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Laos Episode 4 : Dernières étapes du Laos
du 22 au 27 juillet (140 km)
Nous quittons Louang Prabang pour nous lancer à l'assaut des montagnes avec Anne qui prend des pauses ''smecta'' car elle souffre de petits problèmes intestinaux suite à la mauvaise soupe de nouille. Elle n'est d'ailleurs pas toute seule à subir les effets secondaires des légumes mal lavés. La route est difficile car montagneuse et il fait assez chaud. Par contre les paysages sont absolument magnifiques ! Exactement ce qu'il nous fallait !!! De la nature !!! De vraies forêts encore sur pied, de la chlorophylle à 360° ! On ne sait pas pour combien de temps encore, mais on ose espérer que compte tenu de la difficulté d'accès, la nature a encore quelques années devant elle. Dans les villages que nous traversons, les gens sont gentils et souriants. Les enfants nous saluent en nous disant sabaïdi. La maison de béton à fait son apparition et se développe vite, mais la plupart des habitations sont encore en bambou et en toit de chaume. Par contre, la télé est absolument partout ! La moindre cabane est équipée d'une antenne parabolique dirigée droit vers les satellites de la télé thaïlandaise.
Un début d'après midi, nous sommes épuisés et il n'y a aucun endroit où nous poser. Nous nous installons dans un village et commençons à sortir nos quelques affaires à manger. Les habitants d'une maison nous invitent tout de suite à entrer chez eux. Ils nous installent un ventilateur et nous servent du riz gluant, des plats de poissons hyper épicés et des bouts d'ananas. La communication est principalement gestuelle, mais en sortant notre vieux guide du pays, nous trouvons un alphabet. Un jeu débute alors, consistant à écrire nos prénoms pour qu'ils puissent le lire. Anne est douée pour ce jeu (faut dire qu'elle a le prénom le plus facile). Au bout d'une heure de cette sympathique rencontre, un jeune homme, se présentant comme un voisin (du village d'à coté) et guide touristique, nous explique (car il parle bien anglais) que l'on peut dormir ici cette nuit, mais que lui aussi nous invite dans la maison de sa famille qui vit à 4 kilomètres. Il nous raconte des histoires que nous avons déjà entendu à propos du Laos, comme quoi, lorsque l'on est accueilli dans une maison au Laos, il faut que l'on paye une petite somme pour tout ce que les gens mettent à notre disposition et qu'ensuite, l'argent est reversé au chef du village qui l'utilisera pour réaliser une nouvelle fontaine ou améliorer les voies de communication, blablabla...
Apparemment, dormir chez les gens, c'est une activité touristique comme une autre dans ce secteur, au même titre que l'escalade ou le kayak. Son discours nous semble suspect et il parle avec les habitants de la maison. Soudain, nous réalisons que le riz offert si généreusement par nos hôtes était peut-être tout à fait intéressé et que nous allons devoir le payer. Comme il insiste un peu, nous finissons par le suivre chez son frère où il nous promet un endroit où dormir avec des moustiquaires, un repas, une douche, etc...
Arrivés chez lui, l'accueil est plutôt glacial. La grand-mère fait la gueule et visiblement, elle n'a pas envie de recevoir des étrangers. Notre guide disparaît après nous avoir montré la douche, qui se situe à 150 m de la maison, sur le bord de la route. Des blancs au bronzage de cyclistes qui se douchent dans le village, voilà une attraction peu commune. La toilette n'est donc pas un moment d'intimité (Après tout, on aurait peut-être dû faire payer le spectacle).
Après nous être exhibés sur le bord de la route, nous avons du attendre que notre guide revienne. Pas de communication possible avec nos hôtes, seule la télé a le droit de parler. L'heure tourne, la nuit avance et nous sommes fatigués et affamés. Des voisins viennent discuter autour de nous et à propos de nous. Ce qu'ils disent ne doit pas être très gentil. Nous comprenons qu'ils parlent de la guerre et de l'histoire. L'un d'eux répète tout le temps ''barang, barang'' (français/étrangers). En disant cela, il a la même expression sur le visage que les français ruraux racistes qui ne voient des ''maudits'' arabes que pendant le journal de TF1.
Finalement, sans savoir qui nous mangera le premier, nous allons faire cuire nos nouilles dans la cuisine de la maison, toujours sous l'étroite surveillance de la grand-mère hostile.
Nous ne voyons que très peu le pseudo-guide car il doit réparer sa moto cassée un peu plus loin près de la rivière. Il nous apprend quand même quelques choses sur l'histoire de son village et sur l'évolution sociale du peuple du Laos.
Tout d'abord, son village n'a pas toujours été de ce coté de la rivière. Il y a même pas 10 ans, ils vivaient presque inaccessibles. Nous constatons que les hommes de plus de 35 ans portent encore des tatouages comme des shorts. Avec un cache sexe, ces décorations devaient être leurs seuls habits. Il y a seulement quelques années, lorsque la ligne électrique et la route ont été aménagés, le gouvernement les a tous fait déménager. Dès qu'ils ont eu l'électricité, ils ont voulu avoir une télé, puis un téléphone portable, puis en troisième, un réfrigérateur. Le problème, c'est que pour tous ces nouveaux objets de consommation, et ces abonnements, il faut de l'argent. Les gens étaient autrefois généreux, comme nous l'explique le guide, ils faisaient des fêtes, invitaient les villages voisins et tuaient des buffles pour rassasier tout le monde. Lorsque quelqu'un attrapait de gros poissons, c'était encore l'occasion d'un banquet et on les mangeait tous ensemble. Maintenant, il n'y a plus du tout de fête ! Quand on a un beau régime de banane, on le vend. Quand on fait une belle pêche, on la vend. Quand on a une bonne récolte, on la vend. Le frère de notre ''guide'' à soit disant fait sa fortune avec l'or de la rivière. L'objectif premier des villageois n'est plus de s'amuser ou de vivre en harmonie avec la nature mais de s'enrichir au maximum, pour vivre seul ou plutôt oublier de vivre à rester devant la télé thaïlandaise.
Bref, ce soir là, dans notre première expérience chez l'habitant au Laos, nous nous couchons très tard, car il faut attendre que nos hôtes aient pris leur dose d'écran et soit suffisamment fatigués pour nous laisser installer nos moustiquaires et dormir au pied de la sainte télé.
Le lendemain matin, malgré la courte nuit nous sommes debout de bonne heure et nous payons le chef de la maison et nous remercions le pseudo-guide pour la nourriture, la douche, la moustiquaire et tout le confort qu'il avait promis de nous mettre à disposition. C'est sans doute le pire accueil qu'on n'ait jamais eu !
De nouveau sur la route, les montées sont très difficiles et la pluie fait son apparition. Nous avançons lentement et nous commençons à avoir froid. Après une pause tisane pendant les grosses averses, nous repartons en pleine montée et il se remet à pleuvoir. Nous sommes fatigués et Anne qui n'est pas très habituée à ce mode de vie va nous claquer dans les doigts. Nous arrêtons un véhicule qui veut nous arnaquer encore et encore. Le prix divisé par 5 est encore trop cher mais nous acceptons quand même.
Une heure plus tard nous sommes à Pakmong, une petite ville décrite souvent comme un carrefour, et c'est vrai ! Ce n'est rien d'autre qu'un carrefour plein de commerces et de restos routiers. Nous mangeons une assiette de légumes et de riz juste avant de voir que des rats sont enfermés dans une cage et que certains se baladent dans le restaurant et notamment un de ces rongeurs grattant dans les légumes dans le bas du réfrigérateur... Hmmm !!! Ca aide bien à la digestion tout ça ! En tout cas l'odeur de cuisson des rats est très forte et désagréable, mais pas autant que la cage où ils sont entassés. Certains rats sont morts étouffés, leur pisse et excréments coulent sur le carrelage. Beurk !
On reprend vite fait la route vers le Vietnam. A Pakmong, ainsi que dans plusieurs villages du Nord du Laos, il y a un sérieux problème d'eau. Tout simplement, elle manque. De plus en plus de monde et de plus en plus de gaspillage. Alors parfois la source ne coule plus et les réservoirs se vident. C'est très dur lorsqu'il fait très chaud, que l'on sue beaucoup et que l'on ne peut même pas se rincer.
Sur la route qui nous mène à Nong Khiaw, on ne croise presque aucun véhicule. C'est un plaisir incroyable. Les gens que l'on croise sont encore plus tranquilles. Ils s'occupent de leur buffles, taillent des bambous, fabriquent du tissu pour leurs vêtements. Nous sommes vraiment frustrés à l'idée de terminer notre voyage au Laos en bus mais il ne nous reste que deux jours sur nos visas.
A Nong Khiaw, petite ville touristique au milieu de nulle part, dans un paysage de montagnes magnifiques, nous nous trouvons un petit bungalow en bambou, super agréable pour passer la nuit au bord de la rivière. Encore frustrés de ne pas pouvoir rester quelques jours supplémentaires dans ce décor, nous attendons un hypothétique bus pour nous emmener au Vietnam. Nous attendons une journée entière au bord de la route : Rien.
Notre inquiétude grandit en même temps que notre impatience. A 23h, alors que nous avions perdu tout espoir, le car arrive ! Il y a déjà tout un chargement de vélo sur le toit, des sacs de riz et de sucre sont entassés dans l'allée centrale. Avec nos sacs et d'autres cartons, nous essayons de nous installer dans l'allée, prêts à passer la nuit dans ce bus. Le chauffeur nous épate, mais vraiment il est incroyable. Jeune homme sympathique, il est très prudent, roule doucement, reste calme et il s'arrête dès que quelqu'un le demande. Pendant 12h sans repos ni red bull (on l'a vu boire juste des canettes de nescafé), ce surhomme de chauffeur nous emmène jusqu'à la ville la plus proche de la frontière vietnamienne. Dans le car, nous avons sympathisé avec une étudiante et sa petite soeur, et puis lorsque nous avons pu nous asseoir, nous avons pu échanger quelques sourires polis avec le jeune homme du siège de derrière qui n'a fait qu'alterner entre jouer avec son portable et vomir par la seul fenêtre ouverte où l'on cherchait l'air frais.Arrivés à destination, notre course contre la montre ne s'arrête pas. Il nous faut trouver une autre station de bus qui pourra nous emmener au poste de frontière à une soixantaine de kilomètres. Les gens nous orientent un peu à l'extérieur de la ville et à 19h00, il fait nuit noire, nous trouvons enfin la station de car. Le gardien essaye de nous expliquer qu'il n'y a qu'un bus qui partira demain matin. En attendant, il nous invite à manger avec sa femme et son bébé. Ils vivent tous les trois dans une pièce sans fenêtre, à peine plus grande qu'un placard à balais. Il serait très mal poli de refuser cette invitation et peut-être encore plus mal de ne rien manger. L'odeur n'est pas des plus attrayante mais enfin nous nous lançons. Et c'est Anne qui commence avec les scarabées grillés. A part la tête, nous mangeons tout le reste bien entendu. Ensuite au menu, beaucoup plus difficile à avaler, la soupe de grenouilles entières, bouillies et plus ou moins déchiquetées. Nous faisons passer tout ça avec des boulettes de riz gluant et une sauce de piment hyper forte qui semble désinfecter le tout. Nous remercions vivement la cuisinière et notre ami, puis nous rentrons en ville manger autre chose qui puisse nous faire oublier l'arrière goût tenace des scarabées. Décidemment, nous ne sommes pas éduqués à de tels goûts et c'est assez difficile à apprécier.
Le 27 juillet au petit matin, nous installons nos vélos sur le toit d'un Stung treng (genre de petit camion ou pick-up donc l'arrière est aménagé avec deux bancs pour les passagers). Cs n'est pas très grand et nous sommes nombreux, tous coincés sous des cartons, des cages de volailles, des bidons de pesticides et d'autres sacs de marchandise que les villageois rapportent de la ville. Même pour ce véhicule motorisé, les montées sont difficiles et s'il ne fumait pas tant, nous serions bien descendus pousser. En tout cas, nous avons toujours un petit pincement au coeur à l'idée que notre visa est terminé. Cette petite route de montagne aurait été si agréable en vélo. En plus, l'altitude rend l'air un peu plus frais et donc supportable.
Enfin, vers midi, nous arrivons au poste de frontière. Aucun problème avec les douaniers qui ne nous demandent pas un dollars. Par contre, au poste de contrôle de santé tenue par une jeune femme désagréable, nous devons payer pour un reçu signifiant que dans notre groupe de trois cyclistes, personne n'est atteint de la grippe du cochon. Nous essayons de comprendre, mais la fille est vraiment mal embouchée et ne veut rien nous dire à part que nous sommes des étrangers et que par conséquent, nous sommes potentiellement dangereux.Finalement, nous quittons le Laos comme nous y sommes entrés, avec des fonctionnaires désagréables. Par contre, nous garderons de ce pays une belle image d'une nature encore bien présente (même si on ne sait pas encore pour combien de temps). Les gens ont été agréables et tranquilles, ce qui nous a reposé. Et puis bien sûr il y a eu l'arrivée d'Anne qui nous a raconté tous les derniers potins de ce qui se passe dans notre petite région de France. Elle nous a bien fait rire et nous a rappelés des plaisirs simples tels que la saveur unique du mélange entre une bouchée de pyramide de chèvre et une goulée de Reuilly.
Nous voici presque au Vietnam où nous sommes pressés de rencontrer les espérantistes d'Hanoï.
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Commentaires
un petit tour sur votre site pour suivre vos aventures!! je vois que vous en avez !! toujours contente de lire votre periple que vous racontez si bien! bon couage coucou du berry !! patricia