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Chine épisode 1 : Les chinois nous rassurent, mais que reste-t-il de la Chine ?
Du 20 au 23 aout 2009 (301 km)
Passage de la frontière presque sans problème. Nous sommes fichés de tous les cotés (photos, poids, taille, adresse internet, etc...). Dans cet énorme bâtiment gris, la procédure d'admission se déroule sur plusieurs niveaux. Nous devons franchir des escaliers mais avec les vélos ce n'est pas si simple. Nous décidons de passer tous les bureaux en laissant nos vélos dehors. En retournant chercher nos montures, un douanier nous interpelle ! Il nous demande, avant de passer les vélos en Chine, de franchir tous les bureaux. Nous essayons en vain de lui expliquer que c'est exactement ce que l'on vient de faire, mais le gars s'en fiche. Alors nous recommençons tout le circuit devant des fonctionnaires qui ne comprennent pas pourquoi nous passons une deuxième fois. Vient ensuite le moment de la fouille des vélos. Le même type qui nous a demandé de tout repasser crève d'envie de fouiller nos sacoches. Il tourne un peu autour des vélos et nous prie d'attendre son collègue. Ce dernier n'arrivant pas, le douanier frustré nous fait des signes de la main, du vent, du balai, je ne veux plus vous voir.Et voila, nous sommes en Chine. Premiers coups de pédales sur une route super nickel! Presque pas de circulation. Nous qui étions très angoissés à l'idée de rouler dans cet empire, nous sommes peu à peu rassurés. Les premiers chinois que nous croisons sont très sympathiques et respectueux. Après 30 kilomètres de route de campagne et de forêt, nous circulons dans une énorme zone industrielle où l'on ne commercialise que du bois. Il y a des scieries, des usines qui sentent le produit chimique et des grands magasins où l'on expose les meubles énormes en bois tropical massif. Cette première vision de la Chine industrielle nous donne des frissons, mais rassurez-vous, ce n'est qu'un début, le pire est à venir. A coté de cela, nous rencontrons des chinois toujours gentils et prêts à nous aider malgré une sérieuse barrière de la langue. Dans les épiceries, les prix sont affichés. Nous n'avons donc pas à marchander, ce qui nous repose du Vietnam, car même sans négociation, les tarifs sont toujours moins chers en Chine. Un truc incroyable que nous découvrons dans la première épicerie, puis partout, ce sont les pattes de poulets entières avec la peau, les ongles et tout, confites et emballée sous vide dans du plastique. hmmmm !!!
Comme le temps est toujours très chaud et moite, nous ne pouvons absolument pas dormir sous la tente. Nous allons donc dans les hôtels qui à notre grand étonnement, nous proposent des chambres toujours bien et beaucoup moins chers que les prix affichés. Est-ce à cause de la saison creuse, ou bien à cause de nos têtes complètement déconfites en fin de journée ?
Les villes Chinoises sont toutes construites sur le même modèle : Du béton, du béton et du béton. Des immeubles de trois étages, tous identiques et tous en toc. Même dans les petits villages, les maisons traditionnelles de paysans sont rasées. Les familles sont expropriées pour être relogées dans des ''cages à lapin''. Cela donne une impression très étrange de campagne à la ville, car devant ces bas immeubles, on voit des buffles, des récoltes qui sèchent au soleil, des meules de paille, des tas de bambous, des enfants qui jouent avec des pompes à traiter...
Très vite, le paysage de campagne que l'on avait près de la frontière vietnamienne se transforme en gigantesque plantation de cannes à sucre. Pendant 3 jours, nous quittons la route principale pour rouler presque exclusivement sur de la terre, alternant entre zone de cailloux, sable, taule ondulée et boue. Le paysage de montagne dont nous pouvions rêver a presque disparu. Pour des chinois, rien n'est impossible. Nous avons vu dans le Sud de cette Chine des forêts de montagnes rasées pour être replantées en cannes à sucre. 24h/24, des ouvriers travaillent sur des pelles mécaniques pour arracher, mettre en tas et brûler des milliers d'hectares de forêt. Sachez que cette canne à sucre ne servira jamais à sucrer votre yaourt ou votre café, mais à produire de l'éthanol pour faire rouler les voitures. Après la Malaisie et son carburant à base de noix de palmiers à huile, voici la Chine et son essence sans plomb 100% origine canne à sucre. A force de réserver autant d'espace pour nourrir nos bagnoles, que restera-t'il pour nourrir les hommes ? Vivre ou conduire, c'est à nous tous et maintenant de choisir ! On entend déjà les commentaires : ''si vous croyez que c'est facile de se passer de la voiture" comment on fait pour aller faire les courses ? Pour aller travailler ? Quand on habite à la campagne ? Quand on à pas le temps ?...'' C'est sur, nous ne disons pas le contraire, ce n'est pas toujours facile de se passer de la voiture et on a tous de bonne raisons pour rester accroché à son volant. Simplement, qu'en il faudra se passer de manger pour pouvoir continuer à faire rouler la voiture, la vie sera encore plus dure, ne pensez vous pas ? Toujours est-il que le spectacle qui se déroule sous nos yeux à de quoi faire peur, surtout quand on sait que la plupart des gens en Europe ou dans le monde occidental ne verrons jamais ce qui se cache derrière leur pompe à essence. Une belle publicité viendra vanter et reverdir les atouts des BIOcarburants, comme écologique et durable.
Pour en revenir au Sud de la Chine que nous avons traversé, une des démonstrations de force les plus impressionnante qui soit ; un fait réel montrant à quel point l'homme est capable de déployer une énergie phénoménale pour détruire sa planète : c'est tout simplement ces montagnes qui disparaissent sous les explosions de dynamite. Un peu partout dans le Sud de la Chine, des montagnes entières disparaissent pour finir en route, en immeuble, en bordure de trottoir, ou en banc public. A une vitesse extraordinaire, le paysage est définitivement modifié, les montagnes pas seulement grignotées, mais bouffées jusqu'à la base, laissant une surface plate, apte à être recouverte ensuite par de la canne à sucre.
Dans ce paysage désolé, mort, sans biodiversité, où fume de loin en loin des cheminées de cimenteries, nous avons parfois la surprise de trouver entre deux rangées de montagnes préservées, quelques paysans, vivants dans des maisons traditionnelles en pierre ou en terre et travaillant avec des animaux de trait. Au fil des kilomètres, nous arrivons même à remarquer que les villages isolés les uns des autres appartiennent à des groupes de gens différents. Nous remarquons des différences notamment dans la conception des maisons, tantôt en pierre, tantôt en terre. Dans la façon de récolter et stocker le riz, certains villages ne travaillent presque exclusivement qu'avec des buffles tandis qu'ailleurs, on ne travaille qu'avec des chevaux. Certains villages tirent leur subsistance des rivières (épinards d'eau, lotus, poissons, canards...). Un point commun cependant, et c'est loin d'être une qualité : tous les paysans sans exception s'empoisonnent et empoisonnent leur environnement avec des pesticides. Ils ont beau être parmi les gens les plus pauvres de l'empire de Chine populaire, ils ont tous la télévision et suivent rigoureusement les bulletins de météo agricole, financés par les grosses firmes de l'industrie agro-chimique. Résultat, 7 paysans sur 10 que nous croisons, se ballade avec une pompe à traiter dans le dos. A quand le procès de ces fabricants de poisons qui empoisonnent sciemment tous ces paysans !
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