• Vietnam Episode 3 : Enfer et paradis réunis à la baie d'Halong.

     

    Du 2 au 4 aout 2009.

    Pour ne pas rester dans la pollution et le stress de la capitale et découvrir le pays pendant qu'Anne est avec nous, nous décidons de partir visiter la baie d'Halong, cette sois-disant merveille du monde. Pour aller dans cette baie, nous n'avons aucun contact de personnes pouvant nous aider à avoir des tarifs avantageux, ou nous permettant d'échapper à l'industrie touristique. Nous faisons donc confiance à l'agence de voyage de l'hôtel même si le gars qui nous vend le séjour à une vraie tête d'arnaqueur. De toute manière, dans ce pays, dès que nous devons sortir le porte monnaie, c'est pour nous faire arnaquer alors...

    Nous négocions 10 dollars de réduction par personnes pour une visite de 3 jours et deux nuits dont une sur un bateau. Pour 45 dollars par personne nous nous engageons à suivre le programme touristique proposé, même si nous nous doutons que cela n'aura rien de très excitant d'être dans un groupe compact agglutiné derrière un guide probablement grotesque qui ne pourra s'empêcher de faire le beau et le monsieur ''je sais tout''. Au moins nous nous disons que pour une fois, nous pourrons nous reposer car nous n'aurons pas à chercher un endroit pour dormir ou pour manger. Nous allons faire les moutons dociles et suivre le groupe bêtement en prenant des photos quand le guide nous dira de prendre des photos.

    Départ pour la baie d'Halong le dimanche 02 août 2009. Le bus est plein de touristes en short, comme nous. C'est parti pour être une expérience inoubliable !
    Première pause pendant le trajet en bus. Nous nous arrêtons dans une station pleine de touristes blancs, uniquement des occidentaux dont plus de 99% ont traversé la planète en avion pour venir faire du bus et du bateau au Vietnam et acheter des souvenirs du pays fabriqués dans des industries locales ou chinoises. Il faut préciser, quand même, que la plupart de ces objets, nous les voyons vendus uniquement dans ces boutiques à touristes et nous ne les voyons jamais utilisés traditionnellement dans le pays.

    Arrivés à Halong vers midi, nous commençons à attendre le guide qui nous emmènera sur le bateau. Nous allons probablement abréger le récit de cette visite touristique car racontée dans les détails, ce serait lassant pour le lecteur et puis cela nous ferait remonter une boule de stress que nous essayons encore d'évacuer. Autant le dire tout net, ce qui devait être pour nous 3 jours de repos, ont été 3 jours de cauchemar!

    Nous avons été déshumanisés par l'industrie touristique qui nous a considérés comme du bétail à transporter en échange de l'essorage forcé de nos porte-monnaies. Rien du programme, que nous avons payé, ne s'est déroulé comme prévu. Le premier jour, nous avons été trimbalés de bateau en bateau au lieu de nous reposer et faire les visites prévues. La première nuit, au lieu de la passer sur le bateau, nous avons été déposés dans un autre hôtel que celui décrit par le programme. Le deuxième jour, nous avons fait du bus et attendu toute la matinée au lieu de visiter le parc naturel national de l'île de Cat Ba. Vers 11h00, enfin, un bus nous dépose à l'entrée du parc. Nous avons moins d'une heure pour la visite. Vite, vite !! Comme des centaines de touristes nous marchons dans la boue sur un sentier pas du tout entretenu jusqu'au sommet d'un rocher, surmonter d'une tour métallique rouillée prête à tomber sous le poids d'une demie douzaine de touristes. Aucun entretien ne semble être effectué et les bords du sentiers sont de vraies décharges de bouteilles en plastique, d'emballages divers et de piles (mais où vont les milliards de dollars que rapporte cette industrie touristique). Les gens glissent, tombent, et reviennent maculés de boue. Pas le temps de rester dans le parc, vite vite il faut aller manger puis retourner au port prendre le bateau pour visiter l'île aux singes. En début d'après midi, nous sommes tous prêts à embarquer. Le bateau, lui, arrive au crépuscule. Nous avons passé la journée à l'attendre, harcelés par de pauvres femmes qui ne savent parler anglais que pour vendre des bouteilles d'eau, des boites de chips et des cigarettes.

    Le soleil se couche et le bateau arrive. Le guide ment comme il respire en disant que le bateau est tombé en panne. Les touristes qui débarquent nous donnent une toute autre version. Tout le monde est à bout de nerf. De nombreux touristes du groupe craquent et nous ne sommes pas les derniers. L'ambiance est plus que chaude. A chaque instant, nous craignons que la situation n'en vienne au poing. Heureusement le jeune punk anglais avec ses tatouages et ses piercings n'est pas aussi méchant qu'il en a l'air. Notre cabine sur le bateau est très belle, toute en bois, avec une belle petite fenêtre. En sortant, tout nu de la salle de bain, une femme fait son apparition par la fenêtre. Elle a abordé notre bateau avec son petit radeau puis, escaladé la coque pour venir nous harceler et nous vendre des bouteilles de vin bon marché. Nous la renvoyons dans son radeau gentiment mais elle continue son harcèlement pour tenter de nous revendre des bouteilles d'eau, des chips, des cigarettes ou de la bière chaude. Au moment de dormir, nous demandons s'il est possible d'éteindre la musique du bar et le moteur du bateau. C'est que notre chambre se situe exactement au dessus du moteur et que celui-ci va rester en marche toute la nuit pour alimenter en électricité tout notre bateau plus un autre qui s'est branché dessus. En plus de vibrer au rythme du moteur à explosion, nous respirons les gaz d'échappements. Cette fois-ci s'en est trop, malgré l'opposition et les tentatives du guide pour nous en empêcher, nous déménageons la chambre et nous l'installons sur le toit du bateau, plus tranquille. Au petit matin, tout le groupe de touristes ronfle sur le toit à l'exception d'Anne qui est restée sagement toute la nuit dans sa cabine sans pouvoir fermer l'oeil tellement il y faisait chaud et qu'il y avait de bruit.

    Troisième et dernier jour, Pas le temps de prendre un petit déjeuner. A 6h30 du matin, on nous débarque pour faire une heure de canoé kayak. L'équipage nous envoi ramer avec le risque de provoquer chez certains des malaises et des crises d'hypoglycémie. Anne préfère rester sur la bateau, mais nous deux, nous partons ramer le plus loin possible dans des coins tranquilles, près de la nature. Un peu d'exercice physique matinal nous fait énormément de bien et libère un peu de tension.

    Ces trois jours de ''repos'' nous ont énormément fatigués, physiquement et surtout moralement. Autant le dire tout net, c'est la grosse déprime. Heureusement que les autres touristes qui ont souffert comme nous, sont très sympas. Nous faisons plus ample connaissance avec Lili et Reiku, deux japonaises à qui nous ne manquerons pas de rendre visite lors de notre passage au Japon. Il y a aussi l'américain, professeurs de socio qui tente d'étancher sa soif intense avec de la bière quand l'équipage coupe la ventilation pour nous faire consommer plus. Puis il y a aussi Richard le hollandais tranquille et le jeune couple d'anglais avec leurs jambes couvertes de brûlures de méduses.

    Si nous devons faire un rapide bilan de notre visite de la baie d'Halong, nous pouvons considérer qu'effectivement d'un point de vue paysage et naturel, c'est vraiment remarquable. Le seul et unique grand problème qui gâche toute la beauté des lieux, c'est l'industrie touristique ! Avec ces milliers de touristes sur des bateaux souvent en mauvais état, la baie est très polluée et appauvrie. En plus de l'huile de moteur, il y a les vidanges de WC dans l'eau et les plastiques qui flottent. Les embouteillages de bateaux et les klaxons. L'éclairage des grottes qui assèche l'air et les parois, modifiant ainsi complètement la dynamique naturelle des lieux comme la fabrication des stalactites. Sur l'île de Cat Ba, la production industrielle de déchets par les touristes est gérée simplement par l'incinération d'une montagne de plastique en plein coeur de l'île et de la forêt tropicale. Sur cette même île, l'eau douce est pompée par les hôtels pour les douches des touristes. L'eau du robinet est de plus en plus salée, l'eau douce sur l'île est de plus en plus rare. Un guide sincère avec qui nous avons longuement discuté pendant l'une de nos longues attentes, nous a exprimé son dégoût profond pour son travail. Il est payé une misère et passe son temps à gérer les conflits avec les touristes furieux qui en toute légitimité expriment leur rage de s'être fait arnaquer.

    Encore une fois, l'industrie touristique rapporte des millions de dollars. Mais où va tout cet argent ? En tout cas, pas dans la rémunération des guides et des ouvriers de cette industrie. Pas non plus dans la protection de ce patrimoine naturel unique. Pas dans l'entretien de l'infrastructure existante ni dans des projets visant, par exemple, à réduire le gaspillage d'eau douce, ou la pollution de la baie, ou le recyclage des déchets.

    Nous ne pouvons que vous inviter à ne pas aller là-bas et surtout à ne pas donner un centime à cette industrie touristique destructrice qui a déjà changé ce lieu paradisiaque en enfer sans aucun intérêt.

    Pour que vive la baie d'Halong, la seule solution est de développer un tourisme intelligent respectueux de l'environnement et rémunérant directement les habitants locaux qui se chargeraient de l'accueil de touristes responsables respectueux et actifs.

     

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  • Commentaires

    1
    loic
    Vendredi 26 Février 2010 à 10:40
    tout est dit
    Je regrette juste de pas avoir vu ce blog avant. Je reviens dälong et ca a ete un cauchemar sans nom. Une arnaque, des guides et personnel de bord odieux, une pollution abominable tout ca dans une ambiance colonie de vacances.... pas vu beaucoup de sourires eu deux jours. Merci de faire partager cette mauvaise experience. Il faut qu ils arretent avec ces pratiques mafieuses
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