• 28 février 2009 (45km)

    Ce matin, nous partons de Katmandou, direction le village d'intouchables. Mais avant, nous avons rendez-vous avec Prajval qui veut nous montrer sa ferme familiale BIO.

    Il faut savoir que Prajval est animateur radio et qu'il est en conversion à l'agriculture depuis qu'il a récupéré les terres de son père. Comme il s'est posé des questions et qu'il en a assez du concours débile de celui qui sera le plus gros client du marchand de pesticides, il a décidé de produire des légumes sans une seule pulvérisation d'insecticides, de fongicides ou d'engrais chimique. Ses terres n'étant plus cultivées depuis quelques années, il a retroussé ses manches et bien qu'étant un peu manchot dans le domaine de l'agriculture, avec l'aide de sa famille, il a remis en état ses champs et s'est lancé dans la production de pommes de terre bio. La première année fut une bonne réussite et il obtint sans artifice, une production équivalente à celle de ses voisins accrocs du pulvérisateur. Mais le pire, c'est qu'au fil des ans, il s'est amélioré et il est devenu très observé par ses voisins mais aussi la presse, car il obtient de très bons rendements sans jamais rendre visite à la boutique du sorcier de Monsanto.  L'année dernière, alors que la production de riz a été très mauvaise dans le village, lui a rempli son grenier ! Il espère faire réfléchir ses voisins et les faire changer, mais il sait que ce n'est pas facile. Ils sont tellement ancrés dans cette espèce de course vers le précipice. Rien qu'à voir leurs buffles, ces pauvres bêtes ne ressemblent plus à rien de bovin, les paysans tellement obsédés d'avoir le plus gros buffle en vitrine devant la ferme, leur font injections sur injections.

    Nous visitons la ferme et les champs de Prajval puis nous passons la soirée à discuter avec les enfants du village. D'une manière générale, ils semblent avoir conscience qu'ils bénéficient d'une qualité de vie saine dans les montagnes mais ils pensent qu'en grandissant, ils seront obligés, comme les autres, de rejoindre la ville pour trouver du travail et gagner leur vie.

     

    01 Mars 2009 (42 km)   Rencontre avec les intouchables

    Quelle nuit !!! On a dormi comme des bébés, ça fait longtemps. Pas un bruit dehors, pas une voiture, rien !!! Même pas des gens qui discutent en pleine nuit, ou d'autres qui ronflent. Le coq a aussi été très gentil en attendant 7h00 du matin pour chanter. A peine sommes nous sortis dans la cour que deux tasses de thé et des biscuits nous ont été servis. Nous avons ensuite joué quelques minutes avec les enfants et les chèvres. Un jeune bouc nous a bien fait rire avec sa manière de vouloir ressembler aux hommes en marchant debout, puis de monter sur des tabourets et enfin de s'intéresser à tout ce que nous faisons. Avant de partir, la famille nous offre un bon dal-bhat. Nous ne le savons pas encore, mais ce bon repas va nous sauver la vie. Lorsqu'enfin nous partons, nous pensons que les premiers kilomètres de sable, poussière et cailloux sont les pires de la journée. Hélas, même si l'on commence par de belles descentes, notamment une de 20 km, nous savons qu'il faudra bien remonter... La côte arrive sans tarder ! Un degré de pente inadmissible nous empêche de pédaler. Nous n'avons d'autres choix que de pousser les vélos, mais même cela devient parfois impossible. Que faire ? Nous cherchons des forces, on s'arrête reprendre du souffle, nous buvons nos dernières gouttes d'eau et nous avançons toujours entre 0 et 2 km/h. Un vrai moment de galère physique comme on en a jamais eu. Arrivés dans le village au sommet, nous allons près du temple où nous avons rendez vous avec l'instituteur de l'école. En l'attendant, nous récupérons quelques forces autour d'un thé et de biscuits que nous achetons sur place. L'instit arrive sur sa moto, nous ne pouvons pas croire ce qu'il nous raconte. Le village est à encore 10 kilomètres au bout d'une piste de très mauvaise qualité, faites de pierres et de poussière. Le pire de la journée reste à venir. Deux personnes de l'association viennent nous chercher pour nous guider jusqu'au village. Ils nous préviennent que la piste est un cauchemar. De notre coté, sans prendre de grande précaution d'autonomie en nourriture et eau, nous nous engageons dans la descente en enfer avec seulement 1litre d'eau, une ration de nouilles, 3 patates, 1 carotte et deux oignons. Nous avançons péniblement dans un nuage de poussière, secoués par de gros cailloux sur un petit chemin taillé sur le flanc de la montagne. On s'arrête tous les 50 mètres vérifier si rien n'est cassé sur le vélo. Après certaines grosses secousses, nous descendons de nos montures, persuadés que quelque chose est cassé.

    Après cette longue longue longue et interminable descente, nous arrivons enfin dans le village, accroché à la montagne et relié au reste du monde par cet unique petit chemin. Nous rencontrons les habitants, ces soi-disant intouchables, qui sont très sympathiques et très heureux de voir pour la première fois, 2 étrangers dans leur village. Ils nous installent dans l'une des classes d'école pour passer la nuit tranquille et jusqu'à très tard, les habitants et enfants défilent devant nous pour nous saluer et nous souhaiter la bienvenue.

    Nous dînons avec les deux membres permanents de l'association, économisant ainsi une ration de nouille. Rien que de penser qu'il nous faudra remonter la pente, nous en sommes malade. Cela nous prendra peut-être deux jours !

    Malgré la tranquillité du village, nous avons le sommeil un peu troublé à cause probablement des effets de la nourriture indienne pas très saine consommée deux jours auparavant.

     

    2 mars 2009

    Réveillés à 6h par un grand NAMASTE crié juste devant la porte de la classe, nous nous levons en nous disant que ce n'est pas aujourd'hui encore que nous récupérerons la fatigue accumulée. La journée commence par un verre de lait agrémenté de la visite matinale des enfants, parents et quelques chèvres. Il a suffit qu'un seul enfant demande à être pris en photo pour que tous les autres viennent voir leur tête dans le petit écran de l'appareil. Avant l'école qui commence à 10h, les enfants travaillent. Ils vont chercher de l'eau, nettoient les couverts, vont faire pâturer les chèvres, etc. Peu avant l'heure de l'école, ils vont se préparer et mettre leur uniforme généralement déchiré, puis se réunissent dans la cour où ils commencent à faire quelques exercices physiques sous la direction de l'un d'entre eux et la supervision du professeur. Ensuite, ils chantent  l'hymne nationale et pour finir, répètent en chœur, les tables de multiplication.

    Dans la matinée, nous avons fait un tour de chaque classe pour nous présenter et échanger avec les enfants. Nous leur avons expliqué d'où nous venons, comment et pourquoi, puis ils nous ont présenté leur village. Le professeur fait un travail important en apprenant aux enfants à valoriser leur village et leur environnement. Pour la caste des intouchables, dévalorisés et défavorisés depuis tant de générations, réapprendre à s'aimer pour sortir de cette misère est un travail laborieux. C'est justement pour cela que l'association ''Society Of Humanisme'' est présente dans cette communauté et ce village perdu. Elle œuvre  dans le milieu scolaire en mettant à disposition des professeurs, mais aussi dans l'aspect sanitaire en aidant les villageois à installer des toilettes et des systèmes pour acheminer l'eau potable. Pour cette dernière, des puits ont été creusés, fermés et protégés sur tout un périmètre où la jungle est conservée. Avant d'être redistribuée dans plusieurs fontaines, l'eau est acheminée jusqu'à un réservoir équipé d'un gros filtre en céramique. Pour ce qui est des toilettes, un financement de l'UNICEF avait déjà servi à la construction d'un bâtiment tout équipé. Nous avons vu ce qu'il en reste aujourd'hui : des ruines. Il n'y a pas eu de sensibilisation auprès des habitants qui ont continué à aller dans la nature comme ils ont toujours fait et le plus grand problème étant que ces toilettes nécessitaient de l'eau qu'il fallait aller chercher très loin à l'époque. Aujourd'hui, de nombreuses maisons sont équipées  mais l'association se penche sérieusement sur la mise en place de toilettes sèches ou plus exactement de toilettes à litière bio maitrisée (rien à voir avec les toilettes à l'ancienne qui existent encore en Roumanie). Cette dernière option permettrait d'économiser de l'eau et d'éviter la pollution du sol.

    Sur le plan agricole, on nous explique le fonctionnement de ces petites exploitations perdues dans les montagnes. Nous écoutons sans rien dire, nous sommes dégoutés, effarés !!! Il faut savoir que même ici, les grosses firmes de l'agro-business ont mis la main sur les paysans. Profitant de leur non-éducation, des magasins locaux de pesticides et de semences, leur ont imposé l'utilisation  des variétés de céréales et légumes, mais aussi les pesticides qui vont avec. Tout est donné gratuitement ou presque aux paysans qui en échange doivent redonner toute leur récolte, rachetée au prix le plus bas. Si rien n'est fait, l'ignorance de ces paysans servira encore une fois une firme comme Monsanto pour imposer sont cocktail destructeur, mélange de plantes pesticides et de brevetage du vivant. Nous sommes toutefois satisfaits de constater qu'ils ont remarqué qu'ils se font rouler dans la farine. Lors de notre séjour dans le village, Maesh, un autre permanant de l'association était en train d'aider les paysans à s'organiser officiellement en coopérative. Nous avons beaucoup insisté pour qu'ils renoncent à l'utilisation des produits du revendeur de pesticides et qu'ils s'engagent sur une production locale de qualité réservée d'abord aux gens du village. L'association à encore beaucoup de travail et de nombreuses choses sont à réaliser comme l'installation de biogaz individuels pour éviter les coupes de bois trop importantes, le développement des toilettes sèches, la scolarisation de tous les enfants, la sensibilisation au problème des emballages plastiques, etc.

    Nous avons donc présenté le voyage devant chaque classe, nous avons aussi montré Nina et Nino et nous leur avons parlé  de l'école en France. Certaines classes ont réalisé des dessins, d'autres se sont lancées dans la fabrication de poteries, et enfin, quelques garçons on fabriqué des flûtes de bambous. Nous essaierons de les envoyer dans les écoles berrichonnes afin de démarrer pourquoi pas une correspondance entre les classes.

    Le soir, nous commencions à mourir de faim. Il faut dire qu'il n'y a que 2 repas par jour, le premier à 9h30 ou 10h du matin et le second à 18h (les enfants ont école de 10h à 16h sans pause déjeuner). Des gens du village sont venus nous inviter à une fête religieuse. Nous voici donc parti dans la nuit par les petits sentiers de montagne pour arriver dans leur maison. Pleins d'enfants sont en train de danser et de jouer de la musique dans la cour de ferme. Dans la maison, on nous installe par terre sur des nattes en paille de riz. Dans un coin de la pièce, le feu sous la marmite enfume toute la maison. Comme partout, Il n'y a pas de cheminée. Pour commencer la cérémonie, la maitresse de maison nous met une tica sur le front (un gros point rouge fait avec une pate de composition indéterminée) et elle nous remet un billet de 5 roupies dans les mains. Ensuite vient le repas tant attendu. Nous voyons des pots en plastique recouverts de crasse, et des bidons métalliques tous cabossés. Ils ne vont quand même pas nous servir ce qu'il y a à l'intérieur ? Et bien si ! Dans l'un des bidons il y avait des genres de petits flocons fait avec de la farine de riz, puis dans le bidon en plastique dégueulasse, il y avait des pommes de terre cuites avec d'autres légumes. Enfin dans une cruche, on nous sert du fromage blanc (enfin c'est plutôt du lait caillé piquant). On s'accroche pour manger tout ça en se disant que de toute façon, nous passerons la nuit dans les toilettes et que dans le pire des cas, nous avons des antibiotiques. Pendant le repas, une petite fille de 2 ans, vient s'assoir devant nous. Elle est bien jolie mais soudain quand nous regardons ses pieds, ça devient pour nous très difficile de continuer à manger. Elle a les pieds complètement déformés et il lui manque les orteils.

    Non sans mal, nous finissons le repas et nous allons dehors où la fête bat son plein. Un jeune garçon de 17 ans joue du tambour pendant qu'une chorale de femme chante. Nous demandons si ce sont des chants religieux. En fait ce sont des chants traditionnels et le texte est inventé au fur et à mesure. Nous essayons de prendre des photos et d'enregistrer du son en espérant que la télé ne viendra jamais supprimer ces fêtes populaires (comme en France où les veillées se passent désormais à la lumière du petit écran qui est seul à parler devant des téléspectateurs hypnotisés).


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  • La route de Pokhara à Katmandou et la découverte de la capitale Népalaise

     Une route terrible! C'est un axe majeur pour le pays et contrairement à la route qui longe les montagnes au sud, cette voie de communication est très empruntée et très dangereuse. Le trafic est principalement constitué de camions et de bus tous plus chargés les uns que les autres, tantôt débordants de passagers, tantôt écrasés sous les chargements de pierres. Et pourtant, évoluant accroché à la montagne avec la plus part du temps un torrent en contrebas, cette route pourrait être magnifique. Mais nous n'avons pas le temps de profiter du paysage, car les camions sont là, nombreux, dangereux et très polluants. C'est quand même fou, nous devons rouler avec des masques! Nous sommes toujours sur terre et nous constatons que l'air de notre seule et unique planète devient irrespirable. Nous nous souvenons du dessin d'un artiste engagé représentant une famille assise sur un canapé, tous portant un masque à gaz. Par la fenêtre, un paysage désolé et des arbres morts, et la petite fille sur le canapé demandant à ses parents très embarrassés, « dites, c'était comment avant ? ». Ce dessin était censé faire réfléchir les gens sur les dégâts de notre mode de vie sur la planète et notre responsabilité vis à vis des générations future. En ce moment, on ne pense qu'a une chose : ''Désolé les enfants, on n'a pas su ou plutôt, pas voulu vous offrir ce qu'il y a de mieux. On a pensé surtout à nous, on s'est bien gavé, maintenant démerdez vous avec ce qu'on vous laisse, c'est-à-dire rien à part ce qu'il y a de pire ! ''.

    Dans les villages que nous traversons, le trafic ne ralentit pas. Tout le monde en souffre et cela se voit, mais au lieu d'essayer de changer les choses, d'imposer aux bus et aux camions de rouler moins vite et d'être tout simplement moins nombreux, chacun prend sur soi et subit sans rien dire. Les enfants toussent, les grands-mères regardent leurs poules se faire écraser, les femmes attendent des heures avant de pouvoir traverser la route pour aller à la fontaine et les hommes se dégagent du nez des crottes plus noires que le bitume.

    Les 42km avant Katmandou ont sans doute été parmi les pires moments du voyage!

    42 km de côte et comme si ça ne suffisait pas, la casse définitive des freins avant du Seiran et un bouchon de camions presque du début à la fin à cause des ralentissements dus à des accidents ou des pannes. Parfois, en passant à coté d'un camion les 4 roues en l'air et la cabine du chauffeur complètement écrasée, on pourrait penser que les autres conducteurs auraient tendance à se calmer sur le champignon. Mais pas du tout ! Dès qu'ils le peuvent, ils doublent sans aucune visibilité, en plein virage. Comme certaines épaves de bus, nous avons plus d'une fois cru que l'on allait finir comme eux, écrasés en contrebas dans le torrent.

    A la fin de cette journée d'ascension, heureusement notre ami Razen espérantiste népalais, nous attend chez lui, mettant tout le confort possible à notre disposition.
    Dès notre arrivée à Katmandou, nous cherchons à réparer les freins et commençons les démarches pour traverser le Tibet! Nous avons la grande chance de rencontrer par hasard le plus célèbre des réparateurs de cycles du Népal, Inde et Tibet réunis, le grand Sonam Gurung! Il regarde bien le vélo et nous propose de changer les 2 freins à disque à câble. Le problème, c'est que sur ce vélo, nous ne pouvons pas installer de v-brakes classiques. La seule solution est de remettre des freins à disques. Sonam a tout ce qu'il faut mais, en y regardant de plus près, la gaine de liquide de frein est trop courte pour aller à l'arrière du vélo. Et oui car c'est un grand vélo couché. Nous contactons Jean-Jacques notre revendeur qui ne peut rien faire pour nous, puis en désespoir de cause nous contactons Paul le fabriquant hollandais de ce vélo couché. Ce dernier comprend vite le problème et nous envoie dans la foulée un kit complet de freins à disque haut de gamme que nous recevons seulement 3 jours après. La seule chose qui nous manque pour remonter le frein arrière, c'est un câble de tandem puisque les câbles classiques sont trop courts. Sonam réussi à refaire un long câble avec un vieux tout effiloché, un vrai travail d'artiste. Enfin un vélo qui freine ! Comme c'est agréable et rassurant !

    Pour ce qui est du Tibet, nous retrouvons Gorgan, le montagnard savoyard, capitaine de bateau et voyageur à vélo que nous avions rencontré la première fois à Pokhara. Il nous file plein de tuyaux pour passer au Tibet. Des cartes, des contacts de guides (puisque c'est nécessaire pour traverser cette zone sensible), infos sur le climat, l'administration chinoise et les chinois. Nous nous sentons prêts à traverser ce plateau mythique mais malheureusement, au moment de contacter une agence de voyage pour la partie administrative, on nous informe que la frontière tibétaine vient d'être fermée jusqu'à nouvel ordre, car des heurts ont encore éclatés entre tibétains et occupants chinois. Il faut savoir qu'en signe de solidarité pour les tibétains torturés, emprisonnés ou tués l'an dernier à la même époque par les chinois, les frères tibétains ont tous décidé de ne pas fêter le nouvel an cette année. Or les chinois les y obligent ! Ces derniers les obligent également à signer des pétitions contre le Dalaï Lama. Dernièrement, des tibétains ont incendié un poste de police chinoise provoquant ainsi la venue d'un gros renfort militaire. Si au moins la Chine était franche et disait la vérité sur le Tibet. Car le Tibet, avant d'être un plateau désertique situé à près de 5000 mètres d'altitude et peuplé de gens rigolos, c'est un réservoir incroyable de ressources rares, de métaux précieux ou encore de lithium dans les lacs salés sacrés. Et puis pour fabriquer tous ces produits ''made in china'' comme les vélos électriques, téléphones portables, ordinateurs et autre gadgets électroniques jetables, il faut en retourner des tonnes et des tonnes de terre dans des mines à ciel ouvert et il faut en faire sauter des bâtons de dynamite et il faut en produire du CO2. Enfin quand la Chine est accusée d'être le plus gros pollueur au monde devant les Etats-Unis, elle répond, (et elle a raison d'ailleurs) que ce n'est pas tant de sa faute mais plutôt celle des pays qui achètent le ''made in china''!

    Vous avez compris ce qu'il vous reste à faire ? BOYCOTTEZ DEFINITIEMENT TOUT CE QUI EST FABRIQUE EN CHINE !!!

    Bref pour en revenir au Népal, nous voici coincé avec l'impossibilité de continuer l'itinéraire prévu de notre voyage. La tête pleine de questions, nous rencontrons Darius l'anglais musicien qui a lui aussi traversé le Tibet à vélo! Il veut rentrer chez lui en Angleterre toujours à vélo mais il a du mal à quitter le Népal. (Serait-ce à cause d'une charmante népalaise vendeuse de fruits et légumes?).
    Ne pouvant tenir plus longtemps dans la pollution de la capitale, nous décidons de partir quelques jours dans les montagnes. Malheureusement même loin de tout, il y a toujours une fumée de plastique qui vient nous ronger la santé. De retour à Katmandou pour être présents aux rencontres internationales de l'espéranto dans l'Himalaya, nous retrouvons Razen, notre hôte, mais aussi Miranda l'australienne que nous avions rencontré à Pokhara avec Himalal. Puis plein d'autres espérantistes Chinois, Coréens, Japonais, Allemands, Danois, Indiens...

    Lors du congrès, nous discutons avec Shree le vice président de l'association d'esperanto au Népal. Il nous met en relation avec des élèves à lui qui apprennent l'espéranto et qui sont par ailleurs actifs au sein de l'association ''Society Of  Humanism'' qui s'occupe de valoriser les castes d'intouchables en les aidant à accéder à de l'eau potable, des toilettes, et surtout l'instruction des enfants. Le rendez-vous est pris et le lendemain nous rencontrons les membres de l'association qui nous proposent de visiter le village pilote de l'association situé à l'Est de la capitale.


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    Randonnée dans l'Annapurna.

    Un problème sur notre petit ordinateur nous a obligés à tout réinstaller, persuadés que tout était sauvegardé sur la clé USB. Malheureusement en recherchant sur notre escapade dans les montagnes, les 15 pages de récits dont nous étions particulièrement fiers, il semblerait qu'elles n'aient pas survécu au formatage de l'ordinateur. A priori, à notre grand regret, tout est perdu. Il est difficile maintenant de faire travailler notre mémoire pour réécrire notre long récit. Trop d'éléments nous manquent et nous avons renvoyé nos prises de notes en France.

     Voici simplement un petit résumé de nos aventures dans les montagnes de l'Annapurna :

    Partis un matin à la fraîche de chez Himalal. Nous commençons la randonnée par  nous tailler un bâton dans du bambou. Au début du circuit balisé, nous voulions prendre l'un des nombreux bâtons abandonnés par les randonneurs précédents, mais le gérant du restaurant d'à coté avait décidé de se faire un business avec ces bouts de bois et il voulait absolument vendre ce qui ne lui appartenait pas. Nous avons refusé et avons fabriqué nos propres bâtons. Ceci dit nous avons fait extrêmement attention de ne pas détruire un arbre ou une plante rare ce qui n'est pas le cas de tous les randonneurs. La première matinée se passe à monter des marches. Très vite nous constatons un changement important. Nous sommes sereins, joyeux et calmes. Mais bon sang ! D'où vient ce bien être ?? Nous trouvons vite la réponse : Ici  PAS DE VOITURES ! Donc, pas de klaxons, pas de gaz d'échappements, pas de fumée noire, pas de dangereux chauffards assassins en puissance alcooliques ou drogués au Red Bull. Le Paradis quoi ! Les montagnes du toit du monde attirent tellement de touristes étrangers que toute une infrastructure d'accueil s'est développée. Chaque heure de marche nous croisons des hôtels restaurants. Beaucoup de ces hôtels sont équipés de chauffes eau solaires et sont bien plus luxueux que tous ceux que nous avons vus jusqu'à présent.  Étant déconnectés du réseau national de distribution de l'électricité, ces hôtels sont tous équipés de systèmes solaire ou de turbine fonctionnant grâce à l'eau des torrents, Du coup, même si la production impose d'être économe, contrairement au reste du pays, il n'y a jamais de coupures de courant! Les deux premiers jours de randonnées, nous dormons à plus de 2000 mètres et nous sommes encore dans des zones habitables, il y a des villages au milieu des cultures en terrasse. La plupart des habitants de ces montagnes se sont reconvertis dans l'accueil des touristes en ouvrant des hôtels restaurants. Il y a même une grosse organisation qui gère un réseau de refuges où les personnes qui y travaillent changent de places tous les 15 jours ou 3 semaines et vont progressivement de la vallée vers le sommet puis redescendent vers Pokhara où ils auront droit à quelques semaines de congé. C'est justement deux gérants qui nous ont expliqué tout cela. Ils nous ont également montré des arrêtés qui fixent les prix de l'hébergement et de la nourriture. C'est partout pareil et ce système à l'avantage de limiter la concurrence et d'être plus équitable. Ces employés que nous avons rencontrés nous ont aussi expliqué que chaque année se tenait une assemblée générale où ils se devaient de participer pour fixer aussi bien le prix de la tasse de thé que les modalités pour randonner dans ces montagnes. Nous avons fait savoir à toutes les personnes travaillant dans cette structure touristique que nous souhaiterions qu'à la prochaine grande assemblée, il soit demandé un changement dans la délivrance des permis de randonner, car si pour le moment il suffit de payer 20 euros de formalités, rien n'indique au touriste qu'il pénètre dans une zone naturelle protégée. Nous demandons donc qu'un genre de contrat soit lu et approuvé par toutes les personnes qui viennent visiter ces montagnes. Quelque chose du genre, « j'ai bien lu et pris conscience que je pénètre dans une zone naturelle où les écosystèmes sont particulièrement fragiles. Je m'engage à respecter les plantes, les animaux et les gens vivants ici. Dans ces montagnes, j'accepte de me faire tout petit et je ne laisse que l'empreinte de mes pas sur les sentiers. Par conséquent, Je m'engage à ne laisser aucun déchet que j'aurais emporté dans mon sac à dos ou celui de mon porteur ! ». Il faut dire que nous avons été particulièrement effrayés par les touristes asiatiques. Coréens et chinois étant très nombreux à cette époque de l'année. Nous avons bien sympathisé avec certains coréens très gentils, mais ils n'ont reçu aucune éducation à la protection de l'environnement. Sans se poser aucune question, ils louent des porteurs qui leur emmènent tout un tas de trucs jusqu'au sommet. Les porteurs sont pleins de biscuits et bonbons dans des emballages individuels, de la nourriture coréenne suremballée, des kilos et des kilos de chaufferettes chimiques pour les mains les pieds et les appareils photos qui souffrent aussi du froid, des piles de rechange pour le lecteur MP3, la lampe frontale ou l'appareil photo. Bien entendu, tout ceci se retrouve dans la nature ou  au mieux dans une poubelle qui ne sera jamais redescendue dans la vallée, mais brûlée sur place. En essayant de discuter avec des coréens frigorifiés rencontrés au camp de base de l'Annapurna à 4130 mètres, nous avons récupéré leurs chaufferettes chimiques qui avaient cessé de rayonner leur éphémère chaleur et nous leur avons expliqué que nous les redescendrons dans la vallée car si elles restent là, elles seront incinérées provoquant une pollution supplémentaire dans ces lieux magnifiques. Et c'est ce que nous avons fait. En plus des emballages de biscuits que nous avions emmené dans ces montagnes, nous avons redescendus quelques déchets des autres en espérant que ça les fasse réfléchir un peu.

    Pour continuer le résumé pas très positif on est désolés, de notre balade dans l'Himalaya, il y a aussi les paysans complètement pourris à cause des touristes. En fait, quand un touriste vient se prendre pour un héro à la conquête des sommets enneigés, avec son baladeur sur les oreilles, son appareil photo, ses médicaments et ses vestes de montagne dernière génération. Rien que comme cela, il a déjà un impact important sur les habitants de ces montagnes. Là où commence les erreurs graves, c'est lorsqu'un touriste donne un bonbon à un enfant. D'un seul coup, tous les autres touristes deviennent confiseurs. Ensuite lorsque le touriste en grand héro, donne un anti-inflammatoire à une grand-mère pour soigner sa rage de dents, ou bien lorsqu'il donne de la pommade contre les coups à une fillette qui se tord la cheville, Par la suite tous les touristes deviennent médecins et pharmaciens. Enfin lorsqu'un touriste donne un vieux stylo publicitaire, soudain, ce sont tous les sacs à dos de touristes qui se transforment à armoire à fourniture scolaire. Alors avec tout cela, il ne faut plus s'étonner si pendant toute la randonnée dans les zones habitées, les enfants nous demandaient sans cesse, du chocolat, des bonbons, de l'argent. Les grandes personnes aussi nous demandaient de l'argent pour l'école ou bien sur le chemin des femmes nous demandaient de soigner leurs dents, ou bien de leur donner un pansement pour un doigt, un cachet pour la migraine ou de la pommade pour le poignet. Voici donc l'image fausse que peuvent finir par donner les touristes qui ne réfléchissent pas aux conséquences de leurs actes. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, ils peuvent transformer la montagne en dépotoir et les gens en mendiants.

    A part ces petits soucis qui nous rongent et qui sont peut-être simplement dus à notre trop grande sensibilité par rapport à l'avenir de l'humanité et de la richesse de notre terre, Ces montagnes sont très belles et certains moments ont été magiques. Nous ne sommes pas près d'oublier les traversées des vieilles forêts de rhododendrons géants, si vieilles avec les mousses pendantes aux branches qu'on aurait pris pour des barbes de vieux druides. Nous avons même cru apercevoir des nains, des elfes et d'autres êtres qui nous semblaient jusque là complètement imaginaires. En quittant ces forêts pour des hauteurs où les arbres ne poussent plus, nous avons été complètement absorbés par le silence qui régnait là haut. Pendant quelques instants, nous sommes restés seuls quelques centaines de mètres après le camp de base, au bord d'une faille crée par un glacier. Pas un coréen à l'horizon, le gardien du refuge parti plus bas chercher un bidon d'eau, nous étions complètement seuls dans l'environnement le plus silencieux de notre vie. Comme emprisonnés dans un poster, rien ne bougeait et les seuls sons parasites provenaient de notre corps. Soudain, le bruit des ailes et le croassement d'un corbeau sont venus briser ce silence. Nous écoutons les cailloux qui se décrochent des parois, les craquements des glaciers qui avancent et fondent lentement, puis le bruit sourd d'une avalanche dont la neige soulevée se transforme aussitôt en vapeur, formant ainsi le premier nuage de la journée.

    Après cette matinée qui fut l'un des plus beaux moments de notre voyage mais aussi de notre vie, nous avons découvert le mal de l'altitude. Les nuages venus de la vallée nous ont englobés et ne sachant que faire et comment passer le temps, nous avons décidé de faire une bonne sieste. Manque de pot, au bout de 2 heures, nous avons été réveillés par un mal de crâne. Depuis le matin, nous n'avions presque pas bu et dormir pendant la journée est pire que tout car l'air étant encore moins dense pendant le jour et notre respiration plus lente pendant la sieste, nous avons fini par manquer d'oxygène.

    Alice : ''J'ai pu très difficilement manger le dîner et encore je n'ai pas pu finir mon assiette.''

    Cédric : '' De mon coté, je n'ai même pas pu toucher au plat tellement la nausée  accompagnait le mal de tête. J'ai passé la soirée dehors au clair de la lune à monter et descendre les marches et à boire de l'eau chaude. Résultat : les fenêtres de la chambre sont restées ouvertes par -15 °C et la nuit est restée mouvementée sur le parcours verglacé des toilettes ce qui me fait dire que J'ai peut-être un peu forcé la dose de réhydratation à l'eau chaude.''

     Avant de redescendre dans la vallée pour y retrouver la pollution, le bruit, la fumée, la misère,... nous profitons de quelques journées pour sortir des sentiers battus par trop de touristes et redescendre en zigzag par les chemins secondaires. Nous avons de plaisir de rencontrer Anne-Cécile et Pavel, deux français travaillant dans des banques au Japon! Ils ont bien su nous expliquer la crise financière et la crise économique qui commençait!

    Après une très belle observation d'un loup, ouais un vrai ! Qui s'enfuyait au travers de la forêt de rhododendrons fleuris! Nous avons progressivement et trop rapidement rejoint la civilisation et ses dangers! a peine avons nous rejoint un chemin carrossable que déjà le harcèlement  des chauffeurs de taxis 4x4 commence avec leur proposition délirantes pour nous ramener dans le quartier touristique de Pokhara! Pour retourner chez Himalal, nous prenons un bus local,  une grosse erreur qui aurait pus nous être fatale! Accompagné d'une musique lente, le bus semble se briser en deux à chaque fois qu'il y a de gros trous sur la route! Cette dernière est d'ailleurs complètement défoncée et en zigzag! Nous sommes accrochés à flanc de montagne au dessus du vide et nous prions pour que ce cauchemar s'arrête au plus vite!

    De retour chez Himalal, il a du mal à croire que nous y sommes arrivés sans guides! Nous passons une dernière soirée en compagnie de lui et sa famille! Nous ne voulons pas déranger plus longtemps alors qu'il est en train de construire un nouvel étage à sa maison!

    Le lendemain matin, nous allons au bureau de l'immigration afin de prolonger nos visas de deux semaines, puis nous prenons la route vers Katmandou!


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  • Voici le récit du Népal. Nous l'avons un peu résumé pour essayer de récupérer le retard que nous accumulons depuis plusieurs mois. Il y a quand même des choses à lire, alors...

    ... bonne lecture.


    Du 13 au 22 janvier 2009 Sur la route au Sud du Népal

    Pour commencer notre traversée du pays qui compte les plus hauts sommets de la planète, nous sommes restés plusieurs jours sur une route on ne peut plus plate. Après notre mauvaise impression lors du passage de la frontière avec les deux fonctionnaires corrompus, nous avons eu la bonne surprise de constater que la plupart des népalais se déplacent en vélos, à pied, en Bus et en moto. Nous pouvons enfin respirer avec toutefois quelques apnées dans les villes et villages où l'incinération du plastique est toujours à la mode. Nous voyons souvent des bus pleins à craquer avec tellement de passagers pendus aux portes du véhicule que celui ci est prêt de basculer. Un jour, nous avons même vu un bus commencer un ''deux roues'' en nous doublant. Parfois, quand ce ne sont pas des gens ou des marchandises sur le toit, nous voyons des troupeaux de chèvres. Sur cette unique route asphaltée au sud du pays, les seuls gros 4x4 que nous voyons sont ceux de l'Organisation des Nations Unis. Ces gros véhicules blancs, flambant neufs montrent un peu avec quelle arrogance les pays puissants traitent les autres soi-disant ''sous-développés''. Bien que ne respectant aucun code de la route, les autochtones dans leur camion ou leur bus, roulent moins vite et freinent pour laisser passer les vaches ou les vélos. A l'inverse, les gros 4x4 de l'ONU se croient tout permis, ou bien très important, ou bien sur le Paris-Dakar, toujours est-il qu'ils roulent comme des tarés et que plusieurs fois nous avons été très prêts de sortir de la route à cause d'eux. Si au moins, nous avions pu voir des réalisations concrètes, ou bien un réel travail engagé auprès de la population. Malheureusement, comme la plupart des népalais à qui nous avons demandé que faisait les nations unis dans leur pays, nous commençons à croire qu'ils ne font rien d'autre que brûler du pétrole dans leur tout terrain climatisés. A katmandou, nous avons rencontré par hasard des européens qui travaillent à l'ONU. Nous leur avons demandé quels étaient les gros chantiers de l'ONU en ce moment au Népal. La réponse est : ''nous sommes en train de rédiger une constitution pour le nouveau gouvernement Maoïste''. Autrement dit, ils grattent du papier et pour trouver l'inspiration, ils se promènent dans des voitures qui consomment 15 litres au cent.

    Excusez nous pour ce jugement un peu négatif sur l'utilité des Nations Unis au Népal. Peut-être que de simples économies sur les véhicules et quelques réalisations concrètes pleines de bon sens, auraient suffit à tempérer notre point de vue. Nous nous sommes parfois demandé si le passage quotidien de ces 4x4 ne servaient pas justement à caché le fait que les Nations Unis sont inutiles.

    Sur cette route nous essayons de camper et lorsque nous sentons que l'endroit n'est pas très sur, nous trouvons un hôtel. Finalement, même dans les toutes petites villes nous trouvons facilement de quoi loger. A condition bien sur de ne pas être trop exigeant du point de vue confort et hygiène. Plusieurs fois nous avons dû nous contenter de repaires d'alcooliques où les murs de chambres ne sont que de simples planches ajourées, des lits trop petits, en bois, sans matelas et avec du vomit séché. Des cadavres de bouteilles de whisky où de bière sont généralement cachés sous les lits. Pour 100 roupies la nuit soit 1 euro nous pensons qu'il ne faut pas être trop exigeants. Mais nous nous trompons. Notre rencontre avec un jeune guide de la réserve naturelle de Bardia nous ouvre les yeux. Pour 150 roupies nous pouvons loger dans une petite maisonnette individuelle très propre et très confortable. Dans la salle de bains commune, nous pouvons même demander un seau d'eau chaude sans avoir à payer de suppléments. Bref, le luxe pour 1,50 euro.


    Le Parc naturel de Bardia

    Après un Noël très tranquille à cause de la pneumonie, nous décidons de nous offrir une petite visite dans le parc. Pas question d'y aller en jeep ou bien à dos d'éléphants, nous y allons à pied, encore la meilleure façon de découvrir la nature. A part un rhinocéros, de nombreux cervidés, un crocodile et quelques touristes, la jungle nous a semblé bien vide. Le guide est également très inquiet et surtout très pessimiste. Arrêtés en fin de matinée dans un mirador, il nous explique qu'il y a quelques années, nous aurions pu voir de nombreux vautours de races différentes. Malheureusement nous n'en avons vu qu'un seul. L'explication de cette tragédie est maintenant reconnue et réside dans un changement de pratique paysanne au sein de l'élevage des vaches. Au Népal comme en Inde, la vache est sacrée et par conséquent pas consommée. Par contre, elles donnent du lait. Et pour obtenir plus de lait, tout le monde ou presque injecte régulièrement des produits vétérinaires toxiques. La production de lait augmente mais la viande devient toxique et lorsque les vaches meurent, elles sont traditionnellement transportées au bord du chemin à l'extérieur des villages où leur carcasse se fait dévorer par les vautours. Des analyses sur ces derniers ont révélé la présence massive du produit injecté dans les vaches. Il nous explique aussi que malgré la protection armée dans le parc, le peu de tigres qui restent est menacé par le braconnage, l'empoisonnement la consanguinité ou encore l'absence de proie qui serait entre autre la cause d'un manque de tigre. Cela s'est déjà vu par le passé lorsque les cerfs n'avaient plus de prédateurs, leur population à augmenté sans limite jusqu'à ce qu'une maladie survienne et les tue presque jusqu'au dernier.


    En repartant du parc de Bardia, la route alterne entre jungle et villages toujours surpeuplés. Comme il y a du monde toujours partout, il est extrêmement difficile de planter la tente sans se faire repérer. Même enfoncé dans la jungle, il y a toujours des gens qui se promènent, des femmes qui ramassent du bois, des enfants qui accompagnent les troupeaux de chèvres. Les hôtels étant très sales et bruyants, nous ne ratons pas une occasion de dormir dans notre tente. Un soir nous quittons la route, traversons plusieurs bras d'un petit ruisseau pour nous retrouver sur le plus beau terrain de camping du voyage. Des zones de pâture nous offrent un vrai gazon anglais sur une surface complètement plate sur les rives du ruisseau. Loin de la route et de tous villages, nous sommes tranquilles et à part quelques enfants qui nous contemplent toute la soirée puis le lendemain matin dès la première heure, il n'y a personne pour nous déranger.

    3 jours plus tard, une autre nuit de camping dans la jungle s'est transformée en véritable cauchemar les yeux grands ouverts. Alors que nous étions sur la route à la tombée d'une nuit sans lune, nous avons mis à profit le seul moment où personne n'était en vue pour tourner discrètement dans la jungle. Sous le couvert des arbres, nous traversons un troupeaux de vaches sans gardien et nous nous installons loin de la route et loin de tout. La proximité avec des animaux sauvages nous fait définitivement moins peur que les hommes et nous sommes rassurés. Soudain, en début de nuit, des coups de feu résonnent dans la jungle. 2 coups lointains et un troisième beaucoup plus près. Dans cette nuit sans lune, loin de toute ville, en plein coeur de la jungle népalaise au pied des montagnes, la peur nous envahie. Qui peut bien chasser en pleine nuit ? Dans la réserve de Bardia, le guide nous a dit que des paysans font du trafic d'animaux et les tuent pour les manger ou les revendre au marché noir. Nous sommes terrorisés, cloîtrés au fond de notre tente. Que se passera-t'il si ces brigands armés viennent à nous trouver ? et s'ils tirent dans le noir sans voir les cibles et que nous faisons du bruit qui trahisse notre présence ? Pendant la nuit, personne ne circule sur la route au loin. Nous entendons encore des coups de fusils. Nous ne bougeons plus, notre respiration s'arrête et nous gardons les yeux ouverts jusqu'au petit matin en espérant que l'obscurité nous cache de ces inconnus armés.

    Après cette nuit blanche, nous arrivons à Butwal, une ville au Sud du Népal. D'ici nous tournons à gauche et prenons le cap plein Nord vers les montagnes. Une première longue longue longue et difficile ascension nous mène à Tansen, une petite ville recommandée par le cycliste Allemand qui nous a donné une paire de chaussette lorsque nous l'avons croisé dans la réserve de Bardia. Nous voulons vraiment arriver dans cette ville, mais la nuit nous rattrape. Hors de question de dormir dehors, nous nous dépassons physiquement pour arriver dans un hôtel.

    Finalement, Tansen est une ville très touristique et nous trouvons l'hôtel le moins cher de la ville mais le plus cher depuis notre arrivée au Népal. C'est incroyable comme il suffit qu'un hôtel miteux comme celui-ci soit inscrit sur le guide lonely planet pour que les touristes affluent. En plus la nourriture n'est pas si bonne et saine. Le couple Anglo-polonais que nous avons rencontré pourrait en témoigner. C'est d'ailleurs étrange la rencontre avec ce couple. Nous l'avons croisé la première fois à Tansen, puis par hasard à Pokarah, puis encore dans les ruelles de Katmandou un mois plus tard !


    23 et 24 janvier Accueil chaleureux d'une famille népalaise que nous n'oublierons pas !

    Au petit matin nous partons de Tansen pour continuer la route vers Pokhara où nous seront hébergés chez Himalal, un espérantiste. Plus nous nous enfonçons dans les montagnes plus les paysages et les gens changent. Nous passons à côté d'un village où les paysans se sont regroupés et lancés dans la production d'un café biologique. Les zones de cultures en terrasses se mélangent aux zones de jungle. Nous commençons à voir de plus en plus de rochers et par endroits le sol n'est plus très épais. Sur le bord de la route, il y a des sources d'eau claire. Cette eau pure et fraîche est utilisée par les locaux qui viennent remplir des bidons, ou bien se laver ou laver les véhicules. Au Népal, la toilette du corps se fait généralement le matin, au bord de la route à la vue de tout le monde. Les hommes en slip et les femmes enroulées généralement dans un drap. Cela nous semble ni très pratique ni très intime et on a parfois bien envie de leur proposer de construire ne serait-ce qu'un simple paravent de bambou.

    Le soir, nous cherchons un lieu pour camper, mais la tâche s'avère difficile car les zones plates sont rares et quand il y en a, elles sont généralement sales ou inaccessibles avec les vélos, ou trop à la vue des gens. En désespoir de cause, nous demandons à deux jeunes filles où pourrions nous camper ? Elles sont toutes les deux très heureuses de nous rencontrer et nous invitent tout de suite dans leur famille. C'est notre première invitation dans une famille népalaise, nous acceptons. Chez eux, comme dans la plupart des ménages népalais, on est persuadé d'être très pauvre. Pourtant, la maman est institutrice, le papa un militaire en invalidité et les 5 enfants sont tous de brillants élèves. L'une des 3 soeurs est institutrice et vit toujours à la maison. Par rapport aux petits paysans que nous avons croisés au Sud du pays, cette famille possède un niveau de vie bien plus élevé. Ils habitent une grande maison très décorée et bien meublée. Ils ont la télé satellite. Ils ont des champs, un boeuf pour travailler et une bufflonne pour le lait, des chèvres que le père élève pour vendre. Une installation Biogaz fournit presque assez de gaz pour toutes les cuissons. Le problème de cette famille en or, c'est que les enfants sont doués et qu'ils souhaitent tous faire des études supérieures. Malheureusement, ils sont 5 et les études coûtent vraiment trop cher pour les parents. Pour rapporter plus d'argent, le fils aîné s'est acheté des méthodes pour apprendre le japonais car il est persuadé qu'il pourra trouver un travail au Japon et renvoyer suffisamment d'argent pour payer les études de ses soeurs et de son frère. Nous nous rendons compte que cette famille cultivée vit en permanence avec le model occidental en tête. Ils rêvent de grandes maisons, de double vitrage, de voitures et de vie facile à la française. Comment peut-on leur en vouloir ? On essaye de leur expliquer qu'en France c'est pas si facile, qu'en ce moment c'est plutôt la crise, que la répression policière augmente et frappe les classes les plus pauvres qui n'ont plus grand chose à perdre et sont prêtes à descendre dans la rue pour tout révolutionner. Nous essayons aussi de leur parler de l'environnement et que le mode de vie à l'occidental ne doit surtout pas être reproduit sous peine de détruire complètement la planète. Qu'est ce qui est le plus important ? Gagner de l'argent ou détruire son environnement et polluer son assiette et ses enfants ?

    Est-ce que ce besoin de gagner de l'argent est tellement important qu'on doit accepter un salaire en échange de couper la branche sur laquelle on est assis ?

    Bref, nous discutons beaucoup et surtout avec le fils ainé qui parle très bien anglais. Nous pensions rester une nuit, mais ils ont tous tellement insisté pour que l'on reste plus longtemps que nous avons fini par craquer. Ils n'arrêtent pas de répéter qu'ils ont peur qu'on les oublie, ils souhaitent que l'on se souviennent d'eux mais ils sont tellement persuadés d'être si peu de choses qu'ils pensent qu'à peine remontés sur nos vélos nous les aurons définitivement oubliés. Nous essayons de les rassurer et nous leur expliquons que nous nous souvenons de toutes les familles qui nous ont accueillis pendant le voyage.

    Après nous avoir présentés à tout le village et nous promener dans la fête foraine de la ville voisine, nous faisons nos adieux à tout le monde et nous reprenons la route.



    25 janvier Arrivée à Pokhara

    Quelques dizaines de kilomètres avant Pokhara nous commençons à admirer les sommets de plus de 8000 mètres qui se mélangent aux nuages. Au Nord de Pokhara nous retrouvons Himalal qui nous accueille chez lui. Nous discutons beaucoup de politique et les débats sont souvent animés car si nous sommes généralement d'accord sur le constat, nous n'avons pas les mêmes idées pour résoudre les problèmes de notre monde malade. Le matin, de bonne heure, nous allons faire un petit tour dehors et nous sommes comme envoûtés par l'immense beauté des premiers rayons de soleil sur les glaciers. C'est décidé, nous lâchons les vélos pour quelques jours de promenade à la conquête des sommets. Himalal nous met en garde sur les dangers de la montagne, les conditions climatiques difficiles et les sentiers escarpés. Il nous assure que sans guide, partir n'est que pure folie. Par chance, il connaît le directeur d'une agence de trekking et dès le lendemain, il nous y conduit.

    A l'agence, nous ne savons toujours pas pour qui ils nous ont pris. Notre tête d'européens doit signifier que nous avons assez d'argent pour payer un guide et un porteur pendant 10 jours. Toujours est-il que déçus nous pensons ne pas pouvoir nous permettre cette randonnée. Le guide à 350 euros semble obligatoire et nous devons payer un permis de 20 euros chacun pour entrer dans la zone de montagne. Le directeur de l'agence qui parle deux mots d'Espéranto, nous laisse toutefois dans le doute, malgré une réduction exceptionnelle (merci l'espéranto), nous ne sommes pas sûrs de lui faire confiance. Avec ses recommandations du genre : ''prévoyez quand même un porteur car le manque d'oxygène vous empêchera de porter de lourdes charges. Et puis aussi emportez des vêtements chauds et au moins trois pulls, trois pantalons et un sous-vêtement pour chaque jour car en altitude il fait très froid et on ne peut pas laver les vêtements car ils gèlent aussitôt''.

    Cédric : ''Ca lui a fait bizarre quand on lui a dit que nous sommes venus de France à vélo et que depuis 10 mois, je ne porte qu'un tee-shirt et un slip.''

    Plus tard en nous promenant tous les deux dans Pokhara, nous rencontrons Gorgan, un cycliste français, savoyard et capitaine de bateau. Il vient de traverser le Tibet à vélo et il est également parti faire la randonnée jusqu'au camp de base de l'Anapurna. Nous passons un après-midi entier à discuter. Il nous raconte sa traversée du Tibet et nous remonte le moral pour notre randonnée dans les montagnes. Il nous explique qu'un guide n'est absolument pas nécessaire. Persuadé lui aussi de partir à l'aventure, il est parti le premier jour avec sa tente, son réchaud, de la nourriture, le plein de carburant... Au bout de deux heures, il avait déjà croisé plusieurs restaurants et hôtels à touristes en pleine montagne. Il a fini par tout laisser dans un hôtel, puis s'est rendu au sommet avec presque rien. Il nous indique où nous pouvons directement retirer des permis d'entrée.

    Nous louons un sac à dos et en achetons un autre petit pour remplacer le nôtre tout déchiré. Nous informons Hymalal que dès le lendemain, nous partons pour le camp de base de l'Anapurna. Il reste septique et une dernière fois nous déconseille de partir sans guide, persuadé que nous courrons droit à l'échec. Lui même a essayé par 3 fois de rejoindre le camp de base, mais il a du renoncer avant de l'atteindre. De notre côté, après 10 mois de vélo, nous pensons bénéficier d'une certaine habitude à l'effort et d'une bonne condition physique malgré la récente pneumonie de Cédric.


    voici dans le prochain article le récit de notre magnifique balade dans les montagnes de l'Himalaya :

     


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