du robinet est de plus en plus salée, l'eau douce sur l'île est de plus en plus rare. Un guide sincère avec qui nous avons longuement discuté pendant l'une de nos longues attentes, nous a exprimé son dégoût profond pour son travail. Il est payé une misère et passe son temps à gérer les conflits avec les touristes furieux qui en toute légitimité expriment leur rage de s'être fait arnaquer.

    Encore une fois, l'industrie touristique rapporte des millions de dollars. Mais où va tout cet argent ? En tout cas, pas dans la rémunération des guides et des ouvriers de cette industrie. Pas non plus dans la protection de ce patrimoine naturel unique. Pas dans l'entretien de l'infrastructure existante ni dans des projets visant, par exemple, à réduire le gaspillage d'eau douce, ou la pollution de la baie, ou le recyclage des déchets.

    Nous ne pouvons que vous inviter à ne pas aller là-bas et surtout à ne pas donner un centime à cette industrie touristique destructrice qui a déjà changé ce lieu paradisiaque en enfer sans aucun intérêt.

    Pour que vive la baie d'Halong, la seule solution est de développer un tourisme intelligent respectueux de l'environnement et rémunérant directement les habitants locaux qui se chargeraient de l'accueil de touristes responsables respectueux et actifs.

     


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  • du 30 juillet au 1er aout (38 km)

    La première chose que nous faisons arrivés à Hanoï, c'est de prévenir nos amis espérantistes que nous y sommes enfin. Notre première rencontre avec eux se passe chez Thu. C'est Verda Rivero qui vient nous chercher un matin à notre hôtel. Lui est à moto et nous à vélo. Nous essayons de ne pas le perdre au milieu des tonnes de poussières et pollution générées par le trafic des milliers de motocyclistes de la capitale. La pollution et le bruit sont vraiment très très impressionnants !!! Bip bip,pouet pouet et compagnie!

    Nous sommes une petite dizaine pour cette première rencontre très conviviale. Les gens avec qui nous sommes, n'ont absolument rien à voir avec le reste des personnes que nous avons croisées. L'ambiance est au beau fixe et surtout, nos amis nous annoncent une grande nouvelle qui nous honore. La première chose qu'ils nous disent en arrivant a été : ''Finfine vi atingas nian landon. Ni atendis vin de antaûe du jarojn !'' En français, cela signifie : ''Finalement vous êtes arrivés dans notre pays. Nous vous attendions depuis deux ans!'' Comment ça ils nous attendent depuis 2ans ? Comment ont-ils su, alors que nous n'étions pas encore partis de France et que nous parlions à peine quelques mots d'esperanto ?

    En fait, on ne sait trop comment, ils ont eu l'information de notre voyage lorsque nous le préparions en 2007 et que nous avions envoyé des messages aux espérantistes de l'Europe jusqu'à l'Inde. A partir de ce message de prospection visant à avoir des informations nous permettant de préparer le voyage, les espérantistes vietnamiens sachant que nous envisagions un passage par chez eux ont commencé à nous attendre.

    Notre venue ici était donc très attendue, d'autant plus que nous sommes considérés comme les successeurs de Lucien Peraire, un autre français espérantiste qui avait voyagé en vélo dans les années 30. Célèbre voyageur espérantiste, il avait notamment bricolé son vélo pour lui permettre d'utiliser les rails du transsibérien. Ses coups de pédales l'avait conduit au Vietnam à la rencontre du mouvement espérantiste. Pour ces hommes et femmes que nous rencontrons aujourd'hui, nous sommes considérés comme les successeurs de Lucien Péraire et nous symbolisons à nouveau l'espoir de paix entre les peuples. Cette déclaration nous touche énormément et nous émeut, d'autant plus que nos premiers échanges avec les habitants de ce pays ont été plutôt violents. Rencontrer de vrais pacifistes, nous fait très chaud au coeur. Décidemment, ceux qui parlent esperanto sont toujours des gens bien. Savoir que le nombre d'espérantistes au Vietnam est important nous rassure et nous fait très plaisir.

    Quelques jours après cette première rencontre, nous nous sommes retrouvé par un après midi pluvieux dans un parc de Hanoï, sous l'arbre de Zamenhof (le créateur de la langue universelle, l'Esperanto), planté à l'occasion du deuxième congrès asiatique d'Esperanto il y a dix ans. Un jeune arbre déjà très beau et suffisamment grand pour nous offrir un bel abri contre la pluie. A cette occasion, nous sympathisons avec des jeunes filles, Yen, Phuong et Trong qui parlent très bien esperanto. Elles nous font découvrir les coins et recoins de la ville et leur culture. Elles nous aident aussi à éviter les arnaques. Lorsque nous avons besoin d'acheter quelques choses, nous demandons le prix aux commerçants, nous essayons en vain de négocier, puis discrètement nous leur demandons d'acheter pour nous. A chaque fois c'est pareil, elles nous font économiser de l'argent grâce à leur nationalité. Nous et nos têtes de blancs becs, ce sera toujours plein tarif !

    Yen nous fait visiter sa maison. C'est son père qui a dessiné les plans. En plein coeur d'Hanoï, c'est une maison traditionnelle en bois et en brique alors que toutes les constructions nouvelles sont affreuses et uniquement en béton gris. Le père de Yen, quand même quelqu'un d'écolo, refusait d'avoir la climatisation dans sa maison. Aussi fou que cela puisse paraître, malgré la chaleur tropicale, l'air de la maison est tout à fait supportable grâce à une conception des espaces intérieurs jouant avec les courants d'air. Le principe : rafraîchir au maximum pendant la nuit et limiter au maximum le réchauffement pendant la journée. En plus d'être écologique, agréable et économe la maison est magnifique ! Sans aucun doute la plus belle que nous ayons vue dans tout le Sud Est asiatique. Un phénomène incroyable par exemple, ce sont les racines aériennes d'une plante sur le toit, qui passent à travers la toiture sans l'endommager ni la rendre perméable. Les radicelles de plusieurs mètres tombent dans la chambre jusqu'au plancher. C'est un phénomène vraiment unique dans une maison ! Autre astuce toute simple et évidente pour rafraîchir la maison, des arbres et des plantes lui font de l'ombre. Cela peut paraître simple comme idée, n'empêche que dans ce pays tropical, personne n'y pense et tout le monde s'acharne à gaspiller les ressources de la planète en bâtissant des maisons en béton très mal conçues, étroites, sur plusieurs étages qu'il faudra refroidir a l'aide de climatiseurs énergivores et polluants, coûtants cher au propriétaire et à la planète.

    De retour dans notre hôtel le soir, nous faisons la rencontre d'un groupe de voyageurs à vélo, composé d'un américain, un néo-zélandais et un couple de canadiens. Tous sont très sympas et autour d'un repas nous échangeons nos expériences de voyageurs. Ils sont très surpris des mauvaises rencontres que nous avons faites dans les montagnes à l'ouest d'Hanoï car pour eux qui ont longé la côte depuis le Sud du pays, ils ont surtout rencontré des gens accueillants et pacifiques. Comme quoi...

    Nous sommes le 31 juillet 2009 et nos amis espérantistes nous proposent de faire une conférence sur le thème de notre voyage en insistant bien sur l'aspect environnement. A notre grande surprise, ils insistent pour que l'on parle de protection de la nature. Cela nous fait très plaisir et ça tombe plutôt bien car c'est quand même le thème de notre voyage. La conférence est prévue pour le 12 août. Impossible pour nous de rester 12 jours à Hanoï et comme tout le monde nous dit que visiter le Vietnam sans voir la baie d'Halong est comme visiter Paris sans voir la tour Eiffel, nous préparons donc une escapade à la découverte de cette merveille du monde.

    ... à suivre donc, le troisième épisode mémorable sur la baie d'Halong !

     


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  • Bonjour bonjour et désolé pour cet émorme retard accumulé dans la mise à jour du récit de notre voyage.
    Voici le premier épisode de nos aventures au Vietnam. Comme vous allez le découvrir, cela n'a pas été facile tous les jours. Heureusement que les espérantistes que nous avons rencontré ont été géniaux. Ils nous ont permis d'apprecier ce pays !


    Du 27 juillet au 1er août 2009 (143 km)

    Au tout début, ça partait bien. Les douaniers ne nous ont pas trop ennuyés. L'un d'eux a voulu entamer une fouille de nos sacoches mais devant la quantité de travail que cela représente, il a bien vite laissé tomber l'idée.

    Le premier village semble plus peuplé qu'au Laos. En tout cas, c'est plus sale, plus bruyant et les gens sont beaucoup plus curieux et proches que dans les pays précédents. Dès que nous avons le dos tourné, il y en a toujours un qui monte sur nos vélos. On comprend vite qu'il va falloir les avoir à l'oeil beaucoup plus qu'avant. Notre premier repas se résume à une assiette d'épinards bouillis pas bons avec du riz collant. Le restaurant est très sale mais le gérant semble être la personne la plus sympathique du village. Il parle quelques mots d'anglais. Nous lui demandons où on peut changer les quelques kip qui nous restent en dong. Il veut bien le faire pour nous mais on doit négocier très durement le taux de change. Nous réalisons plus tard que ce restaurateur s'est bien moqué de nous, vu le prix que l'on a payé sa nourriture minable et mauvaise et le taux de change désavantageux. Dans les petits magasins, nous voulons acheter des biscuits, mais les commerçants, soit ils nous ignorent et refusent de nous parler, soit ils nous agressent et nous demandent des prix complètement exorbitants !

    Cédric : ''En sortant du village frontalier, un jeune homme me crie dessus alors je lui adresse de grands sourires et lui dit sinchao (bonjour en vietnamien). En guise de réponse, il court après moi et tape mon vélo en essayant de viser ma tête. Heureusement que nous ne sommes pas en pleine côte et que je peux le semer facilement. Alice et Anne arrivent derrière et passent sans problème, le jeune fou est essoufflé.''

    C'est vraiment dommage comme premier contact avec la population car d'un point de vu paysage, nous sommes servis ! La route est minuscule et se déroule comme un ruban enlaçant les montagnes recouvertes de bouquets de bambous. Ici, le bambou sert à tout. C'est d'ailleurs, la principale activité des habitants des montagnes. Ils abattent de grandes tiges, puis les coupent en tronçons plus petits, puis découpent ces tronçons pour en faire des lattes de bois. Nous sommes impressionnés par l'utilisation de cette plante. Avec le bambou, on fait des charpentes, des toitures, des cloisons intérieures, des murs extérieurs, des planchers, des échafaudages, toute sorte de mobilier, des tuyaux pour acheminer l'eau, des gouttières, des baguettes pour manger, des cuillères, des verres et autres récipients de cuisine, des charrettes, des pipes, des cannes, des moulins à eau, des éventails, du tissu,... et de la nourriture! Bref c'est une plante d'une utilité incroyable et qui à l'avantage de pousser rapidement.

    Petit à petit la forêt laisse place à de magnifiques cultures de riz en terrasse. Mais la beauté du paysage ne nous fait pas oublier que le temps avance et nous devons trouver un endroit où dormir avant la nuit. Lorsque l'on demande aux gens où peut-on passer la nuit, ils nous répondent tous qu'il faut continuer notre chemin jusqu'à la prochaine ville. Jamais d'invitation spontanée. Soudain, l'un des très rares véhicules passant par ici, s'arrête au sommet d'un col. Il nous propose gentiment de nous emmener jusqu'à la prochaine ville. Puis en discutant un peu, il nous annonce le prix de sa gentillesse. Complètement sans rapport avec le niveau de vie du pays et nos moyens financiers, nous lui faisons comprendre qu'il peut repartir d'où il vient, nous préférons rouler toute la nuit et dormir dans la jungle plutôt que de satisfaire son besoin de voler des étrangers.

    Et c'est ce que nous faisons. La nuit tombe et nous continuons de pédaler à la lueur de nos lampes frontales. Nous sommes vraiment épuisés et malgré la nuit, il fait toujours très chaud. Nous nous arrêtons faire le plein d'eau dans un petit torrent, puis nous continuons vers la prochaine ville où peut-être il y aura un endroit où dormir.

    Exténués et à bout de nerf, nous arrivons à quelque chose qui ressemble à une ville. Nous nous arrêtons à la première maison allumée pour demander si l'on peut dormir. Au fond de la pièce mal éclairée, un alignement de vieux ordinateurs. Non ! Nous ne rêvons pas! Les gens nous proposent bien de surfer sur le net : c'est un cybercafé ! Une autre fois peut-être, car pour le moment, nous voudrions seulement manger et dormir. A 21h du soir passé, nous nous retrouvons à suivre un mec bourré en moto jusque dans un hôtel de passe. La négociation du prix de la chambre est délicate. Avec la femme, il est possible de discuter mais le gérant qui est complètement saoul et drogué refuse de baisser son prix. Finalement, il se rend compte qu'Anne est toute seule et apparemment célibataire. Il commence à s'intéresser à elle et lui donne une tape sur les fesses en lui proposant un travail dans son hôtel pourri. Pour laisser à notre amie le temps de réfléchir à son offre, il accepte la négociation du prix de la chambre. Espérons seulement qu'il n'ira pas plus loin. Nous nous retrouvons dans une chambre confortable, presque propre avec tout de même encore des emballages de préservatifs sur la chasse d'eau des toilettes et puis en bordant la moustiquaire sous le matelas, on trouve de vieilles capotes séchées... hmmmm!


    Le deuxième jour au Vietnam n'est pas mieux que le premier. Il est même pire et en plus il pleut ! Pour manger, c'est vraiment la galère. On se retrouve à avaler une soupe de nouilles dans un bouiboui dégoutant, où le cuisinier d'une trentaine d'année, en paraît le double avec ses dents déjà toutes pourries. Pour nous remonter le moral, nous essayons de boire un café, mais il est très cher, vraiment pas bon et très très fort (une grande cuillère à soupe pour un verre à goutte). Les commerçants sont toujours aussi grincheux et parfois refusent de nous vendre des biscuits pourtant pas bons. Pour couronner le tout, le relief est toujours très montagneux et les montées sont très difficiles.

    Cédric : '' En pleine montée, je finis par semer les filles qui ont décidé à juste titre de pousser les vélos. Avec un rythme lent mais régulier, je grimpe plutôt pas mal et fini par doubler trois mecs en train de pousser leur moto en panne. L'un d'eux se met à me crier dessus à mon passage et alors que je peine déjà à extraire mon poids et celui de mon vélo à la force de gravité, le gars saute se percher sur mes sacoches arrières. Je le dégage d'un coup de bras ! Vexé, il se met à rouer mon vélo et mes sacoches de coups de pied. Ce type est visiblement complètement drogué. L'un de ses copains légèrement moins atteint, arrive à déceler la colère qui monte en moi. Il essaye de s'excuser pour son copain et le tire en arrière. Je n'ai pas du tout envie de taper sur ce pauvre type, mais s'il continue à me tourner autour, je vais bien finir par lui balancer une mandale qui l'enverra cuver dans le fossé. Impossible de redémarrer en pleine côte, je pousse le vélo suffisamment vite pour garder le gars à distance et j'essaye de répondre calmement à ses cris car si j'arrête la ''communication'' avec lui, il va revenir, j'en suis sur aux poings et aux pieds. Arrivé devant la première maison, je m'arrête et laisse faire les choses. Si les gens sont un minimum humain, ils ne laisseront pas un étranger se faire embêter par l'alcoolique du village. Dans la maison, il y a trois hommes en train de boire un alcool artisanal, donc pas d'aide possible de leur part. Par contre des enfants viennent donner au trio de motards drogués, une bouteille remplie d'un liquide jaune. Ce n'est pas encore de l'alcool mais de l'essence pour leur moto. Au moment où le plus nerveux de la bande m'insulte en se rapprochant très près de moi, je sors les mains de mes poches, prêt à esquiver le premier coup, mais une jeune fille de caractère vient me sauver lui donnant un grand coup de poings dans le dos et en le tirant en arrière. Le gars furieux veut se venger mais la moto a redémarré alors ses copains le remettent en selle et ils s'en vont tous les trois. Une demi-heure plus tard, les filles me rejoignent, je leur raconte l'histoire. Elles n'en reviennent pas non plus.''

    Le soir, nous arrivons dans une petite ville. Les commerçants nous demandent toujours des prix incroyables du genre, le petit paquet de biscuits chimiques à 2 euros alors qu'en France, un truc si mauvais ne vaudrait pas plus de 30 centimes. Puis quand nous commençons à vouloir négocier, les commerçants arrêtent de nous parler et nous font signe de partir. Le premier hôtel nous propose une chambre sale pour un prix exorbitant. Le second hôtel nous propose une chambre à faire déprimer les plus optimistes, et comme nous avons des têtes d'américain, le gérant n'accepte que les dollars. Désespérés, nous allons voir un peu plus loin et ô miracle, à la sortie de la ville, un troisième hôtel, plus propre, sans escaliers à monter, nous propose une chambre toujours très cher mais nous pouvons négocier le prix et EN PLUS, les gens gardent le sourire !


    Troisième jour au Vietnam, il pleut de plus en plus, nous sommes très fatigués et il est hors de question de passer le mois de vacances d'Anne dans ces contrées hostiles. Nous décidons de prendre un bus direct pour Hanoï (si bus il y a). Le gars de l'hôtel nous dit d'attendre au carrefour des trois routes, il y a l'unique bus de la journée qui ne devrait pas tarder. Nous nous dépêchons de plier nos affaires et à peine sur le bord de la route, le bus arrive. Le chauffeur nous demande un prix complètement fou et ne veut pas prendre les vélos. Il refuse de mettre les vélos sur le toit, et il refuse de les mettre dans l'allée centrale. Le souci, c'est qu'ils ne logent pas dans les soutes, vraiment trop petites. Les négociations sont violentes ! Le chauffeur ne veut rien savoir, il nous agresse littéralement et ne veut pas baisser son prix. Il remonte dans son bus, ferme la porte, commence à partir et stop net ! Un vieux monsieur sur le bitume sale et glissant, tombe en arrière. Pauvre vieux, il a dû se faire super mal et aurait pu se briser les os. Mais au lieu de le secourir les gens qui nous regardent depuis le début se tordent de rire en se moquant du vieil homme. Le chauffeur du bus redescend et accepte de baisser un tout petit peu son prix avant de le multiplier par 2. Au lieu de payer 5 fois plus cher qu'un vietnamien, nous ne paierons que 4 fois plus. Les vélos sont tordus et bourrés à coup de pied dans les soutes. Nous avons beau essayer de calmer le chauffeur, rien y fait. Heureusement que nous avons de bons protèges dérailleurs.

    ''Alice : Voyant le gars du bus forçant sur mon vélo pour le mettre dans les soutes, j'ai préféré monter dans le bus au lieu de m'agacer contre lui. J'ai donc laissé Anne et Cédric gérer cette affaire. A vue d'oeil, c'était évident que mon vélo ne rentrait pas dans les soutes! Résultat, après avoir été trainé dans la boue et le cambouis, mon vélo est installé dans l'allée centrale du bus. Il ne gêne pas du tout et on aurait pu mettre encore un vélo. Le chauffeur prend notre argent sans un merci, ni aucune forme de politesse et nous partons enfin pour Hanoï.
    J'ai préféré ne rien dire ni faire, au détriment de mon vélo afin d'être sûrs de prendre le car.''

    En route, nous rencontrons un jeune homme qui fait ses études dans le tourisme. C'est la première personne sympathique que nous rencontrons au Vietnam. Nous lui expliquons ce qui vient de nous arriver. Il est désolé pour nous mais il nous explique qu'au Vietnam, les commerçants ont pris l'habitude de faire payer très cher les touristes et que nous soyons riches ou non, notre physique fait de nous de gros porte-monnaie en cuir blanc, bourrés de dollars.

    Le voyage en bus nous semble très long. Il pleut toujours et les passagers les plus sensibles ont gardé la tête dans un sac plastique tout le long du trajet. Notre voisine de siège, une vieille dame, n'avait déjà plus rien à vomir au bout d'une heure. Le chauffeur a bien failli tous nous tuer plus d'une fois, en doublant sous la pluie quand des camions venaient en face. Arrivés à Hanoï sous des trombes d'eau, nous sortons les restes de vélos des soutes. Garde-boues arrachés, siège abîmé, guidon tordu, poignées retournées et cerise sur le gâteau, comme les soutes de fermaient pas, tout est plein de boue.

    Au niveau du temps, il fait très humide et très chaud, beaucoup plus chaud que dans les montagnes. Nous nous sentons, ou plus exactement, nous sommes moites et très très sales. Nous avons vraiment besoin d'un réconfort et surtout de trouver un endroit correct pour rester à Hanoï. En plus Anne n'est pas venue pour passer un mois de galère mais bien un mois de vacances. Après avoir fait un petit tour des guest-houses et hôtels du quartier touristique, nous finissons par comprendre que cette fois-ci il n'y aura pas d'échappatoire, il va falloir que l'on crache notre pognon et si possible en dollars car aussi étrange que cela puisse paraître, au Vietnam, il est beaucoup plus facile de payer en monnaie américaine qu'en devise locale. Finalement, pour le même prix qu'une chambre miteuse sans fenêtre et avec cafards, nous allons dans un hôtel à premier abord luxueux, avec des lits confortables, télévision, salle de bain, balcon pour sécher les habits, petit déjeuner et même un climatiseur que l'on fini par utiliser car il permet de sécher la moiteur tropicale. Le tout pour 20 dollars par nuit. En voulant négocier le prix, nous nous heurtons à de vrais murs. On ne bouge pas d'un centime, tant pis, c'est l'arnaque. La seule chose qui finalement nous rassure, c'est que nous allons enfin rencontrer les espérantistes du Vietnam.

    ... à suivre, le deuxième épisode sur le Vietnam et notre rencontre avec les espérantistes.

     


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  • du 22 au 27 juillet (140 km)

    Nous quittons Louang Prabang pour nous lancer à l'assaut des montagnes avec Anne qui prend des pauses ''smecta'' car elle souffre de petits problèmes intestinaux suite à la mauvaise soupe de nouille. Elle n'est d'ailleurs pas toute seule à subir les effets secondaires des légumes mal lavés. La route est difficile car montagneuse et il fait assez chaud. Par contre les paysages sont absolument magnifiques ! Exactement ce qu'il nous fallait !!! De la nature !!! De vraies forêts encore sur pied, de la chlorophylle à 360° ! On ne sait pas pour combien de temps encore, mais on ose espérer que compte tenu de la difficulté d'accès, la nature a encore quelques années devant elle. Dans les villages que nous traversons, les gens sont gentils et souriants. Les enfants nous saluent en nous disant sabaïdi. La maison de béton à fait son apparition et se développe vite, mais la plupart des habitations sont encore en bambou et en toit de chaume. Par contre, la télé est absolument partout ! La moindre cabane est équipée d'une antenne parabolique dirigée droit vers les satellites de la télé thaïlandaise.

    Un début d'après midi, nous sommes épuisés et il n'y a aucun endroit où nous poser. Nous nous installons dans un village et commençons à sortir nos quelques affaires à manger. Les habitants d'une maison nous invitent tout de suite à entrer chez eux. Ils nous installent un ventilateur et nous servent du riz gluant, des plats de poissons hyper épicés et des bouts d'ananas. La communication est principalement gestuelle, mais en sortant notre vieux guide du pays, nous trouvons un alphabet. Un jeu débute alors, consistant à écrire nos prénoms pour qu'ils puissent le lire. Anne est douée pour ce jeu (faut dire qu'elle a le prénom le plus facile). Au bout d'une heure de cette sympathique rencontre, un jeune homme, se présentant comme un voisin (du village d'à coté) et guide touristique, nous explique (car il parle bien anglais) que l'on peut dormir ici cette nuit, mais que lui aussi nous invite dans la maison de sa famille qui vit à 4 kilomètres. Il nous raconte des histoires que nous avons déjà entendu à propos du Laos, comme quoi, lorsque l'on est accueilli dans une maison au Laos, il faut que l'on paye une petite somme pour tout ce que les gens mettent à notre disposition et qu'ensuite, l'argent est reversé au chef du village qui l'utilisera pour réaliser une nouvelle fontaine ou améliorer les voies de communication, blablabla...

    Apparemment, dormir chez les gens, c'est une activité touristique comme une autre dans ce secteur, au même titre que l'escalade ou le kayak. Son discours nous semble suspect et il parle avec les habitants de la maison. Soudain, nous réalisons que le riz offert si généreusement par nos hôtes était peut-être tout à fait intéressé et que nous allons devoir le payer. Comme il insiste un peu, nous finissons par le suivre chez son frère où il nous promet un endroit où dormir avec des moustiquaires, un repas, une douche, etc...

    Arrivés chez lui, l'accueil est plutôt glacial. La grand-mère fait la gueule et visiblement, elle n'a pas envie de recevoir des étrangers. Notre guide disparaît après nous avoir montré la douche, qui se situe à 150 m de la maison, sur le bord de la route. Des blancs au bronzage de cyclistes qui se douchent dans le village, voilà une attraction peu commune. La toilette n'est donc pas un moment d'intimité (Après tout, on aurait peut-être dû faire payer le spectacle).

    Après nous être exhibés sur le bord de la route, nous avons du attendre que notre guide revienne. Pas de communication possible avec nos hôtes, seule la télé a le droit de parler. L'heure tourne, la nuit avance et nous sommes fatigués et affamés. Des voisins viennent discuter autour de nous et à propos de nous. Ce qu'ils disent ne doit pas être très gentil. Nous comprenons qu'ils parlent de la guerre et de l'histoire. L'un d'eux répète tout le temps ''barang, barang'' (français/étrangers). En disant cela, il a la même expression sur le visage que les français ruraux racistes qui ne voient des ''maudits'' arabes que pendant le journal de TF1.

    Finalement, sans savoir qui nous mangera le premier, nous allons faire cuire nos nouilles dans la cuisine de la maison, toujours sous l'étroite surveillance de la grand-mère hostile.

    Nous ne voyons que très peu le pseudo-guide car il doit réparer sa moto cassée un peu plus loin près de la rivière. Il nous apprend quand même quelques choses sur l'histoire de son village et sur l'évolution sociale du peuple du Laos.

    Tout d'abord, son village n'a pas toujours été de ce coté de la rivière. Il y a même pas 10 ans, ils vivaient presque inaccessibles. Nous constatons que les hommes de plus de 35 ans portent encore des tatouages comme des shorts. Avec un cache sexe, ces décorations devaient être leurs seuls habits. Il y a seulement quelques années, lorsque la ligne électrique et la route ont été aménagés, le gouvernement les a tous fait déménager. Dès qu'ils ont eu l'électricité, ils ont voulu avoir une télé, puis un téléphone portable, puis en troisième, un réfrigérateur. Le problème, c'est que pour tous ces nouveaux objets de consommation, et ces abonnements, il faut de l'argent. Les gens étaient autrefois généreux, comme nous l'explique le guide, ils faisaient des fêtes, invitaient les villages voisins et tuaient des buffles pour rassasier tout le monde. Lorsque quelqu'un attrapait de gros poissons, c'était encore l'occasion d'un banquet et on les mangeait tous ensemble. Maintenant, il n'y a plus du tout de fête ! Quand on a un beau régime de banane, on le vend. Quand on fait une belle pêche, on la vend. Quand on a une bonne récolte, on la vend. Le frère de notre ''guide'' à soit disant fait sa fortune avec l'or de la rivière. L'objectif premier des villageois n'est plus de s'amuser ou de vivre en harmonie avec la nature mais de s'enrichir au maximum, pour vivre seul ou plutôt oublier de vivre à rester devant la télé thaïlandaise.

    Bref, ce soir là, dans notre première expérience chez l'habitant au Laos, nous nous couchons très tard, car il faut attendre que nos hôtes aient pris leur dose d'écran et soit suffisamment fatigués pour nous laisser installer nos moustiquaires et dormir au pied de la sainte télé.

    Le lendemain matin, malgré la courte nuit nous sommes debout de bonne heure et nous payons le chef de la maison et nous remercions le pseudo-guide pour la nourriture, la douche, la moustiquaire et tout le confort qu'il avait promis de nous mettre à disposition. C'est sans doute le pire accueil qu'on n'ait jamais eu !

    De nouveau sur la route, les montées sont très difficiles et la pluie fait son apparition. Nous avançons lentement et nous commençons à avoir froid. Après une pause tisane pendant les grosses averses, nous repartons en pleine montée et il se remet à pleuvoir. Nous sommes fatigués et Anne qui n'est pas très habituée à ce mode de vie va nous claquer dans les doigts. Nous arrêtons un véhicule qui veut nous arnaquer encore et encore. Le prix divisé par 5 est encore trop cher mais nous acceptons quand même.

    Une heure plus tard nous sommes à Pakmong, une petite ville décrite souvent comme un carrefour, et c'est vrai ! Ce n'est rien d'autre qu'un carrefour plein de commerces et de restos routiers. Nous mangeons une assiette de légumes et de riz juste avant de voir que des rats sont enfermés dans une cage et que certains se baladent dans le restaurant et notamment un de ces rongeurs grattant dans les légumes dans le bas du réfrigérateur... Hmmm !!! Ca aide bien à la digestion tout ça ! En tout cas l'odeur de cuisson des rats est très forte et désagréable, mais pas autant que la cage où ils sont entassés. Certains rats sont morts étouffés, leur pisse et excréments coulent sur le carrelage. Beurk !

    On reprend vite fait la route vers le Vietnam. A Pakmong, ainsi que dans plusieurs villages du Nord du Laos, il y a un sérieux problème d'eau. Tout simplement, elle manque. De plus en plus de monde et de plus en plus de gaspillage. Alors parfois la source ne coule plus et les réservoirs se vident. C'est très dur lorsqu'il fait très chaud, que l'on sue beaucoup et que l'on ne peut même pas se rincer.

    Sur la route qui nous mène à Nong Khiaw, on ne croise presque aucun véhicule. C'est un plaisir incroyable. Les gens que l'on croise sont encore plus tranquilles. Ils s'occupent de leur buffles, taillent des bambous, fabriquent du tissu pour leurs vêtements. Nous sommes vraiment frustrés à l'idée de terminer notre voyage au Laos en bus mais il ne nous reste que deux jours sur nos visas.

    A Nong Khiaw, petite ville touristique au milieu de nulle part, dans un paysage de montagnes magnifiques, nous nous trouvons un petit bungalow en bambou, super agréable pour passer la nuit au bord de la rivière. Encore frustrés de ne pas pouvoir rester quelques jours supplémentaires dans ce décor, nous attendons un hypothétique bus pour nous emmener au Vietnam. Nous attendons une journée entière au bord de la route : Rien.
    Notre inquiétude grandit en même temps que notre impatience. A 23h, alors que nous avions perdu tout espoir, le car arrive ! Il y a déjà tout un chargement de vélo sur le toit, des sacs de riz et de sucre sont entassés dans l'allée centrale. Avec nos sacs et d'autres cartons, nous essayons de nous installer dans l'allée, prêts à passer la nuit dans ce bus. Le chauffeur nous épate, mais vraiment il est incroyable. Jeune homme sympathique, il est très prudent, roule doucement, reste calme et il s'arrête dès que quelqu'un le demande. Pendant 12h sans repos ni red bull (on l'a vu boire juste des canettes de nescafé), ce surhomme de chauffeur nous emmène jusqu'à la ville la plus proche de la frontière vietnamienne. Dans le car, nous avons sympathisé avec une étudiante et sa petite soeur, et puis lorsque nous avons pu nous asseoir, nous avons pu échanger quelques sourires polis avec le jeune homme du siège de derrière qui n'a fait qu'alterner entre jouer avec son portable et vomir par la seul fenêtre ouverte où l'on cherchait l'air frais.

    Arrivés à destination, notre course contre la montre ne s'arrête pas. Il nous faut trouver une autre station de bus qui pourra nous emmener au poste de frontière à une soixantaine de kilomètres. Les gens nous orientent un peu à l'extérieur de la ville et à 19h00, il fait nuit noire, nous trouvons enfin la station de car. Le gardien essaye de nous expliquer qu'il n'y a qu'un bus qui partira demain matin. En attendant, il nous invite à manger avec sa femme et son bébé. Ils vivent tous les trois dans une pièce sans fenêtre, à peine plus grande qu'un placard à balais. Il serait très mal poli de refuser cette invitation et peut-être encore plus mal de ne rien manger. L'odeur n'est pas des plus attrayante mais enfin nous nous lançons. Et c'est Anne qui commence avec les scarabées grillés. A part la tête, nous mangeons tout le reste bien entendu. Ensuite au menu, beaucoup plus difficile à avaler, la soupe de grenouilles entières, bouillies et plus ou moins déchiquetées. Nous faisons passer tout ça avec des boulettes de riz gluant et une sauce de piment hyper forte qui semble désinfecter le tout. Nous remercions vivement la cuisinière et notre ami, puis nous rentrons en ville manger autre chose qui puisse nous faire oublier l'arrière goût tenace des scarabées. Décidemment, nous ne sommes pas éduqués à de tels goûts et c'est assez difficile à apprécier.


    Le 27 juillet au petit matin, nous installons nos vélos sur le toit d'un Stung treng (genre de petit camion ou pick-up donc l'arrière est aménagé avec deux bancs pour les passagers). Cs n'est pas très grand et nous sommes nombreux, tous coincés sous des cartons, des cages de volailles, des bidons de pesticides et d'autres sacs de marchandise que les villageois rapportent de la ville. Même pour ce véhicule motorisé, les montées sont difficiles et s'il ne fumait pas tant, nous serions bien descendus pousser. En tout cas, nous avons toujours un petit pincement au coeur à l'idée que notre visa est terminé. Cette petite route de montagne aurait été si agréable en vélo. En plus, l'altitude rend l'air un peu plus frais et donc supportable.
    Enfin, vers midi, nous arrivons au poste de frontière. Aucun problème avec les douaniers qui ne nous demandent pas un dollars. Par contre, au poste de contrôle de santé tenue par une jeune femme désagréable, nous devons payer pour un reçu signifiant que dans notre groupe de trois cyclistes, personne n'est atteint de la grippe du cochon. Nous essayons de comprendre, mais la fille est vraiment mal embouchée et ne veut rien nous dire à part que nous sommes des étrangers et que par conséquent, nous sommes potentiellement dangereux.

    Finalement, nous quittons le Laos comme nous y sommes entrés, avec des fonctionnaires désagréables. Par contre, nous garderons de ce pays une belle image d'une nature encore bien présente (même si on ne sait pas encore pour combien de temps). Les gens ont été agréables et tranquilles, ce qui nous a reposé. Et puis bien sûr il y a eu l'arrivée d'Anne qui nous a raconté tous les derniers potins de ce qui se passe dans notre petite région de France. Elle nous a bien fait rire et nous a rappelés des plaisirs simples tels que la saveur unique du mélange entre une bouchée de pyramide de chèvre et une goulée de Reuilly.

    Nous voici presque au Vietnam où nous sommes pressés de rencontrer les espérantistes d'Hanoï.

     


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