• Chine épisode 2 : De Nanning à Liouzhou

     

    Du 24 au 30 aout (279km)

    Le jour de notre arrivée à Nanning, première grosse ville au Sud de la Chine, Nous retrouvons progressivement des routes bitumées et des camions qui roulent vraiment, excusez du mot, mais comme des cons !

    Cédric : ''Pour ne pas me faire écraser par l'un d'eux j'ai du me jeter volontairement dans le décor. Cet imbécile a commencé à me dépasser alors que dans le même temps il voulait se rabattre sur la droite pour vider sa benne de terre. J'ai juste eu le temps de freiner en me jetant le plus loin possible à droite sur le bas coté pour ne pas être écrasé. Alice a engueulé le pauv' gars qui à vrai dire n'y est pour rien s'il doit travailler 80 heures par semaine. Comme la plupart des esclaves chinois, il n'est pas considéré comme un humain, mais comme une machine. Pour lui, il n'a pas fait d'erreur. Son travail consiste a conduire un camion et à vider la terre sur le tas à droite de la route. vélo ou pas vélo, il n'a fait que son travail, cet homme ''machine'' est programmé pour ça.''

    Quelques kilomètres avant la ville, nous passons à coté de quelques élevages intensifs de canards. Un remède super efficace pour vous dégoûter de bouffer de la viande. Des milliers de canards qui pataugent dans une seule et même mare. On ne sait pas s'il restait beaucoup de molécules d'eau dans le liquide qui remplissait les étangs. En tout cas, il fallait passer très vite car l'odeur était abominable. Quand on est enrhumé et que l'on a le nez bouché, on dit souvent que l'on parle comme un canard. Pour survivre dans ce jus, c'est certains que les canards doivent avoir le nez bouché. En tout cas, pas besoin d'être spécialiste pour comprendre que de telles conditions d'élevages intensifs et démunies de toutes caractéristiques naturelles puissent conduire à l'apparition de nouvelles maladies comme la grippe aviaire.

    Un petit rajout sur ce récit, extrait du livre Bidoche de Fabrice Nicolino, pour mieux comprendre à quoi ressemble l'élevage industriel : ''En 1968, la Chine comptait environ 800 millions d'habitants, 50 millions de porcs et 120 millions de poulets. Ce n'est déjà pas si mal, mais attendez les statistiques de 2005 : un peu plus d'un milliard deux cent millions d'humains, 500 millions de porcs et la bagatelle de 13 à 14 milliards de poulets. Un tel phénomène porte un nom bien connu à Pékin : c'est une révolution. L'élevage concentrationnaire a transformé de fond en comble en moins de quatre décennies, les campagnes d'un pays relativement stable depuis quatre millénaires.''

    Nous ne savons pas comment c'était avant, mais nous avons un aperçu de ce qui se passe aujourd'hui.

    Nanning apparaît d'abord comme une boule grise marron à l'horizon. Il va falloir rentrer là dedans ? La pollution de l'air et la poussière de la ville est tellement importante qu'au début, nous ne voyons toujours pas les grandes tours du centre. Nous entrons par une petite route qui traverse une zone, nous ne savons pas trop ce que c'est. Un bidonville ? une zone industrielle? une déchèterie ? Pendant 10 kilomètres, le soleil disparaît complètement, tout devient très noir et puant, les murs, les ruisseaux, les gens, la route. On dirait que c'est ici que l'on essayent de retraiter les déchets. Si la production d'emballage est industrielle, leur gestion en tant que déchets reste artisanale. De pauvres gens vivent au milieu des ordures. Ils ramassent ce qu'ils peuvent sur leur vélo et tentent de revendre ce qui est valorisable. Tout le reste est brûlé sur place. Une apnée de 10 kilomètres, c'est impossible. Alors nous tentons un long sprint le tee-shirt sur le nez. L'appareil photo reste dans la sacoche. Enfin sur les grands boulevards, nous pouvons respirer un peu mieux, mais le ciel qui était bien bleu le matin est maintenant uniformément gris. A Nanning, pour la première fois nous utilisons le réseau international de cyclistes hébergeurs ''warmshower'', nous rencontrons Nancy, une américaine prof d'anglais dans une université de médecine traditionnelle chinoise à base de plantes. Nancy est vraiment très sympa et elle a déjà reçu pas mal de voyageurs. Nous laissons chez elle quelques livres et repartons avec un guide lonely planète ayant servi à un cycliste anglais qui a traversé le Tibet avec notre ami Darius, rencontré au Népal à Katmandou. Nous allons faire un petit tour sur Internet dans un cybercafé immmmmense avec plus de 350 ordinateurs !!! Malgré tout, c'est pas facile de surfer sur le net. Nous n'avons pas accès à notre site, la mise page du blog est toute déformée et il est impossible de voir les photos. Tant pis, on verra tout ça au Japon. Nancy nous aurait bien hébergé au moins deux semaines chez elle, mais nous préférons avancer vite sachant que nous préférons atteindre vite le Japon et que nous n'avons toujours pas nos billets de bateau. Hors de question cette fois ci de prendre l'avion. Nous restons tout de même une journée supplémentaire à Nanning pour nettoyer les vélos, les graisser et vérifier s'ils n'ont pas trop souffert sur les plus de 200 km de pistes.

    En route vers Liouzhou, nous sortons de la boule grise de Nanning. En regardant en arrière, le nuage apparaît assez clairement. Le ciel petit à petit redevient bleu, mais où que l'on regarde, il y a toujours de la fumée  qui sort de quelques cheminées. C'est bien simple, nous ressentons le même mal de gorge que l'on peu avoir en pédalant à Istambul, Téhéran, New Dehli, Katmandou, Pnom Penh ou Bangkok, sauf qu'ici, nous sommes dans la campagne chinoise. Nous pédalons au pied de montagnes décapitées  à cause de la beauté des cristaux de roches qui les constitues. Avec ces roches de couleurs pures roses ou blanches, on en fait des sculptures polies aux formes arrondies, des blocs qui serviront à la construction de bâtiments modernes (genre banques ou ministères). Mais attention, rien ne se perd car les miettes de ces roches sont agglomérées pour refabriquer des plaques qui serviront à cacher le béton affreux des nouveaux shopping malls et des banques. Sur la route, nous croisons des véhicules bourrés d'animaux, dont on imagine le futur proche. Des cochons entassés dans la benne d'un vieux trois roues, des canards bourrés dans des paniers de bambous, ou bien une douzaine de chiens compressés en plein soleil dans des cages installées derrière une moto. La question du bien être animal est loin de faire débat par ici. Le principal est de manger de la viande, peu importe comment.

    A coté de cette violence banale, les chinois sont d'une gentillesse incroyable. Nous avons bien sûr fait l'expérience du bain de foule de curieux dans un petit village où nous avons eu la mauvaise idée de nous arrêter manger une soupe de nouille avec des morceaux de viande de rats. Le restaurant, vide à notre arrivée, s'est rempli en quelques minutes. Les chinois ruraux, loin d'avoir une réaction agressive envers les extraterrestres que nous sommes, nous observent de très près. Vraiment très près c'est vrai, mais ils gardent le sourire. Arrivés plus tard à Liouzhou avec notre appareil photo en panne, nous décidons de prendre le train depuis cette ville, direction Shanghai où nous devrons nous y prendre à l'avance pour acheter nos places sur le bateau vers le Japon. C'est bientôt la rentrée scolaire et les trains sont bondés d'étudiants qui migrent vers Shanghai. Pas facile d'acheter un ticket et les places pas chers sont rares. Heureusement nous rencontrons un super couple de jeunes gens. Tchang et Ann. Ils parlent bien anglais et nous aident à acheter les billets et à envoyer les vélos dans un autre train (ce que nous regretterons arrivés à Shanghai). Après cette épreuve difficile, Ann et Tchang nous font visiter leur ville. Ils nous promènent dans la Chine moderne, la Chine illuminée, bruyante, polluée vivant au rythme des klaxons, la Chine qui n'a plus rien à voir avec un pays en voie de développement. Nos amis disent regretter que leur ville soit si petite, sans intérêt particulier. Il n'empêche, nous faisons un tour en taxi dans des embouteillages monstrueux, direction les grands centres commerciaux où toutes les grandes marques de fringues ont leur boutique. Les leaders mondiaux de la malbouffe sont aussi bien représentés. Il y a Mc Caca bien sur, KK Food Cie, Pizza Beurk, Starbeurk café, Mister Gronut, etc. Nous suivons nos amis qui nous emmènent voir leur tante, vendeuse de fruits épicés et sucrés, puis dans l'un de ces grands malls hyper-climatisés, nous passons une soirée agréable dans un café à boire du jus de fruit et à manger des crêpes. Le lendemain sur le quai de gare, Ann et Tchang nous retrouvent pour nous dire au revoir et nous souhaiter bonne chance. De Liouzhou et nos amis, nous n'aurons pas de photos, mais un très bon souvenir. Les sacoches des vélos sont lourdes à porter jusque dans le train. Nous avons les épaules en compote et les mains lacérées. Franchement, nous devons avouer le fait que nous sommes content de faire ce bon rapide de presque 2000 kilomètres. Nous espérons que le climat de Shanghai sera plus frais car les 6 mois de chaleur intense que nous venons de vivre dans le Sud-est asiatique nous ont épuisés. Pour dire vrai, couchés sur nos banquettes à 50 cm du plafond du wagon, nous n'avons qu'une idée en tête : le Japon ! Sur cet archipel, nous devrions retrouver un climat tempéré. Peut-être même verrons nous de la neige en montagne. Enfin, nous pourrons retrouver la fraîcheur d'une nuit sous la tente.

     

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  • Commentaires

    1
    Szekeres Mihály
    Lundi 4 Janvier 2010 à 20:20
    Saluto
    Kara Alice kaj Cedric! Mi gratulas al Vi, post Japanio, denove biciklasdas en Cinio. Mi deziras al Vi FELICXAN NOVAN JARON en 2010. Amike salutas Vin Mihxaelo el Hungario
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