• La Fin de la Hongrie

    Jeudi 10 juillet (65 km)

    Après une bonne nuit et un réveil au son des claquements de becs des cigognes, l'angoisse de la veille d'être viré de notre campement sauvage disparaît avec la visite de tous les gens du village. On passe par curiosité, pour voir les deux zigotos que nous sommes. Un paysan qui ramassait le reste de foin qui n'avait pas été pressé, est venu nous saluer. Pour se faire comprendre, on utilise les quelques phrases que nous a traduit Eni, puis bien sur, les gestes.

    Avec tout ça nous décampons tard dans la matinée. Dans la ville la plus proche nous trouvons un café-internet où nous mettons quelques nouvelles sur le blog.

    Plus tard, sur le bord de la route au milieu d'une immense zone de maïs, on trouve un chaton sur le bas coté, il n'est pas mort et il miaule très fort. Traumatisé, plein de tiques, les yeux gonflés, on dirait qu'il est là depuis plusieurs jours. Tenter un sauvetage en le ramenant dans un village est impossible, il ne se laisse pas prendre.

    Ce soir, nous devons trouver le camping de Fadd (s'il existe). Arrivé dans le village à la tombée de la nuit : pas de camping ! On s'arrête demander à une grand-mère qui nous dit « Dumbolro » en nous montrant une direction, puis elle nous répète la même chose en nous montrant la direction inverse. Ce n'est que plus tard, alors que la nuit nous entoure, une femme qui maîtrise l'anglais nous oriente correctement. Nous comprenons que la grand mère avait raison dans les 2 sens. Il y avait la route à suivre au début, puis la direction du camping à vol d'oiseau (c'est pas la même chose).

    Dans le camping qui est en fait à plus de 5 kms du village de Fadd, nous nous installons vers 23h (il fait nuit depuis 2 heures). Heureusement il y a tout le confort. Douches, toilettes, éviers de cuisines, eau chaude, tables, bancs, lumière... Cependant, quelque chose nous frappe, le camping, s'il est confortable, est presque vide (seulement 2 tentes). Pourquoi ? Nous comprenons l'arnaque peu avant minuit, lorsque la discothèque extérieur à 100 m de notre tentes, commence à faire péter les Watts !!!! Quasiment impossible de dormir, même avec les boules quies. Le boucan cessera à 5 h du matin pour être reprit par les oiseaux de l'aube puis par la débroussailleuse du camping.


    Vendredi 11 juillet (65km)

    Ce soir on arrive chez nos hôtes Esperantophones. Nous y sommes très bien accueillis et invités au festival de la soupe de poisson. C'est encore une famille où tout le monde parle Esperanto à la maison. Comme pour la première famille en Hongrie, leur habitude de la langue nous impose une concentration extrème pour comprendre ce qui se dit.



    Samedi 12 juillet : Pas de vélos aujourd'hui car c'est la fête de la soupe de poisson !

    Vous prenez une ville de la taille de Châteauroux (Baja > 40000 habs) vous y mettez 2000 habitants pour faire la cuisine. à chacun vous mettez une marmite, de quoi faire du feu et bien sur les ingrédients pour la fameuse soupe de poisson, c'est à dire : du paprika, de l'oignon, de la tomate de l'eau et bien sur, du poisson (de la carpe importé peut-être de la Brenne où elles sont nourries aux soja OGM). A 18h, le maire de la ville lance le signal pour que les quelques tonnes de bois s'enflamment sous les marmites. Imaginez un instant, alors qu'il fait ici une chaleur à crever (en France on serait en alerte rouge, plan canicule etc...) des centaines de feux démarrant au même moment dans toutes les rues ! la chaleur, la fumée, les yeux qui piquent, mais tout le monde est content. Nous passons une agréable soirée en compagnie de nos hôtes qui avaient à leur table l'ambassadeur de Lutuanie et autres diplomates. Leur présence à d'ailleurs attiré la télé locale qui en a profité pour nous interviewer sur notre voyage, l'Espéranto nous permettant de nous exprimer plus correctement.

    Après la soupe et l'alcool qui a coulé à flots. Nous faisons un tour dans les ruelles où la fête bas son plein ! On découvre des bals traditionnels improvisés, les musiciens en bout de tables, les danseurs sur le bitume. On retrouve l'ambiance des fêtes de notre Berry de départ.


    Dimanche 13 juillet (85 kms)

    Nous enfourchons les bents au moment le plus chaud de la journée et nous rencontrons à peine partis, Bruno et Valérie, 2 autres voyageurs autour du monde Français ! La probabilité de se rencontrer était infime car ils roulent plutôt le matin de bonne heure pendant que nous faisons la grasse mat' et ils se reposent l'après midi pendant que nous pédalons sous un soleil de plomb.

    On mange ensemble puis on se donne RDV dans le sud de la Roumanie.

    La chaleur est accablante. Heureusement il y a des petites fontaines dans chaque village. Lors d'un coup de chaud, nous nous arrêtons boire un verre à l'ombre d'un bistrot. On tombe sur une tribue de piliers de comptoir assez alcoolisée mais très sympa. Ils ont tous essayé de nous expliquer le bon chemin. L'un d'eux parlait un peu Esperanto.


    La route 55 : la route de la mort. Sur 8 kms, 12 galettes de hamsters écrasés.

    Chats, Renards, Perdix, Faisans, Lièvres, Sangliers, tortues, chouettes, tout le monde y passe et à en croire le nombre de croix et couronnes de fleurs au bord de la route, on commémore plus ici les accidents mortels que les apparitions de la vierge.

    Par chance, on est dimanche, il n'y a pas de camions et peu de circulation.


    Seuls au monde dans un camping abandonné au milieu de la forêt !

    Nous arrivons à Ottomos, là où sur notre carte, il est écrit la présence d'un camping. Évidemment, dans le village, on ne voit aucun panneau, la nuit tombe et 2 hommes nous arrêtent pour nous offrir un coup à boire (on doit avoir la mine desséchée). Ils ont l'air sympas et téléphonent au camping (enfin c'est ce que l'on imagine). Après une bière, ils décident de nous y conduire. A la sortie du village, les deux compères nous montrent du doigt un panneau avec un nom Hongrois et dessous écrit en petit « 1 km ». Avec nos vélos chargés à bloc et nos 85 km de la journée dans les jambes, nous commençons à suivre 2 mecs sur une moto, en plein milieu d'une forêt, au crépuscule et surtout sur un chemin si sableux qu'il faut qu'on s'y mette parfois à 2 pour pousser un vélo. Finalement, en plein milieu de la forêt, une grande clairière avec se qui pourrait ressembler à un camping, ou un ancien goulag. Toujours est-il que nous sommes accueillis par une femme qui nous prendra 1500 forints pour dormir dans son camping abandonné. Sans eau potable puisque celle-ci provient d'un puit à quelques mètres des toilettes à l'ancienne, c'est à dire, un trou dans le sol sableux où s'entassent les tonnes de crottes et d'urines qui finissent par polluer la nappe. Même si les toilettes sont propres, l'odeur est insuportable et nous ne vous parlons pas des mouches et du paysage dans le fond des toilettes. En France, nous avions dans notre maison des toilettes sèches. Souvent quand nous abordions le sujet, les gens trouvaient ça un peu dégueulasse, c'était pour eux un retour à l'ancien temps, ça sent mauvais, bref, pour beaucoup les toilettes sèches, c'est le vieux trou qu'il y avait avant chez les parents, les grands parents ou ici dans ce camping. Mais les toilettes sèches de notre maison n'avaient rien à voir avec cela car elles étaient nettoyées toutes les semaines et après chaque besoin on remplaçait les 10 litres d'eau potable de la chasse d'eau par 2 poignées de sciures et de copeaux de bois. Le mélange de bois (riche et Carbone) et de « pipi caca » (riche en azote) permet de fabriquer un bon compost qui peut être ensuite mélangé à la terre du jardin. La encore, beaucoup sont « dégoûtés » à l'idée de faire pousser des salades sur du compost issu des toilettes sèches. Mais savent t-ils que derrière la chasse d'eau, il y a la station d'épuration et qu'après un retraitement coûteux pour essayer de dépolluer l'eau, les boues sont répandues dans les champs, ou sont servies comme repas complémentaires aux élevages industriels de porcs ou de volailles ?

    Pour en savoir plus : le livre de Christophe Elain, un petit coin pour sauver la planète.


    lundi 14 juillet (95 km)

    Après une nuit trop calme loin de tout dans ce camping où nous avons eu la visite nocturne de chiens errants à la recherche de nourriture. Nous sommes repartis par le même chemin sableux, direction Mako, une ville proche de la frontière Roumaine. Aujourd'hui il fait très lourd et on sent l'orage approcher.

    A Szeged, on fait une pause près d'une belle fontaine place de la mairie. Les moineaux viennent presque nous voler le pain dans le creux de la main. Ensuite nous reprenons la route, mais pas la bonne. La route numéro 43 nous emmène directement à Mako. Comme c'est une route importante pleine de camions et de fous du volant, nous bénéficions sur plusieurs kilomètres d'une piste cyclable en bonne état et bien balisée. Puis d'un coup, plus rien, on se retrouve sur cette route hyper dangereuse. Notre écarteur de dangers, même rallongé, ne sert à rien. Nous savons qu'il y a une rivière plus au nord et on distingue une digue au loin. On décide de tenter le coup, car s'il y a une digue il y a peut-être un chemin qui la longe. BINGO !!! Un super chemin de sable bien tassé sur la digue, bien roulant, nous sommes tous les deux, on profite du paysage, on discute, on observe plein de gibiers et notamment une quantité assez phénoménale de lièvres. De violentes rafales de vent nous poussent mais l'orage nous rattrape et il a l'air très violent ! comme nous avons toujours beaucoup de chance, on trouve 3 km avant Mako une gare désaffectée qui nous servira d'abris pendant l'un des pires moment de l'orage.

    La tempête terminée on reprend notre route en essayant un chemin plus tranquille que la numéro 43. Nous étions à coté de Mako et voilà qu'on roule 4 km sur une route au milieu des champs. L'orage fait demi tour et nous revient droit dessus. Au loin, des bâtiments, on fonce sous la pluie pendant que ça pète de tous les cotés. Soudain un poteau électrique proche de nous est foudroyé ! Nos muscles se figent, on accélère !!! Et on arrive ... en Roumanie ! On s'est planté de route. Nous faisons donc demi-tour, après avoir attendu 15 minutes la fin de l'épisode orageux. Nous sommes trempés et comme un malheur n'arrive jamais seul, Alice crève son pneu arrière presque devant 2 voitures de la police. A 10 mètres des policiers, on commence les réparations sous leurs yeux amusés.

    L'orage nous revient droit dessus, ça devient de moins en moins drôle. Quand nous leur demandons un portable pour prévenir Mihaly qui nous attend à Mako ce soir, ils nous répondent qu'il y a des cabines téléphoniques à 5 km de la .... à Mako ! Merci la Police, on s'en souviendra !

    On pédale comme des fous et on arrive vite à Mako où Mihaly nous attend depuis longtemps à l'entrée de la ville. Il prend nos sacoches et nous le suivons jusqu'à chez lui. Enfin au sec, l'orage reprend dehors, mais nous passons une très agréable soirée à discuter et manger un bon repas préparé par Suzanne, sa fille.


    mardi 15 juillet

    Nous devions rester une seule nuit chez Mihaly mais ils est tellement sympa que finalement nous restons une journée de plus. Avec Suzanne, Il nous fait découvrir sa ville, puis la therme municipale. Nous restons une bonne partie de l'après midi dans l'eau chaude ferrugineuse et nous discutons de tout. Nous apprenons beaucoup de choses sur la vie, l'histoire, la politique en Hongrie. Comme en France, le gouvernement Hongrois privatise les services publics et rend la vie de plus en plus difficile pour les classes sociales les moins aisées.

    Le soir après un bon repas, on s'amuse à se traduire en Esperanto des blagues et des jeux de mots Hongrois ou Français. Ca ne veut souvent plus rien dire du tout mais c'est très marrant et on rigole bien.


    Mercredi 16 juillet

    Au revoir la Hongrie, bonjour la Roumanie.


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  • Commentaires

    1
    Szekeres Mihály
    Dimanche 27 Juillet 2008 à 15:25
    Bondeziroj
    Alice kaj Cedric! Mi esperas, ke vi travivis bonajn horojn en Makó cxe ni. Mi deziras senprobleman vojagxon gxis Japanio, kaj reen. Amike Mihxaelo
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