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Laos Episode 3 : La route à Trois de Ventiane à Louang Prabang
Du 14 au 21 juillet (103 km)
Nous allons chercher Anne à l'aéroport et nous la ramenons sur le porte bagage, sous une pluie battante. Son sac est extrêmement lourd ! Nous lui faisons remarquer que nous l'avions prévenue, à plusieurs reprises, qu'il lui fallait prendre un minimum d'affaires! Et oui, lorsqu'il faut pédaler fort pour trainer des babioles inutiles, c'est assez déprimant et décourageant.
Dans notre petite chambre, elle se met à déballer son sac qui est en fait rempli de tout un tas de produits délicieux de chez nous. Nous ne savons pas comment la remercier, ni si elle se rend compte elle même, de l'immense plaisir que cela nous procure ! Devant le saucisson sec, nous oublions que nous sommes devenus végétariens. Dans sa serviette de toilette et dans son étui de moustiquaire, elle nous sort une bouteille de Reuilly et une de Montbazillac. Le rouge accompagne à merveille la pyramide et la bûche de chèvre du Berry. Dans le sac de tisane Bio élaborée par Serge Guza (Phytobrenne), ça sent bon la campagne française. Il y a également de la confiture maison, de la pâte à tartiner à la noisette, du pain d'épices, des biscuits, du savon d'alep, etc.
Tout le long de notre séjour à Ventiane, il y aura comme ça un doux parfum de la marche berrichonne.
Avant de partir pour le baptème de l'aventure à vélo pour Anne, nous lui trouvons un vélo d'occasion. Une belle bicyclette bleue pour la grande blonde.
Cédric : ''Et puis je refais faire chez un petit artisan, ma housse de siège de vélo qui était lambeaux. Une belle housse en skie de siège de moto, facile à nettoyer, séchage rapide et ne tâche pas mon dos. Cela va être plus agréable de pédaler maintenant. Même si j'ai du mal à atténuer le grincement stressant de l'aluminium cassé sous le siège, j'envisage de continuer le voyage sur cette monture.''
Le 17 juillet au matin, nous plions nos sacoches et nous payons la chambre. Manque de bol, depuis la veille, il pleut. Pour une fois, ce n'est pas une simple averse. De toute manière, depuis qu'Anne est arrivée, il pleut plus que d'habitude, à croire qu'elle a rapporté la pluie dans ses valises. Elle aurait du sang normand que ça ne nous étonnerait même pas! Nous attendons que les nuages se vident et à 13h nous décollons. Enfin. Première étape de 32 km. On démarre doucement car Anne nous avoue qu'elle n'a fait un entraînement que de 16 kilomètres!
Pour une première nuit, nous trouvons un genre de resort qui semble abandonné. Un gars nous fait visiter une chambre dans une cabane. Il y a des posters de pin-up sur les murs. On se doute que l'endroit doit être prisé des consommateurs de ''filles de joie''. Comme nous sommes blancs, le tarif augmente indubitablement. Nous prenons donc une chambre avec un lit immense pour 3. La nuit est très mauvaise. Le lit s'écroule à plusieurs reprises et nous finissons la tête en bas. Le resort qui semblait sans vie s'anime à la nuit tombée et se transforme en karaoké. Au petit matin, alors que nous commençons à peine à fermer l'oeil, des gars tapent à grands coups de marteau sur une tondeuse en bois. Nous repartons la tête dans le brouillard.Comme nous sommes assez pressés par nos jours de visas qui filent à tout allure, et que notre vitesse moyenne diminue au fur et à mesure que nous entrons dans les paysages montagneux du Nord du Laos, nous devons mettre les vélos sur un bus. Nous passons ainsi des cols qui nous auraient pris des journées entières.
A Luang Prabang, Anne nous impose des vacances. Considérant que passer son temps à chercher où manger, préparer un itinéraire, chercher un endroit pour dormir etc, n'est pas de tout repos. En plus, à vouloir toujours économiser, nous avons mangé une soupe de nouille avec des herbes fraîches mal lavées. Effets secondaires radicales : Où sont les toilettes ? Nous restons donc deux jours à Luang Prabang, l'ancienne capitale du Laos. Avec des petits déjeuners à la française (café, thé, croissants, pains, beurre et confiture maison), puis des restaurants le soir, nous vivons complètement au dessus de nos moyens. La ville très jolie, à nos yeux en tout cas, parce que les vieilles demeures coloniales sont intactes et nous rappellent la France. Au milieu de ces maisons reconverties pour la plupart en hôtels ou en restaurants, il y a des temples plus ou moins vieux, pleins de bouddhas dorés et de bas reliefs de dragons. En plus, la ville est posée dans un décor montagneux splendide le long du Mékong. Nous rencontrons d'autres français avec qui nous passons de bons moments et notamment une soirée au resto en compagnie de Steph et Serge. La visite du marché nocturne nous fait bien rire et nous impressionne. On y vend une quantité astronomique d'objets artisanaux traditionnels du Laos, qu'on ne voit qu'ici. Par exemple, nous n'avons jamais vu les gens d'ici mettre des charantaises, pourtant, il y en a plein le marché. Et puis tous ces habits, on trouve les mêmes à Katmandou, Bangkok ou New Delhi. Ce qui est moins marrant, c'est de voir que les touristes adorent rapporter des bouteilles d'alcool avec des scorpions ou des serpents noyés dedans. La chasse de ces animaux pour ce commerce va finir par les éliminer définitivement. Il serait plus judicieux de mettre une espèce animale qui pullule à cause des hommes. Des blattes dans les bouteilles d'alcool, par exemple, ça ce serait bien. Et c'est Anne qui serait contente de voir les blattes dans des bouteilles plutôt que grimpées sur son dos quand elle dort !
C'est d'ailleurs après une nuit à lutter contre ces bestioles venues dans son lit que nous reprenons la route vers le Vietnam, car mine de rien le temps passe très vite et nos visas sont bientôt terminés.
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