• Episode 1 : Un cauchemar tout éveillé dans un paysage de rêve.

    Bonjour bonjour et désolé pour cet émorme retard accumulé dans la mise à jour du récit de notre voyage.
    Voici le premier épisode de nos aventures au Vietnam. Comme vous allez le découvrir, cela n'a pas été facile tous les jours. Heureusement que les espérantistes que nous avons rencontré ont été géniaux. Ils nous ont permis d'apprecier ce pays !


    Du 27 juillet au 1er août 2009 (143 km)

    Au tout début, ça partait bien. Les douaniers ne nous ont pas trop ennuyés. L'un d'eux a voulu entamer une fouille de nos sacoches mais devant la quantité de travail que cela représente, il a bien vite laissé tomber l'idée.

    Le premier village semble plus peuplé qu'au Laos. En tout cas, c'est plus sale, plus bruyant et les gens sont beaucoup plus curieux et proches que dans les pays précédents. Dès que nous avons le dos tourné, il y en a toujours un qui monte sur nos vélos. On comprend vite qu'il va falloir les avoir à l'oeil beaucoup plus qu'avant. Notre premier repas se résume à une assiette d'épinards bouillis pas bons avec du riz collant. Le restaurant est très sale mais le gérant semble être la personne la plus sympathique du village. Il parle quelques mots d'anglais. Nous lui demandons où on peut changer les quelques kip qui nous restent en dong. Il veut bien le faire pour nous mais on doit négocier très durement le taux de change. Nous réalisons plus tard que ce restaurateur s'est bien moqué de nous, vu le prix que l'on a payé sa nourriture minable et mauvaise et le taux de change désavantageux. Dans les petits magasins, nous voulons acheter des biscuits, mais les commerçants, soit ils nous ignorent et refusent de nous parler, soit ils nous agressent et nous demandent des prix complètement exorbitants !

    Cédric : ''En sortant du village frontalier, un jeune homme me crie dessus alors je lui adresse de grands sourires et lui dit sinchao (bonjour en vietnamien). En guise de réponse, il court après moi et tape mon vélo en essayant de viser ma tête. Heureusement que nous ne sommes pas en pleine côte et que je peux le semer facilement. Alice et Anne arrivent derrière et passent sans problème, le jeune fou est essoufflé.''

    C'est vraiment dommage comme premier contact avec la population car d'un point de vu paysage, nous sommes servis ! La route est minuscule et se déroule comme un ruban enlaçant les montagnes recouvertes de bouquets de bambous. Ici, le bambou sert à tout. C'est d'ailleurs, la principale activité des habitants des montagnes. Ils abattent de grandes tiges, puis les coupent en tronçons plus petits, puis découpent ces tronçons pour en faire des lattes de bois. Nous sommes impressionnés par l'utilisation de cette plante. Avec le bambou, on fait des charpentes, des toitures, des cloisons intérieures, des murs extérieurs, des planchers, des échafaudages, toute sorte de mobilier, des tuyaux pour acheminer l'eau, des gouttières, des baguettes pour manger, des cuillères, des verres et autres récipients de cuisine, des charrettes, des pipes, des cannes, des moulins à eau, des éventails, du tissu,... et de la nourriture! Bref c'est une plante d'une utilité incroyable et qui à l'avantage de pousser rapidement.

    Petit à petit la forêt laisse place à de magnifiques cultures de riz en terrasse. Mais la beauté du paysage ne nous fait pas oublier que le temps avance et nous devons trouver un endroit où dormir avant la nuit. Lorsque l'on demande aux gens où peut-on passer la nuit, ils nous répondent tous qu'il faut continuer notre chemin jusqu'à la prochaine ville. Jamais d'invitation spontanée. Soudain, l'un des très rares véhicules passant par ici, s'arrête au sommet d'un col. Il nous propose gentiment de nous emmener jusqu'à la prochaine ville. Puis en discutant un peu, il nous annonce le prix de sa gentillesse. Complètement sans rapport avec le niveau de vie du pays et nos moyens financiers, nous lui faisons comprendre qu'il peut repartir d'où il vient, nous préférons rouler toute la nuit et dormir dans la jungle plutôt que de satisfaire son besoin de voler des étrangers.

    Et c'est ce que nous faisons. La nuit tombe et nous continuons de pédaler à la lueur de nos lampes frontales. Nous sommes vraiment épuisés et malgré la nuit, il fait toujours très chaud. Nous nous arrêtons faire le plein d'eau dans un petit torrent, puis nous continuons vers la prochaine ville où peut-être il y aura un endroit où dormir.

    Exténués et à bout de nerf, nous arrivons à quelque chose qui ressemble à une ville. Nous nous arrêtons à la première maison allumée pour demander si l'on peut dormir. Au fond de la pièce mal éclairée, un alignement de vieux ordinateurs. Non ! Nous ne rêvons pas! Les gens nous proposent bien de surfer sur le net : c'est un cybercafé ! Une autre fois peut-être, car pour le moment, nous voudrions seulement manger et dormir. A 21h du soir passé, nous nous retrouvons à suivre un mec bourré en moto jusque dans un hôtel de passe. La négociation du prix de la chambre est délicate. Avec la femme, il est possible de discuter mais le gérant qui est complètement saoul et drogué refuse de baisser son prix. Finalement, il se rend compte qu'Anne est toute seule et apparemment célibataire. Il commence à s'intéresser à elle et lui donne une tape sur les fesses en lui proposant un travail dans son hôtel pourri. Pour laisser à notre amie le temps de réfléchir à son offre, il accepte la négociation du prix de la chambre. Espérons seulement qu'il n'ira pas plus loin. Nous nous retrouvons dans une chambre confortable, presque propre avec tout de même encore des emballages de préservatifs sur la chasse d'eau des toilettes et puis en bordant la moustiquaire sous le matelas, on trouve de vieilles capotes séchées... hmmmm!


    Le deuxième jour au Vietnam n'est pas mieux que le premier. Il est même pire et en plus il pleut ! Pour manger, c'est vraiment la galère. On se retrouve à avaler une soupe de nouilles dans un bouiboui dégoutant, où le cuisinier d'une trentaine d'année, en paraît le double avec ses dents déjà toutes pourries. Pour nous remonter le moral, nous essayons de boire un café, mais il est très cher, vraiment pas bon et très très fort (une grande cuillère à soupe pour un verre à goutte). Les commerçants sont toujours aussi grincheux et parfois refusent de nous vendre des biscuits pourtant pas bons. Pour couronner le tout, le relief est toujours très montagneux et les montées sont très difficiles.

    Cédric : '' En pleine montée, je finis par semer les filles qui ont décidé à juste titre de pousser les vélos. Avec un rythme lent mais régulier, je grimpe plutôt pas mal et fini par doubler trois mecs en train de pousser leur moto en panne. L'un d'eux se met à me crier dessus à mon passage et alors que je peine déjà à extraire mon poids et celui de mon vélo à la force de gravité, le gars saute se percher sur mes sacoches arrières. Je le dégage d'un coup de bras ! Vexé, il se met à rouer mon vélo et mes sacoches de coups de pied. Ce type est visiblement complètement drogué. L'un de ses copains légèrement moins atteint, arrive à déceler la colère qui monte en moi. Il essaye de s'excuser pour son copain et le tire en arrière. Je n'ai pas du tout envie de taper sur ce pauvre type, mais s'il continue à me tourner autour, je vais bien finir par lui balancer une mandale qui l'enverra cuver dans le fossé. Impossible de redémarrer en pleine côte, je pousse le vélo suffisamment vite pour garder le gars à distance et j'essaye de répondre calmement à ses cris car si j'arrête la ''communication'' avec lui, il va revenir, j'en suis sur aux poings et aux pieds. Arrivé devant la première maison, je m'arrête et laisse faire les choses. Si les gens sont un minimum humain, ils ne laisseront pas un étranger se faire embêter par l'alcoolique du village. Dans la maison, il y a trois hommes en train de boire un alcool artisanal, donc pas d'aide possible de leur part. Par contre des enfants viennent donner au trio de motards drogués, une bouteille remplie d'un liquide jaune. Ce n'est pas encore de l'alcool mais de l'essence pour leur moto. Au moment où le plus nerveux de la bande m'insulte en se rapprochant très près de moi, je sors les mains de mes poches, prêt à esquiver le premier coup, mais une jeune fille de caractère vient me sauver lui donnant un grand coup de poings dans le dos et en le tirant en arrière. Le gars furieux veut se venger mais la moto a redémarré alors ses copains le remettent en selle et ils s'en vont tous les trois. Une demi-heure plus tard, les filles me rejoignent, je leur raconte l'histoire. Elles n'en reviennent pas non plus.''

    Le soir, nous arrivons dans une petite ville. Les commerçants nous demandent toujours des prix incroyables du genre, le petit paquet de biscuits chimiques à 2 euros alors qu'en France, un truc si mauvais ne vaudrait pas plus de 30 centimes. Puis quand nous commençons à vouloir négocier, les commerçants arrêtent de nous parler et nous font signe de partir. Le premier hôtel nous propose une chambre sale pour un prix exorbitant. Le second hôtel nous propose une chambre à faire déprimer les plus optimistes, et comme nous avons des têtes d'américain, le gérant n'accepte que les dollars. Désespérés, nous allons voir un peu plus loin et ô miracle, à la sortie de la ville, un troisième hôtel, plus propre, sans escaliers à monter, nous propose une chambre toujours très cher mais nous pouvons négocier le prix et EN PLUS, les gens gardent le sourire !


    Troisième jour au Vietnam, il pleut de plus en plus, nous sommes très fatigués et il est hors de question de passer le mois de vacances d'Anne dans ces contrées hostiles. Nous décidons de prendre un bus direct pour Hanoï (si bus il y a). Le gars de l'hôtel nous dit d'attendre au carrefour des trois routes, il y a l'unique bus de la journée qui ne devrait pas tarder. Nous nous dépêchons de plier nos affaires et à peine sur le bord de la route, le bus arrive. Le chauffeur nous demande un prix complètement fou et ne veut pas prendre les vélos. Il refuse de mettre les vélos sur le toit, et il refuse de les mettre dans l'allée centrale. Le souci, c'est qu'ils ne logent pas dans les soutes, vraiment trop petites. Les négociations sont violentes ! Le chauffeur ne veut rien savoir, il nous agresse littéralement et ne veut pas baisser son prix. Il remonte dans son bus, ferme la porte, commence à partir et stop net ! Un vieux monsieur sur le bitume sale et glissant, tombe en arrière. Pauvre vieux, il a dû se faire super mal et aurait pu se briser les os. Mais au lieu de le secourir les gens qui nous regardent depuis le début se tordent de rire en se moquant du vieil homme. Le chauffeur du bus redescend et accepte de baisser un tout petit peu son prix avant de le multiplier par 2. Au lieu de payer 5 fois plus cher qu'un vietnamien, nous ne paierons que 4 fois plus. Les vélos sont tordus et bourrés à coup de pied dans les soutes. Nous avons beau essayer de calmer le chauffeur, rien y fait. Heureusement que nous avons de bons protèges dérailleurs.

    ''Alice : Voyant le gars du bus forçant sur mon vélo pour le mettre dans les soutes, j'ai préféré monter dans le bus au lieu de m'agacer contre lui. J'ai donc laissé Anne et Cédric gérer cette affaire. A vue d'oeil, c'était évident que mon vélo ne rentrait pas dans les soutes! Résultat, après avoir été trainé dans la boue et le cambouis, mon vélo est installé dans l'allée centrale du bus. Il ne gêne pas du tout et on aurait pu mettre encore un vélo. Le chauffeur prend notre argent sans un merci, ni aucune forme de politesse et nous partons enfin pour Hanoï.
    J'ai préféré ne rien dire ni faire, au détriment de mon vélo afin d'être sûrs de prendre le car.''

    En route, nous rencontrons un jeune homme qui fait ses études dans le tourisme. C'est la première personne sympathique que nous rencontrons au Vietnam. Nous lui expliquons ce qui vient de nous arriver. Il est désolé pour nous mais il nous explique qu'au Vietnam, les commerçants ont pris l'habitude de faire payer très cher les touristes et que nous soyons riches ou non, notre physique fait de nous de gros porte-monnaie en cuir blanc, bourrés de dollars.

    Le voyage en bus nous semble très long. Il pleut toujours et les passagers les plus sensibles ont gardé la tête dans un sac plastique tout le long du trajet. Notre voisine de siège, une vieille dame, n'avait déjà plus rien à vomir au bout d'une heure. Le chauffeur a bien failli tous nous tuer plus d'une fois, en doublant sous la pluie quand des camions venaient en face. Arrivés à Hanoï sous des trombes d'eau, nous sortons les restes de vélos des soutes. Garde-boues arrachés, siège abîmé, guidon tordu, poignées retournées et cerise sur le gâteau, comme les soutes de fermaient pas, tout est plein de boue.

    Au niveau du temps, il fait très humide et très chaud, beaucoup plus chaud que dans les montagnes. Nous nous sentons, ou plus exactement, nous sommes moites et très très sales. Nous avons vraiment besoin d'un réconfort et surtout de trouver un endroit correct pour rester à Hanoï. En plus Anne n'est pas venue pour passer un mois de galère mais bien un mois de vacances. Après avoir fait un petit tour des guest-houses et hôtels du quartier touristique, nous finissons par comprendre que cette fois-ci il n'y aura pas d'échappatoire, il va falloir que l'on crache notre pognon et si possible en dollars car aussi étrange que cela puisse paraître, au Vietnam, il est beaucoup plus facile de payer en monnaie américaine qu'en devise locale. Finalement, pour le même prix qu'une chambre miteuse sans fenêtre et avec cafards, nous allons dans un hôtel à premier abord luxueux, avec des lits confortables, télévision, salle de bain, balcon pour sécher les habits, petit déjeuner et même un climatiseur que l'on fini par utiliser car il permet de sécher la moiteur tropicale. Le tout pour 20 dollars par nuit. En voulant négocier le prix, nous nous heurtons à de vrais murs. On ne bouge pas d'un centime, tant pis, c'est l'arnaque. La seule chose qui finalement nous rassure, c'est que nous allons enfin rencontrer les espérantistes du Vietnam.

    ... à suivre, le deuxième épisode sur le Vietnam et notre rencontre avec les espérantistes.

     

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