• Thaïlande Episode 4 : Episode pluvieux

     

    30 mars (74 km)
    Décidément, il fait très chaud quand on dort sous la tente. Nous avons passé la nuit dans un bain de sueur. Nous prenons le petit déjeuner assis sur la plage face au soleil levant. Dernier moment tranquille avant d'attaquer la journée sur l'axe principal. Pas vraiment de plaisir à rouler à coté des camions et 4x4. En fin de matinée, nous nous arrêtons boire un café glacé à coté d'un mécano, réparateur de scooters. Le mécanicien aux dents pourries nous présente son style de vie pas très enviable. Il ne travaille pas beaucoup alors, pour tenir le coup et ne pas s'endormir sur la table du bistrot, il passe sa journée à boire du red-bull. Lorsqu'il est un peu trop énervé, il prend du cannabis qu'il cache sur son toit en taule ondulée et se fume un pétard pour se calmer. Lorsqu'enfin il est stone, il se reboit un Red-bull pour se réveiller. Comme il est très occupé, il n'a pas le temps de prendre soin de son petit garçon d'un an qui joue dans le cambouis et nettoie les tournevis ... avec sa bouche!

    Alice ''enfin nous arrivons à Nakon si Thammarat. Nous faisons une pause de plusieurs jours ici, d'une part parce que Cédric doit remplacer son tee-shirt usé et troué à l'épaule droite, et d'autre part, il me faut des tongues! Nous achetons tout cela au carrefour du coin. Merci la mondialisation car maintenant, toutes les villes du monde se ressemblent. Nous profitons de cette pause pour envoyer quelques mails concernant le vélo de Cédric car cela est difficile de continuer sur son engin tout rafistolé. La différence est flagrante entre nos deux vélos. Sur le miens, je n'ai eu que des ennuis ''normaux'' dues à l'usure normale, mais sur celui de Cédric, tout est plus compliqué et chaque soucis est plus grave (casse, pièces introuvables ou irréparables)!''

    En retournant à carrefour à la recherche d'un hypothétique rayon de produits Bio nous assistons à un spectacle absolument incroyable. A peine nous passons les portes battantes du magasin que TOUS les employés se mettent en rang au bord de l'allée principale et nous accueillent avec une chorégraphie super ringarde et une musique de monde merveilleux diffusée dans tout le magasin. Pensant que cet accueil nous est spécialement réservé nous nous avançons dans l'allée principale et nous saluons en retour tous les employés qui tentent de garder leur sérieux et continuent leur danse sous l'oeil des caméras de surveillance. Après cette mascarade forcée, nous posons des questions aux employés qui nous répondent qu'ils sont obligés de faire ce cinéma 2 fois par jours! Matin et soir, quand vient le moment de la danse, ils doivent tous se diriger vers l'allée centrale et commencent le spectacle pendant que les clients continuent de pousser les chariots.
    Nous ne demandons qu'une chose. Que carrefour en France aie le courage d'imposer la même chose! Un peu plus ou un peu moins de dégradation de la dignité humaine...
    Finalement, aller dans un carrefour au fin fond de la Thaïlande, ce n'est pas le meilleur parfum de France qu'on pouvait avoir.
    Après ce spectacle de marionnettes modernes, nous allons rendre visite à un théâtre d'ombres traditionnelles. Ca c'est de la culture et les marionnettes racontent des histoires beaucoup pus belles et intéressantes que le monde merveilleux de carrefour. Il y en a de tous les pays et de toutes les époques, fabriquées dans des plaques de métal ou de la peau. Une femme nous guide dans son univers et nous montre comment se passe le spectacle derrière le rideau. Quelles sont les histoires racontées en Thaïlande et enfin comment fabrique t-on les marionnettes aujourd'hui? Une petite démonstration nous fait rouvrir nos yeux d'enfants.
    La veille au soir du premier avril, nous tombons par hasard sur un spectacle d'ouverture du festival de l'eau. Nous sommes invités et les amuses gueules et boissons chimiques sont offerts par la municipalité. Il y a des discours politiques qui fatiguent tout le monde et le spectacle est fait de paillettes, de grandes mises en scène et de danses bien répétées. Une reproduction grandeur nature de rituels religieux nous fait penser à une incantation pour que tombe la pluie. Pur hasard ou véritable magie, 2 heures après le spectacle, un déluge qui va durer plusieurs jours commence.

    Le 2 avril, la pluie menace toujours, le ciel est bas mais nous nous disons qu'il faut qu'on avance. Nous nous décidons à partir mais au bout de 4 km, le ciel nous tombe sur la tête et nous trouvons refuge chez des cowboys. Des vrais cowboys Thaïlandais qui vivent à l'américaine. Le propriétaire du saloon est très sympa, il nous offre des beignets, des cafés glacés et des litres de thé au jasmin. Il nous parle de son ranch, de ses amis et de ses virées à cheval dans le far ouest Thaïlandais. On fait une photo de groupe et nous décidons de retourner à l'hôtel, voyant que la pluie ne veut pas s'arrêter de tomber.


    3 avril (40 km)
    Dur dur ! Le matin nous nous dépêchons de rouler avant la pluie. A presque 40 km, nous nous réfugions sous une station service où l'on procède au sauvetage d'une dizaine de crapauds piégés dans la fosse à vidange. Une légère accalmie et nous fonçons droit dans la ville où il se remet à pleuvoir pour de bon. Nous mangeons un peu et un homme nous explique que nous pouvons aller dans un hôtel pas cher en attendant la fin du déluge. Nous prenons un bateau pour traverser une rivière et rejoindre l'autre partie de la ville. Malgré le fait que nous soyons déjà trempés jusqu'aux os, la taille et la violence des gouttes nous obligent à trouver refuge. Nous nous arrêtons dans une papeterie tenue par des chinois.
    En fin d'après-midi, sur la route par endroits bien inondés, nous rejoignons l'hôtel en "pédalo"!


    4 avril (80 km)
    Il peut toujours, on sort de l'hôtel seulement pour aller manger des nouilles. Nous rencontrons un Ecossais (seul occidental à pouvoir supporter ce climat) il est prof d'anglais dans cette petite ville qu'il aime même si la vie lui semble parfois un peu ennuyeuse.
    Nous hésitons à partir et puis finalement on se décide. Mouillés pour mouillés autant pédaler. Alors on y va à fond et sans regarder le paysage. 80 longs kilomètres plus loin, enfin sous le soleil couchant, nous nous arrêtons dans une guest house pour faire sécher nos habits.


    5 avril (77 km)
    Aujourd'hui, pas de pluie, juste quelques menaces. Pour le petit déjeuner nous nous arrêtons dans un magasin de fringues à la mode où la gérante a installé sa cuisine au milieu des tee-shirts et débardeurs à paillettes. Elle nous cuisine un bon Kao-path (nouilles à la poêle avec des légumes) mais malgré nos explications claires et en partie en Thaïlandais, elle nous sert des crevettes et du poulet. Car forcément on ne peut pas ne pas manger de viande ! La viande c'est comme l'eau, si on n'en avale pas, on meurt ! En parlant de viande, tout le monde en Thaïlande en mange, que ce soit crevettes, poulets ou porc! Depuis que nous sommes ici, nous voyons ici et là quelques porcs dans les cours de fermes et des poulets grands et maigres sur les bords de routes, mais ce ne sont pas ces bêtes qui nourrissent le pays. La viande provient surtout des quelques usines que nous avons croisé. Sur le même modèle qu'en France, sauf qu'ici, ils ont en plus la crevette. Et la production industrielle de crevettes en Thaïlande se fait sur des kilomètres et des kilomètres carrés de bassins artificiels hyper polluants. A grand renfort d'intrants chimiques et d'oxygénation artificielle de l'eau, on produit ici une crevette pour la consommation nationale et surtout pour l'export dans le reste du monde. Sur le littoral du pays, ces bassins ont tout pollué y compris la mer. Notre vendeuse d'habits est contente de nous voir et nous fait découvrir la saveur des graines de lotus.
    En pédalant sous cette chaleur d'enfer, le vent de notre déplacement dans l'air fait doucement sécher la sueur salée sur nos jambes. Principe des marais salants, nous pourrions nous aussi récolter le sel qui cristallise sur notre peau. Quelques kilomètres avant Songhla, nous nous arrêtons dans un commissariat. 2 policiers gentils mais un peu trop curieux et autoritaires (c'est normal, c'est leur métier) nous offrent à boire et à manger. Pour arriver à Songhla, nous prenons un bateau et nous nous rendons compte que nous sommes les seuls à fournir un effort pour nous déplacer. Tous les passagers de ce bac sont en voiture ou en scooter. Il y a même une fille sur un scooter qui porte un tee shirt avec écrit dessus, ''STOP GOBAL WARMING''! Quelle blague !!!
    Nous voici dans cette ville riche et un peu touristique. Le soir nous allons manger dans un petit restaurant local dans la rue, à coté des bars à strip-tease, restos occidentaux, nous y voyons un bâtiment neuf dont les portes ouvertes laissent entrevoir un couloir avec au dessus de chaque porte un petit néon rose! C'est pourquoi faire ?
    La journée a été chaude et se termine avec un bon mal de tête! On a perdu beaucoup d'eau... et de sel!

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