• Nepal Episode 2 : Randonnée dans l'Anapurna

     

    Randonnée dans l'Annapurna.

    Un problème sur notre petit ordinateur nous a obligés à tout réinstaller, persuadés que tout était sauvegardé sur la clé USB. Malheureusement en recherchant sur notre escapade dans les montagnes, les 15 pages de récits dont nous étions particulièrement fiers, il semblerait qu'elles n'aient pas survécu au formatage de l'ordinateur. A priori, à notre grand regret, tout est perdu. Il est difficile maintenant de faire travailler notre mémoire pour réécrire notre long récit. Trop d'éléments nous manquent et nous avons renvoyé nos prises de notes en France.

     Voici simplement un petit résumé de nos aventures dans les montagnes de l'Annapurna :

    Partis un matin à la fraîche de chez Himalal. Nous commençons la randonnée par  nous tailler un bâton dans du bambou. Au début du circuit balisé, nous voulions prendre l'un des nombreux bâtons abandonnés par les randonneurs précédents, mais le gérant du restaurant d'à coté avait décidé de se faire un business avec ces bouts de bois et il voulait absolument vendre ce qui ne lui appartenait pas. Nous avons refusé et avons fabriqué nos propres bâtons. Ceci dit nous avons fait extrêmement attention de ne pas détruire un arbre ou une plante rare ce qui n'est pas le cas de tous les randonneurs. La première matinée se passe à monter des marches. Très vite nous constatons un changement important. Nous sommes sereins, joyeux et calmes. Mais bon sang ! D'où vient ce bien être ?? Nous trouvons vite la réponse : Ici  PAS DE VOITURES ! Donc, pas de klaxons, pas de gaz d'échappements, pas de fumée noire, pas de dangereux chauffards assassins en puissance alcooliques ou drogués au Red Bull. Le Paradis quoi ! Les montagnes du toit du monde attirent tellement de touristes étrangers que toute une infrastructure d'accueil s'est développée. Chaque heure de marche nous croisons des hôtels restaurants. Beaucoup de ces hôtels sont équipés de chauffes eau solaires et sont bien plus luxueux que tous ceux que nous avons vus jusqu'à présent.  Étant déconnectés du réseau national de distribution de l'électricité, ces hôtels sont tous équipés de systèmes solaire ou de turbine fonctionnant grâce à l'eau des torrents, Du coup, même si la production impose d'être économe, contrairement au reste du pays, il n'y a jamais de coupures de courant! Les deux premiers jours de randonnées, nous dormons à plus de 2000 mètres et nous sommes encore dans des zones habitables, il y a des villages au milieu des cultures en terrasse. La plupart des habitants de ces montagnes se sont reconvertis dans l'accueil des touristes en ouvrant des hôtels restaurants. Il y a même une grosse organisation qui gère un réseau de refuges où les personnes qui y travaillent changent de places tous les 15 jours ou 3 semaines et vont progressivement de la vallée vers le sommet puis redescendent vers Pokhara où ils auront droit à quelques semaines de congé. C'est justement deux gérants qui nous ont expliqué tout cela. Ils nous ont également montré des arrêtés qui fixent les prix de l'hébergement et de la nourriture. C'est partout pareil et ce système à l'avantage de limiter la concurrence et d'être plus équitable. Ces employés que nous avons rencontrés nous ont aussi expliqué que chaque année se tenait une assemblée générale où ils se devaient de participer pour fixer aussi bien le prix de la tasse de thé que les modalités pour randonner dans ces montagnes. Nous avons fait savoir à toutes les personnes travaillant dans cette structure touristique que nous souhaiterions qu'à la prochaine grande assemblée, il soit demandé un changement dans la délivrance des permis de randonner, car si pour le moment il suffit de payer 20 euros de formalités, rien n'indique au touriste qu'il pénètre dans une zone naturelle protégée. Nous demandons donc qu'un genre de contrat soit lu et approuvé par toutes les personnes qui viennent visiter ces montagnes. Quelque chose du genre, « j'ai bien lu et pris conscience que je pénètre dans une zone naturelle où les écosystèmes sont particulièrement fragiles. Je m'engage à respecter les plantes, les animaux et les gens vivants ici. Dans ces montagnes, j'accepte de me faire tout petit et je ne laisse que l'empreinte de mes pas sur les sentiers. Par conséquent, Je m'engage à ne laisser aucun déchet que j'aurais emporté dans mon sac à dos ou celui de mon porteur ! ». Il faut dire que nous avons été particulièrement effrayés par les touristes asiatiques. Coréens et chinois étant très nombreux à cette époque de l'année. Nous avons bien sympathisé avec certains coréens très gentils, mais ils n'ont reçu aucune éducation à la protection de l'environnement. Sans se poser aucune question, ils louent des porteurs qui leur emmènent tout un tas de trucs jusqu'au sommet. Les porteurs sont pleins de biscuits et bonbons dans des emballages individuels, de la nourriture coréenne suremballée, des kilos et des kilos de chaufferettes chimiques pour les mains les pieds et les appareils photos qui souffrent aussi du froid, des piles de rechange pour le lecteur MP3, la lampe frontale ou l'appareil photo. Bien entendu, tout ceci se retrouve dans la nature ou  au mieux dans une poubelle qui ne sera jamais redescendue dans la vallée, mais brûlée sur place. En essayant de discuter avec des coréens frigorifiés rencontrés au camp de base de l'Annapurna à 4130 mètres, nous avons récupéré leurs chaufferettes chimiques qui avaient cessé de rayonner leur éphémère chaleur et nous leur avons expliqué que nous les redescendrons dans la vallée car si elles restent là, elles seront incinérées provoquant une pollution supplémentaire dans ces lieux magnifiques. Et c'est ce que nous avons fait. En plus des emballages de biscuits que nous avions emmené dans ces montagnes, nous avons redescendus quelques déchets des autres en espérant que ça les fasse réfléchir un peu.

    Pour continuer le résumé pas très positif on est désolés, de notre balade dans l'Himalaya, il y a aussi les paysans complètement pourris à cause des touristes. En fait, quand un touriste vient se prendre pour un héro à la conquête des sommets enneigés, avec son baladeur sur les oreilles, son appareil photo, ses médicaments et ses vestes de montagne dernière génération. Rien que comme cela, il a déjà un impact important sur les habitants de ces montagnes. Là où commence les erreurs graves, c'est lorsqu'un touriste donne un bonbon à un enfant. D'un seul coup, tous les autres touristes deviennent confiseurs. Ensuite lorsque le touriste en grand héro, donne un anti-inflammatoire à une grand-mère pour soigner sa rage de dents, ou bien lorsqu'il donne de la pommade contre les coups à une fillette qui se tord la cheville, Par la suite tous les touristes deviennent médecins et pharmaciens. Enfin lorsqu'un touriste donne un vieux stylo publicitaire, soudain, ce sont tous les sacs à dos de touristes qui se transforment à armoire à fourniture scolaire. Alors avec tout cela, il ne faut plus s'étonner si pendant toute la randonnée dans les zones habitées, les enfants nous demandaient sans cesse, du chocolat, des bonbons, de l'argent. Les grandes personnes aussi nous demandaient de l'argent pour l'école ou bien sur le chemin des femmes nous demandaient de soigner leurs dents, ou bien de leur donner un pansement pour un doigt, un cachet pour la migraine ou de la pommade pour le poignet. Voici donc l'image fausse que peuvent finir par donner les touristes qui ne réfléchissent pas aux conséquences de leurs actes. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, ils peuvent transformer la montagne en dépotoir et les gens en mendiants.

    A part ces petits soucis qui nous rongent et qui sont peut-être simplement dus à notre trop grande sensibilité par rapport à l'avenir de l'humanité et de la richesse de notre terre, Ces montagnes sont très belles et certains moments ont été magiques. Nous ne sommes pas près d'oublier les traversées des vieilles forêts de rhododendrons géants, si vieilles avec les mousses pendantes aux branches qu'on aurait pris pour des barbes de vieux druides. Nous avons même cru apercevoir des nains, des elfes et d'autres êtres qui nous semblaient jusque là complètement imaginaires. En quittant ces forêts pour des hauteurs où les arbres ne poussent plus, nous avons été complètement absorbés par le silence qui régnait là haut. Pendant quelques instants, nous sommes restés seuls quelques centaines de mètres après le camp de base, au bord d'une faille crée par un glacier. Pas un coréen à l'horizon, le gardien du refuge parti plus bas chercher un bidon d'eau, nous étions complètement seuls dans l'environnement le plus silencieux de notre vie. Comme emprisonnés dans un poster, rien ne bougeait et les seuls sons parasites provenaient de notre corps. Soudain, le bruit des ailes et le croassement d'un corbeau sont venus briser ce silence. Nous écoutons les cailloux qui se décrochent des parois, les craquements des glaciers qui avancent et fondent lentement, puis le bruit sourd d'une avalanche dont la neige soulevée se transforme aussitôt en vapeur, formant ainsi le premier nuage de la journée.

    Après cette matinée qui fut l'un des plus beaux moments de notre voyage mais aussi de notre vie, nous avons découvert le mal de l'altitude. Les nuages venus de la vallée nous ont englobés et ne sachant que faire et comment passer le temps, nous avons décidé de faire une bonne sieste. Manque de pot, au bout de 2 heures, nous avons été réveillés par un mal de crâne. Depuis le matin, nous n'avions presque pas bu et dormir pendant la journée est pire que tout car l'air étant encore moins dense pendant le jour et notre respiration plus lente pendant la sieste, nous avons fini par manquer d'oxygène.

    Alice : ''J'ai pu très difficilement manger le dîner et encore je n'ai pas pu finir mon assiette.''

    Cédric : '' De mon coté, je n'ai même pas pu toucher au plat tellement la nausée  accompagnait le mal de tête. J'ai passé la soirée dehors au clair de la lune à monter et descendre les marches et à boire de l'eau chaude. Résultat : les fenêtres de la chambre sont restées ouvertes par -15 °C et la nuit est restée mouvementée sur le parcours verglacé des toilettes ce qui me fait dire que J'ai peut-être un peu forcé la dose de réhydratation à l'eau chaude.''

     Avant de redescendre dans la vallée pour y retrouver la pollution, le bruit, la fumée, la misère,... nous profitons de quelques journées pour sortir des sentiers battus par trop de touristes et redescendre en zigzag par les chemins secondaires. Nous avons de plaisir de rencontrer Anne-Cécile et Pavel, deux français travaillant dans des banques au Japon! Ils ont bien su nous expliquer la crise financière et la crise économique qui commençait!

    Après une très belle observation d'un loup, ouais un vrai ! Qui s'enfuyait au travers de la forêt de rhododendrons fleuris! Nous avons progressivement et trop rapidement rejoint la civilisation et ses dangers! a peine avons nous rejoint un chemin carrossable que déjà le harcèlement  des chauffeurs de taxis 4x4 commence avec leur proposition délirantes pour nous ramener dans le quartier touristique de Pokhara! Pour retourner chez Himalal, nous prenons un bus local,  une grosse erreur qui aurait pus nous être fatale! Accompagné d'une musique lente, le bus semble se briser en deux à chaque fois qu'il y a de gros trous sur la route! Cette dernière est d'ailleurs complètement défoncée et en zigzag! Nous sommes accrochés à flanc de montagne au dessus du vide et nous prions pour que ce cauchemar s'arrête au plus vite!

    De retour chez Himalal, il a du mal à croire que nous y sommes arrivés sans guides! Nous passons une dernière soirée en compagnie de lui et sa famille! Nous ne voulons pas déranger plus longtemps alors qu'il est en train de construire un nouvel étage à sa maison!

    Le lendemain matin, nous allons au bureau de l'immigration afin de prolonger nos visas de deux semaines, puis nous prenons la route vers Katmandou!

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