• Japon épisode 5 - Rencontre avec le professeur Tatchimoto.

    02 octobre 2009

    Nous arrivons à Kanazawa en fin de matinée et nous avons une chance extraordinaire puisque au moment où nous entrons dans l'enceinte de l'université, le déluge commence et ne s'arrêtera pas avant le lendemain. En déambulant dans les bâtiments à la recherche du bureau de Tatchimoto, nous regardons les panneaux d'orientation, les noms des salles et les spécialités de quelques professeurs. Ca parle de recherche sur la génétique des plantes et animaux, biotechnologie, transgénèse, amélioration génétique, génie génétique, recherche appliquée, etc. Nous commençons à nous poser de sérieuses questions. Sommes nous tombés chez des fanatiques des OGM ? Est-ce que le professeur Tatchimoto est un fervent défenseur du monde transgénique dans lequel on veut nous imposer de survivre ? Le doute s'installe. Quel genre de personne allons nous rencontrer ? Contrairement aux autres portes, l'entrée du bureau de Tatchimoto est décorée par quelques plantes vertes et quelques courges. A lire l'étiquette, il est responsable de tout ce qui concerne la biologie du sol. La recherche sur la microfaune, le compostage, les métaux lourds, etc.

    Nous arrivons dans son bureau en fin de matinée. Le professeur nous accueille et nous offre le thé. On ne parle pas beaucoup de son travail, mais plutôt de notre voyage. Il a imprimé quelques pages de notre site internet notamment la page des liens vers les sites écolos. Comme ça, il connaît notre point de vue sur les OGM de plein champs. La question nous brûle les lèvres, nous serions heureux de débattre sur ce sujet mais nous préférons y aller doucement. Il nous présente les objets qui peuple son bureau, il y a des pierres volcaniques, des fossiles, des bouts de bois, des bogues de châtaignes, une collection d'ocarinas (son instrument favoris), des photos de lui au cours d'expéditions dans des cratères de volcans ou sur des montagnes, des poèmes japonais, quelques tableaux qu'il nous commente, et bien sûr des livres, des livres partout et des rapports d'études en veux-tu en voilà. A l'approche de midi, Tatchimoto nous invite au restaurant universitaire où il ne manque pas de nous présenter à ses collègues comme étant ''deux français écologistes venus pour sauver le monde !''. La plaisanterie faire sourire tout le monde. Après le repas, pas si mauvais que cela pour une cantine, Tactchimoto souhaite nous faire visiter le jardin de Kenrokuen, l'un des plus beau et fameux du Japon. Malheureusement pour nous, dehors le déluge continu. Quelques collègues du professeur tentent de nous rassurer en nous expliquant que le jardin est encore plus beau sous la pluie. Nous n'en doutons pas !

    Effectivement, le jardin de kenrokuen est magnifique. Quelques vieux pins sylvestres s'étalent au dessus d'un lac. Leurs vieilles branches lourdes et fragiles sont soutenues par de solides béquilles. Toute une équipe de jardiniers prend soin de ces arbres comme de personnes fragiles et leur offre une petite épilation d'épines disgracieuses avant l'hiver. Ensuite, ils installeront une sorte de gigantesque cage à oiseau en corde pour les protéger du poids de la neige hivernale. Un peu plus loin, une autre équipe de jardiniers prend soin du gazon, ou plutôt du tapis de mousse. En France, la mousse on l'empoisonne à grand coup de sulfate de fer où autre saloperie chimique, mais ici la mousse, on trouve cela beau et délicat et on lui réserve des soins 100% bio ! L'entretien et le désherbage des plantes non-invitées est assuré par des mains délicates de jardiniers attentionnés. Le fait de voir tous ces gens au service de la beauté de la nature nous émeut. Dire qu'ils sont payés pour travailler à la main dans ces jardins alors qu'ils pourraient très bien user massivement de pesticides et d'engrais chimiques comme le font la plupart des jardiniers français ! Dans le fond, ce n'est qu'un choix de société. Que voulons nous ?

    Tatchimoto nous emmène ensuite dans le salon de thé du jardin pour un instant de méditation. C'est notre première cérémonie du thé. Assis sur les tatamis, bien au sec, nous contemplons le jardin et nous nous laissons envahir par la musique de la pluie.

    Comme il nous reste un peu de temps avant le cours d'espéranto, Tachimoto nous fait traverser le parc du château de Kanazawa puis nous nous réfugions au sec dans un shopping mall. Nous nous rendons compte que ces temples de la consommation sont à peu près tous identiques. Ils vendent exactement les mêmes marques et les boutiques sont identiques que l'on soit à Dubaï, Bangkok ou Shanghai. Enfin, nous arrivons au cours d'espéranto donné par le professeur et médecin Kawanisi. Une fois de plus nous parlons du voyage et il nous donne quelques conseils pour éviter d'être malades.

    A la fin de cette longue journée, Tatchimoto nous raccompagne chez lui et nous présente à sa très gentille épouse et infirmière. Enfin nous discutons de manière plus détendue et nous découvrons que le professeur Tatchimoto est en fait comme nous ! Il est persuadé que l'agriculture intensives et les OGM sont en train de tout détruire. Il fait des recherches sur les sols et il remarque que les sols les plus riches et productifs sont ceux de l'agriculture biologique. Pour lui, c'est clair, il faut développer les connaissances en matière de cultures sans chimie. Il nous explique aussi que le gouvernement japonais est en train de se laisser tenter par le riz transgénique, sous la pression de l'industrie agro-chimique. Le riz transgénique devrait être importé de plus en plus massivement et à terme, autorisé en semence sur le territoire. Le problème du Japon, nous dit-il, c'est qu'il n'est pas du tout auto-suffisant. Par rapport à la population la surface agricole ne peut fournir la totalité des besoins alimentaires de base. En plus il n'existe que très peu de paysans de profession au Japon. La plupart des agriculteurs japonais le sont en annexe d'une profession principale. Toutefois, pour le professeur, ce modèle est intéressant et devrait être développé car il limite les problèmes financiers de l'exploitation grâce à un apport d'argent extérieur. Tatchimoto mène une étude sur la pollution des sols par les métaux lourds. Il est affolé par la quantité de pollution due à l'abandon des batteries et piles. Dans certains secteurs, il a même fallu restreindre la consommation de riz et légumes.

    Le lendemain matin, le professeur nous fait visiter son jardin, ses associations de légumes, ses préparations de purins de plantes, ses composteurs... Sa femme ne nous laisse pas partir sans prendre un très bon et très copieux petit déjeuner, puis nous emportons dans nos sacoches un énorme pique nique préparé par ses soins. Enfin le départ, nous partons pour Toyama, où nous sommes attendus par de nouveau espérantistes. Cependant, en route, nous ferons un petit détour par les services d'urgences de l'hôpital de Tonami.

     

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  • Commentaires

    1
    jcmilie Revel
    Mardi 13 Avril 2010 à 06:47
    ....
    La suite, la suite, la suite !!! C'est toujours un plaisir de vous lire, bien écrit et instructif. On vous souhaite que du bon pour la suite et on attend de vos nouvelles. Plein de bises, Jcmilie
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