• Bonjour à tous,
    Voici le récit très synthétique de notre séjour à Dubaï. Nous aurions beaucoup de choses à dire  mais le temps nous manque. Nous vous raconterons tout cela à notre retour !!!

    DUBAÏ
    du 21 octobre au 13 novembre 2008

    Dubaï aux Emirats Arabes Unis. Tout le monde se fait une idée sur cette ville de folie chez les rois du pétrole. Pour certains, Dubaï est un rêve absolu, pour d'autres un enfer. A ceux qui attendent de nous des critiques, qu'elles soient bonnes ou mauvaises, veuillez nous pardonner, car nous avons décidé de décrire simplement et de la manière la plus objective possible notre séjour aux E.A.U.

    Voici donc le récit de nos 2 paires d'yeux seulement:

    Après avoir quitté l'Iran sur un bateau où nous avons retrouvé Martin et Andrea, les suisses à vélos que nous avions rencontré à Yazd. Après avoir croisé la flotte de petits bateaux de contrebandiers, les plateformes pétrolières et les remorqueurs tractant d'immense quantité de terre, de sable et de cailloux (pour la réalisation des îles artificielles), Dubaï est en vue. En premier, nous ne voyons de la cité que le nuage de pollution qui l'entoure. Ensuite seulement apparaissent les gigantesques tours. Au port de Sharjah, nous passons du temps dans la douane. Hommes et femmes sont transportés séparément dans deux bus. Pour le contrôle des passeports, c'est très simple pour les garçons, mais pour les filles, c'est la fouille corporelle, la biométrie de l'oeil, et la file d'attente. Nous attendons deux bonnes heures avant de pouvoir récupérer nos bagages, mais nous ne pouvons toujours pas sortir car le chien anti-drogue à senti quelque chose dans les sacoches d'Alice. Elle doit tout déballer et expliquer aux policiers. Un détail nous choque cependant car nos sacs (tous noirs) étaient disposés ensemble dans la salle et alors que même pour nous c'est parfois difficile de savoir qui est à qui, nous avons du mal à comprendre comment les policiers ont pu faire une distinction parmi nos bagages. Enfin sortis, Raïa nous attend avec sa fille Kalina. Nous retrouvons aussi Martin et Andrea qui vont probablement aller dormir sur une plage. Raïa est très gentille et leur propose tout de suite de les accueillir même s'ils ne parlent pas Espéranto. Un peu gênés, ils finissent par accepter. Nous mettons donc tous nos bagages dans le grand 4x4 et nous le suivons jusqu'au centre ville. Nous découvrons l'infrastructure routière et le trafic local. PAS une seule bande cyclable, PAS de trottoirs, une circulation de folie avec une large majorité de 4x4. Au premier rond point, alors que nous étions engagés, un bus est arrivé et ne s'est pas arrêté passant juste entre nous deux. Bref en 10 kms, nous avons failli tous mourir 3 fois. Sur la place d'un centre culturel, nous rencontrons Julio et Baskher, deux autres Espérantistes. Le premier est Stewart et brésilien, le deuxième est ingénieur et Indien. Nous rencontrons aussi un couple de Tunisiens très sympathique. Nous passons la soirée sur une terrasse de café et nous tentons de comprendre le mode de vie local. Arrivés non sans peine jusque dans la grande maison de Raïa, nous découvrons le luxe. La gigantesque télé, la climatisation qui fait que nous avons un peu froid. Les canapés, le piano, la grande cuisine, le billard, et l'espace intérieur suffisamment important pour que les enfants puissent circuler en trottinette et à vélo.

    Nous passons notre séjour à intervenir dans les écoles pour présenter le projet portrait de planète, à cette occasion nous tentons de sensibiliser les jeunes à l'environnement. Avec Raïa comme guide, nous visitons aussi de nombreux hôtels de luxes. Le reste du temps nous le consacrons à chercher une solution pour rejoindre l'Inde en bateau. Nous avons demandé aux ports, aux compagnies de cargos, aux compagnies de transport de conteneurs, aux équipages, sur internet... Aucunes solutions, nous devons nous résigner à prendre l'avion.

    Alice prend la suite du récit en évoquant les grands moments de nos trois semaines à Dubaï :

    Tout d'abord nous remercions Raïa et sa famille de nous avoir hébergés et fait découvrir la ville. Pour nous, séjourner chez des habitants du pays, nous permet de comprendre et de découvrir de manière plus réelle le mode de vie local.
    Nous voulions aussi remercier Julio qui nous a aidé à rencontrer des écoles, fait connaître le Tchoukball, montré des endroits magnifiques comme ce canyon en Oman et aidé pour que nous ne payons pas d'extras pour les vélos lors de notre vol pour l'Inde.

    Hôtels 5 étoiles
    Raïa, nous a donc fait découvrir le luxe des hôtels 5 étoiles. Toute une journée, nous avons passé à les visiter comme nous aurions visité les châteaux de la Loire. Les toilettes sont magnifiques, le hall d'entrée immense avec tous les employés en tenue folklorique. Tout y est millimétré. Des milliers de fleurs coupées partout, l'immense corbeille fleurie de Lys, Roses et Orchidées dans le hall. Bien entendu, comme tout le reste, elles sont importées par avion.
    Le dernier hôtel à la mode, l'Atlantys. Le hall est immense avec une gigantesque sculpture en verre avec un dégradé de couleur allant du rouge vers le bleu située en plein milieu de la pièce sous une coupole. Quand nous entrons, nous sommes forcément impressionnés par sa taille. Derrière celle-ci de grandes baies vitrées où nous pouvons contempler la plage artificielle créée dans la lagune. Il y a eu un problème avec la construction de cette «Palm island », île artificielle en forme de palmier. L'eau de la mer, ne pouvant plus circuler commençait à devenir nauséabonde. Des ouvertures ont été realisées pour que l'eau puisse être renouvelée et cela à peut-être réussi à remédier en partie au problème. Voulez-vous vous y baigner? Non? Cela n'est pas grave, ils ont pensé aux piscines!
    Dans ce nouveau « palace » au bout de l'archipel artificiel, nous avons découvert l'aquarium LE PLUS grand du monde pour un hôtel, contenant des centaines de poissons dont un requin baleine qui n'arrête pas de tourner en rond. Celui-ci n'a pas son espace vital c'est pourquoi une association anglaise demande à ce qu'il soit relâché.
    Les gens sont émerveillés devant cet immense aquarium, les cris résonnent dans ce grand hall impersonnel. Si nous le souhaitons, nous pouvons faire la queue pour être photographier sur le trône de l'Atlantys. Mais nous irons plus loin visiter le mall de l'hôtel (c'est à dire le centre commercial). C'est un alignement de boutiques luxueuses et de restaurants. La visite de l'aquarium coûte environ 30 euros. On doit aussi payer des prix astronomiques pour l'aquaparc où l'on peut nager avec les dauphins captifs.
    Je ne sais pas si c'est parce que l'hôtel vient d'ouvrir depuis quelques semaines mais il y a un monde fou qui vient le visiter. Il doit y avoir 3 000 chambres et une centaine de suites.
    L'intérieur, même si Cédric a écrit qu'il fallait rester objectif, me fait penser à Disneyland. Il y a de grosses peintures de poissons très enfantines, des blasons que nous pourrions voir dans des dessins animées,... quel contraste avec le prestige qu'ils veulent donner.
    Andréa s'est promenée dans les hôtels avec une énorme herbe dans les cheveux que lui avait mise Kalina à son insu et on peut donc l'admirer ainsi sur les photos de Martin. Allez sur leur site superbe, www.silkroad-express.ch
    Bref si vous recherchez le calme à Dubaï, n'allez pas dans ces immenses hôtels 5 étoiles.

    Animalerie
    Nous passons un après-midi dans un aquarium censé prôner la protection de l'environnement, nous pouvons lire une petite exposition qui dit que le changement climatique est naturel mais que certains scientifiques, même s'ils n'ont jamais pu le prouver, pensent que cela est dû à l'activité humaine. Après les poissons, nous allons dans une animalerie pour acheter à manger aux lapins, cailles et cochon d'inde de la maison. Pour moi, c'est insupportable de voir cela, des animaux en cage, entassés, devenant fous, aboyant, hurlant, piaffant, morts... Quelques animaux que nous pouvons trouver : ratons laveurs, grosses tortues terrestres, tous types de rongeurs domestiques et sauvages, chats, chiens, faucons, poulets, oiseaux de toutes espèces, singes, lamas, dromadaires, et autres espèces en voie d'extinction. J'ai envie d'ouvrir toutes les cages. Le fait que des gens viennent acheter ces animaux, cela perpétue ce genre de commerce, commerce illégal pour certains animaux (mais ici au pays de l'argent roi, on peut tout se permettre). Certains magasins proposent des félins ou animaux plus rares, mais il faut passer commande. Boycottons les animaleries quand on sait que beaucoup d'animaux meurent en étant capturés, dans le transport et dans la cage du magasin. Jetez un petit coup d'oeil sur le lien « One Voice » sur notre site !!!

    Gratte-ciel
    Dans la grosse voiture 8 places, nous parcourons la ville et remarquons que tout est en construction, des grues partout! Des gratte-ciel les uns serrés aux autres, c'est à dire que certains côtés du building ne voient jamais le soleil. Les tours sont parées de grandes vitres où brille le soleil et le ciel. Tout est dans l'apparence, la forme du bâtiment, le marbre utilisé, les fenêtres,... mais derrière, il n'y a qu'un vulgaire béton qui résonne quand on marche dessus.
    Ici, ils veulent construire tout le temps, ils détruisent même des maisons récentes pour faire de nouveaux projets. Ainsi ils exproprient les locataires qui pensaient être tranquilles pendant un bon bout de temps et ils doivent rechercher un nouveau logement, plus cher car le loyer augmente.
    Il y a une concurrence avec les autres pays, pour avoir le building le plus grand. Une immense tour de près de 950 mètre de haut ! Avec au moins 250 (nombre sûr) voire 500 (nombre à vérifier) ouvriers morts sur le chantier ! Impensable autant d'hommes tués pour une telle construction, mais ici, on dirait que la vie d'un ouvrier pakistanais, iranien, indien ne compte pas. Ils sont payés en fonction de leurs origines c'est à dire que pour un même métier, un européen va être payé beaucoup plus qu'un indien.
    Tous les étrangers venus travailler sont soigneusement contrôlés à la douane, biométrie, passeport,... S'ils n'ont pas de contrat de travail au bout d'un mois, ils n'ont plus qu'à attendre un mois dans leur pays pour revenir à Dubaï se faire exploiter. Car c'est bien d'esclavage moderne dont il s'agit, ils viennent travailler dans le bâtiment, quelques fois l'employeur prend leurs papiers (illégal), et font du chantage avec. Un mois de travail gratuit s'ils veulent récupérer leur passeport ou leur contrat de travail.
    Pour payer moins cher leur logement, ils sont 14 dans un F1. Certains partagent un lit avec quelqu'un qui travaille le jour et un autre la nuit. Ils espèrent gagner beaucoup d'argent pour pouvoir vivre ensuite tranquillement dans leur pays. Nous avons vu des buildings qui ont été construits à toute allure, en ciment et qui se fissurent deux ans après leur construction. Bravo !
    Avec tout l'argent qu'il y a ici, pourquoi ne font-ils pas des bâtiments écologiques en payant convenablement les ouvriers ? Ils pourraient faire des immeubles autonomes en énergie. Malheureusement au pays des rois du pétrole, les seuls panneaux solaires que nous avons vus sont réservés aux horodateurs de certains parkings.

    Malls
    Dubaï possède un nombre considérable de malls, c'est à dire de centres commerciaux où nous pouvons retrouver les mêmes chaines de magasins que dans le reste du monde. Tous plus luxueux les uns que les autres, recouverts de marbre, avec des fontaines intérieurs, des restaurants chics, ouverts dans le bruit des consommateurs.
    On peut aussi y trouver des scènes ouvertes, pourquoi pas une patinoire et encore plus fort, une piste de ski !!! ce qui semble logique dans un pays chaud qui ne connait jamais le gel.
    Grand contraste avec notre façon de vivre, tendant vers la simplicité, la faible consommation, et la diminution de la dépendance aux objets.
    A Dubaï un tiers seulement de la population est locale. Les deux tiers restants sont composés d'ouvriers ou de personnes venues faire des affaires. Ici il n'y a pas de taxes!

    Tchoukball
    Un nouveau sport créé par un suisse qui combine Volley Ball et Hand Ball. Notre ami Julio a fait une présentation de ce sport lors d'une conférence pédagogique pour les professeurs d'EPS. C'est amusant, tactique et la force n'est pas nécessaire pour gagner. Quelques petites règles pour comprendre ce sport. Un terrain plus petit que celui de Hand, deux camps avec deux zones, deux trampolines d'un mètre carré et deux équipes de 9 joueurs. Pour marquer un point, il faut que la balle soit lancée sur le trampoline et rebondisse sur le sol en dehors de la zone. Il n'y a aucun contact entre les joueurs. Quand une équipe possède la balle, elle a droit à 4 passes, de faire 3 pas avec le ballon. L'autre équipe ne peut pas intercepter la balle, ni défendre le filet, elle doit laisser faire comme si ils jouaient au Volley. Et c'est là où les nouveaux joueurs doivent se déshabituer à intercepter la balle et à défendre la zone!!!
    C'est très amusant et tactique. A essayer!

    Voici l'adresse du site web: http://www.tchoukball.org

    Environnement
    Quand nous avons fait nos conférences, nous avons pu remarquer que certains enseignants étaient sensibles aux problèmes d'environnement. Peut-être que nous avons été le point de départ pour un travail plus approfondi sur la protection de la nature.
    Nous avons constaté que le tri n'existe pas dans les maisons et que les déchets sont simplement mis dans un immense trou creusé dans le Désert puis rebouché avec le sable. Du plastique partout ! Quand nous réutilisons de vieux sacs pour les courses, les employés ne comprennent pas et veulent nous en donner des nouveaux. Il faut insister !
    Et il n'y a que peu de containers à papiers et plastique près des arrêts de bus.

    Antenne relais et réseau Wi-Fi (par Cédric)
    In
    croyable ! Je vais commencer par dresser le décor. Dans la grande maison, la Wifi est connectée 24h sur 24, l'ordinateur capte 2 signales, l'un a 100% presque dans toute la maison et un autre que l'on capte à 70% environ mais plus fort dans la pièce où l'on dort. Autre élément majeur du décor, une énorme antenne relais à même pas 50 mètres derrière la maison (entre la maison et l'école). Voilà pour le décor, maintenant nous pouvons entrer en scène. Donc nous sommes arrivés le 21 octobre à vélo et de nuit (nous avons constaté seulement au bout de 10 jours qu'il y avait l'antenne relais). Nous nous sommes couchés presque en arrivant et le lendemain matin au réveil, j'avais mal au crâne. C'est pas très grave, je suis sujet aux migraines, c'est peut-être le changement de décor radical et le stress de la veille au milieu des grosses voitures. Bref je prends un cachet et la journée se passe à l'extérieur de la maison, ballade en voiture à la découverte de la ville et fin de journée à la plage. Le soir on rentre au domicile et en fin de soirée, le mal de tête revient. Je décide d'aller me coucher rapidement et de m'endormir vite mais le mal me rattrape et même pas 2 heures après m'être couché, la migraine est très violente, j'ai super chaud à la tête et un vertige terrible. j'essaye de prendre un cachet et je me cale contre le mur pour ne plus bouger. Les vertiges me donnent la nausée, ça a du mal à passer. La nuit est courte ! Après cet épisode violent, nous (je dis nous car Alice aussi) avons eu mal à la tête presque tous les jours. Parfois un mal plus fort mais toujours en fond cette migraine. Surtout lorsque nous restions longtemps dans la maison. Régulièrement nous avons des vertiges, nous dormons toujours très mal, nous sommes donc fatigués, énervés. A plusieurs reprises, dans la maison Alice a eu soudainement très chaud dans une oreille et moi je perdais quelques instants l'audition. Nous en avons un peu discuté avec les autres, ils ne dorment pas non plus très bien mais ne semblent pas si gênés. Andrea et Martin dorment dans une grande pièce à l'opposé de la maison. Lorsque nous partons en balade loin du domicile, ça va tout de suite mieux, la tension baisse et nous sommes beaucoup moins irritables.  Ca paraît complètement fou mais nous finissons par être pressés de quitter le confort et le luxe de cette maison pour retrouver la sérénité de la tente dans laquelle nous dormons presque toujours d'un sommeil profond et récupérateur. Maintenant nous allons faire quelques recherches sur les effets des ondes sur l'organisme. Il me semble qu'une grande étude internationale sur l'impact Sanitaire de la téléphonie mobile devait paraître fin 2008, nous sommes pressés de la lire.

    Quartier indien
    Pour nous, le coté le plus agréable à Dubaï, c'est le quartier Indien. Avant goût de ce qui nous attend dans quelques jours, ce quartier est le plus vivant de tous les Emirats Arabe. Du monde partout, des vélos, des chariots qui transportent des marchandises, des gens simples et sympas, de la nourriture Indienne et vraiment pas cher. A titre de comparaison, dans le grand hôtel Atlantis, nous avions acheté un pain au chocolat français (mais industriel, donc de mauvaise qualité) pour 3,50 euros. Pour le même prix, nous mangeons un repas complet dans un délicieux restaurant végétarien Indien.

    A la fin de notre long séjour à Dubaï, après avoir nettoyé nos vélos jusque dans les moindres recoins et préparé nos bagages, nous étions quand même contents de partir. Perdus dans cette société de consommation dont pourtant tellement de gens rêvent, nous ne nous sommes vraiment pas sentis à notre place. Cette expérience restera pour nous inoubliable et nous a apporté une réponse importante. Nous savons maintenant que nous aspirons à une vie simple et que nous ne trouverons certainement pas le bonheur dans l'argent et les choses matériels mais plutôt dans l'amour, l'amitié, les choses simples et la terre.


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  • Du dimanche 12 au mardi 21 octobre
    Qeshm : île en forme de flèche à l'entrée du golf persique. Longue de 130km et d'une largeur maximum de 30 km, il y fait toujours très chaud avec des températures annuelles moyennes comprises entre 22 et 32°C et un maximum de 50°C l'été. Il pleut théoriquement en moyenne 150 mm d'eau par an, sauf qu'en certains endroits de l'île cela fait plusieurs années qu'il n'y a plus eu de pluie et une importante couche de poussière recouvre les arbres qui crèvent par centaines. Avec des sites géologiques étonnants, d'importants sites de pontes pour les tortues marines, des colonies de coraux, de poissons et d'oiseaux, des sources de sel et de souffre, des grottes dans le sel et surtout une mangrove unique au monde, Qeshm est un site extrêmement important à préserver.

    Notre séjour sur l'île restera jusqu'à ce jour, le meilleur moment du voyage. Nous avons rencontré des gens formidables et nous avons pu découvrir une nature extraordinaire. Ahmad et Elham nos amis Espérantistes ont toujours veillé à ce que l'on ne manque de rien. Abou, l'ami professeur de physique, nous a carrément prêté son appartement. Un autre ami natif de l'ile, Hadi, connaît les lieux comme sa poche. Il nous a guidé et appris beaucoup sur la nature et l'histoire de Qeshm. Il y a aussi Reza, élève de Ahmad, il nous a conduit jusqu'au bout de l'ile. Pendant ces dix jours, le plus difficile a sans doute été la chaleur. Une chaleur moite étouffante et jamais de repos ! L'avantage du désert dans le centre de l'Iran, c'est que les nuits sont très fraîches. Cela nous permettait de reposer notre organisme et de pouvoir pédaler le matin dans des conditions optimums. Mais ici il n'y a jamais de repos, l'humidité et la chaleur sont présentes 24h/24 jours et nuits. Pour la première fois de notre vie, le climat des pièces climatisées nous paraît plus normal qu'au dehors. Au début, ça nous a fait très bizarre d'ouvrir la porte de l'appartement et de prendre une grosse bouffée de chaleur, comme si dehors, quelqu'un avait oublié d'éteindre le chauffage. Il faut dire qu'en ville, il fait toujours plus chaud qu'ailleurs. Les climatiseurs qui font frais dedans mais rejettent de l'air très chaud dehors, le trafic incessant et tous ces moteurs ultra-chauds contribuent largement à réchauffer l'atmosphère des villes.

    Pour avoir de l'eau, on essaye de dessaler l'eau de mer, malheureusement soit le procéder n'est pas bon, soit l'industrie est obsolète, mais l'eau du robinet est quand même salée et de gros amas de sel et de rouille se forment autour des joints de la tuyauterie.

    Avec Ahmad et Elham, nous partons une journée à la découverte de l'île. Nous découvrons les oeuvres magnifiques que Dame nature a réalisée grâce à l'eau, au vent et au temps. L'érosion sur les différentes roches à fini par donner des formes étranges, des monuments et des grottes furent reconverties un temps en habitations troglodytes. En nous promenant à proximité d'un village, nous manquons plusieurs fois de tomber dans des trous très profonds. Ce sont en fait des puits creusés les uns à coté des autres. On pourrait croire que des fous ont creusé partout à la recherche d'une nappe phréatique à seulement 20 ou 30 mètres de profondeur. En fait ces trous sont bel et bien des puits, sauf que l'eau qui est censée les alimenter provient du ciel. Situé dans un fond, le terrain autour forme un entonnoir, ces puits collectaient et stockaient autrefois l'eau des rares pluies. Maintenant ils sont quasiment tous secs de chez sec. il faut dire qu'il pleut de moins en moins sur l'île de Qeshm.

    Nous avons ensuite atteint le but de la journée : la mangrove ! L'infrastructure touristique est encore très peu développée ce qui est une chance pour la mangrove. Nous avons calculé notre coup afin d'arriver à marée haute pour aller voir de près cette forêt maritime. Un guide nous a emmené dans une petite embarcation à la découverte de cet écosystème d'une richesse phénoménale. Les racines de ces arbres servent de garde-manger, nourricière et refuge pour de nombreuses espèces de poissons. Les oiseaux sont également présents en quantité et en variété. Soudain, en plein dans la mangrove, derrière un arbre : un dromadaire ! puis un deuxième, un troisième, une dizaine, une vingtaine !!! Mais que font-il là ? dans l'eau ? l'explication est simple, la nourriture étant très peu abondante dans le désert, les éleveurs de dromadaires vont cueillir depuis longtemps du feuillage verdoyant des arbres de la mangrove. Mais pour avoir des feuilles on ne peut plus fraîches, ces sympathiques bestiaux ont fini par apprendre à nager jusqu'aux arbres. Voir des dromadaires dans la mer, c'est marrant et peu commun, toutefois, ils exercent une pression non négligeable sur la mangrove en broutant de jeunes arbres, en essayant de se percher dessus, mais aussi en consommant les oeufs des oiseaux. Il faudra que les autochtones se méfient de ce divertissement pour touristes et limitent l'accès en masse des dromadaires (et des touristes) dans la mangrove.

    Sur le chemin du retour, nous nous sommes arrêtés sur un chantier de construction de ''Lenge'', de grands bateaux traditionnels en bois. Pénétrant dans la coque du bateau pas le mince trou prévu pour l'hélice, les ouvriers nous ont fait visiter leur chef d'oeuvre.

    Deux jours plus tard, nous retournons explorer le fin fond de l'ile avec Reza. Sur une plage loin de tout, nous surprenons des contrebandiers venant de Dubaï. Ils déchargent plein de grosses caisses d'un tout petit bateau et les installent dans deux gros 4x4. Ils sont au moins 15 à travailler à toute vitesse. L'un deux reste sur le bord du chemin pour faire le guet. Nous avons du mal à croire qu'ils viennent des Emirats Arabes Unis avec leur petite embarcation de 7 mètres en alu à coque plate. Pourtant sur le trajet vers DubaÏ, nous avons croisé toute une flotte de ces petits bateaux navigants à vitesse maximale vers l'île.

    Lors d'une pause sur une plage qui est aussi un site de ponte pour les tortues marines, nous avons assisté à un spectacle absolument abominable. Des dizaines de milliers de poissons échoués sur le sable et autant d'autres cadavres que les vagues ramènent. Sur cette route de sable qui longe le littoral, nous contemplons ce désastre sur des kilomètres et des kilomètres. Quelques jours plus tard, nous rencontrons 2 scientifiques qui travaillent pour le Géoparc de Qeshm. Contrairement à ce que nous avions imaginé être à l'origine de ce désastre, à savoir une pollution chimique émanant d'une industrie, d'un bateau ou d'une plateforme pétrolière des Emirats Arabes, les deux scientifiques nous apportent une réponse mille fois plus inquiétante !!! Les principaux responsables ce sont nous les occidentaux, les 20% de la population mondiale qui consommons 80% des ressources de la planète. Nous les principaux responsables producteurs de gaz à effet de serre. Car c'est ça le problème ici ! Les changements climatiques ont provoqué le réchauffement d'un petit degré de l'eau de la mer, ce qui a suffit pour qu'une algue toxique se développe en masse et intoxique les poissons et accessoirement les oiseaux prédateurs.

    Après cette macabre découverte, nous avons continué notre chemin à pied et traversé un lac salé à la recherche de la source. Au pied de la montagne de sel, après l'escalade de quelques blocs, nous avons trouvé l'entrée d'une cavité. Le temps que nos yeux s'habituent à l'obscurité et progressivement, la beauté des lieux apparaît et nous fait oublier la chaleur moite extrême qui règne à l'intérieur de la grotte. Les couleurs et les formes sont magnifiques, du rouge au brun au blanc avec les cristaux de sels qui brillent dans l'obscurité.

    Pour finir notre séjour sur l'île, nous avons passé plus de temps avec nos amis et notamment Hadi et sa famille avec qui nous avons vraiment créé des liens. Il faut dire que nous avons des points communs et notamment la musique. Avec un frère luthier, une soeur violoniste et une autre professeur de guitare, autant dire que nous avons passé du temps, les instruments entre les mains à jouer et à improviser sur du rock ou du flamenco.

    Le jour du premier départ à été émouvant, mais pas autant que le deuxième. Pour être plus clair, au moment de prendre le bateau, les gens du port nous ont expliqué qu'il n'y aurait rien ce dimanche matin. Pour plus d'explications, merci de contacter l'agence qui vous a vendu les billets. Manque de pot, le gars qui nous avait vendu les billets n'était pas des plus sympathiques. Nous sommes donc retourné dans l'agence voir notre copain qui nous avait vendu des billets le double du prix pour la simple raison que nous sommes étrangers et que le gouvernement pour qui il travaille, encourage ce genre de discrimination. Pour rappel, son collègue nous avait proposé un billet au tarif normal (soit 45 euros), mais lui s'est senti en droit de revenir sur ce prix pour exiger un billet à pas moins de 85 euros. Maintenant que nos vélos sont posés sur sa vitrine et que nous demandons des explications sur l'absence du bateau ce matin ? il nous répond qu'il n'en sait rien mais que nous pouvons toujours retourner sur le continent prendre un autre bateau ou encore mieux, nous pouvons décoller dans la journée depuis l'île. Malheureusement pour nous, il ne peut pas rembourser nos 200 dollars et nous devrons acheter en plus les autres billets. Pendant pas moins d'une heure trente, nous l'avons harcelé pour qu'il rembourse nos billets, qu'il contacte le capitaine, ou bien qu'il nous fasse une réduction de 50% sur nos billets (soit le tarif normal). Rien à faire, il n'a jamais voulu rembourser ou dédommager de quoi que ce soit, mais il a fini par nous faire deux nouveaux billets pour un autre bateau mardi matin et il nous a offert une nuit d'hôtel dont nous n'avons pas bénéficié car nous sommes retournés chez nos amis.

    Quelque part, cette mésaventure nous aura permis d'assister au tout premier cours d'Espéranto sur l'ile de Qeshm et de visiter une école.

    Lorsque nous étions en balade avec Ahmad et Elham, nous parlions tout le temps en Espéranto et les gens étaient souvent interpellés par ce langage qu'ils ne reconnaissaient pas vraiment. Aussitôt, nous en profitions pour faire la promotion de cette langue universelle et les gens toujours très réceptifs prenaient le contact d'Ahmad. Finalement, en dix jours, une quinzaine de personnes se sont intéressées à l'Espéranto. La veille du nouveau départ, Ahmad a décidé de convoquer toutes les personnes intéressées pour un premier cours. Bien que ne parlant pas un Espéranto très élaboré, nous avons quand même pu expliquer le fonctionnement de cette langue par le biais d'exemples et de jeux improvisés.

    Mardi matin. Cette fois ci, c'est le vrai départ, Hadi nous accompagne jusqu'au dernier poste de contrôle. Il était vraiment temps pour nous de partir car nous commencions à ne vraiment plus supporter les incessants contrôles de police. Avant l'embarquement, nos passeports ont bien été contrôlés une quinzaine de fois, notamment par un policier qui, quelques jours avant, habillé en civil avait bêtement questionné Hadi sur lui et nous, savoir qui nous étions, d'où nous venions, pourquoi sommes nous ici, que fait-il avec nous ??? Bref, ce gouvernement complètement paranoïaque avec des policiers en surnombre traquant des espions étrangers ou des ennemis de l'état, ne nous manquera pas. Tout ceci est bien dommage car ce sont eux qui détériorent le plus l'image du pays. Si en France, avant le départ pour ce voyage, tout le monde nous disait de faire attention en Iran car ils considéraient que c'est un pays dangereux, c'est sûrement à cause du gouvernement et des médias. Mais la vérité est que nous ne nous sommes jamais sentis autant en sécurité qu'en Iran, les gens ont été d'une gentillesse extraordinaire, toujours là pour nous aider, nous guider, nous accueillir et nous protéger. Nous avons rencontré dans ce pays des gens que nous n'oublierons jamais et tout ce que l'on peut leur souhaiter c'est plus de liberté !



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  • Mercredi 08 octobre (70 kms)
    En route pour Bandar-e Abbas. nous quittons l'hôtel en promettant de garder le contact avec Ali et de lui chercher de l'aide pour démarrer l'agriculture biologique en Iran. Sur la route, la chaleur vient vite. Ali nous a donner deux adresses pour passer la nuit. La première à 70 kilomètres de Yazd, c'est un caravan sarail restauré et reconverti en hôtel de luxe pour touristes (il nous prévient que pour nous, ce sera un peu cher). La deuxième option, c'est à 95 kilomètres de Yazd, un autre caravan Sarail pour Iraniens. Gratuit l'ambiance y sera sans aucun doute plus conviviale.

    Peu avant midi, nous commençons à avoir très très chaud et nous arrivons juste au caravan sarail de luxe. Nous décidons de nous y arrêter et de demander à passer la nuit avec les chameaux s'il faut, pour ne pas payer le prix pour touristes. Vu d'extérieur, le caravan sarail ressemble à une forteresse sans vie. De grandes tours, un mur sans la moindre fenêtre, une seule et unique grande porte au Sud. Un autre corps de bâtiment moins bien restauré, reçoit les dromadaires.

    Au bout d'un quart d'heure, un monsieur vient nous ouvrir. Il nous fait entrer dans la forteresse. Nous posons les vélos et en traversant les lieux pour aller boire un thé, nous découvrons un site historique magnifique. Plus tard dans la soirée, une Iranienne nous expliquera que ce caravan sarail fut une petite fantaisie du Shaah Abbas qui avait souhaité que l'ouvrage soit de forme circulaire. Pour passer une nuit dans ces lieux, il nous aura fallu négocier vivement au téléphone avec le patron. Impossible de lui faire baisser le prix à moins de 30 euros (au lieu de 50). Nous lui avons expliqué que nous étions à vélo, que nous avions de la nourriture, que nous pouvions dormir sur le toit et que quelques litres d'eau et un peu d'ombre pendant la journée nous suffiraient. Nous avons même proposé nos services, mais rien à faire. Le gérant tient à son image de marque et souhaite que nous soyons ses hôtes. En plus il aime beaucoup les cyclistes et ce serait un honneur pour lui que de nous avoir à dormir. Nous avons donc pris une chambre et pour 15 euros par personne nous avons pu dormir et manger deux repas absolument délicieux préparés par des cuisiniers venus du Balouchistan.


    Jeudi 09 octobre (90 kms)
    La nuit à été courte et les touristes espagnoles ont fait la fiesta jusqu'à très tard. C'est donc la « tête dans le pâté » qu'au petit matin, nous nous recouchons sur les vélos. Le midi, nous nous arrêtons à 5 km de la ville étape « Anar » où nous devons trouver un caravan sarail, un parc où une mosquée pour passer la nuit.

    A l'ombre fraîche d'une mosquée pour camionneurs, nous nous installons pour manger et faire la très sainte sieste. Tous les chauffeurs sans exception laissent tourner le moteur de leur véhicule. Qu'ils fassent la sieste, mangent, aillent aux toilettes ou à la mosquée, qu'importe, ils brûlent du pétrole !!! Rien que pour rire, nous avons observé l'un de ces camionneurs. Arrivé à 12h05, il commence par aller aux toilettes où il profite des lavabos pour laver son linge. Ensuite il va prier un peu à la mosquée. Quand il ressort, il va acheter quelques bricoles à manger, discute avec le commerçant qui lui parle de nos vélos. Il nous fixe du regard quelques minutes essayant de comprendre comment fonctionnent ces drôles d'engins et savoir si nous sommes bien des humains pour monter la dessus. Ensuite il va manger son pain et sa boite de thon, retourne à un robinet extérieur pour se laver les mains, va remplir son bidon d'eau, remonte dans son camion, se repose 5 minutes et ça y est, il repart. Il est 13h30. Au total donc, son camion sera resté allumé 1h25 minutes pour le simple plaisir de brûler du pétrole et de polluer l'air. Quand on leur demande pourquoi n'éteignent-ils pas leur camion, le seul argument, c'est qu'ils gagnent du temps au démarrage car ils n'ont pas à faire chauffer le moteur (c'est vrai qu'en plein désert avec 35 à 40 degrés au soleil, les moteurs ne doivent pas chauffer bien vite). Quand bien même cet argument serait valable, rien ne les empêcherait de commencer à rouler doucement sans forcer le moteur en attendant que ce dernier « chauffe », mais c'est vrai que nous sommes en Iran et qu'ici la conduite c'est toujours pied au plancher, à fond à fond à fond !!!

    Après une sieste interrompue à plusieurs reprises à cause des gaz d'échappements qui rendent l'air irrespirable nous avons repris la route pour trouver un endroit correct pour passer la nuit. Arrivé à Anar, nous demandons à un hôtel s'il est possible de passer la nuit dans le jardin (ou plutôt le parking). Pas de négociation possible le gérant veut nous faire payer une chambre. A peine reparti à la recherche de la mosquée, un automobiliste nous arrête. Il se nomme Ghasm et est aussi cycliste. Après notre aventure à Na'in, nous nous méfions mais nous le suivons quand même jusque chez lui. Vue d'extérieur, sa maison ne paye pas de mine, c'est un simple bloc de béton et de briques comme les autres. A l'intérieur par contre, c'est très beau et très luxueux. Comme toutes les maisons iraniennes, le salon est très grand avec de beaux tapis, il n'y a pas de meubles et très peu de décorations au mur. Ghasm à deux grands salons dans sa maison, un pour les hommes et un autres pour les femmes. Il nous montre de nombreux albums photos de ses traversées de l'Iran à Vélo et de ses rencontres avec d'autres cyclistes étrangers. Dans la vie, Ghasm est percepteur des impôts, mais comme beaucoup d'Iraniens que nous avons rencontrés, pour avoir un revenu plus convenable, il tient en plus de son travail, une boutique. C'est donc le premier percepteur réparateur de frigo que nous rencontrons. Il est très content de nous rencontrer et nous demande déjà de revenir après le voyage. Nous sommes tellement fatigués et il est tellement bavard que lorsqu'il nous montre les tapis du salon, nous nous écroulons dessus et nous endormons instantanément la bouche ouverte.

    Vendredi 10 octobre (63km)
    Ghasm nous emmène faire un petit tour dans sa ville. Visite de la mosquée, du caravan serail et de sa boutique. Quand nous lui expliquons que nous allons à Bandar e Abbas à vélo, il nous interdit de reprendre la route. Car après Anar, nous devons passer une route de montagne non seulement difficile et très meurtrière car étroite, avec une circulation dans les deux sens, des tunnels, des camions et des bus à gogo et pas de bande d'arrêt d'urgence pour pédaler tranquille. Lors d'une balade, sans bagages et avec son VTT peugeot, il a pris une portion de cette route. Il ne recommencera jamais. « En plus, nous dit-il, quand vous aurez passé ces montagnes, vous ne pourrez plus pédaler tellement il fait chaud. Là bas, c'est un autre climat ! ». Il nous conseille de prendre le bus à Anar ou de rouler encore une journée jusqu'à Ahmad Abar et de prendre le train. Malgré notre envie de pédaler, nous choisissons l'option train. Grâce à ses relations, nous achetons pour 5 euros, deux billets de train première classe pour Bandar e Abbas. Nous voilà parti pour la fameuse gare ferroviaire d'Ahmad Abar. Comme la plus part des gares en Iran, elle se situe loin de la ville et loin de tout !!! Dans le cas présent, elle est en plein désert, au pied des montagnes. Nous passons le hall : personne ! pas un chat, juste un moineau qui vit des quelques miettes autour des poubelles. Nous avons chaud chaud chaud et nous avons beaucoup de fatigue accumulée. Nous nous endormons quelques temps sur des bancs puis, après avoir mangé un peu et pris une douche dans les toilettes, nous nous recouchons sur un campement improvisé dans un coin du bâtiment. Nous nous reposons un bon moment dans ce lieu où ne circulent à première vue que des fantômes. Vers 16h00, deux vrais humains pénètrent dans la salle. Ils viennent nous poser quelques questions et ne comprennent absolument rien à nos réponses pourtant très clair et bien rodées depuis plus d'un mois dans le pays. Au début, on ne sait pas si ils sont des voyageurs, des fous, ou bien des gens qui travaillent ici. Après analyse, ils sont fous et travaillent dans la gare. Leur boulot doit consister à surveiller les lieux, mais comme il n'y a jamais personne et qui ne se passe jamais rien, ils restent devant la télé à regarder le « Roi Lion » en dessins animés. Peu avant la nuit, c'est à dire vers 17h30 : Nouvelle visite ! 3 hommes ne parlant que Perse, viennent nous prendre en charge. Ils nous demandent nos passeports, nous refusons de les donner. Ils nous demandent nos billets de train, ça d'accord, mais les vélos ont l'air de leur poser problème. Ils n'en ont jamais vu et nous proposent d'aller à Bandar e abbas ou à Teheran en vélo, car selon eux, le vélo, c'est mieux que le train. Ils ont l'air tous les trois complètement fêlés. Les seuls mots d'anglais qu'ils connaissent sont leurs surnoms. L'un d'eux, le petit gros, se fait appeler « Bufalo » ou « Beef », le deuxième avec ses grandes oreilles se fait appeler « Donkey » (l'âne) et le troisième petit nerveux au visage tantôt sévère tantôt ahuri, se fait appeler « the rabbit » (le lapin). Les trois bestiaux sont sympathiques avec nous, même s'ils nous font parfois un peu peur. Ils nous proposent du thé et lorsqu'ils comprennent enfin que nous allons à Bandar e Abbas en train avec nos vélos, ils nous ouvrent une petite salle pour que l'on se repose. Vers minuit, une demie heure avant notre train, nous commençons à nous préparer. Problème : The Rabbit, le chef de gare nous demande en haut de sa tour de contrôle. En haut des escaliers, 3 ou 4 paires de chaussures devant la porte du bureau. Ici on travaille pieds-nus et assis sur un tapis. Le chef de gare ne nous dit pas grand chose, simplement, il s'agite au dessus du plan de la gare. Visiblement, il y a un problème. Les autres bonshommes qui travaillent sur le tapis se creusent la tête et ont l'air très embêtés. Nous les entendons répéter le nom des trains en provenance d'Esfahan et Téhéran. Nous demandons au Rabbit s'il y a eu un problème, un accident ? Il nous répond que tout va bien mais que l'on doit attendre un peu car le train va avoir du retard. Il nous propose de retourner nous coucher, il nous réveillera dans 5 heures. QUOI 5 heures ???


    Samedi 11 octobre (15 km)
    Au petit matin, nous nous réveillons tout seul car le chef de gare nous a oublié. Il est presque 6h mais par ''chance'', le train n'est pas encore passé. Nous mettons les vélos sur le bord de la voie. Bufalo nous donne un ticket pour récupérer nos vélos à l'arrivée. Le train d'Esfahan arrive mais les gugusses nous interdisent de monter dedans. Nous sommes à bloc ! après une nuit chez ces fous, on a qu'une envie, partir le plus vite possible. Finalement, après une demi heure d'attente, notre train arrive. Nous nous chargeons nous même de mettre les vélos dans le dernier wagon et nous partons enfin pour Bandar e Abbas. Dans notre compartiment, ça sent des pieds. Nous essayons de dormir mais c'est difficile alors nous allons dans le wagon restaurant. On nous offre deux thés et nous discutons avec deux étudiants de Bandar e Abbas sympathiques qui ne mettent absolument pas notre instinct de méfiance en alerte. Ils nous parlent de l'Ile de Qeshm, et de la beauté de la nature que nous trouverons là-bas. Pourtant, entre deux wagons, lorsque nous faisons la queue devant les toilettes, un homme à barbe qui était assis à coté des jeunes vient nous parler et nous demande de ne surtout pas croire ces jeunes, l'Iran peut-être un pays dangereux pour nous, il ne faut faire confiance à personne et surtout nous ne devons pas être héberger par ces jeunes car une fois chez eux, ils pourraient nous agresser et nous voler. Nous décidons donc de lui obéir, c'est à dire que nous ne faisons confiance à personne et surtout pas à ce policier en civil qui s'amuse à nous faire peur et que nous reverrons à la gare de Bandar, discutant avec ces collègues. De retour dans le wagon restaurant, un autre policier, en uniforme celui-ci, vient contrôler nos passeports (ça faisait longtemps...). Nous attendons l'arrivée avec impatience. Dehors, les paysages ont changé et deviennent plus sableux, avec de belles oasis, des palmiers, des troupeaux de chèvres des dromadaires et aussi du n'importe quoi comme ces grands champs de maïs irrigués.

    Arrivés à la gare de Bandar e Abbas, la chaleur nous assomme littéralement, à peine descendu du train, nous sommes trempés de sueur, nous cherchons l'oxygène dans cette chaleur moite extrême ! Pour récupérer les vélos, c'est très difficile. Tout d'abord, on nous interdit l'accès au wagon, ensuite on nous met dans un hangar où des employés font et défont des paquets sous l'oeil de policiers. Au bout d'une demie heure, notre train s'en va avec nos vélos. Tous les gens d'ici ne parlent QUE farsi et il faut que l'on s'énerve pour qu'ils nous expliquent que le train va revenir. Au bout de 10 minutes un quart d'heure, le train revient. Nous allons décharger nous même nos vélos, mais en voulant partir, on nous arrête car il faut payer. Bien sur que nous allons payer, nous ne sommes pas des voleurs, donc nous sortons la somme inscrite sur le ticket que nous a préparé bufalo la veille. Un bonhomme raye le prix et le multiplie par trois ! Là on commence à ne plus comprendre grand chose. Le train est arrivé avec plus de 6 heures de retard, nous avons encore attendu une heure avant de récupérer nos vélos, nous les avons chargés et déchargés nous même et voilà t'y pas qu'on veut nous faire payer trois fois plus cher ?! Pour le coup, nous refusons de payer cette sommes et tendons l'argent du premier prix. Ils refusent ! quand on demande des explications, ils ne sont pas pressés de répondre. Nous décidons donc de prendre notre temps. Ils ne sont pas pressés ? et bien nous non plus ! On va attendre ici jusqu'à demain s'il faut ! nous avons de quoi manger, dormir... Ils finiront bien par en avoir marre... Nous nous installons par terre et nous commençons à manger. 2 heures plus tard, ils reviennent à la charge et nous demandent de payer. Nous leur tendons toujours la même somme initiale. Finalement, ils rayent le prix et nous font une petite réduction et s'excusent car ils admettent avoir fait une erreur dans leur calcul, mais c'est toujours deux fois plus cher. Alors que nous leur expliquons que nous refusons de payer ce nouveau prix, un homme venu de Téhéran parlant très bien anglais, commence à faire l'interprète. Nous pouvons enfin dire ce que nous avons sur le coeur et finalement, leurs arguments ne tenant pas debout, nous ne paierons que la somme de départ. Ils ont paraît-il un règlement fixant un prix plus élevé pour les objets en aluminium car ils sont plus fragiles que l'acier. Nous leur avons donc montré que nos vélos supportaient beaucoup de poids et que le porte bagage du Nazca était en Acier fabriqué par Maurice Deville à Neuvy St Sepulchre. Du costaud de chez costaud !!!

    Au Crépuscule, nous payons enfin le tarif normal et nous pouvons enfin remonter sur nos vélos pour rejoindre la Ville de Bandar e Abbas. Car comme toutes les gares ferrovières d'Iran, celle-ci est à l'extérieur de la ville.

    Nous pédalons un bon moment à la recherche d'un hôtel pas cher. Dans une agence de voyage, nous nous faisons rembourser 50% du prix des billets de train (à cause des 6 heures de retard), soit environs 2 euros. A 20h, nous n'avons toujours pas trouvé d'endroit pour dormir. Avant d'aller monter la tente sur la plage, nous essayons de contacter Ahmad et Elham, nos contacts Esperantistes sur l'Ile de Qeshm, pour leur dire que nous sommes arrivés et que nous pourrons les voir demain. Ahmad nous dit qu'il nous attends chez lui ce soir et que nous pouvons prendre un bateau pour rejoindre l'Ile. Les vélos bien accrochés à l'arrière de la vedette, nous quittons le plancher des vaches pendant cinquante minutes. Le bateau va vite et nous sommes vraiment secoués. Parfois nous décollons un peu du siège, un enfant vomi tout son goûter, il fait un froid de canard à cause de la clim, un mec drogué à l'opium dort à coté de nous et enfin, couchée sur des sièges derrière nous, une jeune femme inconsolable pleure toutes les larmes de son corps. Arrivés sur l'ile, Ahmad vient nous retrouver pour nous emmener chez lui.



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  • Jeudi 02 octobre (90 km)
    Malgré une petite nuit, nous réussissons à partir de bonne heure. La chaleur vient vite et aujourd'hui nous souffrons beaucoup de la pollution des camions. Ca nous file un gros mal de gorge. Nous pédalons presque tout le temps sur un faux plat montant, heureusement que l'on a le vent dans le dos. Arrivée à Yazd à 11h, on n'en peut plus. Nous sommes brulés, fatigués, affamés, assoiffés. Nous cherchons de quoi manger, puis un jardin public pour pouvoir nous reposer à l'ombre. Mais nous sommes bloqués par le trafic intense, la route est complètement bouchée, les trottoirs sont bondés ! il y a du monde partout il est impossible d'avancer. En plus, Yazd est en plein désert alors forcément, les jardins publics, ça ne court pas les rues. Nous nous réfugions dans l'ombre d'un bazar où nous ne restons pas longtemps vu l'ambiance étrange qui y règne. Il y a un jeune garçon d'une douzaine d'années qui est très violent, il frappe son père, les commerçants, les autres enfants... Nous n'attendons pas notre tour et nous préférons fuir ce lieu. Nous trouvons l'hôtel Silk Road qui est très calme et pour 1,5 euros, nous pouvons passer la nuit au frais sur le toit. Nous rencontrons Andréa et Martin ( www.silkroad-express.ch ), deux Suisses qui voyagent aussi à vélo. Comme nous, ils ont prévu de passer par Dubai. Leur visa étant bientôt expiré, il vont se rendre à Bandar e abbas en bus ou en train. Peut-être que nos chemins se recroiseront ...
    Après un peu de repos et une bonne douche, nous allons nous promener dans cette très vieille ville. Nous nous perdons dans un labyrinthe de petites ruelles et comme si les 90 kilomètres du matin ne suffisaient pas, nous marchons des kilomètres pour retrouver l'hôtel.


    Vendredi 03 octobre
    Nuit agréablement calme sur le toit de l'hôtel. Pas un bruit, pas un ronflement, pas une messe, n'est venu perturber notre sommeil récupérateur. Nous passons la matinée à flâner sur les banquettes du jardin du Silk Road hôtel. L'après midi, en allant visiter la ville, nous retrouvons Yah yah, un habitant de Yazd rencontré la veille lorsque nous étions perdus dans le labyrinthe de ruelle. Aujourd'hui, il prend le temps de nous emmener dans tous les recoins magnifiques de la cité. Des endroits que sans lui, nous n'aurions jamais pu trouver. Des toits terrasses aux vues magnifiques, des vieux bazars et des ruelles dans la pénombre, les tours réfrigérantes (ancêtres des climatiseurs polluants), des vieux bains publics, et même une chambre d'hôtel pour nuit de noces. C'est une très belle suite nommée « Adan et Eve » avec de belles peintures au mur et un plafond entièrement peint. Les marches qui mènent à la chambre des jeunes mariés sont d'une hauteur incroyables (au moins 40cm), puis dans la petite chambre, pudeur musulmane oblige, deux petits lits.

    Ensuite nous visitons le musée de l'eau, un bien très précieux dans le désert. Nous découvrons que pour bénéficier d'eau fraîche en plein milieu du désert, les anciens ont creusé des dizaines et des dizaines de puits depuis les montagnes environnantes, ensuite, au fond des trous, ils ont creusé des canaux souterrains afin d'acheminer l'eau fraîche jusqu'en ville.


    Samedi 4, dimanche 5, lundi 6 et Mardi 7 octobre.
    Nous flânons dans l'hôtel. NE RIEN FAIRE !!! Comme c'est bon !!! Nous passons des heures à discuter avec d'autres voyageurs comme Belinda et Patrick, les deux Australiens en moto, il y a aussi la famille Zegrodzki qui voyage en bus et train avec deux énormes valises de cours pour les enfants. Nous retrouvons aussi la famille rencontrée en Turquie, qui voyage dans leur célèbre camion renommé Baobab. Le couple d'allemands de Munich, Gertie et Milos qui voyagent aussi en train et bus.

    Cédric : « Alice a une dent douloureuse depuis une semaine. On ne sait pas vraiment ce que valent les dentistes iraniens, alors nous appelons l'assurance pour savoir. Les démarches sont assez compliquées alors Ali le gérant de l'hôtel, nous emmène dans une clinique. Pour 1,50 euro la consultation et 2 euros la radiographie de la dent douloureuse, on se passera de l'assurance. C'est une expérience assez intéressante pour moi mais moins pour Alice. Dans le cabinet de dentiste il y a 4 fauteuils de consultation, deux dentistes plus un troisième en congé qui vient taper dans le dos de ses collègues en pleine consultation. Il y a aussi 3 jeunes assistantes. Comme le dentiste qui s'occupe d'Alice ne voit rien, il décide de prendre une radio de la dent probablement fêlée. Les trois spécialistes se penchent au dessus de la bouche d'Alice et débattent, que vont-ils y faire, une piqûre, arracher la dent ? Rien de tout cela ! Le dentiste prescrit un simple dentifrice ».

    Pendant notre séjour à Yazd, nous découvrons aussi un sport national très étrange. Moitié religieux, moitié danse, ce sport se joue dans une petite arène, sous un dôme ressemblant à celui d'une mosquée. Les sportifs ont entre 8 et 65 ans, pèsent entre 20 et 150 kilos. Ils s'installent en cercle et l'un d'eux se met au milieu pour guider les autres. Sur une estrade, 2 musiciens équipés de Djembés, ont un coran ouvert sous les yeux. Ces derniers commencent à réciter ce qui ressemble à des versets du Coran puis l'un d'eux se met à chanter et à taper sur son instrument. Les sportifs se mettent aussitôt en mouvement. Ils commencent par effectuer des pompes et des mouvements du cou et du derrière en rythme avec la musique, puis ils se mettent debout et s'échauffent tous les muscles et articulations toujours en musique. Lorsqu'ils sont bien chauds, la musique s'accélère et ils se mettent à tourner sur eux même très vite très vite, les uns après les autres. Ensuite ils font tourner autour de leur tête de grosse masses en bois. A la fin de la séance, il sont complètement en transe, certains tournent, pendant que d'autres se roulent par terre et d'autres agitent au dessus de leur tête, des espèces d'énormes arcs en acier avec des dizaines de disques métalliques accrochés au cable.

    Zoom sur Ali, le gérant du Silk Road Hôtel :

     

     

    En faisant halte à Yazd, nous avons rencontré Ali, un gérant d'hôtel particulièrement sympathique. Il nous explique qu'en Iran, l'agriculture Biologique n'existe pas et que la situation sanitaire est absolument catastrophique. Aucune réglementation n'est appliquée et on explose les doses d'hormones au sein des élevages industriels de volailles. On utilise sans aucune protection des produits chimiques extrêmement dangereux et probablement interdits maintenant en Occident. Lui et sa famille sont propriétaires d'une exploitation agricole. Son oncle qui travaille, ou plutôt travaillait en serre, utilisait les pesticides à foison. Aujourd'hui, il est atteint d'un très grave cancer dont l'origine est connue car ce n'est pas un cas isolé. De nombreux paysans souffrent des mêmes maux.

     

     

    L'utilisation de certains produits chimiques a augmenté en même temps que la résistance des ravageurs et le nombre de cancers. Aujourd'hui certaines cultures sont tellement traitées que les fruits ne sont mêmes plus comestibles.

     

     

    Depuis 3 ans, Ali est CONVAINCU qu'il est nécessaire de changer les modes de production. Il veut stopper le plus rapidement possible l'utilisation de tous les pesticides dans son exploitation familiale et la convertir à l'agriculture biologique. Il recherche quelqu'un pour faire de la pédagogie auprès des paysans et présenter des moyens de lutte biologique contre les maladies et ravageurs (prédateurs, pièges).

     

     

    Malheureusement, nous vérifions ses dires lorsque nous reprenons la route vers le Sud. Nous pédalons d'abord à proximité d'une zone maraîchère où des ouvriers passent entre les rangs de légumes, la tête dans un nuage toxique, la pompe à traiter dans le dos et aucun équipement de sécurité. Leur tenue de travail se résume à un tee-shirt, un pantalon et des sandales.

     

     

    Quelques kilomètres plus loin, nous passons dans une grande zone de culture de pistaches. Dans de nombreuses parcelles, l'herbe a été empoisonnée à grand renfort de glyphosate. Vive le Roundup ! Vive les pistaches ! Vive Monsanto !!!

     


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