• Thaïlande Episode 5 : deux vélos couchés en pleine guerre civile

     

    6 avril (50km)

    Nous ne perdons pas de temps dans la ville et à peine la petite pluie matinale tombée, nous prenons la petite route du bord de mer. Sous des arbres sur la plage, des militaires armés gardent un camion sur lequel tourne des radars de toutes tailles. Nous nous faisons la réflexion que c'est idiot de faire des véhicules blindés avec un camouflage vert, si c'est pour faire tourner des gros radars bancs sur le toit.

    Plus loin la route longe vraiment la mer. Est-ce que ça a toujours été le cas ? Sûrement pas à en voir les souches d'arbres sur la plage et la route à moitié effondrée en de nombreux endroits malgré la protection d'une digue à 300 mètres au large. La mer semble gagner du terrain. Encore une fois, ne sommes nous pas en face d'un effet concret du réchauffement global de la planète ??!
    En tout cas, ce n'est pas auprès des habitants du coin que nous pourrons avoir plus de renseignements. Déjà la religion a changé. Le Sud de la Thaïlande est à grosse majorité musulmane et sans savoir pourquoi, nous remarquons que les gens que l'on croise sont beaucoup moins souriants. En nous arrêtant manger le midi à coté d'une mosquée, un jeune musulman parlant très bien l'anglais, vient enfin nous expliquer la raison de ces non-sourires. Tout d'abord il nous demande ce que nous faisons dans son village, ensuite il nous demande où l'on va. Il nous déconseille de reprendre notre route vers le Sud, disant simplement que cela pourrait être dangereux pour nous. Insistant pour qu'il nous donne plus d'explications, il fini par nous dire qu'il y a des gens dangereux qui font sauter des bombes dans les villes et que s'ils trouvent deux touristes sur les petites routes, ils ne se gêneront sûrement pas pour nous éliminer ou nous prendre en otage. A la fin du repas nous demandons des explications à un couple de bouddhistes qui nous répètent que la région est très dangereuse. Ils parlent avec beaucoup de difficulté et visiblement la peur au ventre (d'où peut-être ce manque de sourires). Ils nous conseillent de faire simplement demi-tour. Nous les remercions pour leurs infos et nous leur demandons s'il est possible sans trop de dangers de rejoindre la petite ville de Chana à un peu plus de 10km. Ils nous demandent de rejoindre la route principale le plus vite possible car là-bas, il y a des patrouilles militaires. Nous nous mettons en route sans tarder et de jeunes motards de 8 à 12 ans, nous escortent une bonne partie du trajet (et oui, on commence ses déplacements motorisés de plus en plus tôt ici aussi!) Dans la ville nous recherchons tout de suite un cybercafé pour rechercher plus d'informations sur le Sud de la Thaïlande. Nous commençons nos recherches quand soudain BOOM ! BOOM n'est pas une explosion, mais c'est le prénom d'une jeune fille très gentille qui nous explique enfin concrètement ce qui se passe ici. Elle confirme ce que disent nos recherches. Un groupe d'extrémistes musulmans réclame l'indépendance de 3 ou 4 départements au sud du pays. Alors, chose logique, ils sèment la terreur en faisant sauter des bombes dans les villes. Voitures piégées devant les bâtiments publics, les hôpitaux, les hôtels, etc
    Boom a peur pour nous et elle nous conseille de rouler seulement sur la grande route, là où patrouillent les militaires, puis de ne pas nous promener dans les villes, mais de rester dans l'hôtel. Surtout, elle ne veut pas que l'on dorme dans la tente. Pour cette nuit, Boom nous invite chez elle. Nous acceptons avec plaisir d'autant plus que c'est notre premier accueil dans une famille thaïlandaise. Dans la maison de Boom, nous rencontrons le reste de la famille, ses parents et son frère! Ils sont très gentils mais nous remarquons que la vie de famille est un peu absente. Personne ne mange en même temps et la télévision est la seule à prendre la parole. Du coup chacun a ses activités et personne ne s'intéresse à l'autre. Pendant que la maman fait la cuisine et Boom le ménage, on nous installe devant le téléviseur et plus spécifiquement "Question pour un champion". Nous nous disons de Julien Lepers a toujours la même voix mais qu'il a pris un coup de vieux quand même. Il faut dire que ces dernières années en France, nous avions renoncé à la télé que  le chanteur Eric Toulis nomme à juste titre "la lucarne à blaireaux". De toute façon, "Question pour un champion" n'a jamais été notre émission favorite (peut-être que nous n'avons pas encore l'âge). Après un délicieux repas, nous discutons encore un peu, puis nous allons nous coucher dans la chambre de Boom, sous le toit. Il y fait très chaud et il n'y a pas de fenêtre mais le ronronnement du ventilateur à nos pieds fini par nous endormir et nous oublions les mitraillettes de dehors.  

     

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  • Commentaires

    1
    Anvar Françoise
    Mercredi 29 Juillet 2009 à 19:00
    bonjour du Boischaud-Sud
    Une amie de votre famille (qui travaillait à la Poste de Mosnay à l'époque)m'a informée de votre blog-voyage et depuis, je vous suis de temps en temps. Dernières nouvelles du front berrichon : les potagers du Berry sont en pleine effervescence mais autrement le calme règne 'ici'. Personnellement je reviens juste d'une visite d'un mois à Montréal auprès de mes petits-enfants. Portez-vous bien et continuez en toute sérénité. Amitiés 'berrichonnes', FA
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