• Japon épisode 6 - L'accident

    Du 03 au 22 octobre 2009 (45km)

    Sortir de Kanazawa n'est pas une mince affaire. Nous passons d'abord dans des tunnels sans aucun espace pour les piétons. Coincés entre le mur et les automobilistes kamikazes, nous serrons des fesses pour revoir la lumière du jour sain set saufs. Le front encore trempé de peur, nous nous retrouvons sur d'immenses échangeurs. Nous pédalons sur ces grandes boucles aériennes, en serrant des fesses pour que les camions rutilants nous laissent sortir de là vivant. Après cette bonne dose de stress, nous trouvons enfin une belle petite route, peu passante qui doit nous faire traverser une petite montagne. En pleine montée, une voiture s'arrête. Un jeune homme en sort et nous tend une bouteille de thé froid. Il nous a vu prendre cette route de montagne alors il s'est arrêté spécialement pour nous acheter une bouteille de rafraîchissement bienvenue.

    Quand nous atteignons le sommet, l'après-midi est déjà bien entamé et lorsque nous arrivons à Tonami, le soleil est comme une grosse boule orange posée sur l'horizon. Nous décidons d'appeler Kikio, notre espérantiste de Toyama pour lui signaler que nous n'arriverons que demain car nous préférons éviter de rouler de nuit. Malheureusement, la communication ne passe pas très bien, ou plutôt, nous avons du mal à nous faire comprendre. Nous décidons alors de contacter Kitagawa d'Obama car avec lui, nous n'avons aucun problème de communication. Quelques minutes plus tard, un arrangement est trouvé. Un ami de Kikio, viendra nous retrouver dans une heure au jardin des tulipes à Tonami. C'est très bien pour nous, car nous sommes à l'entrée de Tonami, à environ 8 km du lieu de rendez-vous. Nous remontons sur nos confortables fauteuils de vélo couché et nous repartons à toute allure pour finir les quelques kilomètres avant la nuit. Nous pédalons sur une piste cyclable bien séparée de la route par un alignement d'arbres. Dans notre rétroviseur, le soleil vient de disparaître derrière la petite montagne que nous venons de traverser. Le ciel est magnifiquement repeint en rose, rouge orange sur fond dégradé de bleu.

    Un carrefour à traverser. Nous pédalons à 25 km/heure, le feu tricolore est au vert pour nous et il est 17h35.

    Tout se passe alors très vite et c'est Cédric qui raconte : ''Je commence à traverser sans crainte et lorsque j'ai presque atteint le trottoir d'en face, je tombe nez à nez avec une voiture. Elle vient d'en face et tourne à droite. Le chauffeur s'est engagé probablement parce qu'il n'y avait pas de voiture, mais il ne m'a pas vu puisque j'étais sur la piste cyclable bien séparée de la route. Nous sommes face à face et tous les deux bien lancés. Impossible pour lui comme pour moi de stopper ou de tourner. La rencontre est inévitable. Tout se passe alors très vite. Les pieds en avant, je touche la carrosserie au niveau du phare avant gauche. Les plateaux de mon vélo découpent la carrosserie comme un ouvre-boîte découpe une boîte de conserve, jusqu'au milieu du capot de moteur. Mon corps doit peser alors plus d'une tonne. Je me retiens de toutes mes forces sur les pieds, tout mon corps se contracte et commence à se soulever du siège, ma roue tourne brusquement en touchant le pare-choc ce qui fait tourner le guidon et m'expulse sur le coté gauche. Je vois le ciel, la route, une haie, le ciel à nouveau et puis la route. Derrière moi, Alice hurle de toutes ses forces. Où suis-je ? Suis-je même encore vivant ? « Quel connard ! Peut pas faire attention??!! ». Je me relève en jetant un regard sur Alice derrière moi et puis je hurle sur le chauffeur. Je le vois, lui et son passager terrorisés, pliés en boule sur leur siège. Alice vient frapper la vitre et leur demande d'appeler une ambulance. Ils ne bougent pas, tétanisés. Je me sens soudain très faible. Mes jambes ne tiennent plus, je m'assieds sur le bord du caniveau et j'attends les secours. Une voiture s'est arrêtée et appelle une ambulance. On me demande si ça va. J'en sais rien du tout. J'entends Alice qui pleure au téléphone en essayant d'expliquer à Kitagawa qu'on ne sera pas au rendez-vous. Je vois mon vélo, couché sur la route. Je constate qu'il n'y a que la sacoche de nourriture qui s'est complètement décrochée. L'ambulance arrive. On m'installe dans une civière. Alice monte avec moi. Elle me tient la main et reste tout le temps à mes cotés. A l'hôpital, les urgentistes utilisent des fiches pratiques avec des dessins pour me poser des questions et savoir où j'ai mal. Comme j'ai mal un peu partout y compris à la tête, ils décident de me faire passer un examen complet. Scanner de la tête et radio de tout le corps. J'en ressors complètement irradié. Pour le scanner, on me demande de changer de lit. C'est alors que je me rends compte que je ne peux bouger. Mon corps semble peser des tonnes. J'essaye en vain de ramper sur l'autre lit. Les infirmiers sont contraints de me soulever. Très dynamiques, délicats et très polis ils n'arrêtent pas de faire des politesses. « Haï, gomen, haï dozo, alligato gozaïmass, haï » ( Désolé, je vous en prie, merci beaucoup). De retour dans le hall des urgences, trois personnes tiennent dans leurs mains le drapeau de l'Espéranto et souhaitent ''Bonvenon Alice kaj Cédric. Bienvenue Alice et Cédric.''
    Le médecin ne trouve rien d'inquiétant mais il souhaite que je reste en observation. De toute manière, je ne risque pas d'aller bien loin. Les espérantistes qui nous accueillent si chaleureusement avec un sourire un peu désolé sont Kikio et monsieur et madame Kitakawa. C'est chez ces derniers que nous devions passer la nuit. Monsieur Kitakawa est paysan bio et bien qu'il n'ait plus sont permis de conduire, il possède toujours un petit camion. C'est dans celui-ci que nous devions mettre les vélos.
    Finalement, à 20h00, on me laisse sortir de l'hôpital après qu'un infirmier m'ait fait de vilains pansements sur mes égratignures aux chevilles et à l'avant bras droit. Nous allons au poste de police où ont été transportés nos vélos. A peine arrivés, on nous demande de suivre le chef au 3ème étage sans ascenseur pour une réunion avec les automobilistes qui m'ont foncé dedans. Le jeune chauffeur de 18 ans est là avec son passager et ses parents. Avec nous, les 3 espérantistes. S'en suit alors une longue discussion dont nous ne comprenons rien ou presque. Le chef de police parle de nuit, de vélo rapide et sans lumière, de coupable ou pas coupable, de français, etc. Il prend nos passeports et les photocopie en entier. Nous ne comprenons rien et nous avons l'impression d'être jugés coupables sans avoir la possibilité de nous défendre. Pourtant il ne faisait pas encore nuit et puis nous avions les réflecteurs efficaces de nos sacoches, le feu était bien vert pour nous et nous étions sur une piste cyclable. Et puis zut ! Qui c'est qui vient de sortir de l'hôpital ? Nous sommes dans cette salle depuis plus d'une heure. Je n'ai qu'une envie, c'est de tomber dans les pommes. Alice sanglote à coté de moi. Nous demandons à comprendre ce qui se passe. C'est alors que le chef de police demande à Kikio de traduire en espéranto pour nous. Tout le monde se met à fixer Kikio qui perd complètement ses moyens et se retrouve muet comme une carpe devant le gros policier. Pour finir, Alice fond en larmes et s'en va. Daï Diu Kitakawa s'énerve (ce qui ne se fait jamais au Japon !!!) et prend notre défense. Vêtu de son kimono bleu, il n'est pas impressionné par l'uniforme et le drapeau étendu sur le mur. Nous ne savons pas ce qu'il a raconté, mais cela a mis fin à la discussion. Je vais boire au robinet dans les toilettes et la redescente des 3 étages est aussi difficile que la montée. Je n'ai plus de force et la tête tourne à 300km/h. En chargeant les vélos dans le petit camion benne, tout le monde essaie de voir ce qui est endommagé sur mon vélo. Kikio, qui se veut rassurant, me dit qu'il n'y a qu'à aligner le guidon avec la roue et hop ! Je peux repartir. Moi, je vois que la fourche avant est complètement tordue, que le porte bagage est écrasé sur la gauche et que le cadre avant est légèrement tordu aussi. Je vois le voyage fini avec un retour immédiat en France. Enfin je regarde ce vélo, avec qui j'ai eu, c'est vrai temps de soucis, mais qui m'a quand même porté jusqu'au Japon. Fatigué, cabossé et tout secoué, je monte en voiture et fini par verser mes larmes dans les bras d'Alice.

    Sur la route, c'est madame Kitakawa qui conduit. Elle conduit assez bien mais je ne peux pas m'empêcher d'avoir peur. Il est presque minuit quand nous arrivons dans leur maison et que madame Kitakawa (Yuko de son prénom) nous donne un bon repas. 12 heures sans presque rien avaler avec un accident en prime! Cette nuit, malgré la fatigue, j'ai beaucoup de mal à dormir. J'ai des douleurs partout et j'ai peur d'avoir des lésions plus graves que ce que l'on pense. Comme j'ai mal à la tête, j'ai peur d'une hémorragie interne. Alice est toujours là pour me consoler et petit à petit je me rends compte qu'elle a dû subir, elle aussi, un sacré choc émotionnel en me voyant percuter la voiture.

    Le lendemain matin, Kikio et un vieil ami espérantiste, le docteur Massen viennent me voir. Le docteur souhaite voir dans quel état je suis et pour cela, il utilise un appareil que je n'avais encore jamais vu. Pas plus gros qu'un fer à souder à l'étain, cet appareil est branché et relié à une ampoule. Le courant passe jusqu'au bout de l'appareil terminé par deux petites molettes. En frottant ces petites molettes sur la peau, un courant électrique est envoyé dans les cellules. Sur un corps sain, on ne sent rien du tout, mais moi, j'apprends tout de suite ce que ïtaï veut dire. ''Ïtaï ïtai !!!'' (J'ai mal, j'ai mal!!!).

    Dans l'après midi, le professeur Tatchimoto et son épouse viennent me rendre visite. Il y a aussi le jeune chauffeur et son père qui viennent discuter longuement sur la manière dont nous allons devoir résoudre cet accident. Nous ne comprenons rien à ce qui se dit, toutefois, madame Tatchimoto nous traduit le principal. Le jeune chauffeur et son père nous transmettent leur excuses les plus sincères et nous offrent un sac plein de pommes. Leur voiture est de toute manière bonne pour la casse. Le jeune homme devra partir travailler à vélo. Un agent de l'assurance de leur famille viendra dans les prochains jours pour évaluer le montant des réparations. Daï Diu Kitakawa va donner mon vélo à réparer dans un garage (s'il est réparable). Je dois me renseigner du prix du vélo neuf et me tenir prêt à passer la commande. Je devrais voir le docteur Massen tous les jours pour des séances de massage. Le transport et l'hébergement pour le congrès d'esperanto où nous devions nous rendre à vélo la semaine prochaine sera pris en charge également par l'assurance.

    Yuko nous prend sous son aile et veille sur nous comme sur ses propres enfants. Elle nous prépare à manger toute la journée et fait tout pour nous être agréable. Nous lui donnons quelques cours d'esperanto et tous les soirs nous l'entendons répéter le vocabulaire avec Daï Diu. Je reçois une réponse rapide de Paul, le fabriquant des vélos couchés de la marque ''Challenge'' en hollande. Il m'écrit que le vélo couché lui a aussi sauvé la vie en 1993. Il me garantit que dès qu'il reçoit ma confirmation de commande il prépare un nouveau vélo et me l'envoie dans les plus brefs délais à l'adresse souhaitée. Le quatrième jour après l'accident, je suis pris de vertiges et de nausées importantes. Yuko et Daï Diu m'emmènent voir le docteur Massen qui ne peut rien pour moi, je dois aller en urgence dans un hôpital. Problème, les services d'urgence des hôpitaux sont tous surchargés. En désespoir de cause, on m'emmène voir un vieil acuponcteur de grande renommée. Sans attendre, il m'installe sur un lit au milieu de la salle d'attente bondée de patients. Le vieux médecin prend ma tête entre ses mains et la fait tourner doucement, puis d'un coup, CRAC !!! Il me remet les os en place pour pouvoir mieux me crucifier. Couché sur le ventre, il commence sans tarder à enfoncer ses aiguilles dans mon dos. Je hurle de douleur et mords le lit surtout quand il m'enfonce une aiguille entre la nuque et l'omoplate droite. Je me retrouve complètement immobilisé. Si je bouge, ou si j'essaye de me détendre, les aiguilles me torturent de plus belle. Pendant 10 minutes, on branche des électrodes sur les aiguilles plantées dans mon dos et on me demande de rester tranquille. Avant de repartir, le vieux docteur me plante 5 petites aiguilles que je devrais garder pendant une semaine. Mes vertiges et nausées se calment un peu mais j'ai toujours l'impression d'avoir les aiguilles plantés dans mon dos (ce qui est vrai en partie). Le même soir, la météo annonce un typhon qui devrait passer sur la maison cette nuit. Nous allumons la télévision et nous voyons en rouge, la progression en temps réel du typhon et en jaune la prévision de sa trajectoire. Il va nous passer en plein dessus !!! Dehors le vent souffle de plus en plus fort. Daï Diu lui, est confiant. La maison en a vu d'autres et d'après lui, quand le typhon aura traversé les montagnes, il sera déjà un peu calmé. A une heure du matin, Alice est couchée sur le coté et souffre d'une douleur tellement aiguë dans le bas du ventre qu'elle en reste paralysée. Dehors l'ouragan teste la solidité de la maison. J'appelle les urgences mais on me répond que pendant le typhon personne ne peut se déplacer. Alice gémit pendant deux heures, jusqu'à ce qu'elle parvienne à s'allonger sur le dos et que la douleur diminue quelque peu. Au petit matin, Yuko nous conduit dans un hôpital universitaire. On fait tout une batterie de tests sur Alice mais le docteur ne voit pas grand chose. Même le test de grossesse se révèle négatif. La douleur continue en sourdine pendant plusieurs semaines. Serait-ce dû au choc émotionnel ? Du coup, tous les jours chez le docteur Massen, nous avons chacun droit à des soins particuliers.''

    Pendant la convalescence, nous nous rendons comme prévu au congrès d'espéranto. Le professeur Tatchimoto nous conduit jusqu'à Kofu où se tient le rassemblement. Nous y retrouvons beaucoup de gens et il est très agréable de pouvoir parler librement grâce à une langue facile à comprendre et à apprendre. La moyenne d'âge est suffisamment élevée. Avec 60 ans à nous deux, nous atteignons peut-être la moyenne. Nous faisons attention toutefois de ne pas tirer de conclusion hâtive en pensant que l'espéranto est un truc de vieux. Pour participer à un congrès de plusieurs jours comme celui-ci, il faut avoir du temps de disponible et suffisamment d'argent pour s'inscrire, voyager et trouver un hébergement. Malheureusement, peu de jeunes gens peuvent s'offrir ce luxe.

    Alice : ''Le premier jour du congrès, Cédric qui est complètement épuisé par l'accident va se coucher à 18h00 pour une longue nuit et un repos nécessaire de 14h00 ! Nous faisons la connaissance de beaucoup d'espérantistes japonais mais aussi coréens, allemands, chinois, taïwanais... Les invitations fusent de partout si bien que nous ne savons plus où aller lorsque viendra le moment de reprendre la route. Nous passons vraiment d'agréables moments avec tous ces gens qui en plus d'avoir une langue commune ont des idées de fond pacifiques.

    De retour à Toyama où Daï Diu, Yuko et le docteur Massen nous attendent nous constatons que l'automne s'installe pour de bon. Les Gingkos prennent une teinte dorée, pendant que les érables se repeignent en rouge intense. Nous commençons à ressortir de la maison pour aller visiter des musées avec Kikio où bien des temples et un village d'artisans sculpteurs avec la famille, les enfants et petits enfants. Nous sommes complètement immergés dans la culture nipponne et intégrés dans une famille. Petit à petit avec Yuko et Daï Diu, nous développons notre propre langage basé sur la gestuelle, le japonais, l'espéranto et l'anglais.
    Lorsque nous avons de sérieux problèmes de compréhension à cause des papiers d'assurance et d'hôpital, nous appelons le professeur Tatchimoto ou notre ami cycliste Tsuneaki. C'est d'ailleurs ce dernier qui devrait recevoir le nouveau vélo-couché.

    Pendant notre séjour à Toyama, il nous arrive bon nombre de choses extraordinaires comme cette visite d'un musée où nous nous retrouvons par hasard les dix millièmes visiteurs. Sans comprendre ce qui se passe, ni le pourquoi de cette euphorie habituellement absente chez les japonais, nous sommes photographiés, interrogés par des journalistes qui ne sont pas intéressés par nos ''exploits'' de voyageurs à vélo-couché et se contentent de nous demander pourquoi nous sommes venus visiter ce musée précisément aujourd'hui et ce que nous pensons de la peinture traditionnelle japonaise.
    Pas facile de répondre autre chose que la vérité, qu'aujourd'hui il pleut et qu'il était par conséquent plus opportun de visiter un musée de peinture qu'un jardin mais grâce au talent d'orateur de Cédric, les journalistes furent ravis que des occidentaux soient si intéressés à la culture nipponne. Toujours sous les flashes des photographes et en grande pompe, le directeur du musée nous remet une reproduction d'un tableau d'un artiste très fameux ainsi que divers petits cadeaux à nous et nos accompagnateurs.''

    Cédric : '' Le 21 octobre, je récupère mon vieux vélo avec une semaine de retard car le mécanicien qui a fabriqué la nouvelle fourche avant, a dû commander un jeu de direction neuf faute de pouvoir le reproduire. Le cadre est toujours tordu et le porte bagage mal en point. J'ai l'impression que ma brave monture s'est sacrifiée pour me sauver la vie. Je pourrais la revendre en pièces détachées mais je préfère la renvoyer en France et la garder. Ce vélo en a tellement vu. Toutes ses cicatrices et réparations ont une histoire. Le clou qui bloque le tube de pédalier vient de Hongrie chez Enike, le bout de sparadrap blanc vient de l'île de Qeshm en Iran, le siège a été refait à Ventiane au Laos lorsqu'Anne nous à rejoint, la soudure sous le siège vient du Népal, chez Sonam, l'éraflure sur la fourche arrière, c'est quand j'ai cassé ma chaîne en pleine montée avant Kuala Lampur en Malaisie et ce bout de plastique sur la poignée à cassé en Inde. Non, décidemment, ce vélo est trop chargé de souvenirs pour être jeté comme ça.

    Après avoir signé un papier autorisant Daï Diu à recevoir le remboursement de l'assurance sur son compte, il retire tout l'argent en avance et en liquide et me donne la liasse dans une enveloppe. Le prix du nouveau vélo, tous les frais de transport, taxes et factures diverses. Pour envoyer cet argent en France, les banquiers sont très prudents. Nous devons faire plusieurs établissements avant d'en trouver un qui accepte de faire le transfert sous réserve que l'on apporte des documents offrant les preuves suffisantes que nous avons obtenu cet argent honnêtement. Papiers d'hôpital, papiers d'assurance, constat de police, facture de vélo, etc... ''

    Pendant ce temps, des hommes politiques et des grands de la finance, s'amusent et détournent des milliards d'euros en toute impunité pour leur unique plaisir personnel de se sentir puissant et de se payer des places de président dans des pays soit-disant démocratiques. Si seulement tous les banquiers pouvaient être aussi exigeants, honnêtes et assidus que ceux que nous avons rencontrés au Japon...

    Nous passons une dernière soirée avec Yuko et Daï Diu. Ils nous apprennent l'art d'écrire : le Shodo. Installés sur les tatamis de la maison, une grande toile de feutre étendue par terre, nous apprenons comment préparer l'encre, comment tenir le pinceau et par où commencer l'écriture des caractères chinois compliqués. Le 22 octobre au matin, nous faisons nos adieux à notre famille japonaise. La séparation est très difficile, d'un coté comme de l'autre on oublie sa fierté et sa pudeur et on pleure. Ils ont tellement fait pour nous et ils ont tellement donné sans rien attendre en retour. C'est pour nous et pour tout le monde une leçon de générosité vraie.

    Cédric : '' Comme je ne suis toujours pas en état de pédaler et que de toute manière je n'ai pas de vélo, c'est un chauffeur personnel qui nous conduit chez Tsunéaki à Ueno Mura (le village de Ueno) en plein coeur d'Onshu, dans les montagnes entre Nagano et Tokyo. Ce chauffeur est le meilleur que nous ayons jamais vu. Il est d'une prudence exemplaire. Pas d'excès de vitesse, pas de dépassement dangereux dans les tunnels, un respect des distances de sécurité et une vigilance permanente notamment vis à vis des piétons et cyclistes. Pas de déchets par la fenêtre, une conduite douce et jamais d'énervement, bref un automobiliste digne de l'être. Notez bien que c'est un fait suffisamment rarissime dans le monde pour qu'il mérite d'être noté ainsi !''

     

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