• votre commentaire
  • Voici le récit du Népal. Nous l'avons un peu résumé pour essayer de récupérer le retard que nous accumulons depuis plusieurs mois. Il y a quand même des choses à lire, alors...

    ... bonne lecture.


    Du 13 au 22 janvier 2009 Sur la route au Sud du Népal

    Pour commencer notre traversée du pays qui compte les plus hauts sommets de la planète, nous sommes restés plusieurs jours sur une route on ne peut plus plate. Après notre mauvaise impression lors du passage de la frontière avec les deux fonctionnaires corrompus, nous avons eu la bonne surprise de constater que la plupart des népalais se déplacent en vélos, à pied, en Bus et en moto. Nous pouvons enfin respirer avec toutefois quelques apnées dans les villes et villages où l'incinération du plastique est toujours à la mode. Nous voyons souvent des bus pleins à craquer avec tellement de passagers pendus aux portes du véhicule que celui ci est prêt de basculer. Un jour, nous avons même vu un bus commencer un ''deux roues'' en nous doublant. Parfois, quand ce ne sont pas des gens ou des marchandises sur le toit, nous voyons des troupeaux de chèvres. Sur cette unique route asphaltée au sud du pays, les seuls gros 4x4 que nous voyons sont ceux de l'Organisation des Nations Unis. Ces gros véhicules blancs, flambant neufs montrent un peu avec quelle arrogance les pays puissants traitent les autres soi-disant ''sous-développés''. Bien que ne respectant aucun code de la route, les autochtones dans leur camion ou leur bus, roulent moins vite et freinent pour laisser passer les vaches ou les vélos. A l'inverse, les gros 4x4 de l'ONU se croient tout permis, ou bien très important, ou bien sur le Paris-Dakar, toujours est-il qu'ils roulent comme des tarés et que plusieurs fois nous avons été très prêts de sortir de la route à cause d'eux. Si au moins, nous avions pu voir des réalisations concrètes, ou bien un réel travail engagé auprès de la population. Malheureusement, comme la plupart des népalais à qui nous avons demandé que faisait les nations unis dans leur pays, nous commençons à croire qu'ils ne font rien d'autre que brûler du pétrole dans leur tout terrain climatisés. A katmandou, nous avons rencontré par hasard des européens qui travaillent à l'ONU. Nous leur avons demandé quels étaient les gros chantiers de l'ONU en ce moment au Népal. La réponse est : ''nous sommes en train de rédiger une constitution pour le nouveau gouvernement Maoïste''. Autrement dit, ils grattent du papier et pour trouver l'inspiration, ils se promènent dans des voitures qui consomment 15 litres au cent.

    Excusez nous pour ce jugement un peu négatif sur l'utilité des Nations Unis au Népal. Peut-être que de simples économies sur les véhicules et quelques réalisations concrètes pleines de bon sens, auraient suffit à tempérer notre point de vue. Nous nous sommes parfois demandé si le passage quotidien de ces 4x4 ne servaient pas justement à caché le fait que les Nations Unis sont inutiles.

    Sur cette route nous essayons de camper et lorsque nous sentons que l'endroit n'est pas très sur, nous trouvons un hôtel. Finalement, même dans les toutes petites villes nous trouvons facilement de quoi loger. A condition bien sur de ne pas être trop exigeant du point de vue confort et hygiène. Plusieurs fois nous avons dû nous contenter de repaires d'alcooliques où les murs de chambres ne sont que de simples planches ajourées, des lits trop petits, en bois, sans matelas et avec du vomit séché. Des cadavres de bouteilles de whisky où de bière sont généralement cachés sous les lits. Pour 100 roupies la nuit soit 1 euro nous pensons qu'il ne faut pas être trop exigeants. Mais nous nous trompons. Notre rencontre avec un jeune guide de la réserve naturelle de Bardia nous ouvre les yeux. Pour 150 roupies nous pouvons loger dans une petite maisonnette individuelle très propre et très confortable. Dans la salle de bains commune, nous pouvons même demander un seau d'eau chaude sans avoir à payer de suppléments. Bref, le luxe pour 1,50 euro.


    Le Parc naturel de Bardia

    Après un Noël très tranquille à cause de la pneumonie, nous décidons de nous offrir une petite visite dans le parc. Pas question d'y aller en jeep ou bien à dos d'éléphants, nous y allons à pied, encore la meilleure façon de découvrir la nature. A part un rhinocéros, de nombreux cervidés, un crocodile et quelques touristes, la jungle nous a semblé bien vide. Le guide est également très inquiet et surtout très pessimiste. Arrêtés en fin de matinée dans un mirador, il nous explique qu'il y a quelques années, nous aurions pu voir de nombreux vautours de races différentes. Malheureusement nous n'en avons vu qu'un seul. L'explication de cette tragédie est maintenant reconnue et réside dans un changement de pratique paysanne au sein de l'élevage des vaches. Au Népal comme en Inde, la vache est sacrée et par conséquent pas consommée. Par contre, elles donnent du lait. Et pour obtenir plus de lait, tout le monde ou presque injecte régulièrement des produits vétérinaires toxiques. La production de lait augmente mais la viande devient toxique et lorsque les vaches meurent, elles sont traditionnellement transportées au bord du chemin à l'extérieur des villages où leur carcasse se fait dévorer par les vautours. Des analyses sur ces derniers ont révélé la présence massive du produit injecté dans les vaches. Il nous explique aussi que malgré la protection armée dans le parc, le peu de tigres qui restent est menacé par le braconnage, l'empoisonnement la consanguinité ou encore l'absence de proie qui serait entre autre la cause d'un manque de tigre. Cela s'est déjà vu par le passé lorsque les cerfs n'avaient plus de prédateurs, leur population à augmenté sans limite jusqu'à ce qu'une maladie survienne et les tue presque jusqu'au dernier.


    En repartant du parc de Bardia, la route alterne entre jungle et villages toujours surpeuplés. Comme il y a du monde toujours partout, il est extrêmement difficile de planter la tente sans se faire repérer. Même enfoncé dans la jungle, il y a toujours des gens qui se promènent, des femmes qui ramassent du bois, des enfants qui accompagnent les troupeaux de chèvres. Les hôtels étant très sales et bruyants, nous ne ratons pas une occasion de dormir dans notre tente. Un soir nous quittons la route, traversons plusieurs bras d'un petit ruisseau pour nous retrouver sur le plus beau terrain de camping du voyage. Des zones de pâture nous offrent un vrai gazon anglais sur une surface complètement plate sur les rives du ruisseau. Loin de la route et de tous villages, nous sommes tranquilles et à part quelques enfants qui nous contemplent toute la soirée puis le lendemain matin dès la première heure, il n'y a personne pour nous déranger.

    3 jours plus tard, une autre nuit de camping dans la jungle s'est transformée en véritable cauchemar les yeux grands ouverts. Alors que nous étions sur la route à la tombée d'une nuit sans lune, nous avons mis à profit le seul moment où personne n'était en vue pour tourner discrètement dans la jungle. Sous le couvert des arbres, nous traversons un troupeaux de vaches sans gardien et nous nous installons loin de la route et loin de tout. La proximité avec des animaux sauvages nous fait définitivement moins peur que les hommes et nous sommes rassurés. Soudain, en début de nuit, des coups de feu résonnent dans la jungle. 2 coups lointains et un troisième beaucoup plus près. Dans cette nuit sans lune, loin de toute ville, en plein coeur de la jungle népalaise au pied des montagnes, la peur nous envahie. Qui peut bien chasser en pleine nuit ? Dans la réserve de Bardia, le guide nous a dit que des paysans font du trafic d'animaux et les tuent pour les manger ou les revendre au marché noir. Nous sommes terrorisés, cloîtrés au fond de notre tente. Que se passera-t'il si ces brigands armés viennent à nous trouver ? et s'ils tirent dans le noir sans voir les cibles et que nous faisons du bruit qui trahisse notre présence ? Pendant la nuit, personne ne circule sur la route au loin. Nous entendons encore des coups de fusils. Nous ne bougeons plus, notre respiration s'arrête et nous gardons les yeux ouverts jusqu'au petit matin en espérant que l'obscurité nous cache de ces inconnus armés.

    Après cette nuit blanche, nous arrivons à Butwal, une ville au Sud du Népal. D'ici nous tournons à gauche et prenons le cap plein Nord vers les montagnes. Une première longue longue longue et difficile ascension nous mène à Tansen, une petite ville recommandée par le cycliste Allemand qui nous a donné une paire de chaussette lorsque nous l'avons croisé dans la réserve de Bardia. Nous voulons vraiment arriver dans cette ville, mais la nuit nous rattrape. Hors de question de dormir dehors, nous nous dépassons physiquement pour arriver dans un hôtel.

    Finalement, Tansen est une ville très touristique et nous trouvons l'hôtel le moins cher de la ville mais le plus cher depuis notre arrivée au Népal. C'est incroyable comme il suffit qu'un hôtel miteux comme celui-ci soit inscrit sur le guide lonely planet pour que les touristes affluent. En plus la nourriture n'est pas si bonne et saine. Le couple Anglo-polonais que nous avons rencontré pourrait en témoigner. C'est d'ailleurs étrange la rencontre avec ce couple. Nous l'avons croisé la première fois à Tansen, puis par hasard à Pokarah, puis encore dans les ruelles de Katmandou un mois plus tard !


    23 et 24 janvier Accueil chaleureux d'une famille népalaise que nous n'oublierons pas !

    Au petit matin nous partons de Tansen pour continuer la route vers Pokhara où nous seront hébergés chez Himalal, un espérantiste. Plus nous nous enfonçons dans les montagnes plus les paysages et les gens changent. Nous passons à côté d'un village où les paysans se sont regroupés et lancés dans la production d'un café biologique. Les zones de cultures en terrasses se mélangent aux zones de jungle. Nous commençons à voir de plus en plus de rochers et par endroits le sol n'est plus très épais. Sur le bord de la route, il y a des sources d'eau claire. Cette eau pure et fraîche est utilisée par les locaux qui viennent remplir des bidons, ou bien se laver ou laver les véhicules. Au Népal, la toilette du corps se fait généralement le matin, au bord de la route à la vue de tout le monde. Les hommes en slip et les femmes enroulées généralement dans un drap. Cela nous semble ni très pratique ni très intime et on a parfois bien envie de leur proposer de construire ne serait-ce qu'un simple paravent de bambou.

    Le soir, nous cherchons un lieu pour camper, mais la tâche s'avère difficile car les zones plates sont rares et quand il y en a, elles sont généralement sales ou inaccessibles avec les vélos, ou trop à la vue des gens. En désespoir de cause, nous demandons à deux jeunes filles où pourrions nous camper ? Elles sont toutes les deux très heureuses de nous rencontrer et nous invitent tout de suite dans leur famille. C'est notre première invitation dans une famille népalaise, nous acceptons. Chez eux, comme dans la plupart des ménages népalais, on est persuadé d'être très pauvre. Pourtant, la maman est institutrice, le papa un militaire en invalidité et les 5 enfants sont tous de brillants élèves. L'une des 3 soeurs est institutrice et vit toujours à la maison. Par rapport aux petits paysans que nous avons croisés au Sud du pays, cette famille possède un niveau de vie bien plus élevé. Ils habitent une grande maison très décorée et bien meublée. Ils ont la télé satellite. Ils ont des champs, un boeuf pour travailler et une bufflonne pour le lait, des chèvres que le père élève pour vendre. Une installation Biogaz fournit presque assez de gaz pour toutes les cuissons. Le problème de cette famille en or, c'est que les enfants sont doués et qu'ils souhaitent tous faire des études supérieures. Malheureusement, ils sont 5 et les études coûtent vraiment trop cher pour les parents. Pour rapporter plus d'argent, le fils aîné s'est acheté des méthodes pour apprendre le japonais car il est persuadé qu'il pourra trouver un travail au Japon et renvoyer suffisamment d'argent pour payer les études de ses soeurs et de son frère. Nous nous rendons compte que cette famille cultivée vit en permanence avec le model occidental en tête. Ils rêvent de grandes maisons, de double vitrage, de voitures et de vie facile à la française. Comment peut-on leur en vouloir ? On essaye de leur expliquer qu'en France c'est pas si facile, qu'en ce moment c'est plutôt la crise, que la répression policière augmente et frappe les classes les plus pauvres qui n'ont plus grand chose à perdre et sont prêtes à descendre dans la rue pour tout révolutionner. Nous essayons aussi de leur parler de l'environnement et que le mode de vie à l'occidental ne doit surtout pas être reproduit sous peine de détruire complètement la planète. Qu'est ce qui est le plus important ? Gagner de l'argent ou détruire son environnement et polluer son assiette et ses enfants ?

    Est-ce que ce besoin de gagner de l'argent est tellement important qu'on doit accepter un salaire en échange de couper la branche sur laquelle on est assis ?

    Bref, nous discutons beaucoup et surtout avec le fils ainé qui parle très bien anglais. Nous pensions rester une nuit, mais ils ont tous tellement insisté pour que l'on reste plus longtemps que nous avons fini par craquer. Ils n'arrêtent pas de répéter qu'ils ont peur qu'on les oublie, ils souhaitent que l'on se souviennent d'eux mais ils sont tellement persuadés d'être si peu de choses qu'ils pensent qu'à peine remontés sur nos vélos nous les aurons définitivement oubliés. Nous essayons de les rassurer et nous leur expliquons que nous nous souvenons de toutes les familles qui nous ont accueillis pendant le voyage.

    Après nous avoir présentés à tout le village et nous promener dans la fête foraine de la ville voisine, nous faisons nos adieux à tout le monde et nous reprenons la route.



    25 janvier Arrivée à Pokhara

    Quelques dizaines de kilomètres avant Pokhara nous commençons à admirer les sommets de plus de 8000 mètres qui se mélangent aux nuages. Au Nord de Pokhara nous retrouvons Himalal qui nous accueille chez lui. Nous discutons beaucoup de politique et les débats sont souvent animés car si nous sommes généralement d'accord sur le constat, nous n'avons pas les mêmes idées pour résoudre les problèmes de notre monde malade. Le matin, de bonne heure, nous allons faire un petit tour dehors et nous sommes comme envoûtés par l'immense beauté des premiers rayons de soleil sur les glaciers. C'est décidé, nous lâchons les vélos pour quelques jours de promenade à la conquête des sommets. Himalal nous met en garde sur les dangers de la montagne, les conditions climatiques difficiles et les sentiers escarpés. Il nous assure que sans guide, partir n'est que pure folie. Par chance, il connaît le directeur d'une agence de trekking et dès le lendemain, il nous y conduit.

    A l'agence, nous ne savons toujours pas pour qui ils nous ont pris. Notre tête d'européens doit signifier que nous avons assez d'argent pour payer un guide et un porteur pendant 10 jours. Toujours est-il que déçus nous pensons ne pas pouvoir nous permettre cette randonnée. Le guide à 350 euros semble obligatoire et nous devons payer un permis de 20 euros chacun pour entrer dans la zone de montagne. Le directeur de l'agence qui parle deux mots d'Espéranto, nous laisse toutefois dans le doute, malgré une réduction exceptionnelle (merci l'espéranto), nous ne sommes pas sûrs de lui faire confiance. Avec ses recommandations du genre : ''prévoyez quand même un porteur car le manque d'oxygène vous empêchera de porter de lourdes charges. Et puis aussi emportez des vêtements chauds et au moins trois pulls, trois pantalons et un sous-vêtement pour chaque jour car en altitude il fait très froid et on ne peut pas laver les vêtements car ils gèlent aussitôt''.

    Cédric : ''Ca lui a fait bizarre quand on lui a dit que nous sommes venus de France à vélo et que depuis 10 mois, je ne porte qu'un tee-shirt et un slip.''

    Plus tard en nous promenant tous les deux dans Pokhara, nous rencontrons Gorgan, un cycliste français, savoyard et capitaine de bateau. Il vient de traverser le Tibet à vélo et il est également parti faire la randonnée jusqu'au camp de base de l'Anapurna. Nous passons un après-midi entier à discuter. Il nous raconte sa traversée du Tibet et nous remonte le moral pour notre randonnée dans les montagnes. Il nous explique qu'un guide n'est absolument pas nécessaire. Persuadé lui aussi de partir à l'aventure, il est parti le premier jour avec sa tente, son réchaud, de la nourriture, le plein de carburant... Au bout de deux heures, il avait déjà croisé plusieurs restaurants et hôtels à touristes en pleine montagne. Il a fini par tout laisser dans un hôtel, puis s'est rendu au sommet avec presque rien. Il nous indique où nous pouvons directement retirer des permis d'entrée.

    Nous louons un sac à dos et en achetons un autre petit pour remplacer le nôtre tout déchiré. Nous informons Hymalal que dès le lendemain, nous partons pour le camp de base de l'Anapurna. Il reste septique et une dernière fois nous déconseille de partir sans guide, persuadé que nous courrons droit à l'échec. Lui même a essayé par 3 fois de rejoindre le camp de base, mais il a du renoncer avant de l'atteindre. De notre côté, après 10 mois de vélo, nous pensons bénéficier d'une certaine habitude à l'effort et d'une bonne condition physique malgré la récente pneumonie de Cédric.


    voici dans le prochain article le récit de notre magnifique balade dans les montagnes de l'Himalaya :

     


    votre commentaire